4.13.2005

Les mouvements de laïcs veulent peser sur le choix du prochain pape

 
VATICAN Tandis que les cardinaux poursuivent leurs consultations avant le début du conclave

Le Vatican : de notre envoyée spéciale Sophie de Ravinel
[LE FIGARO, 13 avril 2005]


Hier, dans l'hémicycle des synodes, les cardinaux qui le souhaitaient ont été invités à s'exprimer spécifiquement sur les problèmes et les priorités de l'Église. Au sein de ces congrégations générales, le poids de l'ancien archevêque de Milan, Carlo Maria Martini, longtemps cité comme possible successeur de Jean-Paul II, est presque aussi fort que celui du cardinal Joseph Ratzinger. L'un porte l'étiquette de libéral, le second est qualifié de conservateur. Comme l'ancien archevêque de Paris, Jean-Marie Lustiger, il s'agit de personnalités indépendantes, ce qui augmente encore leur poids. Le cardinal Martini est notoirement connu pour sa volonté de réforme dans le sens d'une plus grande collégialité entre les évêques, d'une meilleure collaboration avec le Saint-Siège et le gouvernement de la Curie. Il semblerait que ce soit justement sur ces points précis que les divergences de vues entre cardinaux se font le plus sentir ces jours-ci. Le choix d'un successeur n'en serait que plus difficile. Aucun nom n'aurait encore émergé des discussions.
Par contre, sur les questions de doctrine morale ou de doctrine sociale, les avis semblent partagés. L'oeuvre entreprise par Jean-Paul II doit être poursuivie, estiment les cardinaux.
Dans ces domaines, l'Église catholique compte particulièrement sur l'action des laïcs. Sous l'impulsion du concile Vatican II, de très nombreux mouvements se sont développés, qui ont ensuite été encouragés, soutenus et envoyés en mission par Jean-Paul II. Ils se retrouvent côte à côte avec des nouvelles congrégations comme les Légionnaires du Christ ou la prélature de l'Opus Dei. Impossible de les rassembler sous une même étiquette. Ils savent pourtant tous que le prochain pape, comme le précédent, devra et pourra s'appuyer sur eux.
Les cardinaux ne leur demandent pas vraiment leur avis. Ce qui ne les empêche pas de manifester leurs préférences, et surtout d'être les plus présents dans les lieux du gouvernement de l'Église. L'Opus Dei possède ainsi deux cardinaux, l'Espagnol de la Curie Julian Herranz et le Péruvien Juan Luis Cipriani. Etant donné leur forte différence de caractère, ils ne voteront peut-être même pas pour le même candidat, mais avec la Prélature, ils s'accordent sur la valeur doctrinale du cardinal Ratzinger. Le cardinal Tettamanzi, quoique proche de l'intelligentsia italienne de la finance et de la politique liée à l'Opus Dei, serait jugé un peu trop libéral.
Les Légionnaires du Christ, fondés au Mexique par le père Marcel Maciel, appartiennent eux aussi au courant «conservateur politique». Avec leur puissante association de laïcs Regnum Christi, ils effectuent, entre autres, leur oeuvre d'évangélisation dans les sphères de la haute finance. Mais ce sont les prêtres qui dirigent chez eux. Leur cardinal de référence est l'archevêque de Mexico Norberto Riverra Carera. Comme l'Opus Dei, ils sont bien implantés dans la Curie, proposant régulièrement des exercices spirituels «à ceux qui le souhaitent». Quant au mouvement italien Communion et Libération, il soutient le cardinal de Venise Angelo Scola. La communauté Sant'Egidio, la plus «libérale», appuierait le cardinal milanais Tettamanzi.
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