3.05.2005

TELEGRAMMI DEL SANTO PADRE PER LA LIBERAZIONE DELLA GIORNALISTA GIULIANA SGRENA E PER LA MORTE DEL DOTT. NICOLA CALIPARI

Pubblichiamo di seguito i telegrammi che il Santo Padre ha inviato, tramite il Cardinale Angelo Sodano, Segretario di Stato, al Presidente del Consiglio On. Silvio Berlusconi per la liberazione della giornalista Giuliana Sgrena e al Rev.do Don Maurizio Calipari per la morte del fratello, Dott. Nicola Calipari:

* TELEGRAMMI DEL SANTO PADRE

ONOREVOLE SILVIO BERLUSCONI
PRESIDENTE DEL CONSIGLIO DEI MINISTRI
PALAZZO CHIGI
PIAZZA COLONNA
00187 ROMA

APPRESA NOTIZIA LIBERAZIONE GIORNALISTA GIULIANA SGRENA SOMMO PONTEFICE DESIDERA FAR PERVENIRE ESPRESSIONE SUO COMPIACIMENTO PER LAVORO SVOLTO AT LEI AT GOVERNO ITALIANO ET QUANTI SI SONO GENEROSAMENTE ADOPERATI PER FELICE ESITO DEPLOREVOLE RAPIMENTO (.) IN PARI TEMPO SUA SANTITA’ ADDOLORATO PER TRAGICA MORTE DOTT. NICOLA CALIPARI MANIFESTA SUA SPIRITUALE VICINANZA ET VIVO CORDOGLIO AT LEI AT INTERA COMPAGINE GOVERNATIVA ET COLLEGHI COSI’ FEDELE ET EROICO SERVITORE DELLO STATO CHE NEL COMPIMENTO DELICATA MISSIONE AFFIDATAGLI NON HA ESITATO AT SACRIFICARE PROPRIA VITA (.) CON TALI SENTIMENTI SANTO PADRE MENTRE ASSICURA FERVIDA PREGHIERA PER FERITI NEL CORSO DELICATA OPERAZIONE AUSPICA OGNI BENE PER DILETTA NAZIONE ITALIANA ET INVIA SPECIALE BENEDIZIONE APOSTOLICA

CARDINALE ANGELO SODANO SEGRETARIO DI STATO

 
REVERENDO DON MAURIZIO CALIPARI
OFFICIALE ACCADEMIA PER LA VITA
VIA DELLA CONCILIAZIONE 1
ROMA

APPRESA CON DOLORE NOTIZIA TRAGICA MORTE SUO FRATELLO DOTT. NICOLA CALIPARI SOMMO PONTEFICE DESIDERA ESPRIMERE PROFONDA VICINANZA SPIRITUALE AT LEI ET FAMILIARI IN PARTICOLARE AT MAMMA AT CONSORTE ET FIGLI BENEMERITO ET GENEROSO SERVITORE DELLO STATO (.) NELL’AMMIRARE EROICO GESTO SUSCITATO DA SENSO DEL DOVERE ET DA SENTIMENTI DI CRISTIANA VIRTU’ SUA SANTITA’ ELEVA FERVIDE PREGHIERE PER ANIMA DEFUNTO ET MENTRE AFFIDA QUANTI NE PIANGONO PREMATURA SCOMPARSA AT MATERNA INTERCESSIONE VERGINE MARIA DI CUORE IMPARTE AT LEI ET CONGIUNTI SPECIALE CONFORTATRICE BENEDIZIONE APOSTOLICA (.) AGGIUNGO MIA PERSONALE PARTECIPAZIONE AT LUTTO ASSICURANDO RICORDO NELLA CELEBRAZIONE EUCARISTICA

CARDINALE ANGELO SODANO SEGRETARIO DI STATO

[00284-01.01] [Testo originale: Italiano]

[B0125-XX.01]

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Enjeux : Nouveaux chrétiens au Maghreb

