2.26.2005

Le pape ne donnera pas la bénédiction de l'Angélus

Le Nouvel Observateur

Jean Paul II a demandé à un de ses collaborateurs de donner "en son nom" sa bénédiction de l'Angélus aux fidèles réunis dimanche place Saint Pierre, pour la première fois depuis le début de son pontificat.

Pour la première fois de son pontificat, le Pape Jean Paul II, temporairement muet après avoir subi jeudi soir une trachéotomie, a demandé à un de ses collaborateurs de donner "en son nom" sa bénédiction aux fidèles réunis dimanche place Saint Pierre pour l'Angélus.
"Le texte du message du Saint Père sera lu demain par Mgr Sandri, qui conduira la prière mariale et donnera au nom du Saint Père la bénédiction apostolique aux fidèles Place Saint Pierre", a annoncé samedi 26 février le porte-parole du Vatican Joaquin Navarro-Valls, dans une déclaration écrite remise à la presse.
"Le Saint Père s'unira à la prière depuis sa chambre de l'hôpital Gemelli", a-t-il ajouté.
Jean Paul II ne se montrera pas à la fenêtre de ses appartements de la polyclinique, comme il l'avait fait lors de sa première hospitalisation au début du mois, a précisé le porte-parole adjoint du Vatican, le père Ciro Benedettini.
Risque d'infection
Le pape doit absolument éviter tout risque d'infection, notamment aux poumons, après l'intervention subie jeudi soir pour l'aider à respirer, ont insisté ses médecins.
C'est la première fois que le pape doit renoncer à donner personnellement sa bénédiction, souligne-t-on de source vaticane. L'archevêque argentin Leonardo Sandri, numéro trois du Vatican, officiera depuis le parvis de Saint Pierre, a-t-on précisé.
Jean Paul II, qui a été hospitalisé à neuf reprises et a subi sept interventions chirurgicales depuis le début de son pontificat en octobre 1978, a toujours prononcé ces paroles, même après avoir été grièvement blessé lors de l'attentat du 13 mai 1981.
La décision de confier à Mgr Sandri la responsabilité de prononcer cette bénédiction a été prise après consultation des principaux membres de la Curie, a-t-on appris de source vaticane. Le pape s'exprime par écrit. Un petit carnet et un stylo sont en permanence à portée de sa main, a indiqué son porte-parole.
"Troisième Vatican"
L'un des derniers visiteurs à se rendre samedi matin à l'hôpital avant l'annonce de cette décision a été le cardinal espagnol Julian Herrantz, juriste et président du Conseil pontifical pour l'interprétation des textes législatifs.
Mgr Herranz, membre de l'Opus Dei, une très influente congrégation, a reconnu ne pas avoir vu le pape.
Le cardinal italien Angelo Sodano, secrétaire d'Etat et numéro deux du Vatican, a pris ses quartiers au dixième étage de l'hôpital Gemelli où un appartement est réservé en permanence pour le pape et son plus proche collaborateur, l'archevêque polonais Stanislaw Dziwisz.
Jean Paul II a d'ailleurs surnommé la polyclinique son "troisième Vatican", les deux autres étant la Cité et Castelgandolfo, la résidence d'été des papes.
Le Vatican assure que le pape va bien, mais aucun bulletin de santé n'a été fourni samedi et l'absence du pape pour l'Angélus entretient l'inquiétude sur son état de santé réel.
Voix officielle
Jean Paul II avait été hospitalisé une première fois le 1er février. Cinq jours plus tard, le dimanche 6 février, il s'était montré à la fenêtre ouverte de son appartement de la polyclinique pour la prière de l'Angelus à midi, rassurant ainsi les fidèles.
Mgr Sandri, devenu depuis sa voix officielle, avait alors lu son message et prononcé la prière. Le pape avait ensuite tenté de donner sa bénédiction, mais sa voix s'était étranglée dès les premiers mots.
L'interruption du son pendant quelques secondes a fait penser à une manipulation et donné le sentiment qu'un enregistrement avait pris le relais.
Le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls, a démenti le recours à un tel artifice, mais les fidèles réunis Place Saint Pierre devant les écrans géants installés pour suivre la prière de l'Angélus avaient eu la surprise d'entendre la voix du pape avant de le voir apparaître à la fenêtre

Tout est sous contrôle au Vatican

La Voix du Nord

Information, communication, manipulation

AUX mains d’un spécialiste de la manipulation dans les médias et la publicité, l’Espagnol Joaquin Navarro -Valls, la communication du Vatican est particulièrement contrôlée et controversée. Porte-parole du Vatican depuis vingt ans, Joaquin Navarro-Valls (ci-contre), à 68 ans, tient la salle de presse d’une main de fer.
Quand le pape sillonnait encore le monde, la sanction pour qui avait déplu était la non-participation aux voyages dans l’avion du souverain pontife! Et sa fierté est d’avoir transformé une communication artisanale en un service de presse dynamique à l’origine de 80 % de l’information publiée sur le Vatican, et son talent de «dire tout sans rien dévoiler ».
Il l’a encore prouvé début février lors de la première hospitalisation du pape où, seule voix autorisée à donner des nouvelles de la santé du souverain pontife, il s’est réfugié le plus souvent derrière la simple lecture de bulletins émis au compte-gouttes.

Des «réticences»

Il est encore trop tôt cette fois pour savoir si Joaquin Navarro-Valls, médecin psychiatre et ancien journaliste, va changer son fusil d’épaule. D’autant que le Vatican a reconnu en début de semaine des «réticences» face à l’information.
«On doit l’admettre. Il y a chez nous de la réticence. Il faut avoir encore un peu de patience. Les rapports avec les médias exigent une mentalité qu’il faut approfondir. Et pour cela il faut du temps», a admis l’archevêque Renato Boccardo, organisateur des voyages du pape et directeur du ministère de l’Information du souverain pontife.
D’un autre côté, c’est un prélat argentin, MgrLeonardo Sandri, qui est devenu la voix «autorisée»
de Jean Paul II et le Vatican multiplie également les artifices pour aider le pape à diriger l’Église.
Lors de sa première hospitalisation, le pape était ainsi apparu le dimanche 6février à la fenêtre de son appartement, au dixième étage de la polyclinique Gemelli, mais il avait laissé MgrSandri lire son message et prononcer la prière de l’Angélus.
Jean Paul II avait ensuite tenté de prononcer sa bénédiction, mais sa voix s’était étranglée dès les premiers mots, avant de reprendre, incompréhensible, après un blanc technique.
L’interruption du son pendant quelques secondes a fait penser à une manipulation et donné le sentiment qu’un enregistrement avait pris le relais.

Protestations

Joaquin Navarro-Valls, en tant que porte-parole du Vatican, a évidemment démenti le recours à un tel artifice, mais les fidèles réunis place Saint-Pierre devant les écrans géants installés pour suivre la prière de l’Angélus avaient eu la surprise d’entendre la voix du pape avant de le voir apparaître à la fenêtre…MgrSandri a encore prêté sa voix à Jean Paul II le dimanche suivant, jusqu’à ce que le pape recouvre l’usage de la parole et puisse officier seul.
Le pape n’est pas un patient facile, ont souligné à maintes reprises ses médecins. Il n’entend pas renoncer à sa mission et refuse de se ménager.
La Curie et les médias du Vatican entretiennent cet entêtement en magnifiant ses souffrances.
Mais les fidèles commencent à protester.




 

Le Vatican se veut serein sur la santé du Pape, mais les pronostics restent sombres

LE MONDE | 26.02.05
Jean Paul  II a subi, jeudi, une trachéotomie.

Rome de notre envoyé spécial

La sérénité affichée par le porte-parole du Saint-Siège, Joaquin Navarro-Valls, et par les visiteurs du pape à l'hôpital Gemelli, vendredi 25 février, tranche avec le climat d'anxiété et de recueillement que l'on voit poindre dans les églises de Rome, de Pologne ou d'Amérique du Sud. Derrière des fenêtres éclairées jusque tard dans la nuit de vendredi à samedi, la polyclinique Gemelli, déjà réputée pour être le troisième lieu de résidence du pape - après le Vatican et Castelgandolfo - est le théâtre du combat, que chacun pressent comme étant le dernier, de Jean Paul II, 84 ans, contre la maladie.
Le pape a passé une nuit tranquille, de vendredi à samedi. Il n'est pas sous assistance respiratoire mais, a confirmé le porte-parole, en raison de la trachéotomie subie jeudi soir, il ne pourra pas parler pendant quelques jours, "afin de permettre la récupération de ses fonctions laryngées". Se voulant rassurant, Joaquin Navarro-Valls a ajouté que le malade avait mangé "de bon appétit", que "la situation postopératoire évolue de façon régulière", que le pape "respire de façon autonome et que les conditions cardio-vasculaires se maintiennent". Il a confié aux journalistes que, de retour du bloc opératoire, le malade lui avait écrit sur un papier : "Que m'ont-ils fait ?" Une ligne plus bas, il a ajouté : "Je suis toujours totus tuus", expression latine qui signifie "tout à toi", devise de Karol Wojtyla.
Les commentaires prudemment optimistes des cardinaux Sodano, Ruini et Lopez Trujillo, qui ont rendu visite, vendredi, au malade, sont impuissants à cacher la sombre rigueur des pronostics médicaux. Si le succès de la trachéotomie est salué, les médecins interrogés dans la presse italienne mettent en garde contre un soulagement excessif. "La nouvelle hospitalisation est la démonstration que son système immunitaire n'est plus en mesure de combattre les infections", a souligné, vendredi 25 février, dans La Stampa le professeur Bruno Bergamasco, directeur du département de neurosciences de l'université de Turin, regrettant que Jean Paul II, après sa première hospitalisation, soit retourné à sa fenêtre au Vatican où il s'est exposé "au froid". Il a rappelé que la grippe, chez les patients atteints de Parkinson, "est la première cause de mortalité".
Pour le professeur Corrado Manni, qui avait soigné le pape après l'attentat de 1981, le risque d'un arrêt cardio-circulatoire, consécutif aux deux crises respiratoires de février, est réel. "Il peut mourir par suffocation. Le risque principal est l'œdème pulmonaire, une sorte de noyade des poumons", a-t-il affirmé, ajoutant que c'est "malheureusement souvent le dernier symptôme". "Aujourd'hui, vu la gravité de la situation, une simple inflammation des premières voies respiratoires peut précipiter la situation", a soutenu Corrado Manni. Dans la plupart des commentaires entendus à Rome, le pape Wojtyla, que Mgr François Marty, archevêque de Paris (décédé), avait qualifié en 1980 d'"athlète de Dieu", n'est plus que le "Serviteur souffrant" décrit par le prophète Isaïe dans la Bible, donnant un ultime témoignage de résistance physique et de proximité avec tous les malades et handicapés. C'est le sens de cet ultime combat, assure son entourage.
Jamais dans l'histoire de l'Eglise moderne, une fin de règne pontifical n'avait été aussi longue. A Rome, elle est attribuée à la pugnacité exceptionnelle et au courage "mystique" de ce pape polonais. Son prédécesseur, Jean Paul Ier, s'était éteint dans son sommeil, à 66 ans, le 28 septembre 1978, d'une crise cardiaque. Souffrant depuis longtemps d'arthrose, Paul VI, à 81 ans, était discrètement décédé en vingt-quatre heures, le 6 août 1978. Avant lui, Jean XXIII était mort à 82 ans, le 3 juin 1963, d'un cancer déclaré à l'automne 1961. Seule la longue agonie de Pie XII, en 1958, pourrait rappeler la fin de règne de Jean Paul II.
La situation actuelle à Rome est inédite à un autre titre, que soulignent les observateurs de ce pontificat. Selon eux, les épreuves de santé à répétition de Jean Paul II et la paralysie institutionnelle qui s'ensuit au Vatican seraient la démonstration, par l'absurde, de cette hyperconcentration des pouvoirs - la "primauté" et l'"infaillibilité" du pape, définies comme des dogmes au premier concile du Vatican, en 1870 - au profit d'un homme, mortel comme tous les autres.

Henri Tincq
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Recueillement œcuménique

Dans les églises de Rome et du monde entier, les fidèles catholiques prient pour le rétablissement du pape. Les communautés juive et musulmane d'Italie ont prié afin que "Dieu assiste le pape pendant cette période". Le grand rabbin de Rome, Riccardo di Segni, s'est rendu à l'hôpital Gemelli pour prendre des nouvelles.
Dans un message au Vatican, le patriarche œcuménique orthodoxe de Constantinople, Bartholomée Ier, a souhaité que "le Seigneur donne au pape le courage de poursuivre longtemps sa mission sacrée et efficace au service de son Eglise et du monde entier".
Les Polonais sont les plus inquiets. Ils organisent des assemblées de prière à Cracovie, dont Karol Wojtyla a été l'archevêque de 1964 à 1978, et dans sa ville natale de Wadowice. Dans une lettre au pape, le président Aleksander Kwasniewski rappelle que tous les Polonais le soutiennent "durant cette période difficile" et lui souhaite de se rétablir (...)

