La radio des évêques espagnols qui fâche jusqu'en Bolivie
AFP
[vendredi 23 décembre 2005 - 15h44]
MADRID (AFP) - En croisade contre le gouvernement Zapatero, la Cope, radio des évêques espagnols, déchaîne les passions en Espagne, jusqu'à avoir provoqué cette semaine un incident diplomatique en piégeant le nouveau président bolivien avec un canular grinçant.
Un imitateur de la radio se faisant passer pour José Luis Rodriguez Zapatero a appelé le leader socialiste bolivien Evo Morales pour le féliciter, après sa victoire dimanche à l'élection présidentielle, d'avoir "rejoint l'axe qui passe par les frères cubains et le frère (Hugo) Chavez", le président vénézuélien.
Une "blague" bien dans le ton, plus templier que jésuite, de la station. Celle-ci attaquait récemment le gouvernement socialiste espagnol comme "le plus radical depuis les années 30 (...), qui s'est allié avec toute la poubelle totalitaire du monde, Chavez, Castro et les Mohamed"...
Le président indien bolivien a mordu à l'hameçon. Il a évoqué mardi devant des journalistes l'appel de M. Zapatero, dont les services ont dû démentir, avant que la Cope ne revendique la supercherie.
"Inacceptable": le gag de la radio des évêques a provoqué la colère de Madrid et de La Paz, qui a exigé des excuses.
Le ministre espagnol des Affaires étrangères a parallèlement convoqué le Nonce du Pape pour lui demander que "des faits déplorables de cette nature ne se reproduisent plus, en raison du tort qu'ils portent aux intérêts politiques et économiques de l'Espagne et à son image à l'extérieur".
La Conférence épiscopale avait promis jeudi un Mea Culpa de ses bergers médiatiques. Dont acte. Vendredi, dans un communiqué lu à l'antenne, la radio catholique a présenté publiquement ses "excuses aux personnes et institutions affectées", assurant avoir seulement voulu "amuser sur l'actualité".
La hiérachie catholique avait jusqu'à présent observé un silence bienveillant face aux critiques que suscite la Cope, accusée par ses détracteurs de raviver le spectre des "deux Espagnes".
Légalisation du mariage homosexuel, loi rendant facultatif l'enseignement de la religion, débat houleux sur d'élargissement du statut d'autonomie de la Catalogne: la Cope féraille sur tous les fronts contre un gouvernement qu'elle taxe d'intégrisme laïcard.
Son journaliste vedette, Federico Jimenez Losantos, a appelé au boycottage des produits catalans. Et cultive la formule qui fâche: L'Espagne deviendra une colonie des nationalistes catalans" ou "Valence (est) et l'archipel des Baléares seraient, pour les nationalistes catalans, la même chose que l'Autriche et la Tchécoslovaquie pour le nationaliste Adolf Hitler".
Les réactions fusent. Jusqu'aux évêques catalans qui ont réclamé que la radio "corrige ses excès". "La Cope, cette Inquisition", contre-attaquait récemment le quotidien de Barcelone El Periodico.
Le ministre de l'Industrie, José Montilla, cible de la Cope, a dénoncé un média lançant des "messages qui incitent à la haine, à la division et à la confrontation".
Le gouvernement régional catalan menace depuis des années de supprimer les autorisations d'émettre de la station. Il a reçu mercredi un rapport du Conseil de l'audiovisuel catalan accusant la radio de dépasser "les limites constitutionnelles de la liberté d'expression et d'information".
La radio de l'Eglise défend en retour bec et ongle son droit à la liberté d'expression, crie à la "persécution politique".
Elle jouit du ferme soutien des secteurs les plus conservateurs du Parti populaire (droite) et de la presse d'opposition. Le journal libéral El Mundo dénonçait jeudi le rapport de l'audiovisuel catalan contre la COPE: "un texte qui nous ramène inévitablement à l'époque de la censure franquiste".
La deuxième radio généraliste du pays se porte à merveille. Elle fédère 2,2 millions d'auditeurs, loin toutefois derrière la Ser, proche des socialistes (4,8 millions d'auditeurs). Depuis 2004, la Cope a gagné 300.000 adeptes.