LE MONDE | 05.03.05 | 13h13

Myriam, Farid, Abou Ghali  : ils ont quitté l'islam pour le christianisme. Qui sont ces convertis, qui, en Kabylie ou au Maroc, vivent leur nouvelle foi dans une quasi-clandestinité ? La poussée inédite du protestantisme évangélique, même marginal, suscite la controverse.
La première moitié de sa vie, Myriam a été musulmane. Une vraie de vrai. Ses parents, des gens "pieux", originaires de Grande Kabylie, lui ont inculqué les bases. Née en pleine guerre d'Algérie (1954-1962), à une époque où le hidjab et les barbus du Front islamique du salut (FIS) n'avaient pas encore été inventés, la jeune Myriam demeure, jusqu'à sa vingt-cinquième année, une croyante irréprochable. De sa nombreuse fratrie, elle est même la "seule pratiquante". L'islam, explique-t-elle, "on s'y sent confortable. On est au-dessus des autres, puisqu'on a la religion suprême". Elle n'imagine pas, alors, les vertiges qui l'attendent. Ni les menaces de mort qu'elle et les siens, devenus chrétiens, vont récolter. Myriam est une convertie. Une de ces "m'tournis" (de "tourner sa veste"), accusés d'avoir quitté Mohamed pour Jésus-Christ et le protestantisme évangélique. Et qui font scandale aujourd'hui, de manière inédite, en Algérie et au Maroc.
Ce prénom de Myriam, elle l'a choisi elle-même, dès la fin des années 1980, contrainte, comme d'autres, de pratiquer sa religion de manière clandestine. Un prénom-pseudonyme, qu'elle préfère continuer à utiliser aujourd'hui. C'est en 1985, à l'école normale de Kouba, à la périphérie d'Alger, que la jeune femme, licenciée en biologie, se lie d'amitié avec une autre élève, très pieuse et kabyle, comme elle. "On parlait beaucoup de Dieu, mais on n'en parlait pas pareil : ça faisait de grands débats entre nous. Elle a mis beaucoup de temps à m'avouer qu'elle était chrétienne. J'étais effondrée", raconte-t-elle, le visage pâle, bouleversée par ce souvenir. "Pour une musulmane, devenir chrétienne, ça veut dire que vous reniez tout. Chez nous, l'histoire, la culture et la foi sont mêlées : c'était son identité et Dieu lui-même que mon amie avait trahis", insiste-t-elle. Aux yeux de Myriam, cette renégate est devenue "impure". Tout contact doit être banni. Plus question de la recevoir chez elle, plus question même de lui parler. Pis : si Myriam avait suivi son "devoir de musulmane", elle aurait dû la dénoncer. "Quelqu'un qui quitte l'islam devient comme une souillure et mérite la mort - cela se pratique dans certains pays", assure-t-elle.
Mais l'Algérie n'est pas l'Arabie saoudite. Au lieu de rompre avec sa copine, Myriam se met à prier pour elle. "Je la voyais perdue, égarée. Je priais pour qu'elle revienne à l'islam, c'est-à-dire, dans mon esprit, à la raison", explique-t-elle. Le mari de Myriam - "un musulman de Kabylie, pas trop rigide, ni très pratiquant", note-t-elle - lui conseille d'inviter l'" égarée" chez eux, afin de trouver " un moyen de l'aider". L'amie espère, de son côté, que Myriam, "grâce à Dieu", finira par l'accepter telle qu'elle est. Les discussions, un temps interrompues, reprennent donc de plus belle. La partie se révèle inégale. "J'essayais de la convaincre. Mais comment critiquer une religion dont je ne savais pratiquement rien ? Mon amie connaissait le Coran et la Bible. Pas moi", sourit Myriam. Inévitable, arrive le jour où son amie lui propose de lire "le livre des chrétiens". Myriam est effrayée. "Le simple fait de toucher la Bible, c'était un péché, un blasphème. Finalement, j'ai quand même dit oui. Toujours pareil : avec cette idée d'aller voir, de vérifier et de faire revenir mon amie dans le droit chemin."
La suite, c'est un peu l'arroseur arrosé, version religieuse. Durant l'été 1987, "l'été le plus terrible que j'aie jamais vécu", Myriam se plonge dans les Evangiles. "Chercher autre chose, aller en dehors de Mohamed, c'est interdit. Surtout quand on vous a inculqué l'image d'un Dieu redoutable, un Dieu du Jugement - un Dieu qui, dans l'islam, n'est jamais totalement d'amour : il est bourreau aussi, l'un n'allant pas sans l'autre. Surtout quand on vous a appris l'interdiction absolue de questionner le Coran", s'exclame Myriam, qui vit cette transgression avec beaucoup d'angoisse. "Jusque-là, ajoute-t-elle, Jésus était un prophète parmi d'autres. Et là, tout d'un coup, il me fascinait. En lisant le Nouveau Testament, je découvrais un texte facile d'accès - malgré quelques écueils. Cette simplicité m'émerveillait." La "crise" qu'elle vit est telle que la jeune femme en perd l'appétit et le sommeil. Jusqu'à cette nuit, décisive, où elle se met à "parler avec Dieu". Elle s'adresse à lui sans détour : " De ces deux livres, le Coran et la Bible, lequel dois-je suivre ? Où es-tu ? Dans quel Livre ? Dis-le moi et j'irai." Myriam ne parle pas de "révélation". Elle explique simplement qu'" une clarté" s'est faite en elle, "comme un voile qui se levait, quelque chose d'instantané : tout d'un coup, j'étais apaisée et heureuse. Jésus-Christ était le chemin". Myriam, à son tour, est devenue apostate. La pire des choses en islam - qui est religion d'Etat, en Algérie comme au Maroc.
Alger, février 2005. Le pasteur méthodiste Hugh Johnson, âgé de 71 ans, a bien connu Myriam. Elle, l'Algérienne, a finalement quitté son pays natal en 1994 ; après une solide formation en théologie, elle vient, à l'âge de 45 ans, d'être nommée pasteur dans le sud de la France. Lui, l'Américain natif du Kentucky, est resté à Alger. Il y vit depuis quarante-trois ans et a bien failli y mourir. Le matin du mercredi 19 janvier, "veille de l'Aïd el-Kebir", comme l'a relevé la presse locale, le vieil homme a été poignardé en pleine rue, devant l'église protestante de la rue Reda-Houhou, dans le centre de la capitale.
Un coup de couteau dans le dos, à la hauteur des reins. Le pasteur a été sauvé de justesse. Son agresseur, un "illuminé islamiste" selon certaines sources, un " aliéné mental"selon d'autres, n'a pas été arrêté. "C'est un avertissement, estime Hugh Johnson. Si j'étais mort, l'avertissement aurait été plus radical", ironise-t-il. Deux autres chrétiens avaient déjà été agressés, de la même manière, à Alger, à la fin de l'année 2004. Ils avaient toutefois été moins grièvement atteints. Le visage rond, la barbe blanche, visiblement remis de sa blessure, le vieil Américain assure qu'il ne se sent "ni amer, ni craintif". Mais "peut-être suis-je bête ?", plaisante-t-il, en recevant ses visiteurs dans le petit salon de lecture de la Société biblique, officiellement baptisée Société algérienne du livre culturel.
Le pasteur Johnson est une manière de dinosaure. L'un des derniers Mohicans protestants que compte l'Algérie. Les pasteurs de nationalité étrangère ne sont plus que "cinq ou six" aujourd'hui, assure-t-il. Une ou deux fois par an, la Société biblique importe, "à la seule demande des églises et avec le tampon du ministère des affaires religieuses", une moyenne de "mille à deux mille cinq cents ouvrages bibliques en arabe et mille à deux mille en français". Un chiffre "à peu près stable", ces dix dernières années. Le pasteur méthodiste, officiellement à la retraite depuis décembre 2004, n'a pas encore été remplacé. Vu l'environnement algérien, les candidats sont rares. Le départ du pasteur Johnson marquera la fin d'une histoire.
Débarqués en Algérie, à la fin du XIXe siècle, en même temps que les catholiques, les premiers protestants ont d'abord été des colons, qui se sont installés à travers le pays dans le sillage de l'armée française. Très vite vient le temps des prêtres et des pasteurs - ces derniers étant presque aussi souvent britanniques que français. Si l'implantation des Eglises est permise, le prosélytisme est en revanche formellement interdit : une clause en ce sens a été introduite dans l'acte de capitulation signé, en 1830, entre le dey d'Alger et le gouvernement français, soucieux de ne pas susciter l'hostilité des autorités musulmanes. D'emblée, les églises chrétiennes sont des églises pour étrangers.
Au Maroc, l'histoire se déroule de façon similaire : ce sont les populations coloniales, françaises ou espagnoles, que les religieux catholiques et protestants viennent suivre et évangéliser. Quant aux "indigènes", qui sont tous, à l'exception des juifs, de religion " mahométane", selon le vocabulaire de l'époque, pas question d'y toucher. En Algérie, malgré les efforts missionnaires plus ou moins souterrains, principalement menés en Kabylie, région historiquement rebelle, le nombre des Algériens convertis demeure proche de zéro. "Nous ne pouvons citer de chiffres, ce serait peut-être humiliant : si l'on veut un ordre de grandeur, j'indiquerai qu'en trente ans nous avons administré une quarantaine de baptêmes d'adultes à Tizi-Ouzou et que les deux tiers vivent comme des chrétiens", reconnaissait le pasteur Alfred Rolland, dans le rapport Eglise et mission en Algérie, qu'il présenta, en novembre 1956, à Oran. Les temps ont-ils changé ?
Au lendemain de l'indépendance, il y a bel et bien eu, en Algérie, un ministre des finances chrétien, Pierre Smaïn Maghroug, aujourd'hui installé en France, rappelle le Père Pierre Boz, aumônier catholique, qui dirige, à Paris, la Communauté des chrétiens originaires de Kabylie. En 1992, le nombre de ces derniers oscillait "entre quatre mille et six mille personnes", en majorité catholiques, la plupart exilées en France. "Le nombre des protestants n'est pas négligeable", relevait alors l'association. Treize ans plus tard, le paysage n'est plus le même.
Est-ce, comme le pense cette Algérienne chrétienne, rencontrée dans la capitale, à cause des violences terroristes perpétrées au nom de l'islam, dans les années 1990, que beaucoup de croyants ont laissé tomber le Coran ? "Les gens étaient tellement choqués. L'islam est donc capable de faire ça ? Ces massacres ? Ces enfants égorgés ? Ces femmes violées ? Beaucoup se sont demandé : qui est Dieu ? où est-il ? Certains se sont suicidés ou sont devenus athées. D'autres ont choisi Jésus." Elle fait partie de ceux-là. "Dieu a tourné le Mal en Bien : il n'y a jamais eu autant de conversions en Algérie que pendant le terrorisme ! Même à l'époque de saint Augustin, il n'y en a pas eu tant !", s'échauffe-t-elle. Une jubilation que la majorité des Algériens est loin de partager. "Contrairement aux Eglises historiques - catholique et protestante, reconnues par les autorités - les missions méthodistes, évangéliques et charismatiques, implantées depuis les années 1990, sont ouvertement prosélytes", écrit, dans son numéro du mois de mars, le mensuel protestant français Mission, qui consacre un important dossier à ces drôles de paroissiens du Maghreb, ces "musulmans, devenus chrétiens". Selon Linda Caille, rédactrice en chef de Mission, le nombre des conversions en Algérie serait de "mille par an", principalement en Kabylie. Sur une population nationale de plus de 32 millions d'habitants, mille conversions par an ne représentent pas grand-chose.
MÊME si elle se vérifiait sur dix ans, cette poussée du christianisme serait numériquement marginale. Il n'empêche ! En Algérie, les chiffres les plus délirants circulent. Croisade contre djihad ? "L'évangélisation en Kabylie (...) est le résultat d'un prosélytisme organisé et financé par une stratégie mondiale d'évangélisation des peuples musulmans", tonne, le 26 juillet, un journaliste du quotidien El Watan, cité par Mission. Selon ce pamphlétaire, il serait "de notoriété publique que la Maison Blanche, le Congrès et la CIA suivent et gèrent avec un grand intérêt l'expansion des Eglises évangéliques" dans le monde. Le reste de la presse fait chorus. "On m'a même accusé de payer 7 000 euros par conversion !", s'agace le pasteur Johnson. C'était avant son agression. Les cris des uns, fustigeant "une évangélisation qui agresse l'islam dans sa propre maison", ont-ils armé le bras des autres ? En tout cas, les députés islamistes ne sont pas en reste, ni le Haut Conseil islamique (organisme gouvernemental) qui décide, fin 2004, de diligenter une enquête afin de "mesurer l'ampleur" du phénomène. On en attend les résultats.
Coïncidence ? Au Maroc, c'est aussi au début de l'été qu'un député du parti nationaliste Istiqlal s'est alarmé, devant le Parlement, d'un supposé déferlement de missionnaires américains à travers le royaume, notamment du côté de Ouarzazate. Une série d'articles de presse a suivi. Eglises reconnues et groupes clandestins sont jetés dans le même sac, pasteurs et missionnaires sont souvent confondus, une avalanche de chiffres fantaisistes et de formules à l'emporte-pièce achèvent de dramatiser le débat. Ces "néoprotestants évangéliques marocains, peut-on lire dans l'hebdomadaire Le Journal du 8 janvier, ont été convertis sur les flancs des tanks américains, dans le cadre de la grande offensive US mondiale". Ce qui n'empêche pas l'hebdomadaire de s'interroger sur le sens de ce phénomène, signe possible de " l'incapacité de l'islam officiel (...) à rejoindre le train de la modernité". Yacine, la trentaine, applaudit : "L'essentiel, c'est qu'on parle au grand jour des Marocains chrétiens. C'est donc que ça existe, que c'est possible. Peu importe ce qu'on raconte sur nous. Le tabou est tombé", commente ce jeune cadre, vêtu d'un élégant costume-cravate, converti au protestantisme alors qu'il faisait ses études à Paris.
Yacine fréquente une "église maison". Son groupe est "100 % arabophone" et se réunit chaque dimanche, discrètement, chez l'un ou chez l'autre de ses membres, pour des lectures bibliques et des séances de prière. "On n'est jamais plus de dix ou quinze : la capacité d'un salon ", explique-t-il. Si les chrétiens marocains se cachent, "ce n'est pas tant, dit-il, du fait de persécutions de la police. On ne représente pas un danger pour le régime. Mais la stigmatisation sociale reste forte : la famille, l'employeur, les collègues, les voisins sont plus tyranniques que le gouvernement !". Pour leur part, les parents de Yacine ont fini par s'y faire. "Au début, ils ont été choqués. Ils ont pris ma conversion au christianisme pour un rejet de la culture marocaine. Je leur ai expliqué qu'ils se trompaient : la seule chose qui a changé, chez moi, c'est mon rapport à Dieu. D'ailleurs, si je n'aimais plus le Maroc et les miens, pourquoi serais-je revenu y vivre ? Pour mes parents, ç'a été dur à avaler. Avec le temps, ils ont accepté."
Abou Ghali est à peine plus jeune que Yacine. Il se présente comme "un chrétien marocain, deuxième génération". Ses parents se sont eux-mêmes convertis dans les années 1970 - des "années noires pour tout le pays", estime-t-il, évoquant le règne d'Hassan II. C'est pourtant à la fin de ce règne que la situation des chrétiens marocains a commencé de s'améliorer. Abou Ghali date la naissance de "l'Eglise marocaine" du début des années 1990 : "Les Marocains ont pris les choses en main, ils se sont organisés entre eux. L'existence d'une Eglise marocaine représente un changement immense. En qualité, c'est-à-dire en maturité - car les conversions se font désormais majoritairement de Marocain à Marocain. Mais aussi en quantité : il y a cinq ans, on devait être trois cents chrétiens à tout casser. Je parle des vrais chrétiens, insiste-t-il, pas de ceux qui se convertissent pour avoir le visa ou une situation. Aujourd'hui, on doit être autour de huit cents". Soit plus du double qu'en 2000.
Même si la progression est nette, le total, comme en Algérie, demeure microscopique : que pèsent huit cents chrétiens sur une population marocaine, forte de plus de 32 millions d'habitants ? "Je ne me considère pas comme un renégat ni un apostat. Je me suis tourné vers un autre visage de Dieu, voilà tout", écrivait, à Paris, Mohamed-Christophe Bibb dans un essai autobiographique Un Algérien pas très catholique (éditions du Cerf, 1999). Aujourd'hui, ce sont des Maghrébins du Maghreb qui parlent. Et leurs paroles ont un tout autre poids, même s'ils doivent, aujourd'hui encore, s'exprimer anonymement. "Durant des siècles, le monde arabo-musulman a vécu fermé sur lui-même, en faisant pression sur les siens pour que personne n'échappe à ce huis clos. Seulement, ça ne marche plus. Il y a eu la colonisation, les migrations, les gens ont commencé à bouger, explique Abou Ghali. Aujourd'hui, avec la mondialisation de l'information, le recul de l'analphabétisme, les satellites et Internet, nous sommes... comment dire ? exposés à l'Autre. Si les Marocains ont l'occasion de comparer, de choisir, vous verrez qu'il y en aura plein qui vont aller vers le christianisme. Les autres se feront athées."
L'avenir de l'islam ? "L'islam n'est pas un message de Dieu, tranche le jeune homme. C'est une production humaine, un ensemble de conventions et de contraintes, ce n'est plus une croyance. Les gens commencent à le comprendre. Ils savent bien aussi que l'islam est un "package", un truc homogène : soit on prend tout, soit on laisse. Ceux qui parlent de l'aménager se trompent. On peut lui couper les ongles, d'accord. Mais les ongles, ça repousse !"
Aux yeux de ce chrétien radical, les seuls "vrais musulmans, ceux qui suivent la logique de l'islam, ce sont Ben Laden et les talibans". Pourtant, "j'aime les musulmans et le Maroc, ajoute-t-il, je prie chaque jour pour le roi. Ce que je n'aime pas, c'est l'islam : c'est une idéologie qui tue l'être humain".
Ces propos, extrêmement choquants pour les croyants musulmans, le pasteur américain Jack Wald et son compatriote Jack Rusenko les ont certainement entendus plus d'une fois. Le premier, qui a quitté le New Jersey pour le Maroc en 1999, officie chaque dimanche à l'église anglicane de Rabat et dirige une association protestante, RPF International Church. Le second, installé à Casablanca depuis 1992, dirige une ONG "à financements américains", Global Education, et préside le Conseil de l'Eglise anglicane (anglophone) au Maroc. "Notre objectif n'est pas de convertir les musulmans. Même si on le voulait, on ne le pourrait pas : c'est Dieu qui les convainc, pas nous. En tant que chrétien, mon seul but est d'aimer les gens au nom de Jésus", assure le pasteur Wald, de formation presbytérienne. La récente campagne de presse à propos des chrétiens ne l'a pas surpris : "Cette réaction est naturelle. Les Marocains aiment les Etats-Unis, mais ils sont déchirés. Car l'islam n'a jamais été à l'aise avec l'idée de pluralité de religions, il n'y est pas favorable, pointe-t-il. Culturellement, le Maroc reste musulman ; politiquement, il veut être moderne : c'est ce combat qui se livre aujourd'hui en son sein."
Jack Rusenko, qu'une photo de 1998, accrochée dans son bureau, montre aux côtés d'Hassan II, loue les capacités d'"ouverture" du royaume chérifien. Ainsi s'expliquerait, en partie, l'augmentation, non seulement des conversions, mais également du nombre de missionnaires étrangers, souvent américains, qui sillonnent le Maroc. "On pense qu'ils sont quelques centaines. Deux cents, peut-être trois cents ? ", avance-t-il, avec une moue prudente. "Dans la mesure où l'activité missionnaire demeure clandestine, il est difficile de la mesurer ", estime Karen Thomas Smith, qui fait partie des quatre pasteurs américains officiellement enregistrés au Maroc. "D'après mes observations, il me semble pourtant que le nombre des missionnaires étrangers est en augmentation ces cinq dernières années", admet la jeune femme, en poste à Ifrane depuis huit ans. Elle regrette, au passage, la nature souterraine de cette propagande évangélique : "Ces missionnaires, qui se cachent sous les habits d'hommes d'affaires ou de patrons d'ONG, donnent l'impression que les chrétiens sont des gens malhonnêtes, qui vivent dissimulés. Cela me trouble, car, en menant cette "double vie", ils trahissent l'esprit de Jésus - si transparent et si honnête, justement. "
Sans être aussi virulents qu'en Algérie, les commentaires de la presse marocaine concernant les chrétiens, autochtones ou étrangers, ont eu, entre autres mérites, celui d'amorcer le débat sur la liberté de conscience et, en particulier, la liberté de croyance religieuse. "Si nous nous sommes toujours interdit toute forme de prosélytisme, il est cependant douloureux de devoir refuser d'accueillir les Marocains qui le souhaiteraient dans nos Eglises", souligne le pasteur Jean-Luc Blanc, représentant de l'Eglise évangélique au Maroc (ex-Eglise réformée de France au Maroc).
La question n'est pas nouvelle. Le pasteur Blanc avait eu l'occasion de l'aborder, en novembre 2002, lors d'une rencontre, organisée par l'intermédiaire de l'ambassade de France, avec certains conseillers et ministres. "Notre position n'a pas changé, insiste le pasteur français. En continuant d'interdire aux Marocains d'aller vers nous, les Eglises historiques officielles, on risque de voir ces mêmes Marocains se tourner vers les missionnaires fondamentalistes, les gourous délirants, les sectes de tous bords." Le ministre des affaires religieuses, Ahmed Tawfiq, n'aurait " pas été insensible" à l'argument, assure-t-il. La question est maintenant sur la place publique. Elle risque de rebondir, dans les semaines qui viennent. Au Parlement d'abord, où les islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD), prenant le relais des nationalistes de l'Istiqlal, auraient l'intention d'intervenir. A Marrakech, ensuite, où le révérend Harry Thomas, membre de l'Eglise charismatique américaine, aurait prévu d'organiser, avec l'accord des autorités marocaines, un festival de musique chrétienne - au début du mois de mai. Si "le géant américain pèse lourd, au Maghreb comme ailleurs, ce n'est pas un rouleau compresseur", tempère Sébastien Fath, chercheur au CNRS, spécialiste du protestantisme. Contacté par e-mail, l'auteur de Dieu bénisse l'Amérique, la religion de la Maison Blanche (Seuil, 2004) précise : "En 1972, 65 % des missionnaires chrétiens outre-mer étaient américains. En 2001, ils n'étaient plus que 47 % seulement et la tendance à la décroissance se poursuit."
Au-dessus de Tizi-Ouzou, les montagnes de Kabylie sont blanches. La neige, tombée en abondance, n'a pas empêché les fidèles de se presser vers les lieux de culte. Celui que dirige Farid est un simple garage, aménagé en temple. "Ce vendredi, vingt et une personnes sont venues des villages alentour jusqu'ici", annonce-t-il fièrement. Farid préfère lui aussi qu'on ne donne pas son nom ni celui de son bourg. Même si, "ici, en Kabylie, les gens sont tolérants. Tout le monde ferme les yeux, même la police. Si je devais travailler à Alger, je ferais vraiment attention", ajoute-t-il. Parmi ses ouailles, on trouve quelques hommes et beaucoup de femmes. L'un est plâtrier peintre, une autre est secrétaire, une troisième ouvrière au chômage - contrainte de démissionner de l'usine où elle travaillait, "après que la direction a appris - qu'elle était - chrétienne", assure-t- elle. Tous sont persuadés que la Kabylie est en train de connaître ce qu'en jargon protestant on appelle un "réveil"- c'est-à-dire une expansion des conversions, survenant après une longue période de "sommeil". Il est vrai que le nombre des églises affiliées à l'Eglise protestante d'Algérie (EPA, représentée par le pasteur Johnson) est passé, en cinq ans, de quatre à treize - sans compter une "liste d'attente de quinze demandes", précise-t-on à Alger. Farid et les siens sont résolument optimistes. "On a tous vécu des miracles", insistent-ils. Signe des temps : en 2004, pour la première fois, "une dizaine de missionnaires algériens"sont partis évangéliser "au Niger, au Tchad et en Mauritanie". Et pour la première fois aussi, un groupe de "trois missionnaires algériens" s'est rendu en France, ajoute Farid, pour "porter la bonne parole en Alsace, à Lille, à Lyon et à Marseille".
Sébastien Fath, lui, ne croit pas aux miracles. "Ces phénomènes ne tombent pas du ciel, contrairement aux interprétations de la littérature pieuse. Ils s'expliquent par une longue évolution des sociétés musulmanes", souligne l'historien. Il conclut : "En plus de quarante ans d'indépendance, le Maghreb a testé le nationalisme, l'islam politique et la dictature débonnaire. On peut faire l'hypothèse d'une déception chez une partie des Maghrébins, face à ces grands récits qui n'ont pas tenu leurs promesses. Les progrès du protestantisme s'inscrivent dans ce mouvement qui intègre le religieux dans la problématique plus vaste de la culture démocratique."


