8.25.2005

Sharon, Rocard et Benoît XVI...

Semaine du jeudi 25 août 2005 - n°2129 - Chroniques
L’éditorial de Jean Daniel

1. C’est une chance que le pape soit allemand

On me pardonnera de parler d’autres événements que de la publication du livre de Michel Houellebecq. Je n’ai rien contre l’auteur, mais cette rentrée a lieu sous le signe de Benoît XVI et de son voyage à Cologne, de l’évacuation des colons israéliens de Gaza et de la crise du Parti socialiste français menacé d’implosion.
Deux textes paraissent destinés à faire référence, en dehors du discours du pape: celui de Michel Rocard dans «le Nouvel Observateur» et celui d’Avraham Burg, ancien président du Parlement israélien, dans «le Monde» daté du 18 août. J’y reviendrai. Je commencerai en observant qu’avec son voyage plébiscitaire en Allemagne et sa visite à cette grande synagogue de Cologne qui avait été détruite pendant la Nuit de Cristal en 1938 le cardinal allemand Josef Ratzinger, devenu Benoît XVI, a donné un éclat nouveau aux actes de repentance initiés par Jean-Paul II, dont il a approfondi le sens. Parmi le million de jeunes fidèles qui l’ont consacré, certains ont pu déplorer que, comme son prédécesseur, le nouveau pape condamne l’avortement, l’utilisation du préservatif, et qu’il s’oppose à l’euthanasie, à la fécondation assistée et à l’homosexualité. Faut-il se résigner à mettre ce conservatisme sectaire sur le compte de la fonction pontificale? En tout cas, un cardinal s’est soucié de demander qu’à propos de l’utilisation du préservatif dans ce continent africain si terriblement meurtri par le sida on donne du temps au souverain pontife. Evoquant l’antisémitisme chrétien, Benoît XVI, avec solennité et chaleur, a confirmé le désir de réconciliation de l’Eglise catholique avec la tradition israélite. Il a ainsi, comme le souligne le cardinal Lustiger, procuré à la patrie des philosophes et des musiciens l’occasion de porter plus légèrement le poids accablant de ses péchés. Pour ce qui est des actes de repentance, rappelons qu’ils ont été décidés par Jean-Paul II dans une quasi-solitude. Dans le souci, entre autres, de ménager les chrétiens d’Orient – qui sont pour une part arabes et palestiniens–, le Sacré Collège avait en effet manifesté une ombrageuse résistance. Jean-Paul II ne trouvant d’aide véritable que chez quelques cardinaux comme le Français Mgr Etchegaray et l’Italien Mgr Martini. A vrai dire, s’il n’avait été allemand d’origine, Benoît XVI n’eût probablement pas estimé indispensable de revenir sur le pardon demandé à Dieu pour Auschwitz. Il eût trouvé sans doute que Jean XXIII et Jean-Paul II avaient assez donné. C’est donc bien curieusement une chance que le nouveau pape élu ait été un Allemand. (...)

8.24.2005

Un geste de Benoît XVI envers les lefebvristes

RELIGION

Élie Maréchal
[Le Figaro, 24 août 2005]


