1.08.2006

"Le Jour du Seigneur" appelé à la rescousse de la chaîne catholique KTO, en difficulté

LE MONDE | 06.01.06 | 13h48 • Mis à jour le 06.01.06 | 13h48

La chaîne catholique KTO, lancée en décembre 1999, est en train de jouer sa survie. Selon nos informations, un conseil d'administration, convoqué pour le mercredi 11 janvier, devrait se prononcer sur une augmentation de capital, à laquelle les actionnaires actuels n'ont, semble-t-il, pas l'intention de souscrire.
Le groupe Axa, Lagardère, Média Participations, actionnaires à hauteur de 18 % chacun, Vivendi (12 %), le Diocèse de Paris (12 %), Bayard Presse (8 %), Lafarge (6 %) et l'association des évêques de France (5 %), ne veulent plus financer à fonds perdus KTO, qui accuse un déficit de 3 millions d'euros en 2005. La chaîne table certes sur un retour à l'équilibre en 2007, mais elle aura alors accumulé 25 millions de pertes, indique une source proche du dossier.
Si ses actionnaires ne souscrivent pas à la prochaine augmentation de capital, la chaîne catholique pourrait déposer son bilan. Pour éviter cette issue, les évêques ont décidé de solliciter l'aide des producteurs du "Jour du Seigneur". Cette émission dominicale, diffusée sur France 2, est produite par le Comité français de radio-télévision (CFRT), société financée par la chaîne publique et des donateurs.

DISCUSSIONS AVEC L'EGLISE

Contrairement à KTO, le CFRT, association créée en 1950 et confiée à la congrégation des dominicains, est rentable. Doté d'un budget de 10 millions d'euros, le CFRT affiche un bénéfice de 500 000 euros. "Mais le bénéfice d'une association ne peut être utilisé de la même façon que pour une société commerciale, prévient Arnaud de Coral, directeur du CFRT et producteur du "Jour du Seigneur". Des discussions sont en cours avec l'Eglise pour voir si on peut faire quelque chose pour KTO, en accord avec nos statuts."
Une polémique était née avant le lancement de KTO, en 1999. Le CFRT considérait que l'existence même de la chaîne catholique n'était pas opportune, et avait lancé une pétition pour défendre l'émission religieuse du dimanche matin. La question, pour l'Eglise de France, est de savoir comment elle organise l'information catholique à la télévision.
KTO, dotée d'une équipe de 28 personnes, dispose d'un budget modeste. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a décidé en mai 2005 de ne pas lui attribuer de licence TNT, estimant que l'un des critères de choix était de choisir parmi les chaînes susceptibles de réunir un vaste public, ce qui n'est pas le cas de KTO, selon le CSA. La part d'audience de la chaîne se situait à 0,1 % en juin 2005, selon Médiamétrie MediaCabSat. Cette décision avait suscité des réactions, notamment une pétition "nous voulons KTO", qui a recueilli 50 000 signatures.

Pascale Santi
Article paru dans l'édition du 07.01.06
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