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 27.02.05

2.25.2005

Le pape a subi une trachéotomie à l'hôpital Gemelli de Rome

LE MONDE | 25.02.05
Cette opération chirurgicale, qui a nécessité une courte anesthésie générale, a été un "succès", selon le Vatican. Mais l'état de santé de Jean Paul II, réhospitalisé jeudi 24 février en catastrophe, continue d'inspirer les plus vives inquiétudes.
Dans l'attente du communiqué médical que devait publier vendredi 25 février à midi, Joaquin Navarro-Valls, porte-parole du Saint-Siège, les nouvelles de Jean Paul II, âgé de 84 ans, étaient jugées plus rassurantes à Rome après l'opération subie dans la nuit à l'hôpital Gemelli, où il avait été de nouveau admis en catastrophe jeudi matin.
Le pape a subi "avec succès", disait un communiqué du Vatican, une trachéotomie, incision dans le cou et la trachée permettant un passage direct de l'air dans les poumons. Cette septième intervention chirurgicale subie par Jean Paul II en vingt-cinq ans a duré environ une demi-heure, précédée d'une "légère anesthésie générale". "L'évolution postopératoire est régulière", poursuivait le communiqué. Le malade n'a pas été placé dans un centre de soins intensifs.
"Les médecins sont très satisfaits de la manière dont le pape a résisté à l'intervention chirurgicale et des premières heures de la phase post-opératoire", affirmait de son côté Gianni Letta, conseiller du gouvernement Silvio Berlusconi, qui a pu apercevoir le pape à son réveil et s'entretenir avec les chirurgiens.
Cette opération nocturne avait mis fin - provisoirement - à une journée d'extrême inquiétude. La nouvelle hospitalisation de Jean Paul II à la polyclinique Gemelli, jeudi 24 février vers 11 h 30, avait pris tout le monde de court, y compris son collaborateur de tous les instants, Angelo Sodano, secrétaire d'Etat, informé à la dernière seconde du transfert du pape en ambulance jusqu'à l'hôpital, distant de cinq kilomètres.
A 10 heures, la présence de Jean Paul II à un consistoire public, devant examiner cinq "causes" de canonisation, était annoncée comme certaine, salle Clémentine, dans le palais apostolique. Mais, dès le début de la cérémonie, le cardinal secrétaire d'Etat devait lire, dans la confusion, un message bref reçu du pape un peu plus tôt : "Pour des raisons de prudence, on m'a conseillé de suivre le déroulement du consistoire depuis mes appartements, par le biais d'un lien télévisé interne."

"RECHUTE" GRIPPALE

La "disparition" soudaine du pape et l'annonce du cardinal Sodano avaient alors précipité les journalistes vers la salle de presse du Saint-Siège. Joaquin Navarro-Valls lisait un communiqué déclarant que le pape avait fait une "rechute" de sa grippe et été admis de nouveau à Gemelli. Les craintes de spasmes et autres complications respiratoires se faisaient jour à nouveau comme lors de la précédente hospitalisation.
La veille, mercredi 23 février, pour la première fois de son pontificat, Jean Paul II n'avait pu participer que par liaison vidéo à l'audience publique hebdomadaire, salle Paul-VI. Son élocution était plus laborieuse encore que les précédents jours. Il était apparu "épuisé". Ces conditions ont empiré dans l'après-midi du 23 février. Les spasmes ont repris et se sont aggravés jeudi matin, nécessitant la nouvelle hospitalisation en urgence.
Avant la trachéotomie, le pape était arrivé conscient mais fiévreux à l'hôpital Gemelli, où il dispose d'un appartement privé au dixième étage. Il a été mis sous assistance respiratoire, avant l'arrivée en urgence des médecins réanimateurs, notamment du docteur Rodolfo Proietti. Jean Paul II est entouré de ses deux seuls secrétaires polonais, Mgr Stanislas Dziwisz et Mgr Mieczyslaw Mokrzycki, ainsi que d'une religieuse polonaise, sœur Tobiana, en permanence à ses côtés.

CLIMAT PLUS ALARMANT

Le climat est donc incomparablement plus alarmant cette fois à Rome que lors de l'hospitalisation du 1er février. Déjà percent à la curie des interrogations et des regrets sur la nécessité qu'il y avait à faire revenir si vite le convalescent de Gemelli. La grippe n'atteint pas le sujet malade d'un syndrome de Parkinson dans les mêmes conditions que les autres. Les risques de complications respiratoires, puis cardiaques sont lourds. De nombreux médecins avaient prévenu, dès la première hospitalisation, qu'un sérieux risque de rechute existait.
Tout avait été fait, après son retour "triomphal", en papamobile, de l'hôpital Gemelli, le 10 février, pour montrer au monde que la vie avait repris son cours au Vatican. Dès le lendemain, le 11, le pape faisait annoncer la nomination d'un nouvel archevêque à Paris.
La semaine suivante, il reprenait quelques forces lors des traditionnels "exercices spirituels" de Carême, prêchés cette année par un évêque italien, Mgr Renato Corti. Son état semblait stabilisé, lui permettant même de reprendre ses audiences au palais apostolique. Le mardi 22 février, le premier ministre croate, Ivo Sanader, était reçu par le pape. Ce fut sa dernière rencontre officielle.
Le dimanche 13, Jean Paul II était apparu à la fenêtre de ses appartements place Saint-Pierre pour la prière de l'Angélus, mais incapable encore de s'exprimer. "J'ai toujours besoin de votre aide devant le Seigneur pour accomplir la mission que Jésus m'a confiée", avait déclaré en son nom le substitut Leonardo Sandri.
La stupeur créée par sa nouvelle hospitalisation jeudi était d'autant plus grande que, une semaine plus tard, dimanche 20 février, le pape avait pu prononcer lui-même les prières de l'Angelus.

Henri Tincq
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 26.02.05

Une situation potentiellement grave, peut-être irréversible

LE MONDE | 25.02.05

La décision, prise jeudi 24 février par l'équipe médicale de l'hôpital Gemelli, de pratiquer en toute urgence une trachéotomie témoigne sans ambiguïté d'une aggravation certaine de l'état de santé de Jean Paul II. Si ce geste chirurgical n'est pas en lui-même à risque (il ne s'agit que de pratiquer une petite incision de la paroi antérieure de la trachée de manière à introduire une canule), le fait d'avoir recours à une trachéotomie indique qu'il existe, au niveau du pharynx ou du larynx, un obstacle majeur empêchant l'air d'arriver aux poumons.
La dernière hospitalisation de Jean Paul II avait été rendue nécessaire lorsque le pape, souffrant d'une infection grippale compliquée d'une inflammation de la trachée, avait été victime d'une toux persistante compliquée de crises de spasmes du larynx. Le Vatican avait alors indiqué que son état avait pu être amélioré par des "thérapies d'assistance à la respiration". L'équipe médicale - dirigée par le professeur Rodolfo Proietti, directeur du département des urgences de l'établissement hospitalier romain - n'avait pas, alors, été amenée à devoir mettre en place une réanimation intensive. Une telle réanimation pourrait, bientôt, devenir nécessaire.
Deux raisons peuvent, schématiquement, expliquer pourquoi l'équipe médicale a dû avoir recours à une trachéotomie. Le Vatican laisse entendre que Jean Paul II souffre depuis peu d'un nouvel épisode infectieux, conséquence d'une rechute de son infection grippale ou, plus vraisemblablement, d'une surinfection bactérienne. Cette rechute peut être directement à l'origine de nouvelles crises de spasmes laryngés entraînant cette fois une insuffisance respiratoire sévère. On peut aussi penser, comme c'est très fréquemment le cas chez les personnes souffrant de formes très évoluées de la maladie de Parkinson, que le pape présente désormais des troubles graves de la déglutition exposant au risque de fausse route, événement source d'infections pulmonaires.

ALTÉRATIONS NEUROLOGIQUES

En toute hypothèse, la nouvelle situation est potentiellement grave, peut-être même irréversible. Lors de la précédente hospitalisation, les gestes d'assistance à la respiration avaient rapidement permis une "stabilisation" de l'état clinique. Le Vatican avait alors précisé que les différents paramètres cardio-respiratoires et métaboliques étaient restés "dans les limites de la norme".
Cette indication pouvait laisser supposer que ces troubles respiratoires n'avaient pas, au total, eu de conséquences importantes sur l'ensemble des grandes fonctions vitales de l'organisme. Il sera sans aucun doute plus difficile, cette fois, de parvenir à un tel équilibre. Le pape est en effet désormais directement exposé à toutes les complications infectieuses inhérentes à l'alitement prolongé des personnes âgées. Les médecins doivent en outre compter avec l'ensemble des altérations neurologiques caractéristiques des stades les plus évolués de la maladie de Parkinson. On sait que ces altérations peuvent entraîner des phases de somnolence diurnes et des hallucinations, plus ou moins associées à des difficultés grandissantes de concentration et à un déclin intellectuel.

Jean-Yves Nau
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 26.02.05

Le gouvernement de l'Eglise désorienté, des spéculations relancées

LE MONDE | 25.02.05

La trachéotomie subie jeudi par le pape crée une situation nouvelle pour le Vatican et relance les spéculations sur sa capacité à diriger l'Eglise. Combien de temps Jean Paul II, élu le 16 octobre 1978, malgré son courage, pourra-t-il encore lutter contre la maladie ? Depuis l'attentat du 13 mai 1981, il a subi neuf hospitalisations et sept interventions chirurgicales.

Le pape pourra-t-il retrouver l'usage de sa voix ?

Pour une période impossible à estimer, il sera empêché de parler à la suite de l'insertion de la canule qui lui permet de respirer au niveau de la trachée artère. "Pour un patient qui a atteint le stade terminal de la maladie de Parkinson et a subi une trachéotomie, on peut parler d'état critique", déclarait un neurochirurgien de New York interrogé vendredi par Reuters. "Avec une trachéotomie, on parle avec beaucoup de difficultés. Quand on y arrive !", ajoutait le docteur Barbara Paris, également de New York.
On voit mal le pape en mesure de reprendre avant longtemps ses activités et présider les célébrations pascales, cœur de l'année liturgique, à la fin du mois de mars. La menace d'aphasie totale n'est plus infondée à ce stade de la maladie, ce qui pose la question de la validité des actes accomplis par cet homme gravement malade qui dispose du pouvoir suprême dans l'Eglise. Toute décision en matière de discipline et de doctrine, toute nomination d'évêque est suspendue si le pape est inapte à gouverner. Il peut déléguer, mais pour les seules matières ordinaires. Encore doit-il être capable de "communiquer" avec son entourage, notamment Angelo Sodano, 77 ans, secrétaire d'Etat, "premier ministre".
"Même à partir d'un lit d'hôpital, il est possible que celui qui gouverne l'Eglise exprime sa volonté par des écrits et par des gestes", avait déclaré le cardinal italien Mario Francesco Pompedda, juriste renommé, lors de la première hospitalisation du pape début février. Mais ce point de vue ne fait pas l'unanimité à la Curie. "Un muet ne peut pas célébrer la messe. Cela pose le problème de la renonciation", avait osé déclarer, lors d'un précédent accident de santé, en octobre 2003, un autre canoniste, le cardinal argentin Jorge Meija. Mario Francesco Pompedda avait alors répliqué qu'il n'était pas nécessaire, pour l'exercice de sa charge, que "le pape officie".

Peut-il encore donner sa démission ?

Oui. Le droit canon ne contient aucune disposition relative à une destitution du pape pour cause d'incapacité physique à gouverner. Il prévoit, en revanche, dans son article 332, que le pontife romain peut renoncer à sa charge, à condition que "la renonciation soit faite librement et dûment manifestée, mais non pas qu'elle soit acceptée par qui que ce soit".
Les historiens estiment à une dizaine le nombre de papes qui ont démissionné dans l'histoire. La plus célèbre, grâce à Dante qui en fait le récit dans ses œuvres, est la démission de Célestin V en 1294. Depuis, aucun pape n'a démissionné. Paul VI (1963-1978), souffrant d'arthrose, avait été tenté de le faire, mais n'a pas donné suite à cette décision, de crainte qu'elle ne crée un précédent et soit le prétexte à des pressions futures sur le pape.
Toutes les déclarations de Jean Paul II, y compris les plus récentes lors de sa première hospitalisation début février, montrent sa résolution à poursuivre sa mission jusqu'à la mort. Le 7 février, le cardinal Angelo Sodano avait évoqué l'hypothèse de la "renonciation", plus par naïveté que par calcul, estimant qu'une démission devait être laissée "à la conscience du pape". D'autres proches, comme les cardinaux Giovanni-Battista Ré, préfet de la congrégation des évêques, et Camillo Ruini, vicaire de Rome, avaient immédiatement désavoué les propos de Sodano. Depuis, le débat avait été considéré comme clos et le "parti de la démission" comme battu.
Rien ne laissait présager, après sa trachéotomie, que le pape puisse changer un jour d'attitude. Devant l'absence de procédure d'"empêchement" pour incapacité, on sait seulement - sans certitude absolue - qu'il a laissé à ses proches un message secret fixant ses intentions pour le jour où il ne serait plus en état de pouvoir lui-même les exprimer.
En octobre 2003, le cardinal argentin Meija, déjà cité, avait jugé utile de publier la lettre que Paul VI, à la fin de sa vie, avait secrètement remise à ses proches en disant : "Si le pape se trouve dans un état de complète invalidité mentale et (ou) physique, le Saint-Siège doit être considéré comme vacant et l'on doit procéder à l'élection de son successeur."
A Rome, beaucoup pensent que Jean Paul II a dû laisser des dispositions identiques, mais personne ne croit qu'il reviendra sur sa résolution de s'en remettre seulement à la volonté de Dieu.

Henri Tincq
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 26.02.05

La rechute du pape grippe la machine du Vatican

Monde

Jean Paul II a de nouveau été hospitalisé en urgence et opéré, hier à Rome.