Selon des informations parues dans la presse italienne, le Pape devrait recevoir en audience, lundi prochain, dans sa résidence d'été de Catelgandolfo, Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X. Cette rencontre marquerait une avancée vers une réconciliation entre le Vatican et les héritiers de Mgr Lefebvre, qui avait rompu avec Rome en 1988 en contestant le concile Vatican II (1962-1965).
Dans une récente lettre adressée aux bienfaiteurs argentins de la Fraternité, Mgr Richard Williamson, l'un des quatre évêques consacrés par Mgr Lefebvre, n'a fait qu'évoquer le principe de cette rencontre entre Benoît XVI et Mgr Fellay. Mais «un accord entre Rome et Saint-Pie X semble impossible», estime ce partisan d'une ligne dure dans la mouvance traditionaliste catholique.
En l'absence de Mgr Fellay, qui achevait hier un pèlerinage à Fatima (Portugal), son entourage proche à Ecône (Suisse) ne confirmait ni n'infirmait, hier soir, cette éventuelle rencontre. Les membres de la Fraternité présents à Rome soutenaient ne rien savoir. Ceux du district de France accueillaient la nouvelle avec une extrême prudence.
Quant au Vatican lui-même, rien ne permet d'avancer vers plus de certitude, même s'il paraît logique que les ouvertures oecuméniques de Benoît XVI, lors des récentes JMJ de Cologne, s'appliquent aussi aux dissidents catholiques. En tout cas, de part et d'autre, l'heure paraît à la discrétion et au respect réciproque des susceptibilités. Le dossier est en effet sensible.
C'est à l'occasion du jubilé de l'an 2000 que se sont à nouveau fait jour des liens entre le Vatican et la Fraternité Saint-Pie X. Celle-ci réclamait à la fois une large permission pour tout prêtre de célébrer selon le rite antéconciliaire de saint Pie V, une levée des excommunications et un dialogue théologique, notamment sur l'oecuménisme et les relations interreligieuses.
Aucune de ces requêtes n'est aujourd'hui satisfaite. Un geste de bonne volonté est venu du cardinal Dario Castrillon Hoyos, chargé par Jean-Paul II des contacts avec les catholiques traditionalistes : le 24 mai 2003, en la basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome, il avait célébré la messe selon le rite défendu par les fidèles attachés à la tradition. Mais aucune ouverture pour un dialogue «sur le fond» n'est venue du cardinal Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI.
Pourtant Mgr Fellay ne désespérait pas : «Si le Pape m'appelle, je vais aussitôt le voir», répétait-il depuis plusieurs mois. De même, sitôt le nouveau Pape élu, s'était-il interrogé sur l'opportunité de lui demander audience. Depuis Mgr Lefebvre, décédé en 1991, les responsables de la Fraternité Saint-Pie X ont toujours affiché officiellement leur volonté de ne pas couper les ponts avec la papauté, sans toutefois se priver de la critiquer à maintes reprises, en particulier à cause des diverses initiatives de Jean-Paul II en direction des autres religions. Or à Cologne, Benoît XVI a semblé, sur ce point, emboîter le pas de son prédécesseur. Voilà ce qui pourrait expliquer une «fuite» organisée, selon certains, pour faire capoter tout nouveau contact.

8.22.2005

Benoît XVI à la jeunesse : "C'est de Dieu que vient la révolution"

LE MONDE | 22.08.05 | 13h31  •  Mis à jour le 22.08.05 | 13h31
COLOGNE de notre envoyé spécial

n pape est né, mais une époque des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) a pris fin, samedi 20 et dimanche 21 août, à Marienfeld, près de Cologne. Transis, épuisés par les nuits sans sommeil et une intendance défaillante, 700 000 jeunes catholiques de 193 pays ont participé, samedi, à la veillée de prières autour de Benoît XVI. Le lendemain, pour la messe de clôture, l'affluence aurait atteint, selon les organisateurs, 1,1 million de fidèles. Si le gigantisme des chiffres et la ferveur restent intacts, les JMJ de Cologne ont marqué une profonde rupture par rapport aux éditions précédentes sous Jean Paul II.
On savait que Benoît XVI ne chercherait pas à copier son prédécesseur, mais la surprise fut grande de le voir se dégager si promptement de son ombre tutélaire. La veillée, samedi, n'avait rien de commun avec les "one-man-show" reprochés à l'ancien pape polonais. Le pape allemand ne cherche pas à séduire la foule par des astuces de mise en scène et une gestuelle que son prédécesseur, ancien homme de théâtre, pouvait se permettre. Jusqu'à la caricature, à Cologne, il est resté lui-même, professeur timide et intimidant, délivrant des enseignements longs, arides, sans recherche de la formule qui rallie les applaudissements.
De bout en bout, pendant les quatre jours de sa visite en Allemagne, on l'a vu peu à l'aise dans les bains de foule. Benoît XVI ne se met pas en scène, n'évoque jamais son passé alors même qu'il est dans son pays natal. Les caméras le filment rarement en gros plans. Les cérémonies de samedi et dimanche semblaient avoir été conçues pour privilégier la liturgie sur l'émotionnel. Le fossé qui séparait le podium - d'un goût douteux (une soucoupe volante !) - des longues rangées de jeunes était symbolique de cette volonté de distance et de cette rupture de style.
Les JMJ selon Jean Paul II n'ont jamais été cette "kermesse de la foi" décrite pas certains, mais, dans des stades chauffés à blanc, chacune de ses interventions faisait surgir la flamme, l'enthousiasme, la liesse. Le nouveau pape s'efface derrière le message. Il ne cherche pas à magnétiser, à domestiquer son public. Il est là pour faire ce qu'il sait faire : enseigner, sans aucune boursouflure. Et ce parti pris d'humilité, de modestie a, semble-t-il, fonctionné. Les jeunes ont trouvé ce pape "pacifiant" . Benoît XVI n'est pas un pape ennuyeux, mais, disent-ils, intérieur et spirituel. Certains retournaient même la formule, dont on abusait sous Jean Paul II, selon laquelle les jeunes préféraient le chanteur à la... chanson. A Cologne, les jeunes ont fait bon accueil à l'un et l'autre.

