2.12.2005

Dans une lettre aux évêques français, le pape fait l'éloge de la loi de 1905

LE MONDE | 12.02.05

Le pape, qui, au moment de la polémique sur le port des signes religieux à l'école, avait vigoureusement mis en garde la France contre tout "laïcisme", s'invite à nouveau dans le débat national sur la loi de 1905 de séparation de l'Eglise et de l'Etat, un siècle après son vote. Samedi 12 février, il a rendu publique une lettre de sept pages adressée aux évêques de France pour que ceux-ci mesurent le chemin parcouru depuis. Il les appelle à résister à toute marginalisation du fait religieux.
La loi de 1905 a été "un événement douloureux et traumatisant pour l'Eglise de France", rappelle Jean Paul II. Mais le "processus de pacification", engagé par l'Eglise comme par l'Etat, a permis d'aboutir à "une meilleure compréhension de la laïcité". "Cette paix est désormais une réalité à laquelle le peuple français est profondément attaché", souligne le pape.
Il souhaite en particulier que la commission de dialogue entre l'Eglise catholique et l'Etat, mise en place par Lionel Jospin en février 2002 et reconduite par Jean-Pierre Raffarin, soit davantage reconnue et active. En citant Jacques et Raïssa Maritain, Mounier, Bernanos, Robert Schuman, Michelet et bien d'autres, Jean Paul II évoque longuement le rôle joué par les catholiques dans la culture française. Il les appelle à reprendre toute leur place dans le débat intellectuel et politique.
"La crise des valeurs et le manque d'espérance que l'on constate en France font partie de la crise d'identité que traversent les sociétés modernes, qui ne proposent qu'une vie fondée sur le bien-être matériel(...). L'Eglise souhaite que les valeurs religieuses, morales et spirituelles qui font partie du patrimoine de la France, qui ont façonné son identité, ne tombent pas dans l'oubli."

PAS DE "REPLI SECTAIRE"

Revenant sur les polémiques autour de la religion, le pape demande encore qu'"au lieu de se situer en antagonismes les forces sociales soient toujours plus au service de l'ensemble de la population (...) dans le contexte pluriethnique, multiculturel et multiconfessionnel" qui est celui de la France aujourd'hui. Ce respect mutuel, ajoute-t-il, permettra d'éviter que les religions "ne se réfugient dans un sectarisme qui pourrait représenter un danger pour l'Etat lui-même".
"La société doit pouvoir admettre que des personnes, dans le respect d'autrui et des lois de la République, puissent faire état de leur appartenance religieuse, poursuit-il. Dans le cas contraire, on court toujours le risque d'un repliement identitaire et sectaire."
Jean Paul II revendique encore le droit pour les chrétiens de "prendre la parole publiquement pour exprimer leurs opinions et manifester leurs convictions". "C'est à ce prix que la laïcité, loin d'être le lieu d'un affrontement, est l'espace pour un dialogue constructif, dans l'esprit des valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité."
Dans son adresse aux évêques français, le pape conclut : "Que tous vos compatriotes sachent que les membres de la communauté catholique souhaitent vivre leur foi au milieu de leurs frères et sœurs et mettre à la disposition de tous leurs compétences et talents. Que personne n'ait peur de la démarche religieuse de personnes et de groupes sociaux. Vécue dans le respect de la saine laïcité, elle ne peut qu'être source de dynamisme et de promotion pour l'homme."

Henri Tincq
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 13.02.05

2.11.2005

Le pape l'a échappé belle

A dix minutes près, le souverain pontife aurait pu mourir

ROME Le pape Jean-Paul II, 84 ans, est guéri et a regagné le Vatican hier, dix jours après son hospitalisation d'urgence pour de sérieux problèmes respiratoires.
«La laryngo-trachéite aiguë, qui avait justifié l'hospitalisation urgente du saint-père, est guérie, a déclaré son porte-parole, Joaquin Navarro-Valls. Son état de santé général s'est amélioré. Au cours des deux derniers jours, toutes les analyses et les vérifications cliniques, dont un scanner, ont permis d'exclure d'autres pathologies.»
M. Navarro-Valls a ensuite assuré que «la voix du pape est normale» et laissé entendre que Jean-Paul II pourrait reprendre ses activités dès dimanche avec la prière de l'Angélus, qui sera dite depuis la fenêtre de ses appartements, place Saint-Pierre. «A son retour au Vatican, le pape va étudier son agenda, écoutera son médecin personnel et décidera ce qu'il peut faire.»
L'entourage du pape avait préparé la sortie d'hôpital de Jean-PaulII dès mercredi, en laissant filtrer des indiscrétions sur l'amélioration de sa santé.Jean-Paul II n'est pas à l'abri «d'une rechute analogue dans l'avenir, car la maladie de Parkinson ne se soigne pas», a averti le Pr Corrado Manni, son anesthésiste. «Au maximum, on peut la ralentir. Et cela comporte une série de risques, parmi lesquels ceux que nous avons connus ces jours-ci.»
A ce propos, une revue anglophone - Inside The Vatican (A l'intérieur du Vatican) - affirme, dans sa dernière livraison, que le souverain pontife a échappé de peu à la mort. Selon certains des médecins qui l'ont pris en charge lors de son arrivée à la clinique Gemelli, «à dix minutes près, on aurait dû constater son décès».
En fait, Jean-Paul II, qui ne se sentait déjà pas bien, aurait souffert d'une grave crise respiratoire au moment du souper, qu'il partageait avec son secrétaire particulier. Sa gorge - fragilisée - aurait été encore davantage irritée par les aliments qu'il ingurgitait alors. Le médecin personnel du pape, appelé d'urgence, lui aurait conseillé de se faire hospitaliser, ce que Jean-Paul II a refusé. Quasiment deux heures se seraient alors écoulées, jusqu'à une rechute, avec une quasi-impossibilité de respirer.
Face à ce tableau catastrophique, le souverain pontife a fini par céder. L'ambulance papale - mais oui... - l'a immédiatement transféré à Gemelli. Juste à temps, manifestement. «Il ne lui restait plus qu'un souffle», tranche un médecin urgentiste.

J. M.

© La Dernière Heure 2005

Le Pape «guéri» a quitté l'hôpital Gemelli

 
 LE VATICAN Jean-Paul II était hospitalisé depuis le 1er février à la suite de graves troubles respiratoires

Le Pape Jean Paul II, 84 ans, «guéri» de sa laryngo-trachéite aiguë, a quitté la polyclinique Gemelli hier soir à bord de sa papamobile, pour se montrer aux fidèles venus applaudir le cortège jusqu'au Vatican.

Le Vatican : de notre envoyée spéciale Sophie de Ravinel
[LE FIGARO, 11 février 2005]