Catherine Simon
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 06.03.05

DICHIARAZIONE DEL DIRETTORE DELLA SALA STAMPA DELLA SANTA SEDE, DR. JOAQUÍN NAVARRO-VALLS

Il Direttore della Sala Stampa della Santa Sede, Dr. Joaquín Navarro-Valls, ha rilasciato questa mattina ai giornalisti la seguente dichiarazione:
Durante la Veglia mariana che si tiene questa sera nell’Aula Paolo VI e in 10 Cattedrali e Santuari del Continente, in occasione della III Giornata europea degli universitari, il Santo Padre si unirà spiritualmente a tutti i partecipanti dalla Sua stanza del Policlinico A. Gemelli e invierà un messaggio che sarà letto nel corso della Veglia.
Per domani, come già avvenuto domenica scorsa - il testo delle parole del Santo Padre per la consueta recita dell’Angelus sarà letto dal Sostituto della Segreteria di Stato, l’Arcivescovo Leonardo Sandri, alle ore 12 dal Sagrato di Piazza San Pietro.
Parimenti, sarà S.E. Mons. Sandri a guidare la recita della preghiera mariana e ad impartire la Benedizione Apostolica ai fedeli presenti in Piazza San Pietro.
Giovanni Paolo II si unirà alla recita dell’Angelus dalla Sua stanza in ospedale e al termine benedirà i fedeli presenti al Policlinico Gemelli, con le stesse modalità di domenica scorsa.

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3.04.2005

Jean-Paul II heureux de la libération Giuliana Sgrena

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2005-03-04


CITE DU VATICAN, Vendredi 4 mars 2005 (ZENIT.org) – Jean-Paul II est heureux de la libération de la journaliste italienne du quotidien « Il manifesto », Giuliana Sgrena, retenue en otage en Irak depuis un mois, et délivrée aujourd’hui par les services secrets italiens.
Le pape a été informé de la nouvelle tombée dans l’après-midi, et il a exprimé sa satisfaction, indique le Vatican.
Le pape avait lui-même lancé un appel à cette libération, le dimanche 13 février dernier, lors de l’angélus.
« Alors que je continue à prier pour la paix au Moyen Orient, avait dit le pape après la prière dominicale de l’angélus, j’adresse mon appel de tout cœur pour la libération de la journaliste italienne Giuliana Sgrena, et de toutes les personnes séquestrées en Irak ».

Le pape poursuit sa convalescence à l'hôpital Gemelli

AFP
Le pape Jean Paul II poursuivait vendredi sa convalescence à l'hôpital Gemelli de Rome, où il a subi d'urgence le 24 février une trachéotomie, mais les médecins ne se prononcent pas pour l'instant sur une date de sortie du célèbre patient.
Le quotidien de Rome Il Messaggero, généralement bien informé sur les affaires vaticanes, affirme vendredi que le pape, âgé de 84 ans et qui souffre de la maladie de Parkinson, sera de retour au Vatican "d'ici une dizaine de jours".
Le vaticaniste Orazio Petrosillo assure même que, quand il regagnera le palais pontifical, Jean Paul II pourrait ne plus avoir la canule qui lui a été insérée dans la trachée artère par les chirurgiens afin de l'aider à mieux respirer.
Le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls, a été pour sa part beaucoup plus prudent en communiquant jeudi un bulletin rassurant sur la santé du pape qui est "en amélioration continue".
"Je le dirai quand les médecins me le diront. Il n'y a pas une date précise. Je ne vais pas donner une date comme probable alors qu'elle pourrait changer dans un sens positif comme négatif", a dit M. Navarro-Valls, pressé de questions sur la sortie du souverain pontife.
Le porte-parole a souligné que le pape avait "très envie de rentrer au Vatican", mais, a-t-il ajouté, "il suit les conseils de ses médecins".
Le pape avait déjà été hospitalisé une première fois du 1er au 10 février et sa sortie, jugée prématurée par de nombreux médecins, avait été suivie d'une rechute ayant nécessité une nouvelle hospitalisation.
Le prochain rendez-vous de Jean Paul II avec les fidèles est fixé à dimanche pour la prière de l'Angélus.
Tout en indiquant que les modalités de la prière seront confirmées samedi, M. Navarro-Valls a laissé entendre qu'elle devrait se dérouler comme dimanche dernier.
L'archevêque argentin, Mgr Leonardo Sandri, devrait lire le message du pape et donner sa bénédiction aux fidèles rassemblés place Saint-Pierre, tandis que Jean Paul II devrait, de son côté, bénir les fidèles, abrité derrière la fenêtre de sa chambre, au dixième étage de l'hôpital Gemelli.
Il Messaggero juge "très probable que le pape prononce même quelques mots". Le souverain pontife suit des séances de rééducation de la parole.
Mais la grande inconnue reste la participation du pape aux célébrations de la semaine sainte et de Pâques qui tombe cette année le 27 mars.
"Le calendrier des célébrations de Pâques ne subira pas de modifications mais les modalités de la présence du pape à l'un ou l'autre rite seront décidées après son retour au Vatican", a indiqué M. Navarro-Valls.
Selon les spécialistes, le Chemin de Croix, qui se déroule le Vendredi saint près du Colisée, la veillée pascale et la bénédiction "Urbi et Orbi" (A la ville et au monde) du dimanche de Pâques sont des cérémonies très éprouvantes, en particulier le Chemin de Croix qui peut avoir lieu dans des conditions climatiques difficiles.
Mais, toujours selon les vaticanistes, les rendez-vous du Vendredi saint et de Pâques sont des rendez-vous auxquels le pape est très attaché et auxquels il ne voudra pas renoncer.

3.03.2005

Le pape se remet et travaille, mais pas de date pour sa sortie d'hôpital

CITE DU VATICAN (AFP)
Jean Paul II bénissant la foule depuis sa chambre d'hôpital, le 27 février 2005 à Rome© AFP/Archives Paolo Cocco
Le pape Jean Paul II continue à se remettre de la trachéotomie subie il y a une semaine et suit quotidiennement l'activité de l'Eglise, a affirmé jeudi le Vatican, en se refusant toutefois à avancer une date précise pour sa sortie d'hôpital.
Même s'il a "très envie de rentrer au Vatican", comme l'a affirmé son porte-parole Joaquin Navarro-Valls, le pape pourrait rester encore quelque temps dans sa chambre du 10ème étage de la polyclinique Gemelli.
M. Navarro-Valls s'est contenté d'évoquer comme "possible" une sortie pour Pâques, qui sera célébré dans la dernière semaine de mars.
"Je ne vais pas donner une date comme probable, parce qu'elle pourrait changer dans un sens positif comme dans un sens négatif. Je le dirai quand les médecins me le diront", a-t-il expliqué.
Joaquin Navarro-Valls a assuré que "les conditions de santé du pape sont en amélioration progressive et continue".
Il "s'alimente régulièrement et passe quelques heures par jour sur son fauteuil", a-t-il ajouté, précisant qu'il poursuivait ses séances de rééducation de la respiration et de la parole.
L'ambassadeur de Colombie auprès du Saint Siège s'est montré encore plus optimiste. "Jean Paul II sera avec nous encore longtemps", a-t-il assuré après une visite à l'hôpital et une rencontre avec ses médecins.
"Les médecins disent que le pape répond mieux que prévu aux traitements et qu'il peut respirer comme il y a cinq ans", a ajouté M. Guillermo Leon Escobar.
Le prochain bulletin sur la santé du pape sera publié lundi prochain.
Même hospitalisé, le pape continue à recevoir ses principaux collaborateurs et "suit quotidiennement l'activité du Saint Siège et la vie de l'Eglise", a précisé M. Navarro-Valls.
Ces assurances, comme celles données les jours précédents par des cardinaux qui lui ont rendu visite, visent clairement à répliquer à ceux qui s'inquiètent d'un éventuel silence permanent du pape ou s'interrogent sur sa capacité à diriger l'Eglise.
Montrant que le pape continue à travailler, le Vatican a d'ailleurs annoncé jeudi que le souverain pontife avait envoyé un message, daté "de la polyclinique Gemelli, 3 mars" au cardinal nigérian Francis Arinze à l'occasion d'un assemblée de la Congrégation pour le culte divin que celui-ci dirige. Le pape a également procédé à la nomination de deux évêques, l'un aux Etats-Unis, l'autre au Mexique.
La prudence sur la date du retour de Jean Paul II au Vatican s'explique sans doute par le fait que sa première sortie d'hôpital le 10 février avait été jugée prématurée par de nombreux médecins. Deux semaines plus tard, Jean Paul II avait en effet fait une rechute et avait dû être à nouveau hospitalisé d'urgence.
Reste à savoir quel rôle le pape pourra jouer lors des célébrations pascales qui commenceront le 20 mars et qui constituent le principal temps fort de l'année liturgique. Une absence du pape pourrait entraîner la désaffection des fidèles.
M. Navarro-Valls a souligné que le calendrier des célébrations était déjà fixé et qu'il n'avait pas été modifié. "Ce à quoi on devra penser, ce sont les conditions de la participation du pape, mais rien n'a encore été décidé", a-t-il dit.
D'ici là, le pape pourrait à nouveau apparaître à la fenêtre de sa chambre d'hôpital dimanche. Le Vatican a indiqué qu'une décision sur la participation du pape à la prière dominicale de l'Angélus serait prise samedi.
Alors que des pèlerins continuaient régulièrement à venir prier ou chanter sous les fenêtres du pape, le porte-parole a également affirmé que Jean Paul II s'accomodait de l'attention permanente des media.
"Le pape n'est pas fâché par l'attention que les media du monde entier lui portent", a-t-il affirmé jeudi à Radio Vatican, en réponse aux interrogations de nombreux catholiques sur cette forme de "voyeurisme".
Le patriarche de l'Eglise orthodoxe russe Alexis II, pourtant peu favorable au chef de l'Eglise catholique qu'il a empêché de réaliser son rêve de se rendre en Russie, lui a néanmoins fait parvenir un télégramme lui souhaitant de "retrouver rapidement ses forces".

