Le pape Jean Paul II a prié samedi pour la paix en Terre Sainte et dans le reste du monde lors de la messe de Noël célébrée en la basilique Saint-Pierre de Rome, tandis que le patriarche de Jérusalem dénonçait l'occupation israélienne et la barrière de sécurité construite par les Israéliens en Cisjordanie et que les «messes de minuit» ont été avancées, par précaution, de quelques heures en Irak.
Avec AFP.
[25 décembre 2004]
Au cours de son homélie retransmise en direct dans 72 pays, le souverain pontife a souhaité que «la Terre Sainte puisse connaître des temps de prospérité et de coexistence pacifique, dans le respect réciproque de ses habitants».
Une autre prière a été consacrée aux gouvernants des nations et aux responsables des organisations internationales afin «qu'il s'engagent à fond pour établir la paix dans le monde».
A Bethléem, la messe de minuit a été marquée pour la première fois depuis quatre ans par la présence de dirigeants palestiniens.
«Nous prions pour que tous les murs tombent, ceux autour de Bethléem et des autres villes palestiniennes, et les murs de haine dans nos coeurs. Nous disons que cela a duré trop longtemps. Il est temps de vaincre la violence dans les âmes et dans les coeurs des gens, des dirigeants», a déclaré le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Michel Sabbah.
Le patriarche a salué le fait que, pour la première fois depuis quatre ans, Israël a autorisé la présence à Bethléem des dirigeants palestiniens, dont le chef de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Mahmoud Abbas, et le président par intérim de l'Autorité palestinienne, Rawhi Fattouh.
A Bagdad, les chrétiens ont célébré la messe de Noël vendredi en fin d'après-midi sous haute sécurité dans une ville où les membres de cette communauté se sentent de plus en plus menacés par la violence et la montée de l'intolérance.
Mgr Emmanuel Delly, le patriarche des chaldéens, qui constituent la majorité des chrétiens d'Irak, a décidé cette année d'annuler les messes du 24 décembre au soir pour «protester contre les attaques» qui ont visé la communauté chrétienne.
Les rares messes célébrées vendredi se sont tenues plus tôt, à 17h00 (14H00 GMT), et celles du 25 décembre auront lieu normalement le matin.
Depuis la chute du régime de Saddam Hussein, en avril 2003, les chrétiens ont été visés par plusieurs attentats, dont quatre à Bagdad et Mossoul (nord) faisant au moins 10 morts en août. Mi-octobre, des bombes artisanales ont explosé près de cinq églises de Bagdad, sans faire de victime.
«Inchallah (si Dieu le veut), cette fête sera la dernière du temps de la douleur qui dure depuis trop longtemps», dit le père Andreas Abouna dans son message de Noël en l'église de l'Assomption de la Vierge Marie dans le quartier résidentiel d'Al-Mansour, au centre de Bagdad..
Les militaires américains déployés en Irak ont eu droit vendredi aux voeux téléphoniques du président George W. Bush ainsi qu'à une visite «surprise» du secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld.
Chants de Noël pour les Américains, thé au lait et au rhum chez les Britanniques, sapins venus spécialement du pays pour les Norvégiens et «jamon» pour les Espagnols: en Afghanistan, les troupes étrangères ont fêté Noël avec humour et «presque» comme chez elles.
La République islamique d'Afghanistan n'a pas pour habitude de fêter Noël et seules quelques petites ampoules multicolores, placées dans certaines rues de Kaboul lors de la cérémonie d'investiture du président Hamid Karzaï, rappelaient vendredi la traditionnelle fête chrétienne. A l'origine destiné à célébrer la naissance du Christ, Noël se transforme de plus en plus en fête commerciale dans les pays occidentaux. A New York, le shopping battait son plein encore le 24 décembre: les parents fortunés se sont offerts un mini-Hummer -comme en Irak - pour 30.000 dollars ou une petite Ferrari (50.000 dollars, 20 km/h).
La fièvre acheteuse a gagné les pays anciennement dits «de l'Est». Les «nouveaux européens» ont été saisis d'une véritable frénésie pour les biens de consommation et allaient même jusqu'à s'endetter pour payer leurs cadeaux. L'Argentine, qui a largement connu les joies de la consommation avant de sombrer dans le marasme économique, a semblé elle aussi désireuse de s'ennivrer d'achats pour oublier, au moins pour quelques jours, la faim et le chômage. Mais Noël n'est pas que commerce : dans de nombreux pays, la foi est toujours présente mais parfois, la pratiquer reste un défi.
Au Kurdistan, les chrétiens --déjà visés par plusieurs attentats-- s'étaient préparé à assister aux messes de Noël la peur au ventre. En Indonésie, malgré l'attaque vendredi d'un religieux, les chrétiens ont refusé de se laisser impressionner: «on peut mourir partout et mourir dans une église est une belle façon de partir», a estimé un habitant de Jakarta.
Le président Susilo Bambang Yudhoyono a même fait un geste envers les habitants d'une province chrétienne de l'est de ce pays musulman victimes d'un tremblement de terre. Il a passé samedi Noël à Nabire, dans la province de Papouasie où un séisme a fait 31 morts le mois dernier.
Aux Philippines, les habitants d'une ville ravagée par une tempête le mois dernier ont célèbre Noël dans la boue. Des centaines de personnes ont été tuées ou sont portées disparues à Infanta, sur la cote nord-est de l'archipel, et l'église n'a été dégagée que récemment après les inondations et glissements de terrain.
Enfin, en Australie, où c'est l'été austral, l'interdiction de l'alcool pour le Noël traditionnel sur la plage de Bondi à Sydney et le mauvais temps ont largement ruiné samedi les festivités prisées des routards.