Jean-Paul II est guéri. C'est au moins ce que dit le Vatican. Et tout le monde est soulagé. Les fidèles qui retenaient leur souffle, la curie qui s'inquiétait terriblement et les médias qui ne savent plus à quel saint se vouer. Le Pape est rentré hier après-midi dans ses appartements du Palais pontifical. S'il est peu probable qu'il participe aujourd'hui à la célébration de la Journée mondiale des malades dans la basilique Saint-Pierre, il devrait apparaître dimanche à la fenêtre pour la prière de l'angélus. Ensuite, une semaine de retraite est organisée au Vatican où toutes les activités seront suspendues. Un temps de pause indispensable pour tous les acteurs de ce roman pontifical, avant que les difficultés surgissent à nouveau.
Le communiqué officiel lu hier matin par Joaquin Navarro Valls, le porte-parole de la cité pontificale, affirme que la «laryngotrachéite aiguë ayant nécessité l'hospitalisation urgente du Saint-Père a été soignée», que «l'amélioration des conditions générales se poursuit favorablement» et encore que, «ces deux derniers jours», tous les examens nécessaires ont été effectués, «y compris le scanner». Ces examens ont permis «d'exclure toute autre pathologie». Outre le fait que le porte-parole avait clairement démenti toute hypothèse de scanner la semaine dernière, reste donc la pathologie principale dont est affecté Jean-Paul II : la maladie de Parkinson et toutes ses conséquences, sur laquelle s'est greffée la fameuse grippe.
Par ailleurs, le Pape a remercié l'ensemble de l'équipe médicale qui a pris soin de lui durant ces journées d'incertitudes et de forte tension. Les médecins sont tous cités, chacun avec leurs spécialités. Sauf pour l'un d'entre eux : le professeur Massimo Antonelli, qui se trouve être un spécialiste de la respiration artificielle.
De sources fiables au Vatican, on affirme que ce dernier aurait adapté pour son illustre patient un appareil respiratoire dont le principe date d'une trentaine d'années (le CPAP ou Continuous Positive Airway Pressure), destiné à envoyer une faible pression dans ses poumons et, ainsi, à pallier la faiblesse musculaire de sa cage thoracique et de son diaphragme. Jean-Paul II se servirait de cet appareil plusieurs fois par jour. Régulièrement, il serait aussi nécessaire de ponctionner le liquide inflammatoire contenu dans la plèvre, ce qui pourrait indiquer une pleurésie. On parle encore de problèmes de circulation et de complications cardiaques.
En raison de ces conditions d'extrême fragilité, la curie s'est trouvée désormais plongée dans une atmosphère chargée d'électricité. La culture du secret local a provoqué l'imbroglio médiatique de dimanche dernier, lorsqu'un enregistrement de la voix du Pape a été diffusé avant ou en même temps que la sienne propre. Il visait à montrer que Jean-Paul II est toujours en état de gouverner et toujours «présentable» à la foule qu'il affectionne tant et dont il a toujours été si proche.
Le secrétaire personnel du Pape, Mgr Stanislaw Dziwisz, a une autorité certaine dans la curie romaine. Il trouve des appuis auprès du cardinal Crescenzio Sepe, qui a été évincé de la puissante secrétairerie d'État où il tentait de faire carrière, mais qui tient aujourd'hui en main une très grande puissance financière. Ce Napolitain est à la tête de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, qui nomme un tiers des évêques de l'Église catholique. Il trouve aussi un soutien et réciproquement chez Joaquin Navarro Valls, qu'il a sauvé plusieurs fois des pièges tendus par la secrétairerie d'État.
Mais l'autorité du secrétaire polonais qui a tout intérêt à prolonger le pontificat est très limitée à la sphère que veut bien lui concéder le cardinal secrétaire d'État, Angelo Sodano. Ce dernier, âgé de 77 ans, considère qu'il ferait un très bon pape de transition. S'il a laissé échapper quelques mots, lundi dernier, sur la possible renonciation du Pape, ce pourrait bien être parce qu'il n'a aucun intérêt à rester le numéro deux du Vatican dans une situation de «marécage gouvernemental». Jean-Paul II resterait encore en place durant de longs mois peut-être, sans être plus capable de gouverner, même en apparence. Et la révolte qui gronde aujourd'hui contre le cardinal Sodano au sein de la curie deviendrait alors incontrôlable.
Ce cardinal du nord de l'Italie, ces dernières années, a tenté d'effacer son image d'ultraconservateur, ami personnel du général Pinochet. C'est un adversaire de l'Opus Dei qui lui fait de l'ombre et un proche des cardinaux néoconservateurs américains avec qui il a géré en délicatesse l'opposition officielle du Vatican à la guerre en Irak. Il a réussi à évincer un autre cardinal, Giovanni Battista Re, 71 ans, lorsque ce dernier était à la secrétairerie d'État et qu'il avait inventé un poste de vice-préfet de la Maison pontificale pour Stanislaw Dziwisz, son allié d'alors. C'est aussi lui qui aurait imaginé l'idée d'une consécration épiscopale pour un secrétaire du Pape.
Le cardinal Re, un bourreau de travail qui «roule» pour lui-même et pense lui aussi être un bon candidat, est aujourd'hui à la tête de la Congrégation pour les évêques. Son rôle est limité. Aucune nomination d'évêque ne se fait sans le consentement de la secrétairerie d'Etat.
Le cardinal Joseph Ratzinger, 77 ans, se démarque de ces figures politiques du Vatican. Son rôle de conseiller – sinon de candidat – lors du prochain conclave n'en sera que renforcé. Pour l'instant, il poursuit son travail de «veille doctrinale», venant ainsi de condamner le jésuite américain Roger Haight en raison des «graves erreurs» contenues dans son enseignement.

2.10.2005

Qui dirige l'Eglise ?

Vatican

Très affaibli, Jean-Paul II se voit contraint de déléguer toutes ses fonctions.

Dominique Dunglas (à Rome)

L'apparition de Jean-Paul II pour l'angélus du 6 février n'a rassuré personne. Malgré les lénifiants bulletins de santé du Vatican, le pape, pratiquement réduit au silence, devra limiter drastiquement ses apparitions publiques. Une nouvelle phase du pontificat commence donc. Jean-Paul II a toujours délégué la gestion de l'Eglise, préférant se concentrer sur les dossiers chauds, comme la révolte des Eglises germaniques, la théologie de la libération, le scandale des prêtres pédophiles ou, plus récemment, la guerre en Irak, qu'il a tenté d'empêcher jusqu'au largage des premières bombes. Voyageant ou convoquant les évêques à Rome, court-circuitant les circuits ecclésiaux, il avait instauré une forme d'intervention rebaptisée « gouvernement charismatique » et qu'il n'est plus en mesure d'exercer.
La gestion ordinaire est, elle, depuis de longues années entre les mains de quatre cardinaux : le secrétaire d'Etat - le Premier ministre du Vatican -, Angelo Sodano, le vicaire de Rome, Camillo Ruini, le préfet de la congrégation des évêques, Giovanni Battista Re, et Joseph Ratzinger, le garant de l'orthodoxie doctrinale. Mais, avec l'aggravation de la maladie, même ce quatuor voit son influence se réduire, car il n'a plus accès au pape. Durant la première semaine d'hospitalisation, seul le cardinal Sodano a été admis quelques minutes dans la chambre de Jean-Paul II.
L'homme fort est aujourd'hui l'archevêque Stanislaw Dziwisz, le fidèle secrétaire qui filtre tous les contacts du souverain pontife. Une situation qui pourrait préfigurer une fin de pontificat semblable à celle de Pie XII, au cours de laquelle le pouvoir fut monopolisé par soeur Pasqualina, la religieuse censée s'occuper des soins du pape

© le point 10/02/05 - N°1691 - Page 60 - 256 mots
Après un séjour de dix jours, le pape a quitté l'hôpital
LEMONDE.FR | 10.02.05 | 19h44

Le pape Jean Paul II, à bord de sa papamobile, a quitté jeudi soir l'hôpital Gemelli de Rome, où il avait été hospitalisé d'urgence pour des troubles respiratoires aigus il y a dix jours.
Jean Paul II a été applaudi par la foule qui s'était massée le long du parcours emprunté par sa papamobile, et de nombreuses personnes l'attendent place Saint-Pierre. Le pape, hospitalisé le 1er février pour une laryngo-trachéite aiguë, a salué la foule de la main.
Dans la journée, Joaquim Navarro-Valls, porte-parole principal de la cité pontificale, avait précisé à la presse que le chef de l'Eglise catholique avait surmonté ses difficultés respiratoires et ajouté que son état de santé général s'était amélioré, autorisant sa sortie après dix jours de soins.
Son hospitalisation, la première en huit ans, a relancé un vif débat sur la fin du pontificat du premier pape polonais de l'Histoire, même si le Vatican s'est quotidiennement attaché à communiquer son optimisme sur sa santé.
"Ces deux derniers jours, les examens médicaux, y compris un scanner, ont exlu tout problème d'un autre type. Nous pouvons dire que le Saint-Père rentrera aujourd'hui [jeudi] au Vatican", avait déclaré Joaquin Navarro-Valls, parlant d'une "progression favorable". "La laryngotrachéite aiguë ayant nécessité l'hospitalisation d'urgence du Saint-Père a été soignée", avait-il ajouté.
Souffrant de la maladie de Parkinson depuis au moins 1992, atteint d'arthrose, Jean Paul II avait été victime d'une brutale dégradation de son état de santé, avec l'apparition de spasmes aigus du larynx.
Ces spasmes, qui se traduisent par une fermeture des muscles du larynx, ne sont généralement pas mortels, mais pouvaient entraîner des complications en raison de la fragilité du pape.
Cette hospitalisation a contraint le Vatican à annuler une série d'engagements publics de Jean Paul II. Pour la première fois depuis le début de son pontificat, il y a vingt-six ans, le pape n'a pu ainsi présider l'office du mercredi des Cendres, qui marque l'entrée dans le carême, le jeûne de quarante jours qui précède la célébration catholique de Pâques.

SPÉCULATIONS SUR LA FIN DU PONTIFICAT

Elle a aussi relancé les spéculations sur la fin du pontificat de Karol Wojtyla, plusieurs voix d'importance s'élevant dans le monde catholique pour douter des capacités physiques et mentales du Saint-Père à poursuivre sa mission.