Réflexions d'un chrétien sur la maladie du pape, par Philippe Cibois

LE MONDE | 03.03.05 | 15h40

Pour le spectateur ordinaire, ce qui se passe au Vatican évoque les problèmes que pose la maladie d'un chef d'Etat, avec ses luttes intestines, ses dissimulations, le blocage dans le système de décision. Pour un chrétien, il semblerait qu'une autre image soit suggérée, sinon voulue par le pape lui-même : celle du serviteur souffrant, annoncé par Isaïe.
Jean Paul II s'est présenté à Lourdes "malade parmi les malades" et a fait remarquer récemment dans un message aux malades que la santé n'est pas seulement un bien-être physique ou spirituel, mais aussi une harmonie avec Dieu, à laquelle on ne parvient qu'"à travers le mystère de la Passion, de la mort et de la résurrection du Christ". Comme nous nous rapprochons du temps liturgique de la Passion, l'identification du pape avec le Christ souffrant est tentante.
Il s'agit bien d'une tentation, car ce que nous dit la tradition est que Pierre est le roc, et le jeu sur ce nom remonte aux origines, sinon aux paroles de Jésus : il s'agit du roc sur lequel on construit solidement une organisation. Le rôle du successeur de Pierre, quelle que soit l'interprétation qu'en donnent les différentes Eglises, est fonctionnel : il a une autorité didactique et disciplinaire, qu'il partage avec d'autres (le "tout ce que vous lierez sur la terre se trouvera lié dans le ciel" est collectif et non lié à la personne de Pierre).
La hiérarchie qui succède aux Apôtres (les évêques) et à Pierre (le pape) a une mission sur terre, celle de conduire le peuple de Dieu, comme l'a rappelé le dernier concile, indiquant ainsi que l'Eglise est une communauté dans laquelle on est aidé à vivre sa foi, ce qui suppose une organisation. De ce fait, le rôle de la hiérarchie en général et du pape en particulier est fonctionnel, et, pour accomplir sa mission, il doit être en état de le faire.
Dans toutes les organisations humaines, il y a un âge de la retraite. Les personnes à la retraite peuvent être encore socialement utile, mais, si on accède aux postes de responsabilités avec l'âge, la retraite vient empêcher que les décisions soient prises par des gens incapables d'assumer leur rôle.
L'Eglise fixe une limite d'âge de 75 ans pour les évêques. On peut s'étonner que le pape ne respecte pas la règle qui s'impose aux autres. Certes, l'exception est prévue par le droit canonique, et le pape ne fait là que suivre la pratique des hommes politiques, qui ne sont pas concernés non plus par la limite d'âge. Les chefs d'Etat, par exemple en France, ne sont pas critiqués pour leur âge (sauf par ceux qui voudraient bien prendre leur place), mais leur état de santé est surveillé. L'opinion a mal supporté la maladie de Georges Pompidou et c'est la maladie cachée de François Mitterrand qui a été une affaire d'Etat, non son âge.
Mais toute atteinte de l'âge est niée, car le devoir d'Etat d'un chef d'Etat est d'être en état de tenir son rôle, et donc d'être opérationnel. Ce n'est plus le cas du pape, ce qui laisserait supposer que soit c'est son entourage qui décide, soit le travail pontifical se réduit à peu de choses, ce qui est peu probable.
Quant au témoignage d'union à la Passion, à la mort et à la résurrection du Christ que donnerait le pape, c'est sa manière de reprendre à son compte le langage traditionnel de l'Eglise, fait d'abandon au Père et de refus de la peur. Le pape, comme chaque chrétien, doit vivre porté par l'espérance du royaume à venir et en témoigner, mais il doit d'abord accomplir son devoir d'Etat de dirigeant. S'il ne le fait pas, il outrepasse son rôle et peut donner raison à ceux qui lui reprochent de refuser de reconnaître la situation pour des raisons trop humaines, comme on en fait reproche aux chefs d'Etat qui s'accrochent au pouvoir. Si témoignage il doit y avoir de la manière de diriger une institution selon l'Evangile, c'est celle de l'oubli de soi, de l'effacement au profit de la mission : il y a une manière évangélique d'être un homme de pouvoir, en acceptant, au temps voulu, de le perdre.

Philippe Cibois est sociologue professeur à l'université de Versailles-Saint-Quentin.
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 04.03.05

La santé du pape en amélioration continue (Vatican)

AFP | 03.03.05 | 12h46

La santé du pape Jean Paul II est "en amélioration continue" et "il s'alimente régulièrement", a affirmé jeudi le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls, sans donner cependant aucune date précise sur la sortie du souverain pontife."Les conditions de santé du pape sont en amélioration progressive et continue. Le pape s'alimente régulièrement et passe quelques heures par jour sur son fauteuil. La cicatrice chirurgicale est en voie de guérison", a déclaré M. Navarro-Valls à la presse au Vatican.Le porte-parole n'a donné aucune indication précise jeudi sur une date de sortie de l'hôpital de Jean Paul II mais, répondant à une question des journalistes, il a déclaré : "Pâques, c'est possible".Le prochain communiqué sur l'état de santé de Jean Paul II sera rendu public le lundi 7 mars à la mi-journée, a ajouté le porte-parole.

Le pape pourrait vivre plusieurs années mais il doit se reposer

Thu March 3, 2005 10:31 AM CET

par Crispian Balmer

ROME (Reuters) - Jean-Paul II pourrait vivre encore quelques années à la double condition qu’il prenne le temps de se rétablir après la trachéotomie subie le 24 février et réduise au minimum ses activités, estiment des experts médicaux.
"Le pape est un malade qui devrait vivre encore quelques années tout en s’affaiblissant un peu plus au fil du temps", pronostique le Pr Gianni Pezzoli, directeur de l’association italienne de lutte contre la maladie de Parkinson.
Les craintes que Jean-Paul II contracte une pneumonie sont aujourd’hui dissipées et sa convalescence se déroule bien à en croire le Vatican, qui insiste sur la parole et l’appétit retrouvés du pape polonais.
L’équipe médicale devra prendre deux décisions importantes dans les jours et semaines à venir pour rendre au pape ses moyens: retirer le tube de la trachéotomie le moment venu et choisir la date de sortie de l’hôpital Gemelli.
Selon le Pr Robert Filippo, ORL à l’université Sapienza de Rome, les médecins devraient enlever le tube dès que possible pour éviter tout risque d’infection.
D’autres spécialistes jugent au contraire que le maintien du tube permettrait de garder les poumons dégagés pour un homme de 84 ans qui souffre d’insuffisance respiratoire.

IMPROBABLE D’ICI PAQUES

Les personnes atteintes de Parkinson souffrent d’une faiblesse musculaire qui rend la toux difficile. Il devient donc moins facile de dégager les poumons et d’avaler des aliments qui risquent dans certains cas de tomber dans la trachée et d’infecter les poumons.
Laisser le tube réduirait ce risque et permettrait aux médecins d’intervenir en cas d’urgence, au cas où la respiration du pape venait à s’arrêter.
Le Vatican n’a toujours pas indiqué quand Jean-Paul II quitterait l’hôpital Gemelli, mais certains médecins estiment qu’il y a peu de chances qu’il regagne ses appartements pontificaux d’ici le dimanche de Pâques 27 mars.
De retour au Vatican, la priorité numéro un pour le pape sera le repos.
"Les patients atteints de la maladie de Parkinson souffrent de fatigue et ont besoin d’une longue convalescence", explique Sheila Scott, de la Parkinson’s Disease Society de Londres.
Jean-Paul II quant à lui apparaît déterminé à rester à la tête de l’Eglise catholique.
Puisqu’aucun de ces médecins n’ose lui dire de démissionner de sa charge — un cas rarissime prévu dans le droit canon sous le nom de "renonciation" —, les experts médicaux soulignent que son entourage devra alléger au maximum sa charge de travail dans les mois à venir.

Le pape va mieux, mais pas de date de sortie fixée pour le moment

LEMONDE.FR | 03.03.05 | 16h42

La santé du pape Jean Paul II est "en amélioration continue", et "il s'alimente régulièrement", a affirmé, jeudi 3 mars, le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls, sans donner cependant aucune date précise sur la sortie du souverain pontife de l'hôpital.
L'état de santé du pape Jean Paul II continue à s'améliorer de manière progressive une semaine après sa trachéotomie, a déclaré, jeudi 3 mars, le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls.
"Les conditions de santé du pape sont en amélioration progressive et continue. Le pape s'alimente régulièrement et passe quelques heures par jour sur son fauteuil. L'ouverture pratiquée est en voie de cicatrisation", a déclaré M. Navarro-Valls à la presse au Vatican. Le porte-parole n'a donné aucune indication précise, jeudi, sur une date de sortie de l'hôpital de Jean Paul II, mais il n'a pas exclu que le pape puisse regagner le Vatican pour Pâques.
"Je le dirai quand les médecins me le diront. Il n'y a pas de date précise. Je ne vais pas donner une date comme probable parce qu'elle pourrait changer dans un sens positif comme dans un sens négatif", a déclaré M. Navarro-Valls. Relancé par les journalistes pour savoir si cela pourrait se produire pour les fêtes de Pâques, il a répondu : "Avant Pâques? C'est possible, mais je ne suis pas en mesure moi-même d'indiquer une date."

" GRANDE ENVIE DE RENTRER AU VATICAN "

"Le pape a une grande envie de rentrer au Vatican, cela me semble évident, mais en même temps il accepte les conseils des médecins", a-t-il ajouté. M. Navarro-Valls a ajouté que "les sessions de rééducation de la respiration et de la parole se poursuivent quotidiennement avec la collaboration efficace du pape".
M. Navarro-Valls a également insisté sur le fait que les communiqués sur l'état de santé du pape étaient rédigés par l'équipe médicale assurant le suivi de Jean Paul II. Au cours de la première hospitalisation du pape début février, cet Espagnol, médecin de formation, avait été critiqué pour l'opacité de ses informations sur la santé du souverain pontife.
"Toutes les informations à caractère clinique dans le bulletin du Vatican émanent toujours de l'équipe médicale coordonnée par le médecin personnel du pape, Renato Buzzonetti", a-t-il dit.

INCERTITUDE POUR PÂQUES

La durée de la convalescence de Jean Paul II, hospitalisé le 24 février pour la deuxième fois en un mois pour des problèmes respiratoires, reste pour l'instant toujours incertaine. Personne n'est en mesure de dire à quelle date le pape quittera l'hôpital Gemelli ou s'il participera aux cérémonies de Pâques à la fin du mois.
Joaquin Navarro-Valls a souligné que le programme des cérémonies de Pâques, qui culmine le dimanche 27 mars, a été maintenu. Mais la présence du pape, qui est âgé de 84 ans, n'est pas assurée.
"C'est une possibilité, mais je ne me risquerai pas à une prédiction", a expliqué Joaquin Navarro-Valls. "Le pape peut exercer sa charge de son lit d'hôpital", a tenu à rassurer le porte-parole du Vatican. Le souverain pontife a déjà tenu plusieurs réunions de travail avec ses proches collaborateurs, comme le secrétaire d'Etat (qui fait office de premier ministre), le cardinal Angelo Sodano, et le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
"Il suit quotidiennement les activités du Saint-Siège et la vie de l'Eglise", a précisé M. Navarro-Valls. Comme la semaine dernière, Jean Paul II devrait apparaître à la fenêtre de sa chambre d'hôpital dimanche. Le prochain bulletin de santé sera publié le lundi 7 mars.

Avec AFP et Reuters

3.02.2005

Pas d'audience générale pour le pape

AP | 02.03.05 | 10:41


CITE DU VATICAN (AP) -- Le pape Jean Paul II ne présidera pas ce mercredi sa traditionnelle audience générale hebdomadaire six jours seulement après sa trachéotomie et alors qu'il a commencé ses exercices pour récupérer sa respiration et rééduquer sa voix tout en continuant, selon le Vatican, à travailler sur les problèmes de l'église depuis sa chambre de la polyclinique Gemelli de Rome.
Le Saint-Siège a fait savoir qu'il n'y aurait pas de remplaçant pour le souverain pontife pour cette audience publique qui, en hiver, se tient traditionnellement dans un auditorium du Vatican et par, beau temps, sur la place Saint-Pierre.
L'agence italienne ANSA a rapporté mercredi que le pape âgé de 84 ans a passé une nuit reposante.
De son côté, le cardinal Achille Silvestrini déclare dans les colonnes du quotidien «Corriere della Sera» que «les médecins nous donnent des nouvelles encourageantes mais nous devons attendre». «Il est sympathique de voir l'intérêt que suscite la personnalité du Saint-Père», ajoute Mgr Silvestrini en référence à l'attention intense des médias. «Mais peut-être que les médias aussi devraient tenir compte du fait que le pape a besoin de repos».
L'audience générale est un exercice particulièrement apprécié par Jean Paul II et, la semaine dernière, un jour avant son hospitalisation, il s'était adressé aux fidèles via une vidéoconférence depuis le Vatican mais n'avait pu se rendre à l'auditorium.
Mardi, l'un des proches du souverain pontife, le cardinal Joseph Ratzinger, a déclaré que le pape a parlé avec lui en allemand et en italien. «Le pape m'a parlé en allemand et en italien. Je suis heureux de dire que le Saint-père est complètement alerte mentalement et aussi capable de dire les choses essentielles», avait affirmé le cardinal Ratzinger.
Dans la matinée, le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls, avait déclaré aux journalistes devant la polyclinique Gemelli de Rome que l'état de santé du souverain pontife continuait de s'améliorer. «Il va bien et son état s'améliore», a-t-il assuré. Il «a passé une bonne nuit» et s'apprêtait à concélébrer la messe dans sa chambre, située au 10e étage de la clinique. «Tout est normal. C'est un bon patient», a-t-il ajouté. AP