Par Eric JOZSEF
vendredi 25 février 2005


Rome de notre correspondant

uand le pape éternue, le Vatican s'enrhume et navigue à vue. Déjà hospitalisé en urgence pendant dix jours début février pour une laryngo-trachéite aiguë, Jean Paul II a été transporté hier matin dans la précipitation à la polyclinique Gemelli, ce qui a plongé l'Etat pontifical dans la confusion. Victime d'une rechute, le souverain pontife, âgé de 84 ans, a été emmené en ambulance sur décision de ses médecins, avant que la curie soit informée de la nouvelle. Même le secrétaire d'Etat Angelo Sodano, qui fait office de Premier ministre du Vatican, a été pris au dépourvu, pensant que le pape suivait les travaux d'un consistoire par liaison vidéo, alors qu'il était déjà à l'hôpital. Avec la détérioration de l'état de santé de Karol Wojtyla, la machine institutionnelle du Vatican risque d'être durablement grippée.
Certes, depuis des années, les palais pontificaux ont appris à vivre avec un pape malade. D'autant que, rappelle le vaticanologue de l'hebdomadaire l'Espresso, Sandro Magister, «Jean Paul II ne s'est jamais beaucoup intéressé au gouvernement ordinaire de l'Eglise, même lorsqu'il était en pleine forme physique, préférant concentrer son action sur ses voyages à l'étranger et les grandes questions comme les mea-culpa ou le jubilé de l'an 2000». Mais ses hospitalisations à répétition posent la question de sa capacité à demeurer sur le trône de saint Pierre et attisent les conflits d'influences au sein de la curie.
«Pour tout ce qui concerne les pouvoirs exclusifs du pape, on assiste à une paralysie complète», regrette Giancarlo Zizola, spécialiste du Vatican pour le quotidien Il Sole-24 Ore et auteur, entre autres, de l'Autre Wojtyla. «Toutes les décisions papales prises depuis début février étaient en réalité antérieures à son hospitalisation, y compris la nomination du nouvel archevêque de Paris.» Si les affaires courantes continuent d'être assurées par le cardinal Sodano, aucun membre de la curie ne peut signer de documents officiels à la place de Jean Paul II. «C'est l'impasse», insiste Giancarlo Zizola. Car, lors de sa brève apparition à la fenêtre de sa chambre d'hôpital, le 6 février, le pape a de nouveau exclu l'hypothèse d'une démission. En clair, tant que Jean Paul II sera lucide, le Vatican est destiné à vivre au ralenti. «S'il devait perdre la raison, il serait alors possible de recourir à une procédure d'empêchement, mais, dans l'histoire moderne de l'Eglise, celle-ci n'a jamais été expérimentée», analyse Sandro Magister.
En attendant, la monarchie absolue du Vatican ressemble de plus en plus à une oligarchie de fin de règne. Outre Angelo Sodano, le puissant préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi Joseph Ratzinger et, dans une moindre mesure, le cardinal Ruini, président de la conférence épiscopale italienne et évêque vicaire de Rome, conservent les clés de la machine pontificale. Mais, au fil des jours, le secrétaire personnel de Jean Paul II, Mgr Stanislaw Dziwisz, a acquis un poids très important, voire, pour certains, démesuré. Dans les palais comme à la clinique, c'est lui qui décide de l'accès à Karol Wojtyla. Dziwisz se fait son interprète. Si le subtil équilibre des pouvoirs empêche a priori qu'une seule personne puisse se substituer au souverain pontife, en coulisse certains ne cachent pas qu'il existe un risque réel que le secrétaire prenne des décisions à la place du pape.
«Cela faisait très longtemps qu'un secrétaire pontifical n'avait eu une telle influence. C'est un problème très sérieux», note Giancarlo Zizola, qui estime qu'une phase historique se ferme : «La réforme préconisée dans le cadre du concile Vatican II, visant à instaurer un gouvernement de l'Eglise plus collégial, a été bloquée. On en est resté à la monarchie de Vatican I, sans prévoir que le pape infaillible puisse faillir.»

 http://www.liberation.fr/page.php?Article=278287

Le pape a passé une nuit tranquille et respire de manière autonome

AFP
[vendredi 25 février 2005 - 13h21]

Le pape Jean Paul II a passé une nuit tranquille après la trachéotomie subie jeudi soir, il respire de manière autonome mais il ne pourra pas parler pendant quelques jours, a déclaré vendredi le porte-parole du Vatican Joaquin Navarro-Valls.
"Le pape a passé une bonne nuit de sommeil tranquille", a affirmé M. Navarro-Valls devant des dizaines de journalistes réunis dans la salle de presse du Vatican.
"Sur prescription des médecins, le pape devra renoncer à parler pendant quelques jours", a-t-il déclaré.
"La respiration est autonome et les conditions cardio-vasculaires se maintiennent dans la normale", a précisé le porte-parole qui a tenu à souligner que contrairement aux informations circulant dans les media, le pape n'a pas eu besoin d'une assistance respiratoire après l'intervention chirurgicale.
M. Navaro-Valls a également tenu à dissiper les inquiétudes concernant une éventuelle infection des voies respiratoires du pape, affirmant que le souverain pontife "n'a pas d'infection broncho-pulmonaire"
L'hospitalisation du souverain pontife "est la démonstration que son système immunitaire n'est plus en mesure de combattre les infections". "Le risque principal dans ces cas là est l'oedème pulmonaire qui est une sorte de noyade des poumons. Malheureusement, c'est généralement le dernier symptôme", a déclaré le professeur Bergamasco.
Son pessimisme est partagé par l'ancien anesthésiste du pape, le professeur Corrado Mani, qui a participé aux six précédentes interventions chirurgicales. Jean Paul II subit "fatigue sur fatigue sur un organisme certainement déjà affaibli", relève le Pr. Mani dans La Stampa. "Il y a donc le risque d'un arrêt cardio-vasculaire parce que le coeur n'est plus oxygéné (...) et le risque de mourir par étouffement", conclut-il.
Même inquiétude chez le le Pr Giorgio Ianneti, spécialiste en chirurgie maxilo-faciale à l'université La Sapienza de Rome. Il estime dans le Corriere della Sera, que le pape "n'a plus la force d'inspirer et d'expirer correctement et de se débarasser des sécrétions des muqueuses qui se sont accumulées dans la trachée". Reste que la détérioration de l'état de santé du pape pourrait relancer le débat sur sa capacité à gouverner l'Eglise et un éventuel "renoncement" à sa charge.
Les interventions en ce sens de hauts prélats sont en effet évoquées régulièrement depuis quelques années suivant le rythme de l'aggravation des difficultés du pape à marcher et à parler de manière intelligible. Les experts en droit canon de la Curie romaine ont quant à eux tranché ce point. "Même à partir d'un lit d'hôpital, il est possible pour celui qui gouverrne l'Eglise d'exprimer sa volonté et de donner des ordres et des dispositions (...) par écrit ou par des gestes", ne cesse de répéter le cardinal italien Mario Francesco Pompedda.
Les faits semblent lui donner raison puisqu'un carnet de notes et un stylo-bille ont été placés sur le lit du pape, tout près de sa main droite, pour lui permettre de continuer à gouverner l'Eglise. Privé de la voix, au moins temporairement, le vieux pape (85 ans le 18 mai) ne prononcera pas dimanche sa bénédiction pour la prière de l'Angélus. L'insertion d'une canule sous la pomme d'Adam apporte cependant à Karol Wojtyla un confort respiratoire. L'air arrive directement dans les poumons sans passer par la bouche.
iDes membres de l'équipe médicale de la polyclinique Gemelli se sont déclarés "satisfaits" du résultat de l'intervention chirurgicale, la septième depuis l'attentat de 1981 place Saint-Pierre. La rechute de Jean Paul II, deux semaines seulement après sa sortie de l'hôpital Gemelli où il était resté neuf jours, a ramené les caméras de télévision et les journalistes du monde entier, ainsi que des curieux, devant la polyclinique.
Les voeux de prompt rétablissement affluent également d'Italie comme du monde entier à l'instar de ceux du président américain Georges W. Bush.

Le pape a passé une nuit tranquille mais ne peut pas parler

AFP | 25.02.05 | 12h54

Le pape Jean Paul II a passé une nuit tranquille après la trachéotomie subie jeudi soir mais il ne pourra pas parler pendant quelques jours, a déclaré vendredi le porte-parole du Vatican Joaquin Navarro-Valls."Le pape a passé une bonne nuit de sommeil tranquille", a affirmé M. Navarro-Valls devant des dizaines de journalistes réunis dans la salle de presse du Vatican."Sur prescription des médecins, le pape devra renoncer à parler pendant quelques jours", a-t-il déclaré."La respiration est autonome et les conditions cardio-vasculaires se maintiennent dans la normale", a précisé le porte-parole qui a tenu à souligner que contrairement aux informations circulant dans les media, le pape n'a pas eu besoin d'une assistance respiratoire après l'intervention chirurgicale.M. Navaro-Valls a également tenu à dissiper les inquiétudes concernant une éventuelle infection des voies respiratoires du pape, affirmant que le souverain pontife "n'a pas d'infection broncho-pulmonaire"

DICHIARAZIONE DEL DIRETTORE DELLA SALA STAMPA DELLA SANTA SEDE, DR. JOAQUÍN NAVARRO-VALLS

Il Direttore della Sala Stampa della Santa Sede, Dr. Joaquín Navarro-Valls, ha rilasciato questa mattina ai giornalisti la seguente dichiarazione sulle condizioni del Santo Padre dopo l’intervento di tracheotomia, cui è stato sottoposto ieri sera:

Il Santo Padre ha trascorso una notte di tranquillo riposo.
Stamane ha fatto la prima colazione con buon appetito.
Il decorso post-operatorio continua in modo regolare.
La respirazione è autonoma e le condizioni cardio-vascolari si mantengono buone.
Su prescrizione dei medici, il Papa dovrà rinunciare a parlare per alcuni giorni al fine di favorire il recupero della funzione laringea.
Non si prospetta il bisogno di emettere un nuovo comunicato fino a lunedì 28 febbraio alle ore 12.30.

[00264-01.01]
* TRADUZIONE IN LINGUA INGLESE


Holy See Press Office Director Joaquín Navarro-Valls released the following declaration to journalists this morning regarding the Pope's condition following last evening's tracheotomy at Gemelli Polyclinic:

The Holy Father spent a night of tranquil rest.This morning he ate breakfast with a good appetite.
The post-operative situation continues regularly.
He is breathing on his own and cardio-circulatory conditions remain good.
Upon the advice of his doctors, the Pope must not speak for several days so as to favor the recovery of the functions of the larynx.
A new medical bulletin is not foreseen until next Monday, February 28 at 12:30 p.m.


[00264-02.01] [Original text: Italian]

[B0111-XX.01]

Trachéotomisé, Jean Paul II continue de gouverner l'Eglise

LEMONDE.FR | 25.02.05 | 10h14

Jean Paul II a été admis, jeudi, en urgence pour la deuxième fois en 24 jours à la polyclinique Gemelli de Rome. Un bulletin de santé doit être publié vendredi en fin de matinée.
Jean Paul II, qui souffre d'une rechute de grippe, a de nouveau été hospitalisé, jeudi 24 février, à la polyclinique Gemelli de Rome, où il a subi, dans la soirée, une trachéotomie destinée à faciliter sa respiration.
L'intervention, qui consiste à effectuer une petite incision dans le cou et la trachée afin de permettre un passage direct de l'air dans les poumons, s'est bien déroulée, a fait savoir le Saint-Siège dans un communiqué, précisant que l'état de santé post-opératoire du pape était satisfaisant. "L'opération [...] a pris fin avec succès. L'évolution post-opératoire immédiate est régulière", dit le communiqué. L'opération, à laquelle Jean Paul II avait donné son consentement, a duré trente minutes, de 20 h 20 à 20 h 50.
Le pape a passé la nuit dans sa chambre d'hôpital sous assistance respiratoire. "Il doit pouvoir survivre à cela, mais son rétablissement devrait à coup sûr prendre beaucoup de temps et il sera sans doute très affaibli", a déclaré le Dr Barbara Paris, responsable du service de gériatrie de l'hôpital Maimonides de New York. "Avec une trachéotomie, on parle avec beaucoup de difficulté, quand on y arrive."



"UNE PAGE LAISSÉE À LA PROVIDENCE"

De source informée au Vatican, on a appris vendredi matin qu'un carnet de notes et un stylo-bille ont été placés sur le lit de Jean Paul II, tout près de sa main droite, pour lui permettre de continuer à gouverner l'Eglise. C'est sur ce carnet que le souverain pontife exprimera, sans doute pendant une période relativement longue, ses nécessités personnelles et ses directives concernant l'Eglise catholique, selon la même source.
Ces messages seront destinés à ses collaborateurs immédiats qui se relayent à son chevet, son secrétaire personnel, Mgr Stanislaw Dziwisz, l'adjoint de ce dernier, Mgr Mieczyslaw Mokrzycki, ainsi qu'à la très fidèle sœur Tobiana, qui est diplômée en médecine. Les feuillets de ce carnet avec les décisions plus importantes concernant l'Eglise seront réservés au cardinal secrétaire d'Etat Angelo Sodano, qui reste chargé de la gestion au quotidien du Saint-Siège.
"Le souverain pontife peut exercer son pouvoir juridictionnel même sans la parole", a rappelé le cardinal Francesco Pompedda, préfet émérite du Tribunal de la signature apostolique, la plus haute autorité de l'Eglise, cité par l'hebdomadaire italien Famiglia cristiana. "Il s'agit, a-t-il souligné, d'un acte de volonté qui peut être exprimé de différentes façons, par écrit ou par des gestes."
Aucune norme écrite n'a été promulguée concernant une incapacité éventuelle du pape mais, selon le cardinal Pompedda, "l'attitude qui a inspiré cette décision a été de dire : si un jour cela arrive, on verra. C'est une page laissée à la Providence".