Sa brève apparition, dimanche, à la fenêtre du dixième étage de l'hôpital Gemelli n'a pas apaisé les inquiétudes, loin de là : s'il a fait savoir qu'il continuerait à "servir l'Eglise et l'humanité entière", le pape a paru extrêmement affaibli, et sa voix est devenue presque inintelligible alors qu'il prononçait lui-même une courte bénédiction.

Le lendemain de cette apparition, le cardinal Angelo Sodano, secrétaire d'Etat du Vatican, évoquait même publiquement une éventuelle renonciation du pape. "Laissons cela à la conscience du pape. Nous avons confiance en lui. Il sait ce qu'il doit faire", précisait le numéro deux de la curie romaine.
Un théologien suisse, Hans Kueng, connu pour ses prises de position hétérodoxes, a estimé jeudi que le pape devait se démettre pour le bien de l'Eglise.
"Un pape peut renoncer par nécessité pour l'Eglise. Je pense que cette occasion est désormais arrivée. (...) Nous ne pouvons pas continuer de la sorte", a-t-il dit sur la chaîne de télévision allemande ARD.
Aux journalistes lui demandant comment se passerait son retour au Vatican, Joaquin Navarro-Valls a expliqué jeudi que le pape déciderait avec ses médecins du calendrier de reprise de ses activités normales.
Au Vatican, certaines sources avancent que Jean Paul II espère être en mesure d'apparaître dimanche au balcon dominant la place Saint-Pierre. Il pourrait ensuite effectuer sa traditionnelle retraite du carême d'une semaine au Vatican, au cours de laquelle toutes ses audiences publiques et privées sont annulées.

Avec AFP et Reuters

A Rome, la Curie met fin au débat entrouvert sur la démission de Jean Paul II

LE MONDE | 10.02.05 | 13h54

Le pape  pourrait  quitter  l'hôpital  jeudi  ou  vendredi.

Rome de notre envoyé spécial

La date de sortie de Jean Paul II de l'hôpital Gemelli devait être annoncée, jeudi 10 février, à Rome, dans un communiqué signé, cette fois, par les médecins, ainsi que l'a assuré au Monde Joaquin Navarro-Valls, porte-parole du pape. Le vendredi 11, "jour des malades" pour l'Eglise, "aurait la préférence du pape". Mais les médecins font pression pour que l'hospitalisation dure jusqu'au week-end. Au-delà, ce serait mauvais signe.
Mercredi 9, jour des Cendres (début du Carême), le pape a célébré la messe dans sa chambre. Ses visiteurs sont désormais plus nombreux et multiplient les propos rassurants. En revanche, le trouble provoqué par le cardinal Sodano, secrétaire d'Etat, indiquant, lundi, que la démission du pape regardait sa "conscience", est durable.
Le cardinal Sodano n'a fait que souligner une évidence, dit-on à Rome, mais un aussi proche collaborateur du pape n'aurait jamais dû s'exprimer sur un tel sujet. "Il n'y a que deux questions à propos desquelles un cardinal ne doit jamais répondre aux journalistes : le préservatif et la démission du pape", raille un observateur. Les uns mettent cette franchise sur le compte de la "naïveté" du secrétaire d'Etat, plutôt "bonhomme" et "bavard". Les autres estiment que cette déclaration est le "signal" qu'une réflexion a commencé au sommet.
"Il est difficile de croire qu'un diplomate aussi chevronné ait pu lâcher ce mot", estime Marco Politi, du quotidien italien La Repubblica. Pour lui, la Curie est divisée entre les conservateurs, pour lesquels le pape doit aller au bout de son calvaire ; de l'autre, les pragmatiques, pour lesquels la question de la santé de Jean Paul II ne peut plus rester circonscrite à la Curie.
La zizanie a pris un caractère public. Le cardinal Giovanni Battista Ré, ancien substitut ("ministre de l'intérieur") et "papabile", a estimé que parler de démission du pape était de "mauvais goût". Le cardinal Lustiger a indiqué, mardi, sur France 2, qu'il ne croyait pas non plus à cette hypothèse : "La maladie n'a pas atteint ses fonctions cognitives."
L'éventualité d'une démission avait été évoquée par Jean Paul II lui-même dans la Constitution sur l'élection du pape de février 1996. Jean Paul II y faisait référence à l'article 332 du code de droit canon, selon lequel un pape peut "renoncer à sa charge". Pour être valide, cette "renonciation" doit être faite "librement" et de façon "manifeste". Toutefois, personne ne croit sérieusement à une telle hypothèse à laquelle aucun pape ne s'est résolu depuis Célestin V en 1294.
Pour trois raisons. D'abord, la "renonciation" est contraire au tempérament de Jean Paul II. Celui-ci a puisé dans sa résistance au nazisme et au communisme, rappelle-t-on à Rome, cette détermination qui le fait lutter contre la maladie. Ensuite, lui-même a annoncé qu'il tiendrait le gouvernail "jusqu'à la fin" (août 2002, près de Cracovie).
La troisième raison est la plus subtile, mais la plus décisive. Personne n'imagine qu'un conclave puisse se réunir demain pour élire un pape si Jean Paul II est encore vivant, même amoindri par la maladie.

NOTE SECRÈTE

Cela devrait donc faire cesser les rumeurs, mais pas le vide juridique qui s'ouvrirait si l'aggravation de la maladie devait le conduire dans un état tel qu'il ne puisse plus lui-même dicter ce que veut sa conscience.
A cette objection, le pape malade a probablement répondu depuis longtemps. Il aurait rédigé une note, restée secrète, demandant à son plus proche entourage de prendre les mesures qui s'imposent s'il devait perdre conscience. Et à Rome, l'hypothèse gagne du terrain selon laquelle l'une des premières mesures du prochain pontificat sera de créer une petite commission de cardinaux autorisée à réagir en cas d'incapacité du pape. Soit l'amorce d'une procédure d'"empêchement" qui n'existe pas, jusqu'à présent, dans le droit de l'Eglise.

Henri Tincq
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 11.02.05

 L’état de santé du pape, au jour le jour

Mardi 1er février dans la soirée. Jean-Paul II, âgé de 84 ans, a été transféré d’urgence en ambulance à la polyclinique Gemelli de Rome, à la suite de complications dues à son état grippal. Malgré une laryngotrachéite aiguë et des crises de laryngospasme, il n’a pas pour autant été placé au service de réanimation, a déclaré le porte-parole du Saint-Siège Joaquin Navarro-Valls, soucieux de calmer les inquiétudes suscitées par la gravité de l’état de santé du pape.

Mercredi 2 février. Le Vatican se veut rassurant: "Nous devons être tranquilles. Il n’y a aucune raison de s’alarmer aujourd’hui", a assuré Joaquin Navarro-Valls, qui a fait savoir que le pape avait été soumis à des thérapies d’assistance respiratoire : "La nuit passée, les thérapies d’assistance respiratoire se sont poursuivies et ont permis la stabilisation de l’état clinique".  "Les paramètres cardio-respiratoires et métaboliques, en l’état, sont dans les limites normales", a-t-il affirmé avant de préciser que le pape n’avait subi "ni scanner, ni trachéotomie."  Le directeur de la salle de presse vaticane a ensuite ajouté que "le Saint-Père était suivi par l’équipe médicale du professeur Rodolfo Proietti, directeur du service des urgences".

 Jean-Paul II est entouré de ses deux secrétaires polonais, Mgr Stanislas Dziwisz et Mgr Mieczyslaw Mokrzycki, ainsi que de son médecin personnel, le docteur Renato Buzzonetti, lui aussi âgé de 84 ans.

 Le rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, a fait état de sa préoccupation pour la santé du pape. Le président de la République italienne Carlo Azeglio Ciampi a téléphoné pour avoir des nouvelles du pape, et le maire de la capitale italienne, Walter Veltroni, s’est rendu à l’hôpital Gemelli.

Le cardinal Camillo Ruini, vicaire général du diocèse de Rome, a invité les Romains à prier pour le pape. "Apprenant la nouvelle du transfert du pape à la polyclinique Gemelli, le diocèse de Rome exprime à son évêque particulièrement aimé sa proximité affectueuse, accompagnée d’une prière intense et commune", a-t-il déclaré, afin que le pape "surmonte rapidement son indisposition actuelle, et puisse reprendre le plus rapidement son plein ministère de pasteur de Rome et du monde". "De toutes les paroisses, les communautés religieuses et les monastères, et de toutes les autres institutions ecclésiastiques s’élèveront à partir d’aujourd’hui des prières spéciales pour le pape, a-t-il poursuivi, auxquelles toutes les personnes et familles de Rome sont invitées à s’unir, dans les églises et dans leur propres foyers".