Le pape prévoit toujours de se rendre en Allemagne cet été --par Brian Murphy--

AP | 02.03.05 | 18:38

CITE DU VATICAN (AP) -- Le pape Jean Paul II prévoit toujours d'effectuer une voyage en Allemagne cet été à l'occasion des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), pour son seul déplacement à l'étranger prévu cette année, a annoncé mercredi le cardinal qui accueillera cet événement.
Le cardinal de Cologne, Joachim Meisner, a précisé qu'il espérait voir le souverain pontife à la mi-août pour ces JMJ, qui rassembleront des jeunes du monde entier. Le Vatican a aussi laissé entendre que le pape s'y rendrait si sa santé lui permet.
«Ce n'est pas important que le pape parle avec les nombreux, nombreux jeunes, mais c'est sa présence qui est importante», a déclaré le cardinal Meisner à l'issue d'une visite qu'il a rendue au pape à la polyclinique Gemelli de Rome. Il a ajouté que Jean Paul II l'avait accueilli en lui disant: «Je suis content de vous voir ici».
Le pape, qui n'avait prévu qu'un seul voyage à l'étranger cette année, aux JMJ, a effectué 104 déplacements à l'étranger au cours de ses 26 années de pontificat.
Jean Paul II n'a pas présidé mercredi sa traditionnelle audience générale hebdomadaire six jours seulement après sa trachéotomie et alors qu'il a commencé ses exercices pour récupérer sa respiration et rééduquer sa voix tout en continuant, selon le Vatican, à travailler sur les problèmes de l'église depuis sa chambre de la polyclinique Gemelli de Rome.
Le Saint-Siège avait fait savoir qu'il n'y aurait pas de remplaçant pour le souverain pontife pour cette audience publique qui, en hiver, se tient traditionnellement dans un auditorium du Vatican et, par beau temps, sur la place Saint-Pierre.
L'agence italienne ANSA a rapporté mercredi que le pape âgé de 84 ans avait passé une nuit reposante.
De son côté, le cardinal Achille Silvestrini a déclaré dans les colonnes du quotidien «Corriere della Sera» que «les médecins nous donnent des nouvelles encourageantes mais nous devons attendre». «Il est sympathique de voir l'intérêt que suscite la personnalité du Saint-Père», a ajouté Mgr Silvestrini en référence à l'attention intense des médias. «Mais peut-être que les médias aussi devraient tenir compte du fait que le pape a besoin de repos».
L'audience générale est un exercice particulièrement apprécié par Jean Paul II et, la semaine dernière, un jour avant son hospitalisation, il s'était adressé aux fidèles via une vidéoconférence depuis le Vatican mais n'avait pu se rendre à l'auditorium.
Mardi, l'un des proches du souverain pontife, le cardinal Joseph Ratzinger, a déclaré que le pape avait parlé avec lui en allemand et en italien. «Le pape m'a parlé en allemand et en italien. Je suis heureux de dire que le Saint-père est complètement alerte mentalement et aussi capable de dire les choses essentielles», avait affirmé le cardinal Ratzinger.
Dans la matinée, le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls, avait déclaré aux journalistes devant la polyclinique Gemelli de Rome que l'état de santé du souverain pontife continuait de s'améliorer. «Il va bien et son état s'améliore», a-t-il assuré. Il «a passé une bonne nuit» et s'apprêtait à concélébrer la messe dans sa chambre, située au 10e étage de la clinique. «Tout est normal. C'est un bon patient», a-t-il ajouté. AP
Privé de contact avec les fidèles, Jean Paul II prépare Pâques

AFP
[mercredi 02 mars 2005 - 13h24]

CITE DU VATICAN (AFP) - Jean Paul II, toujours hospitalisé à Gemelli, n'a pas tenu mercredi d'audience générale, rendez-vous traditionnel avec les fidèles, mais ne désespère pas de participer aux célébrations de Pâques dans deux semaines, fut-ce de manière réduite.
Sans attendre le prochain bulletin de santé prévu jeudi, et sans même savoir si le pape sera sorti d'hôpital le 20 mars, premier jour de Semaine Sainte, le Vatican a commencé à travailler sur divers scénarios, selon la presse.
Le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro Valls, qui est resté une heure et demie à la polyclinique Gemelli mercredi matin, n'a fait aucune déclaration à sa sortie.
La veille, il avait lâché que le pape se montrait "un bon patient" et poursuivait sa rééducation de la voix nécessitée par la trachéotomie qu'il a subie le 24 février.
Venu un peu plus tard pour une réunion de travail avec Jean Paul II, le cardinal allemand Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation de la doctrine de la foi, avait même indiqué que le pape lui avait parlé "en italien et en allemand".
Un spécialiste en otorhino-laryngologie, le Pr Oskar Schindler, de l'Université de Turin, a estimé dans le quotidien La Repubblica que "pour retrouver les conditions dans lesquelles le pape se trouvait avant d'être hospitalisé, il faudra entre trois et quatre semaines", soit après Pâques.
Mais Jean Paul II a toujours déjoué tous les pronostics et beaucoup s'attendent à le voir prononcer quelques mots de la fenêtre de sa chambre d'hôpital dès dimanche prochain pour l'Angélus.
Déjà mercredi matin, une centaine de pélerins polonais, déçus de l'annulation de l'audience générale, se sont massés devant l'hôpital pour apporter leur soutien au souverain pontife, dans l'espoir de l'apercevoir. Mais les persiennes de la fenêtre où Jean Paul II était apparu par surprise dimanche dernier sont restées aux trois-quarts baissées.
Les pèlerins, parmi lesquels une vingtaine de personnes handicapées physiques, avaient apporté des fleurs et ont entonné des chants religieux.
Par ailleurs, les ambassadeurs de six pays orthodoxes auprès du Saint-Siège (Russie, Bulgarie, Serbie-Monténégro, Roumanie, Chypre, Grèce), ont apporté au pape une icône de la Madone, en hommage à l'attachement du pape à cette figure.
En tout état de cause, indique-t-on de source vaticane, la participation de Jean Paul II aux huit célébrations marquant la semaine Sainte (du dimanche des Rameaux, le 20 mars, au dimanche de Pâques le 27) devrait être encore réduite par rapport à celle de Pâques 2004.
Personne n'imagine sérieusement que le souverain pontife puisse par exemple être physiquement présent au chemin de croix du vendredi saint, si celui-ci est maintenu au Colisée comme chaque année.
Si Jean Paul II reste hospitalisé, l'hypothèse d'un chemin de croix organisé dans les couloirs du Gemelli semble hautement improbable, car la foule des pèlerins ne pourrait pas y participer.
Le quotidien Il Messaggero avance trois hypothèses: si le pape est toujours à l'hôpital, il pourrait suivre les cérémonies à la télévision, et son image serait projetée sur des écrans géants à proximité du Colisée.
Même scénario s'il rentre au Vatican mais n'a pas la force, ou l'autorisation des médecins, de prendre une part active à cette célébration et doit demeurer dans ses appartements.
Enfin, s'il veut -- et peut -- participer activement au chemin de Croix, celui-ci pourrait alors être exceptionnellement transféré place Saint-Pierre, écrit le journal.

DICHIARAZIONE DEL DIRETTORE DELLA SALA STAMPA DELLA SANTA SEDE, DR. JOAQUÍN NAVARRO-VALLS

A fine mattinata, il Direttore della Sala Stampa della Santa Sede, Dr. Joaquín Navarro-Valls, ha rilasciato ai giornalisti la seguente dichiarazione:
S.E. il Sig. Jean Ping, Ministro degli Affari Esteri del Gabon e Presidente della 59ma Assemblea Generale dell’Organizzazione delle Nazioni Unite, ha fatto visita stamani, 2 marzo 2005, a Sua Eminenza il Cardinale Angelo Sodano, Segretario di Stato. Al colloquio hanno assistito S.E. Mons. Giovanni Lajolo, Segretario per i Rapporti con gli Stati, e S.E. Desiré Koumba, Ambasciatore del Gabon presso la Santa Sede.
S.E. Ping ha chiesto anzitutto di presentare al Santo Padre l’espressione del deferente cordiale saluto e dei migliori auguri da parte dell’ONU e sua personale.
Nel corso del colloquio si sono prese in esame le prospettive di riforma dell’ONU, al presente in avanzata fase di elaborazione, la situazione, ancora preoccupante, di diversi Paesi dell’Africa, con particolare riferimento all’azione dell’Unione Africana. Sono stati pure toccati alcuni aspetti concernenti la collaborazione tra Chiesa e Stato nel Gabon, dove è in vigore un accordo-quadro tra la Santa Sede e la Repubblica gabonese del 1997.

[00276-01.01]

[B0119-XX.01]

Jean Paul II a réussi à parler et s'occupe des affaires de l'Eglise

TAGEBLATT

Le pape Jean Paul II, qui a recommencé à s'occuper des affaires de l'Eglise et a pu prononcer quelques mots, est en mesure de dire par lui-même »les choses essentielles», a affirmé mardi le cardinal allemand Joseph Ratzinger après l'avoir rencontré.
»Le Saint-Père a parlé avec moi en allemand et en italien. Il s'est montré très présent et il travaillera sur les dossiers que je lui ai apportés», a déclaré Mgr Ratzinger, le puissant préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et doyen du Sacré Collège, l'assemblée des cardinaux.
Les assurances du cardinal devraient contribuer à apaiser les inquiétudes sur un silence prolongé du pape, après la trachéotomie qu'il a subie jeudi dernier et sur sa capacité à diriger l'Eglise.
Comme on lui demandait si Jean Paul II, 84 ans, pouvait effectivement parler, le cardinal Ratzinger a répondu: »Bien sûr». »Nous ne sommes pas entrés dans les détails, mais il a dit les choses essentielles avec ses propres mots», a-t-il ajouté.
Le porte-parole du Vatican Joaquin Navarro-Valls avait indiqué plus tôt dans la matinée que »tout était normal» et que le pape continuait à faire des exercices pour recouvrer l'usage de sa voix.
Il avait ajouté qu'au moment où il quittait l'hôpital, Jean Paul II se préparait pour la messe. Selon l'Osservatore Romano, Jean Paul II célèbre chaque jour une messe avec ses secrétaires particuliers, lit son bréviaire, et pratique des examens de conscience.
Des spécialistes ont toutefois estimé qu'il faudrait du temps avant que le pape ne puisse reparler normalement. Paola Calcagno, oto-rhino-laryngologiste de la Fondation Santa Lucia, a ainsi estimé dans le quotidien Corriere della Sera qu'»il faudrait probablement des semaines» pour que Jean Paul II soit en mesure de parler et respirer normalement.
Elle estime que la canule, le tube de plastique implanté à la base du cou du pape pour l'aider à respirer a dû »être remplacée par un dispositif à fenêtre, c'est-à-dire une canule équipée d'un clapet dans sa partie supérieure permettant à l'air de passer de la trachée au larynx où se trouvent les cordes vocales».
Selon des médecins, le maintien de la canule pour une durée indéterminée, voire pour toujours, constituerait une bonne solution car elle contribuerait à libérer le pape de ses difficultés respiratoires et du risque d'étouffement, qui devraient s'aggraver avec la progression de la maladie de Parkinson.
Sur Radio Vatican, le cardinal Ratzinger a déclaré avoir reçu une lettre d'une association de malades atteints de la maladie de Parkinson, qui »remercie le pape d'aider les malades à assumer leur image, parce que le Saint-Père a le courage d'apparaître en public comme une personne qui souffre et qui continue à travailler», a-t-il indiqué.
Dans une interview au quotidien français Le Monde, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, a fait valoir que »le Saint-Siège était rodé» et que »tout était prêt à la Curie pour traverser cette période difficile», avec un pape malade.
»Le pape sait et saura toujours exprimer sa pensée personnelle, sa volonté sur ce que j'appelle l'essentiel: à savoir donner une parole de paix pour le monde et de compassion pour les victimes», a-t-il dit, avant d'ajouter: »Si, pour un temps, il n'était plus en mesure d'assurer sa prédication chaque mercredi aux pèlerins de Rome, ce ne serait pas grave».
Le Vatican a annoncé que la traditionnelle audience générale, prévue mercredi, était annulée et que Jean Paul II ne se ferait pas remplacer.
Depuis jeudi dernier, date de la nouvelle hospitalisation, le Vatican s'emploie à rassurer les fidèles sur l'état de santé du souverain pontife.
On ignore toutefois encore combien de temps durera son hospitalisation et quelle sera sa participation aux célébrations de Pâques qui débutent dans trois semaines.
Les cérémonies de la semaine pascale sont nombreuses et particulièrement éprouvantes pour le souverain pontife. Mais on imagine mal son absence totale à la principale fête religieuse catholique marquant la résurrection du Christ.
Selon un sondage du quotidien USA Today et de la chaîne de télévision CNN, 51% des catholiques américains pensent que Jean Paul II doit rester sur le trône de Saint-Pierre jusqu'à sa mort et 43% jugent qu'il devrait démissionner en raison de son état de santé.