Avec AFP

Une trachéotomie pour l'aider à respirer

Catherine Petitnicolas (avec Martine Perez)
[25 février 2005]


La santé du Pape semble s'être dégradée hier soir. Le Saint-Père, hospitalisée en urgence jeudi en fin de matinée pour de graves problèmes respiratoires, a subi dans la soirée une trachéotomie par voie chirurgicale dans la polyclinique Gemelli de Rome. Cette intervention qui s'est bien déroulée relance de plus belle les interrogations sur la maladie qui l'affaiblit terriblement depuis quelques semaines, banale rechute de grippe ou complication plus préoccupante?
L'objectif d'une trachéotomie, par le biais d'une sonde au niveau de la trachée, vise à court-circuiter un obstacle, comme un œdème au niveau du larynx afin de faciliter la respiration. «Une infection virale, laryngite ou trachéite, peut nécessiter cette trachéotomie, précise le professeur Christian Richard (réanimateur à l'hôpital Bicêtre). Ce n'est pas parce que l'on a une trachéotomie que l'on aura forcément besoin d'une ventilation artificielle. Tout dépend de la maladie en cause. Je ne la connais pas.»
Le Pape avait déjà passé dix jours à l'hôpital Gemelli au début de ce mois pour une laryngotrachéite aiguë avec épisodes de laryngospasme ayant imposé la mise sous assistance respiratoire.
Jean-Paul II en était sorti le 10 février avec la nécessité de se faire aider plusieurs fois par jour par un appareil respiratoire de type CPAP (Continuous Positive Airway Pressure) capable d'insuffler de l'air à faible pression positive dans ses poumons afin de pallier la faiblesse de ses mouvements respiratoires due à la maladie de Parkinson. «Mais toute infection de ce type chez une personne très âgée peut précipiter une multitude de complications», souligne un cardiologue français. On conçoit que dans ce cas, le pronostic reste très ré

Le Pape opéré en urgence

Le Souverain Pontife a fait une rechute de la grippe qu'il avait contractée fin janvier

Jean Paul II a passé la nuit sous assistance respiratoire à l'hôpital Gemelli de Rome où il a été admis en urgence pour la deuxième fois en 24 jours, et des spécialistes italiens se montrent pessimistes après la trachéotomie qui le prive de la voix.

Le Vatican: Hervé Yannou
[LE FIGARO, 25 février 2005]

Jean-Paul II a de nouveau été hospitalisé hier à l'hôpital Gemelli de Rome, pour une «rechute» de la grippe qu'il avait contractée dans les derniers jours de janvier et qui avait déjà nécessité une hospitalisation de neuf jours. Le Pape serait arrivé en ambulance à l'hôpital peu après 11h30, conscient et le visage serein, mais transporté sur un brancard, selon les témoignages de membres du personnel de l'hôpital à qui il aurait adressé quelques signes de la main.
Lorsque la nouvelle de l'hospitalisation du Pape est officiellement tombée en fin de matinée, plusieurs cardinaux de la curie, de hauts prélats et des ambassadeurs étaient réunis en consistoire – une réunion officielle – dans le Palais apostolique du Vatican. Ils n'ont été avertis de la situation qu'à l'issue de leur rencontre.
Le Souverain Pontife a donc été victime mercredi d'une «rechute», selon le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls. Les symptômes de la grippe, qui se greffent sur de graves problèmes respiratoires, sont à nouveau apparus, nécessitant «une assistance spécialisée» et «des examens». Des propos qui trahissent un état de santé préoccupant.
Étant donné la volonté manifestée ces temps-ci par le Saint-Siège de ne pas alarmer l'opinion publique, cette hospitalisation devait être urgente et absolument nécessaire. Son état de santé ne lui permettait plus d'être soigné dans ses appartements du Vatican, commentaient des membres de la curie romaine à la sortie du consistoire.
Jean-Paul II aurait dû, en principe, assister à cette réunion qui avait pour objectif de proclamer officiellement les noms de cinq futurs saints de l'Eglise catholique. Le «numéro deux» du Vatican, le cardinal Angelo Sodano, l'a remplacé pour cette mission. Mais par «mesure de prudence», avant même que son état empire, le Pape lui avait déjà indiqué par lettre qu'il lui avait été conseillé de suivre l'événement depuis ses appartements par le biais de la télévision interne.
Aussitôt la nouvelle de son hospitalisation connue, la presse internationale a retrouvé son poste devant l'hôpital romain, déjà rodée par les neuf jours de veille entre le 1er et le 10 février dernier. Les télévisions du monde entier ont à nouveau garé leurs camions-régie sur le parking qui surplombe le bâtiment et les hôtels des alentours ont été pris d'assaut. Les téléobjectifs sont braqués sur les fenêtres aux stores baissés des chambres du dixième étage de l'hôpital, en permanence réservées au Pape et à sa suite. Dans le hall principal de la clinique Gemelli, une salle de presse a été immédiatement réinstallée. Des officiers de la police et de la gendarmerie italienne ont tranquillement réorganisé le dispositif de sécurité.
Depuis le retour du Pape au Vatican il y a dix jours, les commentateurs sont restés l'arme au pied. L'incertitude régnait devant la capacité du Pape à surmonter les séquelles de son hospitalisation. Tout a pourtant été fait pour les rassurer. Arrivé en ambulance par la petite porte en pleine nuit, Jean-Paul II avait triomphalement regagné le Vatican en papamobile panoramique. Ses apparitions publiques restaient cependant suspendues au diagnostic de son entourage et en particulier de son médecin personnel, Renato Buzzonetti.
Le Pape a pu poursuivre sa convalescence la semaine dernière. Aucune audience publique ou privée n'était inscrite à l'agenda. Dimanche dernier, Jean-Paul II est apparu à la fenêtre de son bureau pour la traditionnelle prière de l'Angélus. Des milliers de pèlerins, réunis place Saint-Pierre, l'ont entendu prononcer assez clairement les quelques lignes de son message.
Tout semblait devoir rentrer dans l'ordre. Lundi, il reprenait ses audiences en recevant des évêques espagnols. Mardi, c'était au tour du premier ministre croate. Les polémiques devant une éventuelle renonciation du Pape semblaient devoir se taire.
Pourtant, mercredi, la traditionnelle audience générale, la première depuis trois semaines, n'a pas eu lieu. Devant la pluie et le froid qui frappent Rome, Jean-Paul II a renoncé à apparaître à la fenêtre de ses appartements pour saluer les fidèles malgré la vitre protectrice. C'est par vidéoconférence qu'il leur a difficilement adressé quelques mots.
La nouvelle hospitalisation de Jean-Paul II fait craindre le pire. Silvio Berlusconi, les membres du gouvernement italien, les cardinaux et hauts prélats qui ont assisté aux obsèques du fondateur du mouvement ecclésial Communion et Libération, Dom Luigi Giussani, à Milan sont précipitamment rentrés à Rome. Le prochain bulletin de santé est attendu pour aujourd'hui en fin de matinée.
La dernière apparition de Jean-Paul II a eu lieu par vidéoconférence, au cours de laquelle le Pape difficilement adressé quelques mots aux fidèles.

2.24.2005

Doctors attending Pope John Paul II have performed a tracheotomy

WEAKENED POPE STRUGGLES TO BREATHE

Inside the Vatican has learned, from reliable sources, that doctors attending the pope decided to insert a tube into the pope’s neck to assist his breathing. The operation is called a tracheotomy. "He is very weak; that is the problem," said one source. "I am very worried."


This morning I would still have said that he would still have had some years to live, however this evening I am no longer so sure. The Vatican has not yet officially commented on this matter. We will keep you updated on these very serious developments as the day progresses.


- by Dr. Robert Moynihan

Le pape a subi une trachéotomie avec succès (officiel)

AFP | 24.02.05 | 22h00

Le pape Jean Paul II a subi avec succès une trachéotomie pour l'aider à respirer et passera la nuit dans sa chambre de l'hôpital Gemelli, a annoncé jeudi soir son porte-parole Joaquin Navarro-Valls.L'évolution de l'état de santé du pape, âgé de 84 ans, a rendu nécessaire "l'exécution d'une trachéotomie (...) pour assurer une ventilation adéquate du patient", indique un communiqué de M. Navarro-Valls."Le Saint Père a été informé et a donné son accord. L'intervention qui a débuté vers 20h20 (19h20 GMT, ndlr) s'est achevée à 20h50 et s'est déroulée et achevée de manière positive", poursuit le porte-parole."Le Saint-Père passera la nuit de convalescence dans sa chambre", ajoute le communiqué.

Chronologie : Les grandes dates du pontificat de Jean Paul II

(Avec AFP.)
[24 février 2005]

Voici les grandes dates du pontificat de Jean Paul II, hospitalisé d'urgence à Rome en raison de troubles respiratoires dus à des complications d'une grippe.


1978

# 16 OCTOBRE: élection de Karol Wojtyla, premier pape polonais de l'histoire de l'Eglise, sous le nom de Jean Paul II. Il succède à Jean Paul Ier, mort prématurément après 33 jours de pontificat.\(

1979

# 2 JUIN: première visite du pape dans sa Pologne natale. Jean Paul II prie au camp d'extermination nazi d'Auschwitz.

# 30 NOVEMBRE: première rencontre entre le pape et le patriarche orthodoxe de Constantinople Dimitrios 1er, lors d'une visite du chef de l'Eglise catholique en Turquie.

1981

# 13 MAI: Mehmed Ali Agca tente d'assassiner le pape à Rome. Jean-Paul II est grièvement blessé, touché à l'abdomen, à la main gauche et au bras droit.


1982

# 15 SEPTEMBRE: Jean Paul II rencontre pour la première fois le leader de l'OLP, Yasser Arafat, au Vatican. Onze autres rencontres suivront.


1983

# 2-10 MARS: visite en Amérique centrale où le pape parle des droits de l'homme. Lors de son passage au Nicaragua, il est hué par les activistes du régime sandiniste (marxisant).

# 16 JUIN: il visite pour la deuxième fois son pays natal, défiant l'état de siège imposé par le régime communiste polonais.

# 28 DECEMBRE: Jean Paul II rencontre en prison, à Rome, son agresseur, Mehmed Ali Agca.


1984

# 29 NOVEMBRE: signature au Vatican du Traité de paix entre l'Argentine et le Chili, conclu grâce à la médiation du Saint-Siège.


1986

# 13 AVRIL: pour la première fois, un pape se rend dans une synagogue. L'événement historique a lieu à Rome.

# 27 OCTOBRE: il préside une journée mondiale de prière pour la paix, à Assise, avec la participation de responsables de toutes les Eglises et des religions du monde entier.


1987

# 1er-6 AVRIL: Jean Paul II se rend au Chili et rencontre le général Augusto Pinochet.


1989

# 1er DECEMBRE: Mikhaïl Gorbatchev au Vatican. Premier face-à-face du chef de l'Eglise catholique et du chef du Kremlin.


1992

# 12 JUILLET: Jean Paul II est opéré d'une tumeur bénigne à l'intestin.


1993

# FEVRIER: au cours d'un voyage en Afrique, Jean-Paul II renouvelle l'opposition de l'Eglise au préservatif, affirmant que «la chasteté est le seul moyen pour mettre fin à la plaie tragique du sida».

# 4-10 SEPTEMBRE: le pape se rend pour la première fois en ex-URSS en visitant la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie.

# 30 DECEMBRE: signature d'un accord fondamental entre le Saint-Siège et Israël, premier acte juridique entre les deux Etats.


1994

# 29 AVRIL: nouvelle hospitalisation du pape pour une fracture du fémur droit, à la suite d'une chute dans sa salle de bains.

# 25 OCTOBRE: établissement de relations officielles entre le Saint-Siège et l'OLP.


1995

# 12 JANVIER: à Manille, à l'occasion d'une journée mondiale de la jeunesse, le pape est acclamé par plus de 4 millions de personnes, la plus grande foule de son pontificat.


1996

# 7 OCTOBRE: Jean Paul II est hospitalisé pour une appendicectomie.


1998

# 23 JANVIER: Jean Paul II rencontre Fidel Castro à Cuba.

# 12 MARS: le pape signe le document «Souvenons-nous: une réflexion sur la Shoah».


2000

# 12 MARS: dans un geste sans précédent d'«auto-purification», Jean Paul II demande pardon à Dieu pour les fautes et les erreurs passées de l'Eglise notamment contre les Juifs.

# MARS: le pape effectue un pèlerinage historique en Terre Sainte, 36 ans après Paul VI. Il renouvelle sa demande de pardon à Dieu à l'égard des fautes commises par l'Eglise envers les Juifs.


2001

# JUIN: le pape effectue une visite pastorale en Ukraine, en dépit des rapports difficiles entre catholiques et orthodoxes et des protestations du patriarcat de Moscou.


2002

# 11 FEVRIER: Jean Paul II crée 4 nouveaux diocèses en Russie. Le patriarcat de Moscou dénonce cette décision comme une «action inamicale».


2003

# FEVRIER: Jean Paul II lance un appel à ne pas se résigner, affirmant que la guerre en Irak «peut être évitée». Il reçoit plusieurs dirigeants mondiaux leur demandant de mettre en oeuvre tous les efforts pour éviter une guerre en Irak.

# 11-14 SEPTEMBRE: le pape apparaît très affaibli durant sa visite en Slovaquie. Les inquiétudes sur sa santé vont croissant et des prélats commencent à évoquer publiquement la perspective de sa mort.

# OCTOBRE: cérémonies du 25ème anniversaire du pontificat et béatification de mère Teresa


2004

# 14 MARS: le pontificat de Jean Paul II devient le troisième de l'histoire de l'Eglise catholique par sa durée.

# 14-15 AOUT: Jean Paul II effectue un pèlerinage à Lourdes à l'occasion du 150ème anniversaire de la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception de la Vierge Marie.