 Egalement l’Eglise catholique aux Philippines a appelé ses fidèles - qui composent la majorité des 84 millions d’habitants du pays - à prier pour le prompt rétablissement du pape. Un appel semblable a été lancé par la Conférence des évêques colombiens, qui tiennent ces jours-ci leur assemblée.

 Jeudi 3 février. En dépit des affirmations rassurantes du porte-parole du Saint-Siège, Joaquin Navarro-Valls, l’inquiétude est réelle au Vatican.

 Les réactions affluent du monde entier. A la Maison Blanche le porte-parole présidentiel, Scott McClellan, a déclaré : "Nos pensées et nos prières sont avec le Saint-Père, et nous lui souhaitons un prompt rétablissement". Le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw et son homologue italien Gianfranco Fini ont également rendu hommage  à la contribution du pape à la politique mondiale, depuis le début de son pontificat. Quant aux Polonais, confiants dans l’état de santé de leur pape, ils ont commencé, le 2 février, à prier un peu partout dans le pays pour le rétablissement rapide de Jean-Paul II.

 Durant l’hospitalisation du Saint-Père, les affaires de l’Eglise sont gérées par deux hommes: le cardinal Angelo Sodano, 77 ans, secrétaire d’Etat, et l’archevêque Stanislaw Dziwisz, 65 ans, secrétaire personnel de Jean-Paul II, dont le rôle s’est accru avec l’affaiblissement du pape.   

Alors que les médias télévisés, équipés de camions et de paraboles, ont investi l’entrée principale de la polyclinique Gemelli, les services de la Curie poursuivent normalement leur activité quotidienne. "Je dirais qu’il n’y a pas de raison pour une alarme particulière", a déclaré le porte-parole du Saint-Siège sur les ondes de Radio Vatican. Joaquin Navarro-Valls a affirmé que la fièvre de Jean-Paul II avait diminué.

"Je vous porte les salutations du pape qui vous remercie pour votre affection et pour votre fervente prière", a confié Mgr Rodé, préfet de la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, aux fidèles assemblés dans la basilique vaticane pour la fête de la Présentation. Jean-Paul II "est présent par la prière et vous envoie sa bénédiction", a-t-il ajouté.

Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, a célébré, le 2 au soir, une messe à  l’intention du pape. Le cardinal Jean-Marie Lustiger célébrait lui aussi une messe pour le Souverain Pontife, le 3, en la cathédrale Notre-Dame de Paris.

A sa sortie de l’hôpital, Joaquin Navarro-Valls a affirmé aux journalistes postés devant la polyclinique Gemelli que Jean-Paul II pourrait rester sept jours à l’hôpital. Il a aussi déclaré que "le pape s’était bien reposé pendant toute la nuit et que les contrôles en laboratoire donnaient un résultat satisfaisant"."Les conditions générales et respiratoires du pape enregistrent une évolution positive", a-t-il précisé ajoutant que la laryngo-trachéite aiguë était "en phase de régression" et que les épisodes de spasmes laryngés, cause du transfert d’urgence du pape à l’hôpital dans la nuit du 1er au 2 février "ne se répétaient plus".

Toute la communication officielle sur l’état de santé de Jean-Paul II est contrôlée par le porte-parole du Saint Siège - au service du pape depuis 20 ans - et par le cardinal secrétaire d’Etat Angelo Sodano. En dépit de l’évolution rassurante de la santé du pape, aucun bulletin officiel n’émane de la clinique ou des médecins, contrairement aux usages. Cette particularité a valu à Joaquin Navarro-Valls d’être assailli par les journalistes dans le hall d’entrée de l’hôpital. Le porte-parole du pape s’est du reste fait quelque peu huer par les nombreux journalistes présents. Cependant la presse italienne se veut rassurante, tout en critiquant elle aussi le système d’information mis en place par le Vatican. Elle s’interroge toutefois sur la capacité du pape à gérer les affaires de l’Eglise.

Mgr Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, président de la Conférence des évêques de France, a adressé au cardinal Angelo Sodano les vœux des catholiques de France pour la santé du pape. Dans une courte lettre, il déclare que "l’annonce de l’hospitalisation de Sa Sainteté le pape Jean-Paul II provoque les catholiques de France et tous leurs pasteurs à une prière intense et confiante". Mgr Ricard, qui rappelle la longue prière silencieuse du pape devant la grotte de Lourdes le 15 août 2004, demande au cardinal Sodano de dire au pape "que cette prière continue, pour lui-même et son retour à une meilleure santé, pour celles et ceux qui le soignent aujourd’hui, pour l’Eglise".

Le président de la Conférence épiscopale suisse, Mgr Amédée Grab, en visite ad limina en compagnie des évêques suisses, a salué l’exemple donné par le pape : "D’une façon croissante, nous nous apercevons que les nombreux malades et personnes âgées dans le monde sont fortement encouragés par la fidélité et par le courage du pape". Les membres de la Conférence épiscopale suisse n’ont pas pu rencontrer le pape hospitalisé.

Vendredi 4 février. "L’état de santé du pape s’est amélioré", a déclaré le porte-parole du Saint Siège en milieu de journée. "Jean-Paul II s’alimente régulièrement. Les examens et les analyses médicales confirment la stabilisation du cadre clinique". Evoquant le programme du pape pour les jours à venir, Joaquin Navarro-Valls a déclaré : "Pour la prière de l’Angélus ce dimanche 6 février, il est clair que c’est un rendez-vous auquel Jean-Paul II tient beaucoup et qu’il ne veut pas manquer".

Le président du Parlement européen, Josep Borrel, a exprimé au pape Jean-Paul II les voeux des parlementaires par l’intermédiaire du cardinal secrétaire d’Etat Angelo Sodano. Josep Borell aurait dû être reçu par le pape au Vatican, ce vendredi 5. La secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice devra elle aussi renoncer à sa rencontre avec Jean-Paul II,  prévue le mardi 8. Elle sera reçue par le cardinal Sodano.

Hier, des responsables religieux juifs et musulmans ont invité leurs communautés à prier pour le prompt rétablissement du pape. Aujourd’hui, le Comité conjoint de la Conférence des Eglises d’Europe (œcuménique) a fait parvenir un message à l’évêque de Rome.

 La maladie du pape ne l’empêche pas d’exercer son pouvoir, estime le cardinal Francesco Pompedda, préfet émérite du Tribunal de la signature apostolique. La condition est qu’il conserve sa lucidité, a déclaré l’ancien « ministre de la justice » du Vatican au quotidien italien Il Giornale, ce 4 février.

"Tant que le Souverain Pontife conserve son intelligence et sa conscience, même une longue maladie physique n’empêche pas l’exercice du pouvoir papal. Même si le pape ne devait plus parler, il pourrait quand même continuer à remplir sa charge", a-t-il souligné, précisant que Jean-Paul II n’était actuellement pas dans cet état. "Peut-être sans célébrer directement les sacrements, qui prévoient la prononciation de formules déterminées", a-t-il reconnu.

 Pour le cardinal italien, le pape pourrait continuer à être le pape - donc exercer sa juridiction universelle sur l’Eglise - en exprimant sa volonté par écrit ou par des gestes. "La perte de conscience, si elle n’est pas définitive et acceptée comme telle, n’implique pas la cessation du pouvoir papal", a-t-il insisté. A son avis, Jean-Paul II peut très bien continuer à gouverner l’Eglise de sa chambre. "D’un lit d’hôpital, celui qui gouverne a aussi la possibilité d’exprimer sa volonté et de donner des ordres et des dispositions".

 Par ailleurs, le cardinal Pompedda a affirmé l’impossibilité pour le pape d’avoir des suppléants, ses pouvoirs suprêmes ne pouvant être transférés. Par exemple, quand le pape s’absente de Rome pour un voyage, il confie quelques pouvoirs d’administration ordinaire au cardinal camerlingue, Eduardo Martinez Somalo. Mais "il y a des pouvoirs qui appartiennent seulement au pape et qui ne peuvent être transférés", comme les nominations d’évêques ou certaines dispenses concernant le lien matrimonial.

 Le cardinal italien a toutefois précisé : "Ceci n’est pas le cas qui nous intéresse", car Jean-Paul II est bien présent et conscient de l’autorité qu’il continue d’exercer. Les collaborateurs directs du pape, qui sont les cardinaux de la Curie romaine, exercent des pouvoirs délégués par le pape, opèrent en son nom et en vertu de son autorité, a-t-il précisé.