VATICAN - Comment Jean-Paul II a verrouillé sa succession

Depuis dix ans, le pape Jean-Paul II est régulièrement malade, parfois hospitalisé, toujours rétabli. A chacune de ses défaillances, les spéculations sur son successeur vont bon train. Mais rien ne filtrera des coulisses du Vatican, car "en 1996 Karol Wojtyla a réglé dans les moindres détails les modalités d'élection du futur pape dans la 'Constitution apostolique Universi Dominici Gregis sur la vacance du siège apostolique et l'élection du pontife romain'", explique Le Temps. Le paragraphe 81 de la Constitution est éloquent : "Que les cardinaux électeurs s'abstiennent de toute espèce de pactes, accords, promesses ou autres engagements de quelque ordre que ce soit, qui pourraient les contraindre à donner ou à refuser leur vote à un ou plusieurs candidats. Si ces choses se produisaient de fait, même sous serment, je décrète qu'un tel engagement est nul et non avenu, et que personne n'est obligé de le tenir ; et, dès à présent, je frappe d'excommunication 'latae sententiae' les transgresseurs de cette interdiction."
"On l'aura compris : l'élection du successeur se déroulera sans candidat ni programme électoral", commente le quotidien suisse. "Les princes de l'Eglise ne pourront évoquer la succession de Jean-Paul II qu'après la mort de ce dernier, lors des réunions préparatoires qui précéderont le conclave." Pour Le Temps, "cette obsession du secret s'explique par la mystique personnelle de Jean-Paul II. Selon lui, le choix des cardinaux doit être l'expression de la volonté divine, et non celle des pouvoirs civils ou médiatiques. Aucune ingérence extérieure ne sera donc tolérée."
Pour verrouiller totalement le secret, Jean-Paul II a prévu d'isoler le Collège cardinalice en interdisant pendant toute la durée du conclave l'introduction dans la chapelle Sixtine de "tout genre d'appareils techniques qui servent à enregistrer, à reproduire ou à transmettre les voix, les images ou les écrits", précise Le Temps, avant de rappeler : "En 1978, lors du conclave qui élut Karol Wojtyla à la papauté, les cardinaux, électeurs ou non, avaient encore la possibilité de s'entretenir avec les médias lors de la phase préparatoire. Cette faveur ne leur sera plus accordée."
Le pape n’a rien laissé au hasard. La Constitution apostolique Universi Dominici Gregis règle tous les détails et les procédures de l'élection, "du format du bulletin de vote aux prières à prononcer", souligne le quotidien. Malgré tout, l'archevêque de Chicago, Francis George, n'a pu s'empêcher de déclarer, le dimanche 27 février, qu'il serait "irresponsable de ne pas penser à la succession du pape alors que sa santé faiblit". Chaque cardinal doit bien avoir son favori, mais, sous peine d'excommunication, il se garde bien d’en parler en public ou même de partager ses réflexions avec ses collègues.

Le quatrième pontificat de l’histoire par la durée

Par Elie MARECHAL
[LE FIGARO, 16 octobre 2003]


Dans la course de la papauté au long des siècles, s’alignent marathoniens tel Jean-Paul II et sprinters tel Jean-Paul Ier. Depuis l’apôtre Pierre, mandaté par le Christ pour «confirmer ses frères dans la foi», la durée des 263 (264, si l’on intègre Pierre) pontificats légitimes de l’histoire a été variable.
Le plus long pontificat après celui de saint Pierre (de 30 à 64) est celui de Pie IX (1846-1878), soit 31 ans, 7 mois et 21 jours. Léon XIII, son successeur élu exactement un siècle avant Jean-Paul II, mourut en 1903, achevant un pontificat de 25 ans et 5 mois. Viennent ensuite Pie VI (1775-1799 : 24 ans et 6 mois), Adrien Ier (772-795 : 23 ans et 11 mois), Pie VII (1800-1823 : 23 ans et 5 mois). Aujourd’hui, les vingt-cinq ans de règne de Jean-Paul II place celui-ci en quatrième position parmi les papes qui ont régné le plus longtemps.
La durée moyenne des pontificats avant celui de Jean-Paul II premier Pape non italien depuis cinq siècles est de 7 ans et 11 mois. On se souvient de la brièveté «le temps d’un sourire», a-t-on dit du pontificat de Jean-Paul Ier (33 jours). Mais, à peine élu en 752, Étienne II mourut quatre jours après, avant même d’être intronisé : pour cette raison, il ne figure pas dans la théorie officielle des pontifes, son successeur prenant le même nom.
Le plus vieux pape fut Léon XIII, qui mourut à 93 ans et 140 jours, en 1903. Quant au plus jeune, Benoît IX, il fut élu à 12 ans en 1032 et mourut 13 ans plus tard. Cent quarante-sept papes sont ensevelis à Saint-Pierre. Deux cent dix-neuf papes sont heureusement morts de mort naturelle ; 44, de mort violente, dont 37 comme martyrs attestés ou présumés. Six ont été assassinés. Jean XXI succomba en 1277, par suite de l’effondrement d’un plafond : il ne régna qu’un an.
Ce recensement ne tient pas compte des 38 anti-Papes et d’une dizaine d’autres dont, selon une légende, une femme (Jeanne) déguisée en homme , plongés dans les démêlés de l’Histoire qui a compté quinze papes français. Enfin, la sainteté n’étant pas affaire d’âge, on notera que 78 papes ont été canonisés, et 8 béatifiés. Le plus récent de ces bienheureux est Jean XXIII qui régna (seulement !) cinq ans. Voilà un des sprinters, à côté du marathonien Jean-Paul II, recordman sans conteste des papes globe-trotters.

Une Eglise devenue plus universelle

Par Alain BARLUET
[LE FIGARO 16 octobre 2003]


Sous le pontificat de Jean-Paul II, la « planète catholique » a changé. Evolution démographique, d’abord. Depuis 1978, le nombre de catholiques est passé de 757 millions à plus d’un milliard. Ce cap symbolique a été franchi avec le tournant du siècle : 1,045 milliard, indique l’Annuaire statistique de l’Eglise, dont la dernière édition parue, celle de 2002, porte sur les chiffres de l’an 2000.
Une précision s’impose concernant ces données qui reposent sur le nombre des baptisés, calculé sur la base des déclarations des diocèses à travers le monde. Des chiffres qui, compte tenu de la grande disparité des moyens statistiques d’un pays à l’autre, ne sauraient être qu’indicatifs. D’autant plus que le baptême ne traduit pas, à lui seul, l’entière réalité de la vie chrétienne.
Aujourd’hui, sur cent catholiques, cinquante vivent sur le continent américain, vingt-sept en Europe, douze en Afrique, dix en Asie et un en Océanie. Il y a vingt-cinq ans, trente-cinq étaient européens pour seulement huit asiatiques et sept africains. En un quart de siècle, les effectifs de l’Eglise catholique ont progressé de 38 %.
- Un basculement Nord-Sud. Le véritable bouleversement est d’ordre géographique. Comme le souligne Bernard Lecomte dans sa toute récente biographie du Pape, la grande majorité des catholiques (87 %) vit désormais dans la moitié australe du monde, alors qu’il y a à peine plus d’un siècle, ils étaient massivement installés dans l’hémisphère nord (1). Le glissement continental est spectaculaire.
C’est le cas pour le continent américain, où la baisse des effectifs au nord est compensée par le dynamisme de l’Amérique latine. L’Europe chute très sensiblement tandis que la progression de l’Afrique et de l’Asie apparaît impressionnante. Une nouvelle répartition qui préfigure le futur visage de l’Eglise : près d’un quart des séminaristes sont désormais asiatiques (pour 18 % en 1978) et plus de 18 % africains (9 % il y a 25 ans). L’Amérique latine constitue désormais le principal terrain d’enracinement du catholicisme dans le monde. Environ 90 % de la population y est chrétienne et 80 % catholique.
Berceau de la « théologie de la libération », cette région en proie à de forts déséquilibres sociaux est restée une sorte de « laboratoire doctrinal » pour l’Eglise. Celle-ci y est néanmoins confrontée à une offensive des puissantes Eglises pentecôtistes nord-américaines. L’Amérique du Nord regroupe 71 millions de catholiques (sur 250 millions d’habitants). Aux Etats-Unis, le catholicisme est devenu la première confession chrétienne grâce à l’immigration latino-américaine et vietnamienne qui est venue s’ajouter aux souches italienne et irlandaise. Face au morcellement des protestants (première confession chrétienne en Amérique du Nord), les catholiques bénéficient d’une relative unité.
L’Europe a subi de plein fouet les difficultés liées au vieillissement de sa population et à la sécularisation croissante. En vingt-cinq ans, le nombre de baptisés y est passé de 266 000 à 280 000, soit une progression en valeur absolue limitée à 5 %. Les vocations sont peu nombreuses.
En France, par exemple, les séminaristes étaient 1 161 en 1992 et seulement 927 en 2001. Sur cette même période, toujours en France, les ordinations de prêtres ont baissé (126 en 1992 ; 125 en 2001 avec un étiage à 96 en 1995). Un certain renouveau se traduit néanmoins par l’augmentation des baptêmes d’adultes (21 000 en 2000 dans les paroisses françaises contre seulement 14 000 en 1991).
L’Afrique a connu plus qu’un doublement de sa population catholique (+137 %). Une progression qui a surtout concerné le sud du continent, le nord demeurant majoritairement musulman. La République démocratique du Congo regroupe à elle seule 20 % des catholiques d’Afrique. Les candidats au sacerdoce ont presque quadruplé en 25 ans (passant de 6 000 à 20 000) et le nombre de prêtres a augmenté de 60 % (17 000 à 27 000). Cette Eglise en pleine expansion est devenue missionnaire sur son propre terrain : si un évêque sur cinq est un étranger (souvent européen), les Africains se sont largement substitués aux missionnaires étrangers d’antan.
L’Asie est une région où l’Eglise catholique demeure ultra-minoritaires. Certes, en un quart de siècle, le nombre de baptisés y a progressé de 70 %, les prêtres de 57 % et les séminaristes de 125 %. Mais sur ce continent en pleine expansion démographique et où les confessions non chrétiennes sont fortement enracinées, les catholiques constituent moins de 3 % de la population totale (2,5 % en 1978). Les Philippines, la Corée, le Vietnam, le sud de l’Inde apparaissent comme des « bastions » catholiques.
Plus que jamais, cette région si rétive à l’évangélisation demeure une terre de mission pour l’Eglise de demain.
L’Océanie regroupe moins de 1 % des catholiques. Les protestants sont majoritaires dans les îles du Pacifique et cette immense région faiblement peuplée connaît une prolifération de sectes issues notamment des courants fondamentalistes évangéliques américains.
- Moins de religieux, davantage de laïcs. Le pontificat de Jean-Paul II aura été placé sous le signe d’un engagement de plus en plus grand des laïcs. Le nombre de diacres permanent a explosé, passant de 5 562 en 1978 à 27 824 en 2000 (+400%). Une mue très significative pour l’Eglise, dans la mesure notamment où le phénomène concerne des régions touchées par la montée de l’indifférence religieuse. Les effectifs de diacres ont ainsi progressé de 677 % en Europe, où ils sont passés de 1 133 à 8 813.
Parallèlement, le nombre de religieux a fortement reculé ( 12 % depuis 1978) malgré une légère hausse globale des prêtres diocésains (+ 1,25 %). Ainsi, en Europe, les statistiques indiquent un recul de 16 % des prêtres (religieux et diocésains) et le continent américain, en vingt-cinq ans, n’a pas vu augmenter les ordinations. C’est en bonne partie désormais sur les épaules des laïcs que repose l’avenir de l’Eglise et la transmission de la foi.
- Une nouvelle carte de l’Eglise. Telles qu’elles apparaissent à travers les chiffres, les grandes tendances du catholicisme mondial montrent une Eglise plus « universelle », déployant largement ses bannières hors de ses zones d’implantation traditionnelles. Une nouvelle carte qui lui impose un nouveau défi : rester « une » tout en étant diverse. A l’avenir, ce nouvel équilibre pèsera aussi, inévitablement, sur son gouvernement. Au Sacré Collège, les Occidentaux (Europe et Amérique du Nord) représentent aujourd’hui 59 % des cardinaux électeurs (80 sur 135). Les Latino-Américains (24 cardinaux électeurs), les Africains (13) et les Asiatiques (13) constitueront néanmoins une puissante minorité au sein du futur conclave. Et aucune décision ne se fera sans elle.
(1) Jean-Paul II, Gallimard.