NON AUX RELIGIOSITÉS PARALLÈLES

Et la "chanson" de Benoît XVI ne fut pas non plus celle d'un Jean Paul II insistant (au moins jusqu'aux JMJ de Paris en 1997) sur les interdits sexuels de l'Eglise. A Cologne, le pape Ratzinger n'a pas parlé de drogue ou de préservatif, de pilule ou de pornographie. Il a fait passer la spiritualité avant la morale. Il a traité des questions existentielles des jeunes : leur place dans une société indifférente à Dieu ; leurs inquiétudes devant un monde traversé par le fanatisme religieux ; le bon usage de la liberté ; la tentation de se tourner vers des formes de religiosité parallèles et moins exigeantes que la foi chrétienne. Sur tous ces thèmes aussi, Benoît XVI a fait entendre sa différence.
Lors de la veillée de samedi, il s'est adressé à une génération qui, selon lui, a perdu ses illusions dans les révolutions d'hier : "Au cours du siècle qui vient de s'écouler, a t-il dit, nous avons vécu les révolutions dont le programme commun était de ne plus rien attendre de Dieu, mais de prendre totalement dans ses mains la cause du monde." Le pape propose une autre voie : "Ce ne sont pas les idéologies qui sauvent le monde. C'est le fait de se tourner vers le Dieu vivant, garant de notre liberté, de ce qui est bon et vrai (...). C'est seulement de Dieu que vient la véritable révolution, le changement décisif du monde."
A cette jeunesse qui s'interroge sur le sens de sa liberté, le pape a adressé, dans son homélie de dimanche, un autre message : "Liberté ne veut pas dire jouir de la vie, se croire absolument autonomes, mais s'orienter selon la mesure de la vérité et du bien." Et il a ajouté : "Il existe, dans de vastes parties du monde, un étrange oubli de Dieu. Mais, dans le même temps, il existe un sentiment de frustration, d'insatisfaction de tout et de tous. On ne peut alors que s'exclamer : il n'est pas possible que ce soit cela la vie !" Des paroles très applaudies.
Le pape s'en est pris alors à toutes les formes du boom religieux qui cohabite avec cet oubli de Dieu : "La religion devient un produit de consommation. On choisit ce qui plaît et certains savent en tirer un profit. Mais la religion recherchée comme une sorte de bricolage ne nous aide pas. Elle est commode, mais, dans les moments de crise, elle nous abandonne à nous-mêmes."
Les JMJ selon Jean Paul II avaient fait émerger une génération de croyants décomplexés, enthousiastes, actifs, préférant à une pratique régulière à l'église des temps forts de rassemblement, de liturgie et de pèlerinage. La "génération Jean Paul II" survivra sans doute à son fondateur, mais, sous Benoît XVI, elle s'exprimera autrement. Les prochaines JMJ devraient avoir lieu à Sydney, en 2008. Mais la personnalité du pape imposera sans doute d'autres types de rassemblements.
Henri Tincq
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Une organisation chaotique

De nombreux participants ont déploré l'organisation "catastrophique" des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) de Cologne. Les déplacements des pèlerins entre des sites très éclatés ont été chaotiques pendant huit jours. A l'issue de la messe de clôture, dimanche à Marienfeld, à 27 km de Cologne, une pagaille généralisée s'est produite, en raison d'un défaut de navettes. Des dizaines de milliers de pèlerins ont été contraints de gagner à pied les villes de Harrem et Frechen, distantes de plusieurs kilomètres, pour rejoindre le réseau de train et de tramways de Cologne. Devant l'afflux des jeunes, les gares ont été vite saturées puis fermées et le trafic interrompu.
Pendant la semaine, de nombreux arrêts dans les transports publics ont aussi bloqué les participants, retardant de plusieurs heures le retour dans les lieux d'hébergement. Un grand nombre d'évêques et d'officiels n'ont pas été épargnés par les défaillances de l'organisation. Les participants se sont également plaints de l'approvisionnement en paniers repas, qui a connu d'importantes ruptures. - (Corresp.)