Samedi 5 février. Plus de 80 prélats de toutes les confessions chrétiennes ont pu se rendre à la polyclinique Gemelli de Rome afin de prier pour Jean-Paul II. Présents dans la capitale de la Péninsule à l’occasion du 37e anniversaire de la communauté italienne de Sant’Egidio - organisatrice des grandes réunions œcuméniques comme celle d’Assise -, ces prélats catholiques, orthodoxes et protestants, se sont réunis dans la chapelle du troisième étage de l’hôpital.

 "Jean-Paul II va mieux", a déclaré Mgr Vincenzo Paglia, à la tête de la délégation des prélats. En milieu de journée, l’évêque de Terni avait été autorisé à rentrer, seul, dans la chambre du pape pour lui remettre une lettre signée par les prélats – européens, africains et asiatiques – déclarant  prier pour la santé du Souverain Pontife. "Il a été très content de savoir" que nous prions pour lui, a ajouté Mgr Paglia. Le pape  a voulu voir les signatures des quatre-vingt-deux personnalités qui ont signé le message. Ancien aumônier de la communauté de Sant’Egidio, Mgr Vincenzo Paglia a affirmé que le pape parlait, se faisait bien comprendre, et que son timbre de voix s’améliorait.

Dimanche 6 février. Jean-Paul II est apparu durant une dizaine de minutes pour l’Angélus à la fenêtre du dixième étage de la polyclinique Gemelli. Le pape n’a prononcé que quelques paroles d’une voix très faible et rauque, à la fin difficilement audible. Il n’a pas lu son texte, confié à Mgr Leonardo Sandri, substitut de la Secrétairerie d’Etat du Vatican, mais il a donné sa bénédiction apostolique à l’issue de la prière mariale.

 Au sixième jour de son hospitalisation, le pape, les épaules voûtées, est apparu à la fenêtre, les traits tirés, accompagné de quelques proches collaborateurs. Il a longuement salué la foule, dans un grand silence. Puis, le substitut de la Secrétairerie d’Etat a lu le texte du pape. Au terme de la prière, Jean-Paul II a donné sa bénédiction apostolique "au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit", avec une grande difficulté d’élocution.               

Dans son message, lu par l’archevêque Leonardo Sandri, le pape a remercié ceux qui prennent soin de lui à l’hôpital et tous ceux qui dans le monde entier sont proches de lui en ce moment. "Même à l’hôpital, au milieu des autres malades auxquels vont mes pensées affectueuses, je continue à servir l’Eglise et l’humanité tout entière", a affirmé Jean-Paul II avant d’évoquer la "Journée pour la vie" célébrée ce dimanche en Italie, soutenant les évêques de la Péninsule dans "leur défense de la vie à naître." "Il faut avoir confiance en la vie", a ajouté le pape dans son message, "la confiance dans la vie réclamée en silence par les enfants qui ne sont pas encore nés", la confiance que demandent tant d’enfants, restés sans famille pour diverses raisons, afin qu’ils puissent trouver une maison qui les accueille par l’adoption et le placement temporaire.

Place Saint-Pierre, la foule des pèlerins s’était massée pour suivre l’Angélus sur des écrans géants. Une délégation du "Mouvement italien pour la vie" brandissait une banderole et de grands ballons où figurait en grosses lettres l’inscription "Oui à la vie".

Le porte-parole du Saint-Siège a catégoriquement nié le doublage de la voix de Jean-Paul II lors de l’Angélus. "Naturellement, les paroles du Saint-Père lors de la bénédiction de ce matin, il les a prononcées au moment même où nous les avons entendues dans une transmission en direct" a déclaré le directeur de la salle de presse du Saint-Siège dans la soirée du 6. "L’affirmation selon laquelle les paroles transmises à ce moment-là auraient été enregistrées préalablement n’a pas de sens" a-t-il ajouté. Cette mise au point n’a cependant pas mis un terme à la polémique.

Certains médias avaient affirmé qu’un enregistrement de la voix du pape aurait été diffusé lors de la bénédiction, en raison de son incapacité à parler. En effet, après une brève coupure du son faisant penser à un problème technique, le ton de Jean-Paul II a changé. Une réécoute de l’enregistrement de la bénédiction met en évidence cette différence, selon les observateurs.

Interrogé par l’Apic en milieu d’après-midi, le Père Federico Lombardi, directeur des programmes de Radio Vatican, a refusé de porter plus loin la polémique, ajoutant : "Je ne nie rien, je ne confirme rien".



Il faut dire qu’après la lecture de l’allocution par Mgr Leonardo Sandri, le valet de chambre du pape, Angelo Gugel, a présenté le micro à Jean-Paul II. Ce dernier n’a pas attendu pour donner sa bénédiction et a commencé, en latin : "Sit nomen Domini benedictum". Ses proches collaborateurs, derrière lui, ont alors répondu: "Ex hoc nunc et usque in sæculum". Puis le pape a commencé avec difficulté: "Adjutorium nostrum…" mais le son a été subitement interrompu avant de reprendre en italien, après le bruit sourd d’une coupure, sur un ton de voix clairement différent: "Nel nome del Padre… del Figlio e dello Spirito Santo. Grazie". Depuis un moment, les lèvres du pape n’étaient plus visibles, cachées par le papier que tenait devant lui son jeune secrétaire polonais, Mgr Mieczyslaw Mokrzycki.

"Vous avez vu les images du pape" a encore déclaré le directeur des programmes de Radio Vatican, "c’est ce que tout le monde attendait." Les images du pape, assis derrière la fenêtre ouverte de sa chambre d’hôpital, devaient en principe mettre fin aux nombreuses spéculations des médias sur son état de santé.

Lundi 7 février. "Les conditions générales du pape continuent à s’améliorer " a affirmé le porte-parole du Saint-Siège, en fin de matinée, après avoir vu les médecins du Souverain Pontife à la polyclinique Gemelli. Il aussi précisé que Jean-Paul II "n’avait plus de fièvre", qu’il "s’alimentait régulièrement" et qu’il avait même "passé quelques heures dans son fauteuil". Le directeur de la salle de presse vaticane a également affirmé que "le pape concélébrait la messe tous les jours dans sa chambre", son entourage, y compris le corps médical, y participant. Le pape jette même un coup d’œil aux quotidiens pour "suivre", comme il le dit lui-même, "l’évolution de sa maladie", a ajouté Joaquin Navarro-Valls. Cependant, "pour des motifs de prudence évidents, les médecins ont conseillé au pape de prolonger sa présence à la Polyclinique Gemelli pour encore quelques jours".

Une éventuelle démission de Jean-Paul II pour des raisons de santé doit être laissée "à la conscience du pape", a estimé le secrétaire d’Etat, Angelo Sodano, au cours d’une conférence de presse donnée en fin d’après-midi à Rome."Durant ses 26 ans de pontificat Jean-Paul II a laissé un magistère lumineux. Nous faisons le voeu que ce magistère continue pour de nombreuses années. Le pape Pie IX comme vous le savez bien a gouverné l’Eglise pendant 32 ans, et nous espérons que le pape actuel, Jean-Paul II, dépasse cette limite. Léon XIII a vécu jusqu’à l’âge de 93 ans. Ainsi nous prions aussi en ce moment pour que le Seigneur accorde une longue vie au Saint-Père, qu’il lui accorde la sérénité". Et de remarquer : "l’affection de ses enfants et de l’Eglise entière sera pour lui le meilleur remède".

Pour le cardinal Sodano, "le Seigneur est grand et sait comment guider". "Laissons à la conscience du pape qui est guidé par l’Esprit Saint". "S’il y a un homme dans l’Eglise guidé par l’Esprit Saint, s’il y a un homme qui aime l’Eglise c’est le pape", a poursuivi le prélat. Répondant plus particulièrement à l’Apic, le cardinal a relevé que "le pape peut s’exprimer sans parler", il peut "gouverner la vie de l’Eglise de différentes manières".

L’éventualité de la renonciation d’un pape avait été évoquée par Jean-Paul II lui-même dans la Constitution apostolique Universi dominici gregis, publiée en février 1996. Le pape y fait référence au paragraphe 2 du canon 332 du Code de 1983. On peut y lire que "s’il arrive que le pontife romain renonce à sa charge, il est requis pour la validité que la renonciation soit faite librement et qu’elle soit dûment manifestée, mais non pas qu’elle soit acceptée par qui que ce soit".

Avec l’hypothèse d’une renonciation du pape se pose la question de son successeur. Le magazine américain Time a lancé à la mi-janvier la rumeur - reprise par Henri Tincq dans Le Monde des 3 et 6 février - selon laquelle le cardinal Josef Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, pourrait devenir un « pape de transition », garant de la continuité après Jean-Paul II. Selon Tincq, le cardinal Ratzinger sera le « grand électeur » incontesté du prochain conclave, et s’il ne devenait pas pape, « il encouragerait l’élection d’un cardinal de gestion modéré, capable de décrisper l’Eglise, tout en évitant d’audacieuses réformes ». Deux cardinaux italiens répondent à ces critères : l’archevêque de Milan, Dionigi Tettamanzi  (70 ans), et le patriarche de Venise, Angelo Scola (64 ans). 