Les événements depuis l'hospitalisation du pape début février

(Avec AFP.)
[LE FIGARO, 24 février 2005]

Voici le film depuis cette hospitalisation:


# MARDI 1ER FEVRIER 2005

Jean Paul II, contraint d'annuler ses engagements à cause d'une grippe, est admis d'urgence à la polyclinique catholique Gemelli de Rome, où un appartement lui est réservé à l'année au dixième étage depuis l'attentat du 13 mai 1981. «Le pape Jean Paul II souffre d'une laryngo-trachéite aiguë et de crises de laryngospasmes, dus à une complication de sa grippe», explique dans la nuit le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls.


# MERCREDI 2 FEVRIER

«Il n'y a pas de raison de s'alarmer», affirme M. Navarro-Valls après avoir été contraint de démentir plusieurs informations annonçant Jean Paul II en salle de réanimation et ayant subi une trachéotomie.


# JEUDI 3 FEVRIER

Le porte-parole laisse entendre que l'hospitalisation pourrait durer une semaine. Il rend public le bulletin suivant: «Le Saint Père a passé une nuit de repos tranquille. Les conditions générales et respiratoires du Saint Père enregistrent une évolution positive. La laryngo-trachéite aiguë est en phase de régression et il n'y a pas eu de répétition des épisodes de spasmes du larynx, qui avaient motivé l'hospitalisation d'urgence».


# VENDREDI 4 FEVRIER

«L'état de santé du Saint Père s'est amélioré. Jean Paul II s'alimente régulièrement. Les examens médicaux et de laboratoire confirment la stabilisation du cadre clinique», déclare le porte-parole. Un cardinal membre de la curie affirme que le pape peut diriger l'Eglise depuis son lit d'hôpital, même s'il est dans l'incapacité de parler.


# SAMEDI 5 FEVRIER

Le Vatican annonce que pour la première fois de son pontificat Jean Paul II ne présidera pas le 9 février la cérémonie des Cendres en la basilique Saint-Pierre et reste hospitalisé. Le porte-parole du Vatican annonce que Jean Paul II ne pourra pas lire la prière de l'Angelus dimanche et donnera seulement sa bénédiction.


# DIMANCHE 6 FEVRIER

Amidi, les rideaux s'ouvrent et le pape se montre. Il va suivre pendant neuf minutes la lecture de son message puis de la prière de l'Angelus, et tente ensuite de prononcer sa bénédiction. Mais sa voix s'étrangle dès les premiers mots.

Le Vatican dément qu'il ait été assisté par un enregistrement.


# LUNDI 7 FEVRIER

La polémique est lancée sur la capacité de Jean Paul II à diriger l'Eglise s'il ne peut plus parler. Le cardinal secrétaire d'Etat Angelo Sodano, numéro deux du Vatican, déclenche une tourmente en déclarant que la décision d'un renoncement doit être «laissé à la conscience du pape».


# MARDI 8 FEVRIER

Des cardinaux s'affrontent autour d'une éventuelle démission du pape. «C'est de mauvais goût» d'en parler, estime un membre influent de la curie romaine, le cardinal Giovanni Battista Re.

# MERCREDI 9 FEVRIER

Le pape célèbre le mercredi des cendres, début du carême, dans sa chambre d'hôpital, manquant pour la première fois de son pontificat la liturgie des cendres en la basilique Saint Pierre. Des cardinaux déclarent avoir trouvé le pape «vraiment bien» et les indications se multiplient d'une prochaine sortie de l'hôpital. On évoque même la possibilité qu'il puisse apparaître à la fenêtre de son appartement pontifical pour la prière de l'Angelus du dimanche suivant.


# JEUDI 10 FEVRIER

Ses médecins autorisent Jean Paul II a rentrer au Vatican car sa laryngo-trachéite aiguë «est guérie».

# DIMANCHE 13 FEVRIER

Jean Paul II apparaît à sa fenêtre et salue les fidèles. Il prononce une bénédiction pour l'Angelus mais laisse ses collaborateurs lire ses autres messages.


# SAMEDI 19 FEVRIER

Jean Paul II, pour la première fois de son pontificat, n'assiste pas à la messe qui marque traditionnellement la fin du Carême au Vatican.


# DIMANCHE 20 FEVRIER

Le pape prononce intégralement le message de l'Angélus. Il prononce les mots de manière assez claire et articulée.


# MARDI 22 FEVRIER

Le pape reçoit au Vatican le chef du gouvernement croate Ivan Sanader, première personnalité politique à le rencontrer depuis sa sortie de l'hôpital.


# MERCREDI 23 FEVRIER

Le souverain pontife sur les conseils de ses médecins, renonce pour la première fois à tenir son audience générale hebdomadaire place Saint-Pierre. Il s'adresse aux pèlerins à travers une liaison vidéo, parlant d'une voix rauque et cherchant son souffle avec difficulté.


# JEUDI 24 FEVRIER

Jean Paul II est hospitalisé à l'hôpital Gemelli «à la suite d'une rechute mercredi de la grippe», déclare le porte-parole du Vatican.

Le pape hospitalisé pour une rechute

Jean Paul II, 84 ans, a été hospitalisé aujourd'hui pour la seconde fois ce mois-ci à l'hôpital Gemelli pour une rechute de sa grippe, redoutée par nombre de médecins en raison de sa santé fragile. Ses médecins traitants examinaient, en fin de journée, la possibilité de pratiquer une trachéotomie pour l'aider à respirer. Son hospitalisation a été décidée dans l'urgence et la précipitation et personne n'a eu le temps d'informer le cardinal secrétaire d'Etat Angelo Sodano, numéro deux du Vatican, a-t-on appris de source vaticane. Le premier bulletin sur son état de santé sera rendu public «vendredi en fin de matinée», a annoncé le Vatican.

(Avec AFP.)
[LE FIGARO,24 février 2005]

«Dans l'après-midi d'hier, le Saint Père a subi une rechute du syndrome de la grippe dont il a été victime ces dernières semaines. Pour cette raison il a été hospitalisé ce matin à l'hôpital Gemelli, pour recevoir une assistance spécialisée et subir des examens», a déclaré le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls.
Jean Paul II a été hospitalisé en raison d'«une rechute de sa grippe qui a aggravé ce matin les conditions respiratoires» du pape, a annoncé pour sa part l'agence italienne Ansa, sans citer ses sources.
Le pape est arrivé conscient vers 10H30 à l'hôpital, où il dispose d'un appartement privé au dixième étage, transporté sur un brancard mais pas complètement allongé, selon l'agence. Il y est arrivé à bord de la même ambulance sans signe distinctif qui l'avait transporté au début du mois et qui l'accompagne dans tous ses déplacements.
«Qui l'a vu dit que le pape avait le visage plutôt détendu», écrit également Ansa.
Selon la chaîne de télévision Sky TG24, un premier bulletin de santé est attendu pour vendredi.
Le souverain pontife a été hospitalisé une première fois le 1er février en raison de graves problèmes respiratoires causés par une mauvaise grippe. Il est resté au Gemelli pendant dix jours.
A l'origine des problèmes de santé de Jean Paul II se trouve une grippe qui s'est compliquée d'une laryngo-trachéite aiguë (inflammation) et de «crises de spasmes du larynx», gênant la respiration.
Selon des sources médicales, le souverain pontife a dû être intubé lors de cette première hospitalisation afin de pouvoir respirer.
L'altération de la fonction pulmonaire et des muscles respiratoires est fréquente chez les patients atteints de la maladie de Parkinson, comme Jean Paul II.
De nombreux médecins ont prévenu dès sa première hospitalisation qu'un risque de rechute existait.
Le souverain pontife n'est pas à l'abri «d'une rechute analogue dans l'avenir», avait affirmé il y a quinze jours le professeur Corrado Manni, médecin anesthésiste du pape lors de six interventions chirurgicales subies dans le passé.
«La maladie de Parkinson ne se soigne pas, au maximum on peut la ralentir. Et cela comporte une série de risques, parmi lesquels ceux que nous avons connus ces jours-ci», avait-il ajouté.
Plusieurs médecins s'étaient également élevés contre la présence du pape, lors de diverses cérémonies religieuses, devant une fenêtre ouverte, alors que l'Italie a traversé une période de grand froid ces dernières semaines.
Il a ainsi donné une fois sa bénédiction depuis la fenêtre de sa chambre d'hôpital, puis depuis le Vatican a plusieurs reprises.
Son entourage avait pourtant allégé le programme du souverain pontife après sa sortie d'hôpital pour lui faciliter la convalescence, annulant plusieurs rendez-vous de son agenda.
Le pape a ainsi renoncé mercredi à l'audience générale et s'est adressé par liaison vidéo aux fidèles venus au Vatican. Les images montraient Jean Paul II parlant d'une voix rauque mais surtout cherchant avec difficulté son souffle.
Après l'annonce de l'hospitalisation du pape, l'hôpital Gemelli a immédiatement renforcé les mesures de sécurité avec l'arrivée de policiers et de carabiniers et a improvisé une salle de presse à l'entrée principale du bâtiment.

Polémique sur le dernier livre de Jean-Paul II

RELIGION

Sophie de Ravinel
[LE FIGARO, 24 février 2005]


La démocratie peut conduire aux pires errements : lorsqu'elle permet l'arrivée d'Hitler au pouvoir ou lorsqu'elle permet l'avortement : Jean-Paul II l'affirme dans son dernier ouvrage à paraître le 3 mars, Mémoire et identité (Flammarion), fruit de conversations datant de 1993 avec deux philosophes polonais. Une polémique est immédiatement née sur une éventuelle comparaison entre la Shoah et l'interruption volontaire de grossesse, lors de sa présentation officielle à Rome, mardi soir.
Pour Roger Prasquier, conseiller à la présidence du Crif (*) et président de Yad Vashem-France, «il n'y a pas de comparaison entre les deux, mais un rapprochement indécent». C'est au chapitre 22, consacré à «la démocratie contemporaine», que Jean-Paul II souligne les errements possibles des Parlements «régulièrement élus», lorsqu'ils «outrepassent leurs compétences et qu'ils se mettent en conflit manifeste avec la loi de Dieu et la loi naturelle».
En guise d'exemple, le Pape cite tout d'abord le Reichstag qui, en déléguant les pleins pouvoirs à Hitler dans les années 30, «lui ouvrit la route» pour la mise en oeuvre «de l'élimination de millions de fils et de filles d'Israël». Au paragraphe suivant, le Pape s'interroge «sur les choix législatifs effectués dans les Parlements des régimes démocratiques actuels» et souligne que, lorsqu'un Parlement «autorise l'interruption de grossesse, admettant la suppression de l'enfant à naître, il commet une grave violence à l'égard d'un être humain et innocent privé surtout de toute capacité d'autodéfense».
Dans ce passage, explique Roger Prasquier, «je constate que le Pape n'a pas comparé l'avortement à la Shoah, mais qu'il s'interroge sur les responsabilités et les limites de la démocratie, un régime qu'il considère par ailleurs comme le meilleur des systèmes politiques». Celui qui avoue avoir «de l'admiration et du respect» pour Jean-Paul II affirme cependant : «mettre en regard ces deux exemples est quelque chose de profondément choquant, une indécente maladresse».Roger Prasquier pense aux femmes «qui sont contraintes à l'extrémité douloureuse qu'est l'avortement» et pour qui ce texte est «profondément insultant». «L'Eglise catholique, ajoute-t-il, devrait avant tout penser à sa propre responsabilité dans l'accession d'Hitler au pouvoir.»
Alors qu'une autre polémique est née sur le fait que ces entretiens ont été «retravaillés» par des Polonais du Vatican, Bernard Leconte – auteur d'une biographie de référence sur Jean-Paul II chez Gallimard – «n'imagine pas que ce texte puisse avoir été publié sans l'aval du Pape». Il le reconnaît «complètement dans ces méditations politiques et spirituelles sur la culture, la patrie, la place de l'homme dans le cosmos ou la nation». Concernant le rapprochement entre Shoah et avortement, il souligne que «ce n'est pas très adroit de prendre ces deux exemples, mais que, du point de vue des chrétiens, le nazisme et l'avortement peuvent être considérés comme deux maux contre lesquels les hommes ne se sont pas assez opposés».

(*) Les «Etudes du Crif» viennent de publier un document sur l'Eglise et l'antisémitisme avec les contributions du cardinal Jean-Marie Lustiger, de Mgr Jean-Pierre Ricard et du cardinal Philippe Barbarin.

2.23.2005

Jean Paul II compare avortement, nazisme et communisme

LE MONDE | 23.02.05 | 14h26

Dans un nouveau livre de souvenirs, le pape met en garde contre les "idéologies du mal".

Mémoire et identité, Jean Paul II. Flammarion, 218 p., 17 €. Trad. François Donzy.


Au soir de sa vie, le pape publie une réflexion, poignante et personnelle, sur la question du mal. Il le fait dans un quatrième livre de souvenirs, intitulé Mémoire et identité, qui a été présenté à Rome mardi 22 février et sortira le 3 mars dans les librairies françaises. Le "mal" d'hier : Karol Wojtyla tire les leçons des tragiques expériences du nazisme et du communisme, dont il a été le témoin direct en Pologne. Et le "mal" d'aujourd'hui : dans un amalgame contestable avec le passé, il condamne à nouveau l'avortement et les unions homosexuelles.
Juste après avoir évoqué, au début du livre, l'extermination des juifs par les nazis, le pape dénonce "l'extermination légale des êtres humains conçus et non encore nés". Il s'agit "encore une fois", explique t-il, d'"une extermination décidée par des Parlements élus démocratiquement". Dans la foulée, il s'en prend au Parlement européen, qui "fait pression" pour que soient reconnues les unions homosexuelles "comme une forme alternative de la famille, à laquelle reviendrait aussi le droit d'adopter". C'est, pour Wojtyla, une autre "idéologie du mal, insidieuse, occulte, qui tente d'exploiter contre l'homme, et contre la famille même, les droits de l'homme".
Déjà, dans le discours de Radom (Pologne, 1991) ou l'encyclique Evangile de la vie (1995), qui avaient soulevé des polémiques dans les milieux juifs et progressistes, le pape s'en était pris au génocide nazi, en même temps qu'à l'avortement, au terrorisme, à la guerre, à la toxicomanie, traités comme autant de symptômes de la "culture de mort" qui, selon lui, fascinerait l'homme moderne. Dans ce dernier livre, il répète que les "idéologies du mal", anciennes et contemporaines, ont leurs racines dans une même philosophie européenne de rupture avec Dieu.