Article paru dans l'édition du 23.08.05

Pari gagné…

Les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) 2005 étaient assurément l’événement médiatique de ce mois d’août, que les accidents aériens (avions de ligne ou de lutte contre l’incendie) et autres flambées, tant du cours du pétrole que des forêts portugaises ou des portails des colonies de Gaza, ne parvinrent pas vraiment à dépasser. Chaque point d’information, presses écrite et audiovisuelle confondues, en parlait inévitablement, faisant place à la situation en Allemagne, aux départs des pèlerins, aux conditions matérielles de leurs voyages, de leur accueil… L’enjeu était d’importance pour que sa couverture fut confiée à la première chaîne de télévision allemande, ARD, et que sa retransmission quasi-permanente fut assurée par la chaîne européenne, EuroNews. Jamais auparavant une rencontre du pape avec les jeunes, à l’exception du Jubilé de l’an 2000, n’avait eu une telle répercussion médiatique. Dans une certaine mesure, on retrouve la même intensité que les premières sorties, notamment au Mexique, de Jean-Paul II, immédiatement après son élection au trône de Saint-Pierre. Il y avait de la curiosité dans cette couverture des JMJ de Cologne. Certes ! Mais comment interpréter cet engouement de la presse mondiale pour le Saint Père ? D’autant que celui-ci avait connu un assoupissement après le choix du cardinal Joseph Ratzinger comme successeur du pape Wojtyla, la polémique sur le passé dans la HitlerJungen du jeune Allemand ne réussissant pas à prendre dans l’opinion publique. Cette interruption tranchait radicalement avec le traitement en premier plan de l’agonie, du décès, des funérailles de Jean-Paul II et de l’interrègne qui s’en était suivi dans l’attente du conclave.
Dans une tentative de réponse, on pourrait arguer qu’il y a la rencontre avec les jeunes. Ces journées instituées par Jean-Paul II et inaugurée en 1987 étaient trop liées à ce pape pour ne pas craindre sur leur pérennisation, tant par les autorités ecclésiastiques que par le nouveau Souverain Pontife. Mais celles de Cologne étaient déjà annoncées — Jean-Paul II avait déjà réservé la date de son voyage — et leur organisation avancée pour que le nouveau Saint-Père se dérobât. Qui plus est, il s’agissait pour Benoît XVI de son premier voyage à l’étranger, un séjour qui le portait dans son pays d’origine. Il ne pouvait raisonnablement pas se dérober. Toutefois, la question la plus prégnante restait le lien que pouvait créer ce nouveau Pontife romain et cette jeunesse qui reste, malgré tout, l’avenir de l’Eglise. Les propos du pape théologien sur la messe dominicale le montrent clairement. Et la réception faite par ces jeunes à celui dont il scande déjà le nom montre que Benoît XVI a réussi son pari. Et si la chanson ne plaît toujours pas, comme on avait pu l’entendre dire au moment de la mort de Jean-Paul II, le nouveau chanteur plaît.
On pourrait également évoquer l’événement médiatique en lui-même. Pour le Saint-Siège, le moment est parfaitement rodé depuis dix-huit ans. La communication est tout autant assurée par la musique, le décor et les animations que par les prêtres, au premier rang desquels se trouve naturellement le Saint Père. Le ballet est savamment répété et organisé pour ne rien envier aux spectaculaires shows de Bob Geldof. Les jeunes de ce week-end de Cologne étaient peut-être les mêmes que ceux qui assistaient à l’Africa Live 8 en juillet dernier ? Sur la scène, chaque interprète vouée à une place déterminée à l’avance ; il n’y a que le pape à rester libre de ses gestes, la scénographie se redéployant sur ses mouvements. Et encore… Ses accompagnateurs sur scène sont reliés à des régies par oreillette. Le faste multiséculaire de l’Eglise catholique est aujourd’hui décuplé par les technologies de l’information et de la communication.
Quoiqu’en dise Benoît XVI, il s’agit bien d’un produit de consommation proposé aux médias internationaux. Mais il répond avant tout à une logique propre : d’une part, le souci constant de l’Eglise de l’évangélisation des masses, de l’autre le besoin d’utiliser toutes les ressources offertes par les communications sociales. On se souvient que la première rencontre du nouveau pontife avait été réservée aux journalistes accrédités près le Saint-Siège. Les JMJ sont également un produit d’actualité, comme le montre la destination des quêtes des deux messes, les communautés chrétiennes de Terre sainte — en pleine évacuation des colonies de Gaza — et les projets en Asie du sud-est touchée par le tsunami de décembre 2004 -— samedi, EuroNews consacrait un reportage, dans le cadre de sa rubrique « Europa », aux activités des organisations non-gouvernementales se recommandant de l’office européen humanitaire Echo. De même, le démontage du logo des JMJ 2005, la flèche bleue passant à l’Australie, désignée organisatrice des rencontres de 2008 comme un passage de la flamme olympique, permettait de mélanger dogmatique des explications symboliques et modernité incarnée par cette jeunesse.
La retransmission par les télévisions nationales échappait au bon vouloir du Vatican. Elle était fonction de l’orientation donnée à leur programmation. Ainsi, les deux chaînes nationales suisses francophones n’accordèrent pas d’espace aux JMJ, même pas le dimanche pour la messe qui est traditionnellement diffusée ; l’Espagne qui samedi enterrait nationalement et religieusement les victimes militaires de l’accident d’hélicoptère en Afghanistan évita également ces rencontres de la jeunesse avec le Saint-Père, témoignant surtout par là la poursuite de sa brouille avec le Saint-Siège sur le mariage homosexuel. Pour sa part, France 2 l’intégra dans son créneau du « Jour du seigneur », les autres cultes laissant fraternellement leurs espaces à cet événement qui déborde jusqu’au journal de 13 heures ; la chaîne publique française fut suivi en cela par ses consœurs allemande (ARD) et portugaise (RTP). Au contraire de la RAI Uno, chaîne traditionnellement d’obédience démo-chrétienne, qui l’a suivi au plus près, couvrant les temps forts comme la veillée de vendredi et les messes pontificales.

