2.22.2006

Décès de Mgr Marcinkus, le sulfureux banquier du Vatican

Artisan de l'un des plus retentissants scandales financiers de l'histoire du Vatican, l'archevêque américain Paul Marcinkus est mort mardi à l'âge de 84 ans dans un faubourg de Phoenix, en Arizona, où il s'était retiré en 1990 après sa disgrâce.
»Le Vatican ne fera aucune déclaration sur le sujet», a déclaré mardi soir à l'AFP un de ses porte-paroles.
Du temps de sa splendeur, ce fils d'un émigré lituanien né dans la banlieue de Chicago le 15 janvier 1922 aimait les gros cigares, fréquentait assidûment les greens des golf et voyait les portes des maisons des Kennedy et des Rockfeller s'ouvrir à lui lorsqu'il venait aux Etats-Unis.
Il a quitté ce monde plus discrètement, mais son nom restera à jamais lié aux pages les plus sulfureuses de l'histoire récente du Vatican, celles où apparaissent les intérêts de Cosa Nostra, la mafia sicilienne, de la loge maçonnique italienne P2 et d'une volée d'affairistes.
Ordonné prêtre en 1947, cet athlétique colosse de 1,91 m a débarqué au Vatican en 1958 et sa carrière s'est faite dans l'ombre de Paul VI (1963-1978) qui cherchait un diplomate anglophone et énergique pour organiser ses voyages à l'étranger et sa sécurité.
Le »gorille» du pape est catapulté aux sommets du Vatican en 1969, lorsqu'il prend en charge l'Institut des Oeuvres Religieuses (IOR), la banque des prêtres qui gère les comptes des ordres religieux et des associations catholiques. Cette structure bénéficie de l'extraterritorialité accordée à l'Etat pontifical.
Paul Casimir Marcinkus devient ensuite le protégé du pape polonais Jean Paul II (1978-2005), qui lui évite la justice italienne lorsque son nom sera lié au scandale de la faillite frauduleuse de la banque italienne privée Banco Ambrosiano, dont l'IOR était le principal actionnaire.
Mais il est contraint de céder la place en 1989 et retournera aux Etats-Unis à sa propre requête comme »simple prêtre» en 1990.
Sa rencontre avec l'avocat sicilien Michele Sindona signe le début de ses problèmes. L'homme, retrouvé mort en 1986 dans sa cellule de la prison de Voghera (nord), près de Milan après avoir bu un café empoisonné au cyanure, était lié à Cosa Nostra. Il avait présenté Mgr Marcinkus à Roberto Calvi, simple employé du Banco Ambrosiano, que l'archevêque aidera à devenir patron de l'établissement.
Mais la gestion du banquier Calvi, hasardeuse, commence à intriguer la justice italienne au début des années 80. Calvi disparaît en juin 1982, laissant un trou de 1,4 milliard de dollars dans sa banque et un second trou, d'environ 250 millions de dollars, dans les caisses de l'IOR. Le coup est sévère pour les finances du Vatican.
Roberto Calvi a été retrouvé le 18 juin 1982 pendu à un pilier du pont des Blackfriars de Londres. Il avait 62 ans. L'enquête a initialement conclu à un suicide, mais de nouveaux éléments ont conduit à l'ouverture d'une enquête pour meurtre et cinq personnes, dont plusieurs liées à Cosa Nostra sont actuellement jugées en Italie.
La destination de l'argent »volatilisé», dont d'importants montants appartenaient à la mafia, n'a jamais été complètement élucidée. Détournement sur des comptes privés, soutien à la loge maçonnique italienne P2, au syndicat polonais Solidarnosc interdit à l'époque, les experts se sont perdus en conjectures.
Le successeur de Mgr Marcinkus à la tête de l'IOR, Angelo Caloia, un banquier originaire des environs de Milan (nord), s'est montré très critique à son égard dans une récente interview.
»C'était un type superficiel qui se contentait de +l'à peu près+, mal conseillé sans doute, mais d'une honnêteté personnelle absolue», a-t-il affirmé.
Désormais l'IOR s'appuie sur les conseils de grands banquiers catholiques internationaux et n'investit pratiquement plus que dans des obligations d'Etat.

Un nouveau cardinal pour la France, Mgr Ricard

Le pape a nommé mercredi cardinal Mgr Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et président de la conférence des évêques de France.
mercredi 22 février 2006 - 12:10


Benoît XVI convoque un consistoire pour créer des cardinaux
Le pape Benoît XVI a annoncé mercredi la convocation le 24 mars prochain d'un consistoire pour créer de nouveaux cardinaux.
mercredi 22 février 2006 - 12:06

Un membre de la Curie critique les peurs face à un islam "fermé"

AFP 22.02.06 | 11h54

Mgr Velasio De Paolis, secrétaire du Tribunal suprême de la signature apostolique au Vatican, a reproché mercredi à l'Occident ses peurs face à un islam "fermé au point de ne pas admettre la réciprocité", dans une interview au quotidien italien La Stampa.
Le ministre des Affaires étrangères du Vatican, Mgr Giovanni Lajolo, a pour sa part estimé que les Etats occidentaux, "qui garantissent à juste titre la liberté de conscience, d'expression et de religion à tous", devaient demander la réciprocité aux pays musulmans.
"L'exigence de réciprocité doit être soulignée dans tous les contacts avec les autorités des pays musulmans, et encore plus dans les contacts culturels", a souligné Mgr Lajolo dans une interview au Corriere della Sera.
Il a relevé que les violences visant les chrétiens "ont augmenté de façon impressionnante en fréquence et en intensité ces dernières années, et encore plus après les caricatures irresponsables de Mahomet", mais a rejeté toute idée de vengeance, soulignant que "l'Eglise ne croit pas à la loi du talion".
Sur un ton plus dur, Mgr De Paolis s'en est pris à la faiblesse des réactions européennes face aux manifestations de colère dansle monde musulman, liées à la publication dans la presse occidentale de caricatures de Mahomet.
"Si tendre l'autre joue signifie renoncer à être soi-même, il y a un danger", a estimé le prélat.
"L'autodéfense est un devoir", a poursuivi Mgr De Paolis, affirmant: "la vérité ne s'impose pas par la force (...) Mais si respecter l'autre signifie renoncer à être soi-même, cela n'a plus de sens de dialoguer."
"Le problème principal est que l'islam est fermé au point de ne pas admettre la réciprocité (...) En terre d'Islam, dès que l'Eglise se présente dans son authenticité, elle est accusée de prosélytisme", déplore-t-il.
"Le risque est que les musulmans dialoguent tant qu'ils restent une minorité en Occident. Après, qu'en sera-t-il des valeurs chrétiennes?", demande Mgr De Paolis.
Secrétaire du Tribunal suprême de la signature apostolique, considéré comme la "Cour de cassation" du Vatican, Mgr De Paolis a travaillé comme théologien aux côtés du pape Benoît XVI quand celui-ci dirigeait la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Le Vatican a demandé lundi aux dirigeants européens de défendre le droit à la liberté religieuse lors des négociations et des déplacements dans les pays musulmans.
"Cela fait plus d'un demi-siècle que l'Occident a des relations avec les pays arabes, surtout pour le pétrole, et il n'a jamais été capable d'obtenir la moindre concession sur les droits humains", a ajouté Mgr De Paolis.
"La limite de l'Occident est là: il parle toujours de valeurs, mais ensuite il a besoin du commerce avec la Chine et du pétrole islamique, donc il ferme les yeux sur des violations systématiques, comme il l'a déjà fait avec Hitler", a-t-il résumé.
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