Mercredi 9 février. Jean-Paul II a participé à la messe des cendres dans sa chambre d’hôpital, dans la matinée, a déclaré Joaquin Navarro-Valls, tout en confirmant que le pape allait mieux. Le directeur de la salle de presse du Vatican a précisé que "les cendres bénies par le pape lui avaient été imposées par le premier des concélébrants", avec la phrase « Convertis-toi et crois en l’Evangile » du nouveau rite qui remplace la formule traditionnelle : « Souviens-toi, homme, que tu es poussière et que tu retourneras en poussière »

Jeudi 10 février. Joaquim Navarro-Valls a fait savoir que Jean-Paul II, guéri de sa laryngotrachéite aiguë, rentrerait dans la journée au Vatican , sans pouvoir préciser la durée de la convalescence  du pape.

"I will not die before I canonize Pope Pius XII"

Five days ago, we reported that Pope John Paul II was 10 minutes from death the night he was hospitalized (February 1).
Now, in the very different context of an 84-year-old Pope on the mend, we consider one of the most controversial issues he will have to face in the months ahead, and reveal that he himself has already, according to our sources, made up his mind on the matter.
Our sources tell us they believe that John Paul II, barring an unexpected crisis of the type which just occurred, will live for some time yet (one source suggested the figure "five more years").
During that time, we have been told, John Paul fully intends to perform at least one very controversial act: declare that Pope Pius XII -- denounced by many for his alleged "silence" during the Nazi persecution of the Jews -- was a saint who helped save the lives of nearly 1 million Jews.

- by Inside the Vatican staff

>>Pius XII Now on Fast Track to Become a Saint<<

Pope John Paul II, who nearly suffocated last week due to a constricted throat and had to be rushed to the hospital, is strongly supporting the advancement of the controversial cause of Pope Pius XII for beatification, "Inside the Vatican" has learned from reliable sources.

Because of this papal support, Pius XII, the pontiff who guided the Church throughout World War II, fighting both the Nazis and Communists, who slept only four hours a night and ended his life weighing only 125 pounds -- and nearly died in 1954, four years before his death -- is now on the fast track to beatification, and ultimately, canonization, multiple sources confirm.

Indeed, one source, who asked not to be identified, but agreed to have the phrase cited, told us that John Paul, sometime prior to this latest hospital episode, remarked: "I will not die before I canonize Pope Pius XII."

This source continued: "The Pope was only minutes from dying, but now seems to have recovered. Maybe this happened because God has something still in mind for him to accomplish. The Pope would like to declare Pius a saint because he stood against the great totalitarian regimes of the last century, and because he wants that model for dangers facing the Church and mankind today."

These reports contradict widespread rumors that John Paul is reluctant to proceed toward canonizing Pius. Such rumors have persisted despite John Paul's continuing public praise for his predecessor, whom he has called "a great Pope."

"Pius stands at the center of the 20th century," one source told us. "He confronted Hitler and Stalin. He confronted the ideology of totalitarianism, of Marxism. He went to Germany to study Marx, and he studied him in depth. He understood the diabolic projects that they had. He was a towering figure."

John Paul's support for declaring Pius a saint does not mean that the long process (which was initiated by Pope Paul VI in 1965) is over. Several crucial steps still remain.

As "The Times of London" reported February 5, confirming what ITV had already independently learned: "The next step, in accordance with Vatican rules, is for Pius XII's 'heroic virtues' to be recognized" by the historical and theological commissions of the Vatican's Congregation for the Causes of Saints, after which the wartime pontiff can be "declared 'Venerable'." "The Times" continued: "The beatification process then requires the approval by the Congregation of a posthumous miracle -- usually the 'medically inexplicable' cure of a terminal illness through prayers of intercession. That accomplished, Pius XII will be declared Blessed -- probably 'within two or three years,' according to Vatican insiders -- and the 'wartime pontiff' will be on the road to sainthood."

It is possible that something could happen to "derail" this process -- for example, the death of Pope John Paul and the arrival of a new pontiff not as devoted to Pius XII.

But, with that proviso, it seems likely that Pius XII will become Blessed Pius XII and then St. Pius XII in the next few years. This would be a startling response for the Church to make to critics of Pius, who have gone so far to argue that, far from being a saint, he was "Hitler's Pope" the title of a book published in 2000 by British writer John Cornwell. In that work, according to the description on the publisher's website (Penguin Books), "Cornwell shows that, even well before the Holocaust, Pope Pius XII was instrumental in negotiating an accord that helped the Nazis rise to unhindered power--and sealed the fate of the Jews in Europe. Drawing upon secret Vatican and Jesuit archives to which he had exclusive access, Cornwell tells the full, tragic story of how narcissism, longstanding personal antipathy for the Jews, and political and spiritual ambition combined to make Pius the most dangerous churchman in history." It is this "most dangerous churchman in history" whom P!
ope John Paul according to our sources, is persuaded deserves to be called a saint.

How is this possible?

John Paul II's position stems from his agreement with a group of historians, not all of them Catholic, who have long argued that the criticisms made against Pius are reckless, ideologically-motivated and demonstrably untrue. During his pontificate (1939-1958), Pius XII was widely considered a great and courageous leader, an implacable and outspoken foe of racism and totalitarianism, and deadly enemy of both Nazism and Communism. At the time of his death in 1958, he was mourned the world over and praised, in particular, by the Jewish community, who lauded the pontiff's wartime actions, which rescued the lives of an estimated 860,000 Jews during the Holocaust.

Within a few years of his death, however, a young playright named Rolf Hochhuth, a guilt-ridden German Protestant who had served in Hitler's Youth Movement as a boy in Nazi Germany, wrote "The Deputy," a play performed throughout the world which depicted Pius XII as silent and indifferent during the Holocaust, particularly during the Nazi round-up of Rome's Jews in 1943.

Though modern scholarship has "decisively established the falsehood of Hochhuth's specific allegations," to quote historian Eamon Duffy, "The Deputy" was accepted as authentic history by many, creating an anti-papal legend that persists to this day.

As the late Father Robert Graham, an American Jesuit and expert on Pius XII, commented: "'The Deputy' was more than merely a play. It was a sustained exercise in character assassination that was resoundingly echoed in the popular press. The production of the play coincided closely with the publication of Anne Frank's diary and the trial and execution of Adolf Eichmann. The world needed to give vent to its horror, and with no more real Nazis left to punish, the image of a pusillanimous Pope offered just the right scapegoat."

However, over time, and because of the dedication of Jewish as well as Catholic researchers, the truth about Pius XII's pontificate is becoming better known, and the Vatican's recent decisions to move forward with the cause of Pius XII is dramatic proof of that.

A recent series of events demonstrates the strength, effectiveness and progress of Pius XII's growing movement of support. Consider the following:

--On December 28, 2004, Italian historian Alberto Melloni published a 1946 document, in the Milan daily "Corriere della Sera," alleging that Pius XII had blocked the re-unification of Jewish children rescued by the Church during the Holocaust, with their surviving families, after the War. Melloni claimed that Pius's papal nuncio in France at the time, Angelo Roncalli (the future Pope John XXIII) ignored the papal directive and helped place the Jewish children back with their families.

--On January 11, Italian journalist Andrea Tornielli and historian Matteo Luigi Napolitano published a devastating expose of Melloni's claims, in the more responsible Italian paper, "Il Giornale." They revealed that the October, 1946 document Melloni was presenting as a papal document, ordering French officials not to hand over Jewish children to their families, was not, in fact a papal letter, but an unsigned, mistranslated French memo, written by an unknown French official, misrepresenting an authentic directive of Pius XII, written one month earlier, clearly directing Church officials to return Jewish children to their relatives. The original documents, as well as supplementary material, have now been posted on Napolitano's website (http://www.vaticanfiles.net).

--In the new January-Febuary 2005 edition of "Inside the Vatican," just out, papal experts William Doino Jr and Professor Ronald Rychlak, following the revelations of Tornielli and Napolitano, update and recount the whole affair, demonstrating how the latest allegations, repeated by a prejudiced and uninformed media, constitute yet "another anti-papal hoax." The two authors reveal the truth about the Vatican's directives, showing how hard Pius XII worked, in unison with Roncalli, to save persecuted Jewish children during the Holocaust, and then to re-unite them with their families, after the War. In the same issue, Mary Jo Anderson, a well-known Catholic author, castigates the anti-papal polemicists for repeating allegations about Pius XII before examining all the facts.