Benoît XVI a montré un visage inattendu aux JMJ, pour la presse britannique

AFP 22.08.05 | 10h40

La presse britannique a estimé lundi que la visite du pape Benoît XVI aux Journées Mondiales de la Jeunesse de Cologne avait été un succès, et que le souverain pontife avait montré un visage inattendu, humble dans ses manières et ouvert aux autres religions."La visite de quatre jours en Allemagne, la première visite à l'étranger de son pontificat, s'est révélée un triomphe, dépassant largement les espérances des compatriotes et des amis de l'ancien archevêque de Munich", estime le Times (droite)."Non seulement, il était détendu et souriant, mais il a fait preuve d'une humilité et d'une certaine timidité, qui, venant d'un homme de 78 ans, lui a gagné le coeur de beaucoup de jeunes", poursuit le quotidien."Le pape ne se voit pas comme un homme de scène, c'est son humilité qui a conquis les coeurs", indique-t-il.Dans une tribune intitulée "le nouveau pape peut se révéler meilleur que ce que nous craignions", le quotidien Independent (centre-gauche) considère que Joseph Ratzinger, depuis son élection, a déjoué les prédictions de ceux qui le croyaient intransigeant."A côté de sa préoccupation centrale, +la dictature du relativisme+ en Occident, un autre terme est apparu (à Cologne) : l'importance des autres religions et la nécessité d'un meilleur dialogue", relève le quotidien.Comme le Times, l'Independent salue son intention d'approfondir le dialogue avec l'islam et avec le judaïsme, notamment sa visite dans une synagogue d'autant plus symbolique qu'il est de nationalité allemande."Usant d'un langage plus énergique que son prédécesseur, Benoît XVI a lancé un défi clair aux dirigeants musulmans pour qu'ils affrontent les radicaux en leur sein et a promis que l'Eglise catholique ferait de son mieux pour les aider, par un plus grand dialogue interreligieux et interculturel", relève l'Independent.Le Royaume-Uni, principalement anglican, compte quelque 5 millions de catholiques.