Théâtre de soutanes

Rebonds

Quotidienne

Par Pierre MARCELLE
mercredi 02 mars 2005

Découvrant que, depuis la mi-février, radios et télés avaient consacré à M. Pape pas moins de trente-deux heures de leurs antennes (voir Libération de mardi), on songea que c'était beaucoup pour nous informer bien peu. C'est que, promené de foules en foules entre la clinique Gemelli et la place Saint-Pierre, nous ne cessions de chercher, derrière des murs épais, des vitres opaques et des ferveurs extatiques, les signes de ce qui, annonçant une disparition, prépare une succession. Brancher ou débrancher, Brejnev, Franco ou le pape, c'est toujours la même question que suggèrent, avec plus ou moins d'urgence, d'acuité ou d'incongruité, de muets indices - pannes de son, angles de caméra, ombres flottant dans le champ - pour dire qu'un pouvoir spirituel aussi a sa hiérarchie, sa diplomatie et ses vanités. Déjà pointent, dans des dépêches très pesées, des perspectives de cabales obscures dans des hypothèses compliquées de gestion des affaires courantes, via un crayon et du papier posés sur un chevet, et un intermédiaire. Un monsignore, déjà surnommé «Don Stanislas» et compatriote de Wojtyla, tiendrait ce rôle qui attise des jalousies rentrées. Cerbère, gouvernante et unique porte-parole désormais, il filtre tout. Des communiqués d'origine vaticane ou médicale affirment que ce sera long. Au coeur du palais, dans des pièces à lourdes tentures ou des couloirs à courtisans, se chuchotent des répétitions générales du protocole. Des scellés se préparent à s'apposer (mais quand ?). On rêve là un Saint-Simon en maraude pour tenir et rapporter les minutes d'une fin qui, pour un peu, prendrait des allures de fin du monde. Dehors, des pèlerins et des touristes clament une foi qui nie la mort et ressemble à une superstition. C'est pain bénit pour les JT et les vidéastes amateurs, dans l'exaspération un peu obscène du «j'y étais». Un brouhaha traverse en long et large la ville des sept collines, qui ne lasse pas, paraît-il, mais est-ce bien sûr ? On suppute beaucoup, on ne sait rien.

 http://www.liberation.fr/page.php?Article=279301

3.01.2005

L'opacité du Vatican irrite les journalistes

Le mardi 1er mars 2005
ÉTAT DE SANTÉ DU PAPE

Isabelle Hachey
La Presse (Cnd)
Rome

Depuis trois jours, le monde attendait des nouvelles de Jean-Paul II. On l'avait bien entrevu à la fenêtre de sa chambre d'hôpital, dimanche, mais on ne savait rien de son état de santé. À midi, hier, un communiqué a enfin été diffusé.
Cinq petites lignes qui assurent que «la phase postopératoire se déroule sans complications» et que «le Saint-Père mange régulièrement, passe quelques heures dans un fauteuil et a commencé des exercices pour réhabiliter sa respiration et sa voix».
Pas de conférence de presse. Pas de contexte. Et pas de nouveau bulletin avant jeudi. Au bureau de presse du Vatican, hier, on pouvait sentir monter la grogne des journalistes. Jamais le service des communications du Saint-Siège, qui s'efforce de se faire le plus rassurant possible sur l'état de santé du frêle souverain pontife, n'a été aussi critiqué. Les médias réclament un bulletin de santé quotidien, détaillé et signé par les médecins; ils ne reçoivent que des bribes d'information, accompagnées d'anecdotes aussi insipides qu'invérifiables.
Cette grande noirceur, disent les reporters, est l'oeuvre du porte-parole officiel du Vatican, Joaquin Navarro-Valls, ancien médecin et journaliste espagnol au service du pape depuis 20 ans. Les uns voient dans cet homme de 68 ans un pion avancé par l'obscure organisation Opus Dei dans le but d'infiltrer les plus hauts rangs de l'Église catholique. Les autres le considèrent comme un maître de la manipulation, digne de l'ancien régime soviétique. C'est dire que le porte-parole n'a pas beaucoup d'admirateurs parmi les correspondants du Vatican.

Pape hospitalisé: Jean Paul II a parlé en italien et en allemand

ROME - Jean Paul II, qui a subi une trachéotomie jeudi dernier, a pu parler au cardinal allemand Joseph Ratzinger, en deux langues. Il s'est exprimé en italien et allemand, a déclaré le prélat après avoir vu le souverain pontife à l'hôpital Gemelli de Rome.
«J'ai rendu visite au Saint Père et je lui ai apporté un travail de notre congrégation. Le Saint Père a parlé avec moi en allemand et en italien. Il s'est montré très présent et il travaillera sur les dossiers que je lui ai apportés», a déclaré le cardinal.
«Nous ne sommes pas rentrés dans les détails mais nous nous sommes bornés à l'essentiel», a-t-il ajouté. Mgr Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, est resté une vingtaine de minutes avec le pape.
Auparavant, le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro Valls, avait indiqué que «tout était normal», après avoir rencontré à la clinique l'entourage immédiat du pape et ses médecins. «Le pape se prépare à célébrer la messe», avait-il ajouté.
«Le pape a passé une cinquième nuit tranquille. C'est un bon patient et il continue ses exercices de la voix», avait-il ajouté devant les journalistes.
Le pape qui aura 85 ans le 18 mai a été hospitalisé d'urgence jeudi pour des difficultés respiratoires et les médecins ont décidé de pratiquer une trachéotomie pour l'aider à respirer. Atteint de la maladie de Parkinson, il avait déjà été hospitalisé début février pour des problèmes similaires consécutifs à une grippe.
© ATS

Cardinal Philippe Barbarin : "Le Saint-Siège est rodé : tout est prêt à la Curie pour passer cette période difficile"

LE MONDE | 01.03.05
Entretien avec l'archevêque de Lyon.

Selon un communiqué publié lundi 28 février au Vatican, l'état de santé de Jean Paul II s'améliore "sans complications". Le pape a commencé "des exercices de réhabilitation respiratoire et phonique". Le Monde a rencontré le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, de passage au Vatican.

Croyez-vous que le pape puisse encore continuer à gouverner l'Eglise ?

Le Saint-Siège est rodé : tout est prêt à la Curie pour traverser cette période difficile. De son côté, le pape sait et saura toujours exprimer sa pensée personnelle, sa volonté sur ce que j'appelle l'essentiel : à savoir donner une parole de paix pour le monde et de compassion pour les victimes. Bien sûr, si demain une autre guerre arrivait, si un autre malheur survenait, il faudra qu'on entende la voix de l'Eglise. Mais, sur cet "essentiel", je n'ai pas de crainte : le pape saura se faire comprendre. Si, pour un temps, il n'était plus en mesure d'assurer sa prédication chaque mercredi aux pèlerins de Rome, ce ne serait pas grave.

N'est-on pas face à un vide ?

Le pape n'est pas un chef d'Etat comme les autres. Ce qui ne serait pas pensable au niveau d'un Etat l'est pour l'Eglise, qui n'est pas un Etat comme les autres. Bien sûr, ce silence peut paraître contradictoire avec la fonction d'un pape qui est d'annoncer la foi. Et son immobilité, contradictoire avec le rôle d'un pasteur qui est de marcher à la tête de son troupeau. Il n'empêche que, mystérieusement, Jean Paul II continue sa mission alors que, pour l'instant, il ne peut plus parler. Au début du christianisme, l'apôtre Pierre est celui qui parle et prêche, tandis que l'apôtre Jean qui l'accompagne ne parle pas, alors qu'il avait été le témoin des heures tragiques de la croix. Pierre fut-il pour autant meilleur apôtre que Jean ?

Faites-vous partie des cardinaux qui souhaitent un exercice du pouvoir moins solitaire ?

Dès le début, Jean Paul II a conçu sa mission comme celle d'un pape qui conduit son peuple en enseignant la foi ; il a fait entendre la voix des pays les plus pauvres, il a contribué à la réunification des chrétiens et au dialogue entre toutes les religions. Dans ces domaines, il a donné un témoignage extraordinaire. Mais bien que je connaisse peu Rome et la Curie, je ne crois pas que ce soit dans ces lieux que Jean Paul II ait déployé son énergie principale. Ce n'est pas là qu'il laissera sa trace. Peut-être que son successeur s'attellera à cette tâche, parce qu'il verra clairement les réformes nécessaires et qu'il saura les mettre en œuvre.

Comment interprétez-vous son "silence" ?

Quand il était le "sportif de Dieu", décrit en 1980 à Paris par le cardinal Marty, son témoignage était neuf et surprenant. C'est le même qu'il donne par son extrême faiblesse. Cela fait huit ou dix ans qu'on dit qu'il doit démissionner. Mais en huit ans, il a participé à trois JMJ (Journées mondiales de la jeunesse) à Paris, Rome et Toronto. Il a fait "repentance" au Kotel de Jérusalem, "retournant" les juifs du monde entier. Il est entré en 2001, pour la première fois, dans une grande mosquée, à Damas.

Alors j'affirme que le pontificat de Jean Paul II, quand il est malade et épuisé, n'est pas moins fécond que quand il était jeune. Ce qui a été fait dans les huit dernières années est tout aussi important que ce qui a été fait dans les huit premières. L'image du vieil homme avec une canne, recueilli au mur des Lamentations en mars 2000 à Jérusalem, est aussi forte, pour moi, que celle d'octobre 1986 à Assise, quand il rassemblait tous les chefs religieux du monde. Son témoignage était éblouissant quand il était en forme. Il reste authentique et marquant dans son immense faiblesse.

Croyez-vous qu'il puisse démissionner ?

S'il avait voulu le faire, il l'aurait fait depuis longtemps. Les journalistes ont rapporté ce propos d'un médecin disant que, dans la maladie de Parkinson, la trachéotomie correspond à une étape de la phase terminale de la maladie. Le pape le sait. Il a dit qu'il irait jusqu'au bout de sa course, mais il peut évidemment changer d'avis. Je crois cependant que la question de la démission est vraiment derrière nous et que la poser actuellement est un manque de délicatesse. Notre mission aujourd'hui est d'accompagner le pape de notre affection et de notre prière. Que Dieu lui donne la paix intérieure et le courage dont il a besoin... pour avancer dans l'espérance !

Propos recueillis par Henri Tincq
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 02.03.05

Une longue convalescence pour Jean-Paul II

VATICAN

Selon le bulletin de santé diffusé hier par le Saint-Siège, Jean-Paul II se remet de sa trachéotomie «sans complications», il «s'alimente régulièrement, passe quelques heures assis dans un fauteuil et a commencé les exercices de rééducation de la respiration et de la parole». Un prochain bulletin sera publié jeudi.

Vatican : de notre envoyée spéciale Sophie de Ravinel
[Le Figaro, 01 mars 2005]

Aujourd'hui, Jean-Paul II est convaincu que la mission prophétique qu'il entend poursuivre consiste à montrer que la souffrance et la mort peuvent être imprégnées de l'abandon au Christ. «Chaque forme humaine de douleur renferme en elle une promesse divine de salut et de joie», a-t-il fait dire dimanche, lors de l'Angélus.
Selon la définition traditionnelle de l'Église catholique, un Pape est tout à la fois prêtre, prophète et roi. Jean-Paul II aura privilégié sa mission de prophète. Très vite, il a souhaité quitter Rome, le coeur de l'institution, pour transmettre le message de l'Évangile, effectuant plus de trois fois la distance de la Terre à la Lune. La plupart de ses déclarations clés, il les a prononcées lors de ces voyages.
Son séjour à l'hôpital est une autre forme de voyage. Le service de la prière et du prophétisme se situe donc au Gemelli ; celui de la gestion des affaires courantes de l'Eglise dans la cité du Vatican. Le cardinal secrétaire d'Etat, Angelo Sodano, se charge de les relier l'un à l'autre ; tandis que le secrétaire du Pape, Mgr Stanislaw Dziwisz, tente, pour sa part, de gérer la situation, permettant, par exemple, à des représentants de la politique italienne de rassurer l'opinion publique en son nom. Ainsi, jeudi soir dernier, c'est Gianni Letta, le secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil, qui s'est rendu au chevet du Pape. Contrairement à son habitude, le grand chambellan de Silvio Berlusconi a ensuite accepté de parler à la presse, déclarant qu'il ressortait serein et rassuré.
Dans la cité du Vatican, le juriste et cardinal Mario Francesco Pompedda s'est exprimé sur l'avenir. «Aujourd'hui déjà, a-t-il affirmé, Jean-Paul II utilise des collaborateurs non seulement pour les besoins bureaucratiques, mais en les impliquant dans le processus de prise de décision. Je ne verrai aucun mal à ce que certains organes existant déjà soient davantage utilisés pour aider le Souverain Pontife à guider l'Eglise universelle.»
Jean-Paul II pourrait rester hospitalisé jusqu'à Pâques. C'est alors que son absence ou sa présence se fera le plus sentir. En particulier le vendredi saint, 25 mars. Ce jour-là aura une signification particulière pour le Pape. Cette année, en effet, le jour de la crucifixion du Christ correspond avec celui de la fête de l'Annonciation, lorsque, selon l'Evangile de Luc, l'ange Gabriel est venu annoncer à Marie sa mission. Cette correspondance entre les deux dates est très rare. La dernière s'est produite en 1932, les prochaines auront lieu en 2016, puis en 2157.

2.28.2005

A Rome, le Vatican s'organise en vue d'une hospitalisation longue du pape

LE MONDE | 28.02.05 | 13h48

Le secrétaire particulier de Jean Paul II, Mgr Stanislas Dziwiscz, occupe une place croissante.