--On January 27, the influential website newsmax.com published an explosive article entitled, "NY Times Wrong: Pius XII Saved Jews," assailing "The New York Times" for publishing a story, on January 9th ("Saving Jewish Children, But at What Cost?"], which repeated Melloni's charges, even as evidence was just then emerging which would completely discredit them. The highly-documented newsmax article proved that "The New York Times" piece did not even meet the minimum standards of responsible journalism, and called for the firing of the editors and writers involved in "The Times'" bogus story.

--In its new issue, dated February 5, 2005, the Vatican-approved Jesuit fortnightly, "La Civilta Cattolica," has published an authoritative article, entitled, "La vicenda dei bambini ebrei salvati dall'Olocausto" [The Case of the Jewish Children Saved from the Holocaust] demolishing the allegations of Melloni, and confirming the research of Tornielli, Napolitano, Doino and Rychlak.

--An American organization called the Catholic League for Religious and Civil Rights (http://www.catholicleague.com) has published three major news releases -- on January 14, 18 and 27 -- refuting every aspect of the anti-papal campaign, and detailing the actual record of Pius XII, including new details (first aired by the Italian weekly "Avvenire"), about Hitler's plot to kidnap Pius XII, because of the pontiff's fierce opposition to Nazi ideology, and because Pius was considered a "friend of the Jews" by the Third Reich.

--Appearing on the January 14th edition of "The World Over Live," EWTN's popular weekly news broadcast (hosted by Raymond Arroyo), William Donohue, president of the Catholic League, delivered a point-by-point refutation of the recent charges against Pius XII. Donohue also emphasized that the campaign against Pius XII has now reached a dead end, and that Pius XII was being vindicated by the outstanding, pioneering work of Sister Margherita Marchione [see below], the work of Ron Rychlak, in his great book, "Hitler, the War and the Pope" and a brand new anthology, "The Pius War: Responses to the Critics of Pius XII" (Lexington Books; ISBN: 0-7391-0906-5), edited by Joseph Bottum and Rabbi David G. Dalin, which Donohue described as "absolutely masterful." "The Pius War," which includes an acclaimed 80,000 word commentary by ITV contributor William Doino Jr, has already received favorable reviews from publications such as "National Review" and "First Things." In its February 14th!
edition, "National Review" commented that "The Pius War" was "one of the best volumes to emerge" on the topic, containing "some of the most compelling defenses of Pius" and called Doino's contribution a "tour de force of scholarship." Writing in "First Things" (February, 2005), editor-in-chief Fr. Richard John Neuhaus echoed this praise, and concluded that "The Pius War will likely be an important resource in advancing the cause of Pius XII toward his canonization."

[Editorial Note: If Pius XII is beatified and canonized, few will deserve more credit than Sister Margherita Marchione. Sister Margherita, popularly known as "the fighting nun," is a member of the Religious Teachers Filippini, holds a Ph.D from Columbia University, was a Fulbright scholar, and is author of more than 50 books. At least a dozen of them, in English and Italian, have been devoted to the life and work of Pope Pius XII during the Holocaust (including Pius XII: Architect for Peace [2000], and Pope Pius XII: Consensus and Controversy [2002]). Her first book on Pius, Yours is a Precious Witness (1997), was a groundbreaking oral history of Jewish and Catholic survivors of the German occupation of Rome, who paid tribute to Pius XII for his life-saving measures taken during the War. She has appeared on many radio and television programs, combating the likes of John Cornwell...who recently admitted he was wrong about Pius XII in light of the "debates and evidence followi!
ng Hitler's Pope." ("The Pontiff in Winter" [Doubleday, 2004] p. 193). Much of that "evidence" was first publicized by Sister Marchione. Below we reprint Sister Marchione's contribution, "The Sanctity of Pius XII," outlining the many reasons why this great man will one day be declared a saint.]

>>The Sanctity of Pius XII<<

- by Sr. Margherita Marchione

The Vatican Congregation for the Causes of Saints will soon begin an examination of the Positio [the multi-volume biography and documented testimony] on the beatification of Pius XII. With regard to Pius XII's sanctity, Father Peter Gumpel, relator, judge, and leading authority on this process, recently stated: "After reading over 100,000 pages of the documents related to the process of beatification, I am more and more convinced that Pius XII was a saint."

A beatification is strictly an internal affair of the Catholic Church. This is not an honorary title. It is the declaration of an individual's holiness. The requirements for beatification and canonization demand years of investigation. The life of the individual is scrutinized; documentation of his heroic virtues is made available to the Congregation; miracles attributed to his intercession are scientifically examined. This is done through the work of collecting testimonials and documentaries as well as through theological and medical assessments. The moral certainty and the formulation of a judgment must be well-founded, serious and precise. Finally, the case must be submitted to the Holy Father who decides on the promulgation of the decree.

Since the beginning of the year 2005, there has been an increased interest in the beatification of Pope Pius XII among Catholics throughout the world. Pius XII was a man of deep faith and extraordinary charity. As has been copiously documented by my books and others, no other head of state or religious leader before, during, and after World War II did as much as Eugenio Pacelli to save Jews fleeing from Nazi persecution. In his famous book, Three Popes and the Jews (1967), Israeli historian Pinchas Lapide did not hesitate to estimate that "the Catholic Church, under the pontificate of Pius XII, was instrumental in saving at least 700,000 but probably as many as 860,000 Jews from certain death at Nazi hands."

More recently, Sir Martin Gilbert, the world's leading Holocaust researcher, stated that such life-saving acts were not accomplished spontaneously, as if they were totally independent from the Vatican (as Pius's detractors have argued), but were being guided and inspired by Pius XII: "Hundreds of thousands of Jews, saved by the entire Catholic Church, under the leadership and with the support of Pius XII, would, to my mind, be absolutely correct." ("Inside the Vatican," August, 2003, p. 31)

Eugenio Pacelli was the Pope during a tragic period of history. He was a model of sanctity. In him was manifested the heroism of the one who works under extreme responsibility: it was the sanctity that flows from decisive action in the face of total warfare; a sanctity that knows it cannot stop because of Nazi threats of kidnapping and death. The miracle of Pius XII is that, because of him, the house built upon the rock (Mt. 7:24) -- the Church -- which he kept intact during a period of the most radical evil, was capable of providing shelter and protection for millions of Europeans, including hundreds of thousands of persecuted Jews.

Pope Pius XII is a lofty model of charismatic responsibility and rational rigor, of which we have a tremendous need in today's world. When he passed away on October 9, 1958, an editorial "Fighter for Peace" in the "Los Angeles Examiner," expressed the sentiments of Catholics and non-Catholics: "It was God's will that the leader of the Roman Catholic Church through years of grave trial should be a man with beautifully sensitive hands, a face of compassionate wisdom, a frail body, and a voice of quiet and profound solace.

"Yet this Pope's hands could clench in battle, his face could be that of a warrior, his body could endure the rigors of disease and the erosion of the years, his voice could thrust like steel against Godless Communism. The incredible strength of the Spirit lived beneath that delicacy of manner, that fragility of frame.

"Pius XII was known as 'the Pope of Peace.' He called himself a fighter for peace. His self-description was more accurate, for the years of his reign, beginning in March, 1939, were those of the horrible violence of war or the stealth and treachery of Communist evil. It was in these and through these continuous ordeals that the gentle and ascetic scholar became God's warrior; a bulwark against despair, a magnificent fighter for peace, a repository of the hopes of mankind.

"Never, during these troubled years, did Pius XII lose his gift of gracious beneficence. No other Pope received so many people. They numbered many millions. Whether the audiences were large or small, he conveyed a sense of intimacy and understanding. His gifts to them were hope and courage. This fighter for peace is now in peace with God."

There are volumes of depositions for the beatification of Pius XII. His sanctity has been recorded.

Pius XII was a humble person who did not want his many good works and accomplishments revealed. Respecting his wishes, Sister Pascalina Lehnert -- his housekeeper -- quietly implemented the Pope's charitable works, serving him faithfully from 1923-1958. Only after his death, in her memoirs and deposition to the Congregation, did Sister Pascalina reveal Pius's extraordinary courage and charity.

As early as 1929, when he was still nuncio to Germany, and four years before Hitler came to power, Sister Pascalina remembers how Archbishop Pacelli warned that Hitler was a "madman," capable of destroying everything that went before him; and she describes how the Nuncio criticized Germans who refused to recognize the evil Hitler represented. (See Pascalina's memoirs, Pio XII, il privilegio di servirlo [Milan: Rusconi, 1984]).