Des journaux croates déçus de la prestation de Benoît XVI aux JMJ

AFP 22.08.05 | 10h09

Les journaux de Croatie, pays majoritairement catholique, critiquaient lundi la prestation de Benoît XVI lors des Journées mondiales de la jeunesse de Cologne, estimant qu'il n'était qu'un "pape de transition" qui ne s'élevait pas à la hauteur de son prédécesseur Jean Paul II."La première apparition du pape Benoît XVI devant un million de personnes à Cologne a démontré ce que l'Eglise tentait de démentir depuis le début de son pontificat : il s'agit d'un pape de transition", écrit le quotidien Novi List. "Sur +son terrain+, Joseph Ratzinger n'a pas réussi à passer le test le plus important : celui devant une immense foule de jeunes sur lesquelles l'Eglise catholique compte à l'avenir", poursuit le journal.Novi List note que les messages du pape ont été accueillis par des "applaudissements courtois".Benoît XVI, considère le journal, ne sera pas en mesure de "bénéficier d'une sympathie générale non seulement auprès des catholiques, mais aussi des fidèles d'autres religions, athées et agnostiques, ce que pouvait faire Jean Paul II".Pour le quotidien indépendant Jutarnji List, il est "impossible d'imaginer Benoît XVI taper de sa crosse dans le rythme du chant des jeunes, comme on voyait faire Jean Paul II"."Il manquait une star pour que les Journées Mondiales de la Jeunesse à Cologne soient un +Woodstock religieux+ que souhaitaient les médias. Le pape Benoît XVI n'a pas trouvé un geste pour +percer l'écran+", alors que Jean Paul II en avait plein", écrit Jutarnji List.La Croatie, petit pays des Balkans est peuplée d'environ 4,4 millions de personnes à plus de 80% catholiques.

8.21.2005

Benoît XVI met en garde contre un catholicisme « à la carte »

LEMONDE.FR | 21.08.05 | 14h13  •  Mis à jour le 21.08.05 | 19h42

Célébrant en plein air la messe de clôture des Journées mondiales de la jeunesse, Benoît XVI a souligné que le catholicisme n'est pas une religion "à la carte" dont les fidèles peuvent dédaigner les aspects les plus contraignants.
"La religion bricolée 'à la carte' ne nous aide pas, en fin de compte. Cela peut paraître confortable, mais en temps de crise nous sommes livrés à nous-mêmes", a déclaré le nouveau pape à près d'un million de jeunes massés sur une prairie à l'écart de Cologne, où nombre d'entre eux ont passé la nuit.
Là où son prédécesseur Jean Paul II, initiateur des JMJ, insistait spécifiquement sur le respect de la morale sexuelle de l'Eglise, Benoît XVI a multiplié les considérations plus générales. Il a notamment prié son auditoire d'être assidu à la messe et d'aider les malades et les personnes âgées.
Le pape a appelé les jeunes à assister régulièrement à la messe et a critiqué un "'boom' du religieux" accompagnant "l'oubli de Dieu". "Je ne veux pas discréditer tout ce qu'il y a dans cette tendance. Il peut y avoir aussi la joie sincère de la découverte", a-t-il admis, "mais dans ce contexte, la religion devient presque un produit de consommation. On choisit ce qui plaît, et certains savent aussi en tirer un profit". "Mais la religion recherchée comme une sorte de 'bricolage' en fin de compte ne nous aide pas. Elle est commode, mais dans les moments de crise, elle nous abandonne à nous-mêmes", a estimé le souverain pontife.
Quant à la liberté, elle "ne consiste pas seulement à profiter de la vie de manière totalement autonome, mais plutôt à vivre à l'aune de la vérité et de la bonté, de manière à ce que nous devenions nous-mêmes bons et authentiques", a poursuivi l'ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Gardien intransigeant des valeurs traditionnelles de l'Eglise, le cardinal Joseph Ratzinger s'était rendu célèbre, avant d'accéder au trône de Saint Pierre le 19 avril dernier, par sa dénonciation de la "dictature du relativisme" et son refus des réformes portées par la théologie de la libération.

PROCHAINES JMJ À SYDNEY

Benoît XVI s'emploie cependant à montrer un visage plus souriant, afin d'atténuer le contraste avec le très charismatique Jean Paul II, tout en réaffirmant ses convictions en matière de moeurs.
Son homélie de fin des JMJ a suscité des réactions contrastées auprès des jeunes croyants, tiraillés entre leurs aspirations spirituelles et leur mode réel d'existence. "J'appartiens à un mouvement de dévotion à la Vierge Marie. Nous suivons à la lettre les enseignements de l'Eglise. Le pape a raison de nous mettre en garde contre la religion à la carte, ce doit être tout ou rien", commente Nuno Gonzago, 20 ans, venu du Portugal.
Malte Schubert, jeune Allemand de 19 ans, traduit pour sa part les recommandations du souverain pontife : "En gros ça veut dire 'pas de sexe', non ? Il était obligé de le dire. C'est le pape, mais je pense que c'est aux gens de faire leurs propres choix."
Benoît XVI a également profité de son séjour en Allemagne, premier déplacement à l'étranger de son pontificat, pour rencontrer des représentants juifs, protestants et musulmans et réaffirmer son attachement au dialogue interreligieux.
Il a mis fin à la célébration en rappelant que les prochaines JMJ auraient lieu à Sydney, en 2008.

Avec AP, AFP et Reuters
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