Rome de notre envoyé spécial

La déception des pèlerins, dimanche 27 février à midi place Saint-Pierre, était perceptible. A Rome ou en voyage, le pape n'avait jamais manqué l'Angelus dominical. Pour la première fois depuis vingt-six ans, cloué sur son lit d'hôpital depuis sa rechute du 24 février, il ne devait pas être au rendez-vous. Seules des images fixes sur écran, le montrant dans la force de l'âge, étaient proposées à la méditation des pèlerins, et le message fut lu par Mgr Leonardo Sandri, son substitut, dans une relative indifférence.
Les fidèles placés devant l'immeuble sans âme de la polyclinique Gemelli et les téléspectateurs ont eu plus de chance. A la surprise générale, Jean Paul II est apparu derrière les fenêtres fermées de sa chambre, juste à la fin de l'Angelus. Les rideaux se sont ouverts lentement, laissant découvrir sa silhouette blanche. Il a béni et salué la foule, et même montré sa gorge, opérée jeudi pour la trachéotomie, avant de disparaître des écrans.
Cette image muette d'un homme réduit au silence après avoir harangué des foules pendant un quart de siècle, résume le drame qui se joue entre Gemelli et le Vatican. Un drame dont la clé se trouve dans le message qu'il a fait lire par son substitut : "Encore une fois, je m'adresse à vous de la polyclinique Gemelli. Je vous demande de continuer à m'accompagner par votre prière. Le Carême, que nous sommes en train de vivre, nous aide à mieux comprendre les valeurs de la souffrance qui, d'un monde à l'autre, nous touche tous." Puis : "Je voudrais que ce message de réconfort et d'espérance parvienne à tous, spécialement ceux qui traversent des moments difficiles, à ceux qui souffrent dans leur corps et dans leur esprit."
C'est l'image d'un "père" malade qui identifie son combat à celui de tous les malades, qui accomplit sa mission "dans les moments les plus difficiles, comme il l'a fait dans les années faciles", commentaient dimanche les pèlerins place Saint-Pierre. Un père dont la maladie inquiète chaque jour davantage les siens. Jean Paul II serait dans un état satisfaisant et les résultats de ses examens sanguins ne présenteraient pas de signes alarmants, mais tout Rome sait déjà que cette deuxième hospitalisation sera très longue.
Les leçons ont été tirées d'un retour trop précoce au Vatican - voulu par le pape lui-même - le 10 février après son premier séjour à Gemelli et un maximum de précautions sont prises. Des sources médicales n'excluent pas qu'il doive garder définitivement la canule, le tube de plastique qui lui a été implanté à la base du cou pour faciliter l'alimentation en air de ses poumons. Il aura besoin de semaines, dit-on à Rome, pour recommencer à parler, s'il y parvient. Les plus optimistes évoquent un retour au Vatican pour les fêtes pascales fin mars.

UN "QUADRIUMVIRAT"

Face à cette situation inédite d'un pape empêché de parler et de donner des instructions, le Vatican s'organise. Dans l'improvisation. Officiellement, son gouvernement tourne autour d'une sorte de "quadriumvirat", composé des cardinaux Angelo Sodano, secrétaire d'Etat, Josef Ratzinger, gardien de la doctrine, Giovanni-Battista Ré, qui prépare les dossiers de nomination des évêques, et Camillo Ruini, vicaire de Rome, qui fait la liaison avec l'Eglise italienne. Mais, dans les hiérarchies informelles qui naissent à la fin de tout règne, deux hommes prennent une place croissante : Mgr Stanislas Dziwiscz, 65 ans, secrétaire particulier du pape depuis Cracovie, chargé d'organiser le cordon sanitaire autour de sa chambre d'hôpital, et Mgr Leonardo Sandri, son substitut, 61 ans.
Rome remue les souvenirs : dans les trois dernières années de son long pontificat (1939-1958), Pie XII ne parlait plus qu'à Mgr Domenico Tardini, son secrétaire d'Etat, et à sa gouvernante allemande, la redoutée Sœur Pasqualina. Demain, c'est "Don Stanislas" qui sera appelé à jouer ce rôle de recevoir les instructions d'un pape muet, par un signe de tête, par un mot griffonné, à décrypter ses intentions. C'est lui qui a demandé à Leonardo Sandri, le "substitut" (numéro trois de la Curie après le pape et le secrétaire d'Etat), un évêque argentin simple et chaleureux, très estimé au Vatican, de suppléer le pape, dimanche, pour lire le message de l'Angelus et donner la bénédiction aux fidèles.
Cet honneur n'est pas revenu au secrétaire d'Etat, Angelo Sodano, dont l'activisme, depuis le début de la maladie de Jean Paul II, fait l'objet de jugements divers à Rome et trahirait son ambition de jouer les premiers rôles à la mort du pape.
De même, c'est à la demande de Stanislas Dziwizsc que Mgr Renato Boccardo, le jeune organisateur des voyages de Jean Paul II, vient d'être promu vice-gouverneur de la Cité du Vatican, autrement dit l'homme qui a la haute main sur les services de l'Etat pontifical.

Henri Tincq
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 01.03.05

DICHIARAZIONE DEL DIRETTORE DELLA SALA STAMPA DELLA SANTA SEDE, DR. JOAQUÍN NAVARRO-VALLS

Questa mattina il Direttore della Sala Stampa della Santa Sede, Dr. Joaquín Navarro-Valls, ha rilasciato ai giornalisti la seguente dichiarazione sulla salute del Santo Padre:

Il decorso post-operatorio del Santo Padre si svolge senza complicazioni.

Le condizioni generali ed i parametri biologici si mantengono buoni.

Il Santo Padre si alimenta regolarmente, trascorre qualche ora in poltrona ed ha iniziato gli esercizi di riabilitazione del respiro e della fonazione.

Il prossimo comunicato sarà emesso giovedì 3 marzo.

[00273-01.01]

# TRADUZIONE IN LINGUA INGLESE

Holy See Press Office Director Joaquin Navarro-Valls today issued the following statement to journalists on the Pope's health:

The Holy Father's post-operative phase is taking place without complications.

His general condition and biological parameters continue to be good.

The Holy Father is eating regularly, spends some hours in an armchair and has begun exercises to rehabilitate breathing and phonation.

The next communique will be on Thursday, March 3.

[00273-02.01] [Original text: Italian]

[B0116-XX.02]

Un geste de Jean Paul II rassure sans dissiper toutes les inquiétudes

ROME, 28 fév (AFP)

Un ample signe de la main derrière la fenêtre de sa chambre d'hôpital a permis à Jean Paul II de rassurer le monde sur son état, sans toutefois dissiper les inquiétudes de nombre de fidèles pour qui le vieux pape polonais approche désormais de sa fin.
Après l'apparition surprise du pape dimanche, on attendait lundi la publication, vers 11h30 GMT, d'un nouveau bulletin du Vatican sur l'évolution de l'état de santé du pape depuis son hospitalisation d'urgence jeudi et la trachéotomie qui l'a rendu silencieux.
En se montrant pendant quelques instants derrière la fenêtre fermée de sa chambre du 10ème étage de l'hôpital Gemelli, devant les télévisions du monde entier, Jean Paul II a largement fait oublier que la maladie l'a empêché, pour la première fois de son pontificat, de participer directement à la prière de l'Angélus.
Dans le message lu par l'archevêque argentin Leonardo Sandri, Jean Paul II a appelé les fidèles à "continuer à l'accompagner par leurs prières".
Il a aussi évoqué indirectement son calvaire en soulignant "la valeur de la souffrance qui, d'une manière ou d'une autre, nous touche tous". "Chaque forme humaine de douleur renferme en elle une promesse divine de salut et de joie", a-t-il souligné.
"La meilleure indication sur l'état de santé du pape, vous l'avez eue quand il a paru à la fenêtre à la fin de l'Angélus," a déclaré l'archevêque de Grenade Xavier Martines Fernandez après une visite à l'hôpital.
Le pape Jean Paul II guidera l'Eglise "même sans parler" mais il ne doit pas sortir de l'hôpital "trop vite", estime le cardinal mexicain Javier Lozano Barragan, ministre de la Santé du Vatican.
"Les informations qui arrivent de l'hôpital sont optimistes. Ce sont les médecins qui décideront de sa sortie. Mais dans le cas présent la prudence n'est pas de trop. Je me permettrais seulement de conseiller d'être moins pressé de le faire rentrer au Vatican", déclare lundi Mgr Barragan dans le quotidien La Repubblica.
Jean Paul II est apparu fatigué et fragile dimanche et les spécialistes ne cachent pas qu'un homme de près de 85 ans affaibli depuis des années par la maladie de Parkinson n'est pas à l'abri de complications dangereuses.
Un cardinal américain, Francis George, archevêque de Chicago, a dit tout haut ce que d'autres pensent sans doute tout bas en faisant valoir qu'il serait "irresponsable de ne pas penser" à la succession du pape, alors que "sa santé faiblit".
Il faut y penser "au moins dans nos coeurs et nos prières", a-t-il ajouté, en précisant qu'il s'agissait moins d'une question "de personne" que de trouver quelqu'un capable de répondre "aux défis de la mission de l'Eglise".
Selon Oskar Schindler, professeur d'audiologie et d'orthophonie à l'Université de Turin, le pape pourrait être obligé de garder de manière définitive une canule qui lui permet de respirer après sa trachéotomie et l'informatique pourrait venir à l'aide du vieux pape malade.
"Il pourrait apprendre à communiquer avec l'aide de certains instruments. Avec sa maladie, il est difficile de penser qu'il réussit encore à écrire. Nous enseignons à nos patient l'utilisation d'instruments informatiques", a-t-il déclaré dans une interview lundi au quotidien La Stampa.
"Pour ceux qui n'ont plus la finesse de mouvements nécessaire pour appuyer sur les touches d'un clavier, il existe des solutions alternatives, des sortes de joystick ou souris qui permettent de composer des mots et des phrases avec des gestes simples", a indiqué le Pr Schindler.

L'Italie enquête sur le «complot»

Après les révélations du Pape sur Ali Agça

Le Parlement italien va reprendre les investigations sur la «filière bulgare» après les révélations de Jean-Paul II concernant l'existence probable d'un complot derrière la tentative d'assassinat perpétrée contre lui par le terroriste turc Ali Agça, le 13 mai 1981 place Saint-Pierre.

Rome : de notre correspondant Richard Heuzé
[LE FIGARO, 28 février 2005]


«Ali Agca, tous le disent, est un assassin professionnel. Il n'a pas pris l'initiative de l'attentat. Un autre l'a conçu. Un autre encore le lui a commandité», écrit le Pape dans son dernier livre, Mémoire et identité, à paraître jeudi (Flammarion).
Le 27 décembre 1983, le Saint-Père s'était rendu dans la prison Rebibbia de Rome pour un tête-à-tête avec le terroriste turc. Condamné en première instance à la réclusion perpétuelle, Ali Agça avait, depuis dix-huit mois, changé son système de défense pour accuser les services secrets de Sofia, très liés à l'ex-KGB, d'avoir ourdi le complot, avec la complicité des Loups gris, une organisation terroriste turque dont il se réclamait.
Avant ce livre, Jean-Paul II n'avait jamais commenté les confidences d'Ali Agça. Condamné à vingt-six ans de prison en appel et gracié par le président italien le 13 juin 2000, le terroriste turc a été extradé à Ankara, où il purge dix ans de prison pour le meurtre d'un journaliste turc, en 1979.
Pour Paolo Guzzanti, député de Forza Italia et président d'une commission parlementaire d'enquête sur les activités de l'ex-KGB, aucun doute n'est permis : «Le pape a été clair. Il a dit qu'Ali Agça était un sicaire et que sa main avait été armée par d'autres. Quand il décrit l'attentat comme l'une des dernières convulsions des idéologies de l'arrogance qui ont dominé le XXe siècle, il en explique bien la matrice communiste. Le Parlement italien a le devoir de chercher à comprendre le rôle du KGB et de l'ex-GRU (NDLR : les services secrets militaires) dans cet attentat», confie-t-il au Figaro.
Aussi va-t-il demander à acquérir «tout le matériel» des procès intentés dans le cadre de la «filière bulgare». Trois ressortissants de Sofia, dont le chef d'escale, à Rome, de la compagnie aérienne bulgare Sergueï Antonov, cinq terroristes et mafieux turcs ont été impliqués, avant d'obtenir un non-lieu qui n'a convaincu personne. «Nous avons des idées précises sur ce que nous devrons chercher. Ce qui était, hier encore, une hypothèse devient aujourd'hui plausible. Le fait que le Pape, victime de l'attentat, accrédite la version d'un complot nous contraint à la prendre en considération», insiste Paolo Guzzanti.
Le député en veut aussi pour preuve un article publié jeudi par le quotidien Avvenire. Sous le titre «Un projectile signé Moscou», l'organe de l'épiscopat italien fait état d'un document crypté du KGB et retrouvé dans les archives du STB, le service secret tchécoslovaque de l'époque. Ce texte, rédigé peu après l'avènement de Karol Wojtyla, le 16 octobre 1978, envisage deux types d'action contre l'Eglise : «La discréditer par des campagnes de désinformation. Si cela s'avère insuffisant, envisager l'élimination physique du Pape.»
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