LE "LIBÉRALISME PRIMITIF"

C'est le livre d'un intellectuel polonais pétri de l'histoire et de la culture de son pays, mais blessé de l'avoir vu disparaître de la conscience européenne à cause de l'occupation nazie et de la nuit communiste. Ce livre a d'ailleurs été écrit, en 1993, avec deux autres philosophes polonais, Krysztof Michalski et Jozef Tischner, revu, corrigé, actualisé depuis par l'entourage de Jean Paul II. Un livre de réfutation, plus que de combat, de la philosophie européenne des Lumières.
Le pape ne méconnaît pas l'apport des Lumières et de la Révolution française aux luttes pour les droits de l'homme et de la nation, tout en rappelant que "liberté, égalité et fraternité" sont des valeurs chrétiennes. Mais ce sont les Lumières, démontre-t-il, qui ont fait le lit des "idéologies du mal".
Après Descartes ("Je pense, donc je suis"), l'individu se fait juge du bien et du mal. Dieu n'est plus qu'un "contenu de la conscience" autonome. Dieu, le bien cessent de s'imposer comme des catégories objectives.
La voie est alors ouverte à tous les abîmes. "Si l'homme peut décider par lui-même, sans Dieu, de ce qui est bon et de ce qui est mauvais, il peut aussi disposer qu'un groupe d'hommes soit anéanti." En tuant le "Dieu de la Révélation", les Lumières ont failli tuer l'homme, dans les camps de concentration et au goulag.
Les équivalences qu'il fait entre l'extermination des juifs et celle des enfants avortés, entre la démocratie de Weimar (qui a conduit Hitler au pouvoir) et les Parlements qui légalisent l'IVG et les unions homosexuelles sont choquantes. Mais, pour Wojtyla, elles ont la même source dans le rejet de l'ordre naturel voulu par le Créateur.
Elles sont d'égales conséquences de la même "violation de la Loi de Dieu". C'est le même cri que Jean Paul II aura poussé toute sa vie : tout ce qui est "légal", dans l'ordre des gouvernements démocratiques, n'est pas forcément "légitime" au plan moral.
Une fois de plus, ce livre suscitera des polémiques et ne sera pas compris pour ce qu'il veut être d'abord : un acte de défense de l'homme, rappelé ici au bon usage de sa liberté. Car la "dangerosité" du monde actuel, comme celui du XXe siècle, écrit Jean Paul II, vient de ce que l'homme ne sait plus distinguer entre le bien et le mal. Il "fait abstraction de toute responsabilité éthique". La revendication à la "liberté seule", délivrée "de tout frein et de tout lien", n'a d'autres noms, selon lui, que le "caprice", le "libéralisme primitif", dont l'influence est "potentiellement dévastatrice".
Ce livre condense vingt-cinq ans d'enseignement. Il puise dans les textes du concile Vatican II (1962-1965), et dans les propres ouvrages et discours de Wojtyla, quand il rappelle que la Pologne a pu survivre à ses tragédies grâce à sa foi et à sa culture. Cette "culture" dont il fait encore le modèle du développement des "nations", contre tout nationalisme, et d'un légitime "patriotisme", face à la dissolution des identités dans un monde globalisé.

Henri Tincq
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 24.02.05

Jean Paul II fustige l'avortement en le qualifiant d'"extermination légale"

LEMONDE.FR | 23.02.05 | 09h56  •  MIS A JOUR LE 23.02.05 | 10h16
L'avortement constitue une "extermination légale" comparable à la Shoah et aux autres génocides de l'histoire de l'humanité et le mariage homosexuel un instrument du diable menaçant la société, écrit le pape Jean Paul II dans un livre publié, mardi 22 février en Italie.
Le pape Jean Paul II rapproche l'avortement et l'Holocauste dans un chapitre de son nouveau livre Mémoire et identité présenté, mardi 22 février, à Rome par le cardinal allemand Josef Ratzinger. Ce rapprochement est fait dans le chapitre 22, intitulé "La démocratie contemporaine", de ce livre de réflexion.
Dans cet ouvrage, Mémoire et identité, le chef de l'Eglise catholique se dit également convaincu que Mehmet Ali Agça, le tireur turc qui a tenté de l'assassiner en 1981, n'a pas agi seul et que l'ex-bloc soviétique a pu jouer un rôle dans l'attentat contre sa vie. Cinquième livre publié par le pape depuis le début de son pontificat, Mémoire et identité est un ouvrage philosophique dans lequel le Saint-Père s'attache, sur la base de conversations avec des philosophes, à définir les natures du Bien et du Mal.
Mais dans un chapitre consacré au rôle des législateurs, au détour d'allusions aux "pressions" exercées, dit-il, sur le Parlement européen pour les autoriser, il s'en prend aux mariages homosexuels. "Il est légitime et nécessaire de se demander s'il ne s'agit peut-être pas d'une composante d'une nouvelle idéologie du Mal, peut-être plus insidieuse et plus secrète, qui tente d'opposer les droits humains à la famille et à l'homme", écrit-il.

"EXTERMINATION LÉGALE"

Une autre partie de Mémoire et identité, publié par l'éditeur italien Rizzoli, suscite également la controverse, celle où le pape aborde la question de l'avortement. Après avoir évoqué la "solution finale" mise en œuvre par le régime hitlérien visant à exterminer les juifs et la répression des opposants dans les régimes communistes d'après 1945, Jean Paul II estime que des Parlements légalement élus dans des ex-pays totalitaires sont aujourd'hui en train de légaliser ce qu'il qualifie de nouvelles formes du Mal et de nouvelles exterminations.
"L'extermination légale d'êtres humains qui ont été conçus mais ne sont pas encore nés est toujours en cours", écrit-il notamment. "Et cette fois, nous parlons d'une extermination qui a été autorisée par rien moins que des Parlements démocratiquement élus où l'on entend normalement des appels aux progrès de la société et de l'humanité."
En Allemagne, où des extraits de ce livre ont été prépubliés, le Conseil central des juifs a jugé inacceptable cette comparaison. Présentant mardi soir Mémoire et identité, le cardinal allemand Josef Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a rejeté cette polémique. Le pape, a-t-il assuré, "n'a pas tenté de mettre l'Holocauste et l'avortement sur un même plan", mais a seulement voulu prévenir que le Mal s'immisçait partout, "même dans les systèmes politiques libéraux".

COMPLOT COMMUNISTE

Jean Paul II revient aussi longuement sur la tentative d'assassinat dont il a été la cible le 13 mai 1981 place Saint-Pierre. Il écrit que Mehmet Ali Agça, le tireur turc qui a fait feu sur lui, n'a pas pris l'initiative de cet attentat. "Quelqu'un d'autre l'a dirigé et quelqu'un d'autre l'a commandité", dit-il. Deux procès tenus au début des années 1980 n'ont pas permis d'établir, comme l'affirmaient les procureurs, que les services secrets bulgares étaient à l'origine de cette tentative d'assassinat.
En 1981, Jean Paul II, le premier pape polonais de l'histoire, soutenait activement la campagne du syndicat Solidarité de Lech Walesa, que l'Union soviétique considérait comme une menace pour la stabilité du bloc communiste. Pour le pape, cette tentative d'assassinat a peut-être constitué "la dernière convulsion" des idéologies du XXe siècle - allusion transparente au communisme.

Avec AFP et Reuters

2.22.2005

L'UE devrait financer les JMJ à Cologne en été 2005
LEMONDE.FR | 22.02.05 | 20h06

La droite européenne a demandé mardi le financement par le budget communautaire à hauteur de 1,5 million d'euros des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), une manifestation qui doit rassembler des centaines de milliers de jeunes catholiques à Cologne (Allemagne) du 16 au 21 août, en présence de Jean Paul II.
Dans le cadre d'une résolution qui sera votée jeudi au Parlement européen sur le programme de travail de la Commission européenne, la droite demande à celle-ci de prévoir dans "les budgets pour imprévus" des contributions à diverses manifestations, dont les JMJ.
"Il ne s'agit pas de financer le voyage du pape, mais le rassemblement en tant que tel", a expliqué le leader des eurodéputés conservateurs, l'Allemand Hans-Gert Poettering.
Ce financement n'avait pu être voté en décembre dans le cadre du budget européen, faute de majorité absolue, mais il devrait être adopté cette fois-ci, selon lui. Le leader des eurodéputés socialistes, l'Allemand Martin Schulz, par ailleurs élu de la région de Cologne, a en effet indiqué qu'il n'y voyait pas d'inconvénient, à partir du moment où il avait été "clarifié" que cette subvention ne financerait pas le voyage papal.
"Je suis pour ces rencontres de la jeunesse. C'est un petit 'Woodstock' à la catho", a commenté M. Schulz, en référence au festival hippie de 1969. Les coûts de la manifestation sont estimés à 84 millions d'euros au total.
L'épiscopat allemand attend au moins 800 000 jeunes du monde entier pour ces journées de recueillement et de prière. La venue de Jean Paul II y est pour l'instant maintenue, en dépit de son état de santé.

Avec AFP

2.21.2005

« Le monde des médias aussi a besoin de la rédemption du Christ », affirme le pape.

2005-02-21

« Le monde des médias aussi a besoin de la rédemption du Christ »

Lettre apostolique « Le progrès rapide »

CITE DU VATICAN, Lundi 21 février 2005 (ZENIT.org)

Voici quelques extraits de la lettre apostolique de Jean-Paul II aux responsables des communications sociales, « Le progrès rapide », dans la traduction non officielle publiée ce matin par le site Internet du Saint-Siège (www.vatican.va). Un document en date du 24 janvier, mémoire liturgique du saint patron des journalistes, saint François de Sales.

« Le progrès rapide »

« Le progrès rapide des technologies dans le domaine des médias est assurément un des signes du progrès de la société moderne », écrit le pape.
« En considérant ces nouveautés en évolution continuelle, le texte du Décret du Concile Œcuménique Vatican II Inter mirifica, promulgué par mon vénéré prédécesseur, le Serviteur de Dieu Paul VI, le 4 décembre 1963, semble encore plus actuel: "Parmi les admirables inventions techniques que, Dieu aidant, le génie humain a pu extraire de l’univers créé, l’Église accueille et suit avec une sollicitude particulière celles qui concernent avant tout l’esprit même de l’homme et qui ont ouvert des voies nouvelles pour communiquer des informations de toutes sortes". »

Notre époque est celle de la communication globale

« Aujourd'hui, à plus de quarante ans de la publication de ce document, il semble plus que jamais opportun de réfléchir sur les “défis” que les communications sociales constituent pour l’Église (…). En fait, l’Église reconnaît que l’utilisation des techniques et des technologies de la communication contemporaine fait partie intégrante de sa mission spécifique dans le troisième millénaire », fait remarquer le pape.
Il précise : « Les défis de la nouvelle évangélisation sont multiples dans un monde riche comme le nôtre en moyens de communication (…). Les moyens de communication sociale ont atteint une telle importance qu’ils sont pour de nombreuses personnes les instruments principaux pour guider et inspirer les comportements des individus, des familles et des sociétés. Il s’agit d’un problème complexe, parce que telle culture, au-delà des contenus, naît du fait même qu’il existe de nouveaux moyens de communication utilisant des techniques et des langages inédits ».
Jean-Paul II constate : « Notre époque est celle de la communication globale, où tant de moments de l’existence humaine se déroulent à travers des processus médiatiques, ou au moins doivent se confronter à ceux-ci. Je me limite à rappeler la formation de la personnalité et de la conscience, l’interprétation et la structuration des liens affectifs, l’articulation des phases éducatives et formatives, l’élaboration et la diffusion des cultures, le développement de la vie sociale, politique et économique ».
Il recommande, non sans rappeler les piliers de la paix identifiés par Jean XXIII : « Dans une vision organique et correcte du développement de l’être humain, les médias peuvent et doivent promouvoir la justice et la solidarité, rapportant les événements de manière précise et véridique, analysant attentivement les situations et les problèmes, et donnant voix aux diverses opinions. Les suprêmes critères de la vérité et de la justice, dans l’exercice mature de la liberté et de la responsabilité, constituent l’horizon où se situe une authentique déontologie dans l’utilisation des puissants et modernes moyens de communication sociale ».

