8.31.2006

Le plan de paix en dix points du Vatican

Hervé Yannou .
Publié dans Le Figaro le 31 août 2006
Actualisé le 31 août 2006 : 07h37

Le père jésuite Samir Khalil Samir, très estimé de Benoît XVI, a préparé un plan pour une «paix définitive au Proche-Orient».

BENOÎT XVI n'a cessé de lancer des appels et de prier pour la paix au Liban, tout en regrettant une certaine passivité internationale. Dans cette crise, le Pape a surtout imposé un style diplomatique différent de celui de Jean-Paul II. À un pape politique, qui transformait le Vatican en antichambre de la diplomatie mondiale lors des grandes crises internationales, a succédé un pape plus religieux et moins activiste. «Le vrai chemin de la paix est spirituel plus que politique», a ainsi déclaré le cardinal Roger Etchegaray, son envoyé spécial au Liban.
À chacun ses compétences, «c'est aux politiques de trouver les chemins menant le plus rapidement possible, et surtout durablement» à la paix au Proche-Orient, a estimé Benoît XVI à la télévision allemande. Mais le Saint-Siège peut aider les diplomates à trouver des solutions en ce sens. Ainsi, depuis quelques jours, un plan en dix points pour «une paix définitive au Proche-Orient» circule au Vatican et serait sur la table du Pape. L'hebdomadaire italien L'Espresso a publié ce texte rédigé par le père jésuite Samir Khalil Samir. Ce professeur spécialiste de l'Islam à l'université Saint-Joseph de Beyrouth, à l'Institut pontifical oriental de Rome et au centre Sèvres à Paris, est très estimé de Benoît XVI. L'année dernière, il a participé au séminaire à huis clos sur l'Islam réuni par le Pape dans son palais d'été de Castel Gandolfo.
Nourries par l'expérience du terrain, ses propositions cherchent un juste milieu entre les exigences d'Israël et celles des États arabes. Pour le Jésuite, dans cette guerre, il n'y a ni vainqueur, ni vaincu et l'extrémisme ne se combat pas par les armes. «Le problème n'est ni religieux, ni ethnique», mais bien politique, explique-t-il. Le mal s'enracine en 1948 lors de la création de l'État hébreu par les grandes puissances qui n'ont pas tenu compte des populations locales. Une solution au conflit ne peut donc être qu'internationale, diplomatique et pragmatique.
Le père Samir Khalil Samir propose ainsi «de créer un État palestinien» à partir des frontières d'avant 1967. Il souhaite que la communauté internationale garantisse le «droit au retour des Palestiniens», que les colonies israéliennes puissent décider si elles veulent ou non retourner en Israël ou rester sous souveraineté palestinienne.

Création d'une «union proche-orientale»

Il voudrait aussi que les États de la région reconnaissent mutuellement leurs frontières, qu'une force internationale «solide» contrôle les zones sensibles, les trafics d'armes et aide les États à avoir de véritables armées nationales afin de démilitariser les groupes armés. Enfin, il faudrait libérer les prisonniers, créer deux commissions internationales, l'une pour résoudre la question de l'eau dans la région et l'autre pour sceller le sort de Jérusalem. Tout cela débouche sur «une utopie» : la création d'une «union proche-orientale» fondée sur l'expérience de l'Union européenne.
Ces propositions pourraient séduire la future équipe diplomatique de Benoît XVI. Son nouveau bras droit, le cardinal Tarcisio Bertone, prendra ses fonctions de secrétaire d'État le 15 septembre. Celui qui se veut plus «secrétaire de l'Église que d'État» s'est déjà félicité, mardi, que l'Europe «ait retrouvé un rôle de médiation pour aider à trouver une solution» au conflit. Mais il a aussi souligné que pour sa part, il voulait «contribuer à accentuer la mission spirituelle de l'Église qui transcende la politique et la diplomatie». Reste à savoir qui le Pape lui adjoindra comme nouveau «ministre des Affaires étrangères». Le poste reste à pourvoir au 15 septembre. Plusieurs noms circulent, dont celui d'un Français : Mgr Pierre Philippe, actuel nonce en Ouganda.
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