[vendredi 23 décembre 2005 - 15h44]
MADRID (AFP) - En croisade contre le gouvernement Zapatero, la Cope, radio des évêques espagnols, déchaîne les passions en Espagne, jusqu'à avoir provoqué cette semaine un incident diplomatique en piégeant le nouveau président bolivien avec un canular grinçant.
Un imitateur de la radio se faisant passer pour José Luis Rodriguez Zapatero a appelé le leader socialiste bolivien Evo Morales pour le féliciter, après sa victoire dimanche à l'élection présidentielle, d'avoir "rejoint l'axe qui passe par les frères cubains et le frère (Hugo) Chavez", le président vénézuélien.
Une "blague" bien dans le ton, plus templier que jésuite, de la station. Celle-ci attaquait récemment le gouvernement socialiste espagnol comme "le plus radical depuis les années 30 (...), qui s'est allié avec toute la poubelle totalitaire du monde, Chavez, Castro et les Mohamed"...
Le président indien bolivien a mordu à l'hameçon. Il a évoqué mardi devant des journalistes l'appel de M. Zapatero, dont les services ont dû démentir, avant que la Cope ne revendique la supercherie.
"Inacceptable": le gag de la radio des évêques a provoqué la colère de Madrid et de La Paz, qui a exigé des excuses.
Le ministre espagnol des Affaires étrangères a parallèlement convoqué le Nonce du Pape pour lui demander que "des faits déplorables de cette nature ne se reproduisent plus, en raison du tort qu'ils portent aux intérêts politiques et économiques de l'Espagne et à son image à l'extérieur".
La Conférence épiscopale avait promis jeudi un Mea Culpa de ses bergers médiatiques. Dont acte. Vendredi, dans un communiqué lu à l'antenne, la radio catholique a présenté publiquement ses "excuses aux personnes et institutions affectées", assurant avoir seulement voulu "amuser sur l'actualité".
La hiérachie catholique avait jusqu'à présent observé un silence bienveillant face aux critiques que suscite la Cope, accusée par ses détracteurs de raviver le spectre des "deux Espagnes".
Légalisation du mariage homosexuel, loi rendant facultatif l'enseignement de la religion, débat houleux sur d'élargissement du statut d'autonomie de la Catalogne: la Cope féraille sur tous les fronts contre un gouvernement qu'elle taxe d'intégrisme laïcard.
Son journaliste vedette, Federico Jimenez Losantos, a appelé au boycottage des produits catalans. Et cultive la formule qui fâche: L'Espagne deviendra une colonie des nationalistes catalans" ou "Valence (est) et l'archipel des Baléares seraient, pour les nationalistes catalans, la même chose que l'Autriche et la Tchécoslovaquie pour le nationaliste Adolf Hitler".
Les réactions fusent. Jusqu'aux évêques catalans qui ont réclamé que la radio "corrige ses excès". "La Cope, cette Inquisition", contre-attaquait récemment le quotidien de Barcelone El Periodico.
Le ministre de l'Industrie, José Montilla, cible de la Cope, a dénoncé un média lançant des "messages qui incitent à la haine, à la division et à la confrontation".
Le gouvernement régional catalan menace depuis des années de supprimer les autorisations d'émettre de la station. Il a reçu mercredi un rapport du Conseil de l'audiovisuel catalan accusant la radio de dépasser "les limites constitutionnelles de la liberté d'expression et d'information".
La radio de l'Eglise défend en retour bec et ongle son droit à la liberté d'expression, crie à la "persécution politique".
Elle jouit du ferme soutien des secteurs les plus conservateurs du Parti populaire (droite) et de la presse d'opposition. Le journal libéral El Mundo dénonçait jeudi le rapport de l'audiovisuel catalan contre la COPE: "un texte qui nous ramène inévitablement à l'époque de la censure franquiste".
La deuxième radio généraliste du pays se porte à merveille. Elle fédère 2,2 millions d'auditeurs, loin toutefois derrière la Ser, proche des socialistes (4,8 millions d'auditeurs). Depuis 2004, la Cope a gagné 300.000 adeptes.
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