Le monde des médias aussi a besoin de la rédemption du Christ

C’est ainsi que Jean-Paul II affirme : « Le monde des médias aussi a besoin de la rédemption du Christ ».
Il invite à approfondir la Bible et rappelle : « L’histoire du salut raconte la communication de Dieu avec l’homme, communication qui utilise toutes les formes qui lui sont propres. L’être humain a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, pour accueillir la révélation divine et pour ouvrir un dialogue d’amour avec Lui. A cause du péché, cette capacité de dialogue au niveau soit personnel soit social s’est altérée et les hommes ont fait et continuent à faire l’expérience amère de l’incompréhension et de l’éloignement de Dieu. Cependant, Dieu ne les a pas abandonnés et leur a envoyé son propre Fils. Dans le Verbe fait chair l’événement communicatif assume sa plus profonde dimension salutaire: est ainsi donnée à l’homme, dans l’Esprit Saint, la capacité de recevoir le salut, de l’annoncer et d’en être témoins auprès de ses frères ».
C’est pourquoi le pape affirme encore : « La communication entre Dieu et l’humanité a donc atteint sa perfection dans le Verbe fait chair. L’acte d’amour à travers lequel Dieu se révèle, uni à la réponse de foi de l’humanité, génère un dialogue fécond (…). Le Verbe incarné nous a laissé l’exemple de comment communiquer avec le Père et avec les hommes, que ce soit en vivant des temps de silence et de recueillement, ou bien en prêchant en tous lieux et par tous les langages possibles ».
« Le point culminant, c’est quand la communication se fait pleine communion: c’est la rencontre eucharistique, note le pape en cette année de l’Eucharistie. Reconnaissant Jésus dans la “fraction du pain”, les croyants se sentent poussés à annoncer sa mort et sa résurrection et à devenir courageux et joyeux témoins de son Règne ».

Grâce à la Rédemption, la capacité communicative est guérie et renouvelée

« Grâce à la Rédemption, explique Jean-Paul II, la capacité communicative des croyants est guérie et renouvelée. La rencontre avec le Christ les constitue comme nouvelles créatures, leur permet de faire partie du peuple qu’Il s’est acquis par son sang en mourant sur la Croix, et les introduit dans la vie intime de la Trinité, qui est communication continue et circulaire d’amour parfait et infini entre le Père, le Fils et le Saint Esprit ».
« Les médias permettent de manifester le caractère universel du Peuple de Dieu, souligne le pape, favorisant un échange plus intense et immédiat entre les Églises locales, alimentant la connaissance et la collaboration réciproque ».
Il insiste : « Dans les moyens de communication l’Église trouve un soutien précieux pour diffuser l’Évangile et les valeurs religieuses, pour promouvoir le dialogue et la coopération œcuménique et interreligieuse, ainsi que pour défendre ces solides principes qui sont indispensables pour construire une société qui respecte la dignité de la personne humaine et qui soit attentive au bien commun. Elle les emploie volontiers pour fournir les informations sur elle-même et pour élargir les moyens de l’évangélisation, de la catéchèse et de la formation et considère leur utilisation comme une réponse au commandement du Seigneur: “Allez dans le monde entier, proclamez l’Evangile à toute la création” (Mc 16, 15). »

Ceux qui ont des talents doivent être encouragés par la communauté ecclésiale

Le pape précise : « Les instruments de communication peuvent être utilisés “pour proclamer l’Évangile ou pour le réduire au silence dans le cœur des hommes”. »
Il invite à encourager les artisans chrétiens des media : « Avec prudence et sagesse pastorale, tous ceux qui ont des talents particuliers pour le travail dans le monde des médias doivent être encouragés par la communauté ecclésiale, afin qu’ils deviennent des professionnels capables de dialoguer avec le vaste monde médiatique ».
Mais le pape en appelle aussi à la responsabilité de « toute la Communauté ecclésiale » : « Si, comme on l’a déjà relevé, les communications sociales intéressent différents secteurs de l’expression de la foi, c’est les chrétiens qui doivent prendre en compte la culture médiatique dans laquelle ils vivent : à partir de la liturgie, sommet et expression fondamentale de la communication avec Dieu et avec les frères, de la catéchèse qui ne peut ignorer le fait de s’adresser à des sujets influencés par les langages et la culture contemporaine »
Le pape parle même de « révision pastorale » : « Le développement actuel des communications sociales pousse l’Eglise à une sorte de révision pastorale et culturelle permettant de faire face au changement d’époque que nous vivons. Les Pasteurs en premier doivent être les interprètes de cette exigence: il est en fait important de se préoccuper de donner à l’annonce de l’Évangile un caractère incisif qui en favorise l'écoute et la réception ».

Une responsabilité particulière, réservée aux personnes consacrées

Responsabilité encore, mais cette fois des personnes consacrées : « Une responsabilité particulière, dans ce secteur, est réservée aux personnes consacrées, qui par leur propre charisme institutionnel sont amenées à travailler dans le domaine des communications sociales. Formées spirituellement et professionnellement, celles-ci auront à cœur de collaborer “en fonction des besoins de la pastorale […] pour limiter les dommages provoqués par l'usage dévoyé des médias que pour promouvoir une meilleure qualité des émissions, dont le contenu sera respectueux de la loi morale et riche des valeurs humaines et chrétiennes”. »
Pour ce qui est de « la dimension éthique et morale de l’information », le pape invite à aider les professionnels dans ces domaines : « De même, il est important de garantir la formation et l’attention pastorale aux professionnels de la communication. Souvent ces hommes et ces femmes se trouvent en face de pressions particulières et devant des dilemmes éthiques qui surgissent du travail quotidien; beaucoup d’entre eux “veulent sincèrement savoir et faire ce qui est juste dans le champ éthique et moral”, et ils attendent de l’Eglise une orientation et un soutient ».
Jean-Paul II recommande encore de « réaffirmer de façon forte et claire que les instruments de communication sociale constituent un patrimoine à défendre et à promouvoir », il ajoute : « Il est nécessaire que les communications sociales entrent dans un cadre de droits et de devoirs organiquement structurés, du point de vue tant de la formation et des responsabilités éthiques, que des références aux lois et aux compétences institutionnelles ».
« Le développement positif des médias au service du bien commun est une responsabilité de tous et de chacun », affirme Jean-Paul II qui recommande encore : « Pour les liens forts que les médias ont avec l’économie, la politique et la culture, il est nécessaire de mettre au point un système de gestion qui puise sauvegarder l’intégrité et la dignité de la personne, la primauté de la famille, cellule fondamentale de la société, et un rapport correct entre les divers ».

On ne peut pas oublier le potentiel des médias pour favoriser le dialogue

Il souligne dans ce sens « trois options fondamentales : formation, participation, dialogue ». A propos de ce dernier, le pape précise : « Pour finir, on ne peut pas oublier le potentiel des médias pour favoriser le dialogue, en devenant des véhicules de connaissances réciproques, de solidarité et de paix. Ils constituent une ressource positive puissante, s’ils sont mis au service de la compréhension entre les peuples; une “arme” destructive, s’ils sont utilisés pour alimenter les injustices et les conflits. De façon prophétique mon vénéré prédécesseur, le Bienheureux Jean XXIII, dans l’Encyclique Pacem in terris, avait déjà mis en garde l’humanité de tels risques ».

« N’ayez pas peur »

« Pour les croyants et pour les personnes de bonne volonté, le grand défi de notre temps consiste à promouvoir une communication véridique et libre, qui contribue à consolider le progrès intégral du monde », recommande encore le pape qui encourage : « Dans ce domaine aussi, les croyants du Christ savent qu’ils peuvent compter sur la force de l’Esprit Saint ».
« Les technologies modernes augmentent d’une manière impressionnante la vitesse, la quantité et la portée de la communication, mais elles ne favorisent pas ce fragile échange d’esprit à esprit, de cœur à cœur qui doit caractériser toute communication au service de la solidarité et de l’amour », fait remarquer Jean-Paul II.
Le pape conclut sa lettre par cet encouragement aux artisans des media catholiques :
« Aux artisans de la communication, et particulièrement aux croyants qui œuvrent dans cet important milieu de la société, je répète à mon tour l’invitation que dès le début de mon ministère de Pasteur de l’Église universelle j’ai voulu lancer au monde entier : “N’ayez pas peur!”.
« N’ayez pas peur des nouvelles technologies! Elles “font parties des merveilles” - “inter mirifica” - que Dieu a mis à notre disposition pour découvrir, utiliser, faire connaître la vérité, et aussi la vérité sur notre dignité et sur notre destin de fils de Dieu, héritiers de son Règne.
« N’ayez pas peur de l’opposition du monde! Jésus nous a assuré “J’ai vaincu le monde!” (Jn 16, 31)
« N’ayez pas peur non plus de votre faiblesse et de vos incapacités! Le divin Maître a dit: “Je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde” (Mt. 28, 20). Communiquez le message d’espérance, de grâce et d’amour du Christ, en maintenant toujours vive, en ce monde qui passe, l’éternelle perspective du Ciel, perspective qu’aucun moyen de communication ne pourra jamais rejoindre directement : “Ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment” (1 Cor. 2,9).
« À Marie, qui nous a donné le Verbe de la vie, de qui elle méditait dans son cœur les ineffables paroles, je confie le chemin de l’Église dans le monde d’aujourd’hui. Que la Sainte Vierge nous aide à communiquer par tous les moyens la beauté et la joie de la vie en Jésus Christ notre Sauveur ».

Le pape, convalescent, n'accordera pas d'audience générale mercredi

AFP | 21.02.05 | 13h44

Jean Paul II, convalescent, n'accordera pas mercredi sa traditionnelle audience générale hebdomadaire à cause du froid, mais s'adressera aux fidèles depuis son bureau, a annoncé lundi le Vatican."Le souverain pontife s'adressera depuis la fenêtre de son bureau aux fidèles rassemblés mercredi sur la place Saint-Pierre", a déclaré le porte-parole du pape, Joaquin Navarro-Valls.M. Navarro-Valls a précisé à l'AFP qu'il s'agissait d'une précaution "à cause du froid" recommandée par l'équipe médicale qui suit la convalescence du pape.Jean Paul II, 84 ans, a été hospitalisé pendant dix jours le 1er février dernier pour de graves problèmes respiratoires et pour une laryngo-trachéite aiguë.Le porte-parole du Saint-Siège a souligné que le pape a repris son activité normale et que de nombreuses audiences sont prévues dans son agenda au cours de la semaine.Jean Paul II est apparu dimanche en relative bonne forme pour la prière de l'Angelus, après une semaine d'absence en raison de la retraite spirituelle de Carême.Il a officié devant la fenêtre de son bureau, ouverte malgré le froid et a prononcé intégralement le message de l'Angélus, saluant à la fin en slovène et en italien les fidèles présents.La semaine précédente, il avait laissé un de ses collaborateurs lire ses messages, et s'était contenté de saluer les fidèles, de prononcer sa bénédiction et de leur souhaiter un "bon dimanche".Lundi matin, le souverain pontife a reçu six évêques espagnols venus au Vatican pour leur visite périodique "ad limina", au gouvernement central de l'Eglise, a indiqué le Vatican.Et Jean Paul II a ensuite souligné l'importance de la santé, "l'un des biens les plus importants", dans un message adressé lundi à Mgr Elio Sgreccia, président de l'Académie pontificale pour la vie."Certes, a-t-il affirmé, la santé n'est pas un bien absolu, surtout quand elle est entendue comme un simple bien-être physique, mythifié au point d'écarter ou d'oublier les biens supérieurs".Elle reste quand-même "l'un des biens les plus importants", au point "qu'elle ne peut être sacrifiée que pour atteindre des biens supérieurs, tels que le service de Dieu, ou le service à l'égard de la famille, du prochain ou de la société toute entière", a-t-il ajouté, ."La santé doit être protégée et soignée comme équilibre psycho-physique et spirituel de l'être humain. Le gaspillage de la santé à cause de désordres de différente nature, liés notamment à la dégradation morale de la personne, est une grave responsabilité éthique et morale", a-t-il averti.

CONFERENZA STAMPA DI PRESENTAZIONE DELLA LETTERA APOSTOLICA DEL SOMMO PONTEFICE GIOVANNI PAOLO II "IL RAPIDO SVILUPPO" AI RESPONSABILI DELLE COMUNICAZ

Alle 11.30 di questa mattina, nell’Aula Giovanni Paolo II della Sala Stampa della Santa Sede, ha luogo la Conferenza Stampa di presentazione della Lettera Apostolica del Sommo Pontefice Giovanni Paolo II "Il rapido sviluppo" ai responsabili delle Comunicazioni Sociali.
Intervengono: S.E. Mons. John Patrick Foley, Presidente del Pontificio Consiglio delle Comunicazioni Sociali; S.E. Mons. Renato Boccardo, Segretario del Pontificio Consiglio delle Comunicazioni Sociali; e il Dott. Comm. Angelo Scelzo, Sotto-Segretario del medesimo Pontificio Consiglio.
Pubblichiamo di seguito gli interventi di S.E. Mons. John Patrick Foley e di S.E. Mons. Renato Boccardo:

* INTERVENTO DI S.E. MONS. JOHN PATRICK FOLEY

Colleghi comunicatori,

circa un anno fa, il Santo Padre ha gentilmente invitato a pranzo il nostro Sottosegretario, Dott. Angelo Scelzo, l’allora Segretario, S.E. Mons. Pierfranco Pastore, e me per parlare – tra le altre cose – del quarantesimo anniversario della promulgazione del Decreto Conciliare sulle comunicazioni sociali, "Inter Mirifica". Il Santo Padre era contento di ricordare che egli stesso si trovava nella Basilica di San Pietro il 4 dicembre 1963, in occasione della promulgazione di quel decreto e della Costituzione Apostolica sulla Liturgia, "Sacrosanctum Concilium". Anch’io ricordavo con piacere di essere stato presente in quell’occasione – in qualità di sacerdote-giornalista per scrivere articoli sul Concilio Vaticano Secondo. Il mio ordinario, S.E. Mons. John J. Krol, Arcivescovo di Philadelphia, che era uno dei quattro Sottosegretari del Concilio, mi aveva dato un biglietto speciale per partecipare alla cerimonia finale di quella sessione del Concilio. Nel 1967 Mons. Krol venne nominato cardinale insieme all’allora Arcivescovo di Cracovia, Karol Wojtyla.
Prima della promulgazione dell’"Inter Mirifica", ero stato avvicinato da alcuni miei colleghi giornalisti che mi avevano chiesto di firmare un documento di protesta contro il decreto. Mi ero rifiutato, perché per la prima volta un Concilio della Chiesa aveva specificatamente trattato il tema delle comunicazioni sociali, perché il decreto chiedeva la preparazione di un’istruzione pastorale sulle comunicazioni sociali e perché il documento aveva richiesto la costituzione di uno speciale dipartimento Vaticano che si occupasse di tutti i mezzi di comunicazione sociale. Tutto questo mi sembrava un "miracolo virtuale"che difficilmente meritava una protesta! Non potevo neanche immaginare che venti anni dopo sarei stato nominato Presidente proprio del dipartimento che era stato richiesto dal decreto "Inter Mirifica".
Il Santo Padre ha sorriso ai miei ricordi di quello che ancora considero un giorno storico e ha chiesto se il nostro Dicastero era interessato alla pubblicazione di un documento pontificio sulle comunicazioni sociali per commemorare – con un leggero ritardo – il quarantesimo anniversario del decreto "Inter Mirifica". Ovviamente, eravamo contenti di questo suo interesse e siamo estremamente soddisfatti del risultato della sua decisione.
Il documento, "Il rapido sviluppo", è un capolavoro di intuizione sul significato dei mezzi di comunicazione sociale nella nostra epoca.
Prestate attenzioni a queste frasi riportate nel paragrafo N. 3:
"I mezzi di comunicazione sociale hanno raggiunto una tale importanza da essere per molti il principale strumento di guida e di ispirazione per i comportamenti individuali, familiari, sociali. Si tratta di un problema complesso, poiché tale cultura, prima ancora che dai contenuti, nasce dal fatto stesso che esistono nuovi modi di comunicare con tecniche e linguaggi inediti."
"La nostra è un’epoca di comunicazione globale, dove tanti momenti dell’esistenza umana si snodano attraverso processi mediatici, o perlomeno con essi devono confrontarsi."
Ho trovato tale concetto strettamente collegato con il seguente nello stesso paragrafo:
"I criteri supremi della verità e della giustizia, nell’esercizio maturo della libertà e della responsabilità, costituiscono l’orizzonte entro cui si situa un’autentica deontologia nella fruizione dei moderni potenti mezzi di comunicazione sociale" (N. 3).
Egli osserva nel paragrafo N. 4 che anche il mondo dei media ha bisogno della redenzione di Cristo e che lo studio delle Sacre Scritture – inteso come un " ‘grande codice’ di comunicazione" di un messaggio che non è temporaneo ma fondamentale per il suo valore salvifico – ci possa aiutare a vedere con gli occhi della fede gli sviluppi ed il valore dei mezzi di comunicazione sociale.
Il Santo Padre dichiara:
"Nel Verbo fatto carne l’evento comunicativo assume il massimo spessore salvifico …" (N. 4); "La comunicazione tra Dio e l’umanità ha raggiunto dunque la sua perfezione nel Verbo fatto carne" (N. 5).
In quest’anno dell’Eucaristia, il Santo Padre ci ricorda:
"Vi è poi un momento culminante in cui la comunicazione si fa comunione piena: è l’incontro eucaristico. Riconoscendo Gesù nella «frazione del pane» (cfr Lc 24,30-31), i credenti si sentono spinti ad annunciare la sua morte e risurrezione e a diventare coraggiosi e gioiosi testimoni del suo Regno (cfr Lc 24,35)."
Mi sono sinceramente emozionato leggendo le parole di Papa Giovanni Paolo II nella sua Lettera Apostolica "Il rapido sviluppo". Il documento è per me una meditazione personale, una sfida ed un piano di azione.
Prima di lasciare la parola a S.E. Mons. Renato Boccardo, Segretario del nostro Pontificio Consiglio, vorrei concludere leggendo per intero il paragrafo N. 6 che ritengo sia una meravigliosa e commovente riflessione con cui iniziare l’Assemblea Plenaria del nostro Pontificio Consiglio delle Comunicazioni Sociali che comincerà questa sera:
"Grazie alla Redenzione, la capacità comunicativa dei credenti è sanata e rinnovata. L’incontro con Cristo li costituisce nuove creature, permette loro di entrare a far parte di quel popolo che Egli si è conquistato con il suo sangue morendo sulla Croce, e li introduce nella vita intima della Trinità, che è comunicazione continua e circolare di amore perfetto e infinito tra il Padre, il Figlio e lo Spirito Santo."
"La comunicazione permea le dimensioni essenziali della Chiesa, chiamata ad annunciare a tutti il lieto messaggio della salvezza. Per questo essa assume le opportunità offerte dagli strumenti della comunicazione sociale come percorsi dati provvidenzialmente da Dio ai nostri giorni per accrescere la comunione e rendere più incisivo l’annuncio. I media permettono di manifestare il carattere universale del Popolo di Dio, favorendo uno scambio più intenso e immediato tra le Chiese locali e alimentando la reciproca conoscenza e la collaborazione."
"Rendiamo grazie a Dio per la presenza di questi potenti mezzi che, se usati dai credenti con il genio della fede e nella docilità alla luce dello Spirito Santo, possono contribuire a facilitare la diffusione del Vangelo e a rendere più efficaci i vincoli di comunione tra le comunità ecclesiali."

[00236-01.02]
* INTERVENTO DI S.E. MONS. RENATO BOCCARDO

1. «Inter mirifica: il decreto conciliare meno letto e peggio interpretato». Questa la risposta de L’Osservatore Romano, il 5 maggio 1969, a coloro che, per motivi differenti, ritenevano l’Inter mirifica il fanalino di coda dell’elaborazione conciliare.
L’attenzione della Chiesa al mondo della comunicazione e della cultura, in-fatti, non può essere ricondotta semplicemente e semplicisticamente alla promulgazione del decreto conciliare. Già allora, infatti, la Chiesa si muoveva nel mondo della cultura e dei media con maggior disinvoltura e con minore imbarazzo di quanti non gliene accreditassero osservatori ed esperti di ogni angolo della terra anche prima del Concilio Vaticano II. Fu Pio XII a chiedere che si studiasse una eventuale ripresa del Concilio Vaticano I e in una delle prime riunioni della commissione ristretta emerse proprio la necessità di istituire un gruppo ad hoc "per l’azione e la cultura cristiana" in modo da avviare anche la preparazione remota di un nuovo Dicastero a cui avrebbero dovuto fare riferimento, tra le altre competenze come la scuola confessionale e l’Azione cattolica, anche l’impiego del cinema e della radio.
L’Inter mirifica rappresenta pertanto un significativo momento nella riflessione della Chiesa universale attorno al quale andranno sviluppandosi negli anni successivi una molteplicità di interventi e di riflessioni sempre più confacenti al contesto.
2. Tale ricchezza è quanto negli anni del post-Concilio è emerso come patrimonio condiviso della Chiesa nei vari documenti. La Lettera Apostolica che oggi presentiamo mi sembra esserne in qualche modo essere la chiave di lettura.
Più volte nei suoi interventi Giovanni Paolo II ha affermato che le questioni poste dalle comunicazioni sociali nel loro nocciolo sono di natura eminentemente antropologica. Poiché esiste uno stretto legame tra le strutture dei media e la costruzione di processi culturali, ci sono alcuni snodi problematici che richiedono con urgenza attenta riflessione e profondo discernimento.
Così, se i mezzi di comunicazione sociale hanno raggiunto una tale importanza da essere per molti il principale strumento di guida e di ispirazione per i comportamenti individuali, familiari, sociali, è necessario – afferma la Lettera Apostolica – assumere come ambiti di vigilanza «la formazione della personalità e della coscienza, l’interpretazione e la strutturazione dei legami affettivi, l’articolazione delle fasi educative e formative, l’elaborazione e la diffusione di fenomeni culturali, lo sviluppo della vita sociale, politica ed economica».
Giovanni Paolo II pensa ai media come agenti attivi nella costruzione di orizzonti culturali e valoriali entro i quali ciascun uomo e ciascuna donna comprende se stesso, gli altri, il mondo.
Anzitutto, i media vanno costruendo modelli di percezione della realtà che spesso obbediscono a visioni antropologiche non più cristianamente determinate. Senza voler apparire apocalittici ma neppure cedendo ad ingenue visioni fin troppo ottimistiche, non possiamo tacere come la rappresentazione del senso della vita che essi oggi gettano nell’arena del pubblico dibattito sia quasi del tutto al di fuori di ogni comprensione cristiana della vita stessa. L’industria culturale ha avviato infatti quel processo di messa in mora di una prospettiva cristiana circa la vita e la dignità della persona umana di cui il cinema, i talk show o alcune fiction sono drammatica testimonianza. Basti ricordare, inoltre, come troppo spesso la televisione diviene strumento potente di aggressioni personali, occasione di denigrazione e agorà di battaglie spesso volgari e senza gusto. A questo processo degenerativo non è esente la pubblicità, così come non manca la responsabilità di coloro che presiedono le strutture produttive e commerciali i cui criteri guida difficilmente si comprendono.
I media hanno a che fare con l’uomo e la sua visione del mondo e della vita, con la faticosa e affascinante avventura dell’imparare ad essere uomo. Per tale motivo - afferma il Papa - è necessario avviare quanto prima una seria riflessione dal grande respiro etico che sia garanzia per l’esercizio di responsabilità personale e sociale. Un’etica degli operatori dei media non potrà che essere un’etica di professioni formative e si muoverà necessariamente nell’ambito dell’educativo.
3. Altro problema che il documento pontificio rileva è quello dell’opinione pubblica. Il sistema dei media, complesso e composito, è oggi un grande potentato di costruzione e di eterodirezione dell’opinione pubblica. La Chiesa guarda con favore e simpatia ai mezzi di comunicazione, ma sarebbe ingenuo - oltre che gravemente lesivo al bene comune - non interrogarsi sul rapporto tra media e costruzione dell’opinione pubblica. Il sistema produttivo infatti orienta e coltiva atteggiamenti, disegna immaginari, sostiene scelte valoriali.
Prima ancora che dai contenuti, questo dipende dagli strumenti stessi. Non dimentichiamo, per esempio, che Internet ridefinisce in modo radicale il rapporto psicologico di una persona con lo spazio e con il tempo. Attrae l’attenzione ciò che è tangibile, utile, subito disponibile. Può venire a mancare lo stimolo a un pensiero e a una riflessione più profondi, mentre gli esseri umani hanno bisogno vitale di tempo e di tranquillità interiore per ponderare ed esaminare la vita e i suoi misteri e per acquisire gradualmente un maturo dominio di sé e del mondo che li circonda.
L’uomo on line è l’uomo del presente, dell’immediata soddisfazione, delle relazioni de-somatizzate, l’uomo al quale è continuamente sottratta la necessità della scelta perché la grande Rete è magazzino di esperienze sempre disponibili. L’uomo può divenire così individuo smemorato, disperso nella folla di solitudini. Nella nostra epoca «è diffusa in molti la convinzione che il tempo delle certezze sia irrimediabilmente passato: l’uomo dovrebbe imparare a vivere in un orizzonte di totale assenza di senso, all’insegna del provvisorio e del fuggevole».
«Proprio perché influiscono sulla coscienza dei singoli, ne formano la mentalità e ne determinano la visione delle cose, occorre ribadire in modo forte e chiaro che gli strumenti della comunicazione sociale costituiscono un bene primario per la persona e per l’umanità e rappresentano un patrimonio da tutelare e promuovere».
4. Di fronte a questi scenari come è possibile per la Chiesa aiutare uomini e donne che lavorano nei media e coloro che ne fruiscono a intraprendere la strada di un nuovo umanesimo, di una rinnovata centralità della persona umana?
Tra le molte strade, Giovanni Paolo II ne segnala tre: la formazione, la partecipazione e il dialogo (11). Anzitutto la formazione: si tratta di uscire dalle secche dell’occasionalità e promuovere investimenti di risorse umane che sappiano radicare nella riflessione propriamente teologico-pastorale gli aspetti e le competenze specificamente professionali. Molte volte e in altrettanti documenti si è ribadita l’urgenza della formazione di sacerdoti, religiosi e laici. Siamo oggi giunti ad un tempo in cui tale scelta non è più procrastinabile.
Poi la partecipazione. Si tratta di avviare progetti di cooperazione tra le Chiese per promuovere e coordinare strumenti di comunicazione sociale che divengano spazi possibili di comunicazione secondo prospettive cristiane. Si avrà così anche l’occasione di opporsi, tra l’altro, al processo di costruzione dell’opinione pubblica oggi spesso regolata da interessi e potentati economici: «Occorre far crescere la cultura della corresponsabilità».
Infine il dialogo, che possono favorire a diversi livelli proprio i media, «veicoli di reciproca conoscenza, di solidarietà e di pace. Essi costituiscono una risorsa positiva potente, se messi a servizio della comprensione tra i popoli; un’ "arma" distruttiva, se usati per alimentare ingiustizie e conflitti».
Confrontarsi con tali sfide e con le risorse necessarie, sia umane che economiche, potrebbe indurre allo scoramento. Ma Giovanni Paolo II ripete con forza l’invito dell’inizio del suo Pontificato: «Non abbiate paura! Non abbiate paura delle nuove tecnologie! […] Non abbiate paura della vostra debolezza e della vostra inadeguatezza!».
Ai credenti, uomini e donne che hanno a cuore il destino dell’umanità, è consegnata la responsabilità nel discernimento culturale. In fondo non ci viene chiesto di possedere una luccicante armatura per vincere Golia, ma semplicemente di saper scegliere pochi e giusti ciottoli con la sapienza e il coraggio di Davide.

[00237-01.02]

[B0098-XX.02]
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