Ten years later, after Pacelli became Pope Pius XII, Sister Pascalina describes how the pontiff continued to fight Hitler with every fiber of his being, and how Pius went out of his way to assist the victims of the Third Reich. In her testimony before the Congregation (Session CLXIII, March 17, 1972), Sister Pascalina stated: "The Pope not only opened the doors of the Vatican to protect the persecuted, but he encouraged convents and monasteries to offer hospitality. The Vatican provided provisions for these people. The accusation that Pius XII was indifferent to the needs of the victims is without foundation. He ordered me to spend his inheritance and personal funds to provide for those who wished to leave Italy and go to Canada, Brazil, or elsewhere. Note that $800 was needed for each person who emigrated. Many times the Pope would ask me to deliver to Jewish families a sealed envelope containing $1,000 or more."

Pius XII's pontificate left a lasting mark on the history of the Catholic Church. His life was one of action, inspired by profound piety. He brought consolation, peace and encouragement everywhere. He instituted numerous liturgical reforms: the evening Mass, the new Eucharistic fast regulations and increased lay participation in liturgical functions. The Eucharistic Liturgy was the source from which Pius XII drew strength and wisdom to lead the world.

Pius XII has been called the "Pope of Mary" for his great devotion to the Mother of God, evidenced in the infallible definition of the Assumption. The consecration of Russia and of the whole world to the Immaculate Heart of Mary, the solemn proclaiming of the Marian Year, the institution of the feast of the Queenship of Mary, and the proclamation of the Centenary of the Apparitions of Our Blessed Lady to St. Bernadette, were also made by Pius XII.

Pius XII spoke numerous languages, but the only language that inspired others, was the language of his heart. He was a minister of peace in a warring world. When he was told that Stalin inquired about the number of divisions in his army, he said: "You may tell my son Joseph he will meet my divisions in heaven." That was Pacelli's secret. Even of Stalin he could say "my son." And mean it.

Pacelli's prayerfulness was noted throughout his life. Very reserved, he did not speak about his personal spirituality, but whoever approached him would realize that he was in constant union with God. When he died, his acting secretary of state, Monsignor Domenico Tardini, declared: "Often the Church bells would ring at noon during our discussions. Immediately Pius XII would stand, fold his hands, lower his eyes and begin to recite the Angelus Domini."

Those who worked closely with Pius XII claim that he lived a life of exemplary temperance and mortification. He was an ascetic and practiced every virtue in an extraordinary way. He wanted only simple food. His meals were that of a poor person. He ate very little and did not eat desserts. He did not use alcoholic beverages or tobacco. Even though he needed special foods, during the war years he forbade any exceptions for his own meals. His weight was reduced to fifty-seven kilos (125 pounds).

He did not want his apartment heated because thousands of refugees hidden by the Vatican could not have their rooms heated. He slept only four hours each day, after working until two in the morning and getting up at six a.m. Even when the time period for fasting in order to receive Holy Communion was lessened, he continued to observe the original fast regulations. Pope Pius XII weighed everything in light of Gospel revelations and Christian traditions. His official speeches and writings alone amount to more than 22 volumes. He restored Church prestige and provided the faithful and the world with extraordinary leadership.

In 1954, Pius XII became gravely ill. He soon resumed his duties, and continued his mission. and gave four more years of fruitful service to the Church. During his final illness in 1958, as he prepared to meet his Master, when he could no longer celebrate Holy Mass, he repeated constantly the prayer, Anima Christi ["Soul of Christ, Sanctify me, Body of Christ, save me, In the hour of my death, call me."]

Cardinal Angelo Roncalli -- the future Pope John XXIII -- revered Pius XII and gave a eulogy in St. Mark's Basilica, Venice, on October 11, 1958. He recalled the magisterium of Pius XII who "adapted himself to modern thought and progress." He stated that history would recall his example, his messages. As leader of the Catholic Church, his name would be listed among the great and most popular of modern history. In his first Christmas Message (1958), Pope John XXIII unofficially canonized his predecessor and referred to "our Father and Pontiff, whom we see already among God's saints in heaven: Supreme Doctor, Light of Holy Mother Church, Lover of the Divine Law." ("Doctor Optimus, Ecclesiae Sanctae Lumen, Divinae Legis Amator"). In the 1960s, there began an effort to villify the wartime Pope, a campaign which Ralph McInerney has accurately labeled "the defamation of Pius XII." Following the Communists, who fabricated charges against the Pope, in hopes of driving the faithful a!
gainst him, Pius was subject to the most unscrupulous and un-historical attacks in modern history.

Today, his detractors continue to claim, against all evidence, that he lacked courage, human compassion, and a sense of moral rectitude. Hostile attacks by the uninformed and prejudiced media replace the historical record that showed him as a great leader.

In contrast to the universal esteem Pius XII enjoyed until his death, his reputation today still suffers from many scattered attacks. However, according to Michael Novak, these critics "are deflecting attention from themselves. Today's charges against Pope Pius XII cannot stand scrutiny." What Pius XII did for the Jews directly and indirectly through his diplomatic representatives and the bishops is well documented. At the end of World War II, Dr. Joseph Nathan, representing the Hebrew Commission, addressed the Jewish community, expressing heartfelt gratitude to those who protected and saved Jews during the Nazi-Fascist persecutions. "Above all," he stated, "we acknowledge the Supreme Pontiff and the religious men and women who, executing the directives of the Holy Father, recognized the persecuted as their brothers and, with great abnegation, hastened to help them, disregarding the terrible dangers to which they were exposed." The Romans gave Pope Pius XII the title "Defens!
or Civitatis" ("Defender of the City"); his contemporaries throughout the world acclaimed him "Pastor Angelicus" ("Angelic Shepherd"). Indeed, "Vox populi, Vox Dei" -- the voice of the people is the voice of God.

Pope Pius XII is a unique figure in modern history. He was an extraordinary man who fulfilled his duties with courage and great wisdom, and who was in his personal life an exemplary Christian, priest, bishop, cardinal, and pope. One of the most distinguished prelates ever to serve the Church, his pontificate achieved a wider respect than it had had since the Reformation. He restored Church prestige and provided the faithful and the world with extraordinary leadership. Pope Pius XII's aspirations toward truth and goodness and his extraordinary achievements may be considered one of the great events of the 20th century. The opinion of many of his contemporaries was that he was a saint. Long after his detractors are forgotten, Eugenio Pacelli will go down in history as one of the great religious leaders of his age, or indeed any age. He will be remembered as St. Pius XII.

Le pape mérite de mourir en fonction, croit Mgr Ouellet

Guy Benjamin
Le Soleil
Québec

Jean-Paul II, après les grands services rendus à l'Église depuis 27 ans, mérite bien de mourir en étant toujours pape. Mgr Marc Ouellet a exprimé ce point de vue hier matin peu de temps après avoir reçu de Rome des nouvelles positives sur l'état de santé du Saint-Père.
« Je ne me vois pas en train de faire des pressions sur lui pour qu'il démissionne », d'ajouter l'archevêque de Québec. Mgr Ouellet tient à respecter la volonté de Jean-Paul II. Le premier pasteur du diocèse de Québec rappelle que le pape a affirmé à plusieurs reprises qu'il voulait rester en poste jusqu'à son dernier souffle.

Un pape affaibli physiquement, mais au moral extraordinairement fort, de dire Mgr Ouellet. Voilà un exemple pour les vieilles personnes, les malades, les handicapés. « Un exemple de dignité humaine », selon le cardinal.

Le pape récupère

Le Soir en ligne
 
Le Vatican pourrait annoncer une sortie rapide de l'hôpital du pape Jean Paul II, hospitalisé depuis mardi dernier en raison de graves problèmes respiratoires et dont l'état de santé s'améliore.
 
Un nouveau bulletin de santé sera fourni demain (jeudi) et j'espère que ce ce sera le dernier, a déclaré hier soir Joaquin Navarro-Valls.
  Le Vatican envisage que Jean Paul II, 84 ans, puisse quitter l'hôpital vendredi en fin de matinée et pense qu'il pourrait même se montrer dimanche à la fenêtre de ses appartements place Saint Pierre pour la prière de l'Angelus, a annoncé l'agence Ansa, présentant cela comme une "hypothèse de travail"
  La presse italienne de ce jour considère cependant comme acquis que le pape sortira au plus tard vendredi ou samedi et donnera dimanche sa bénédiction pour la prière de l'Angélus. La seule question que se pose Il Messaggero est de savoir si la fenêtre du pape sera ouverte ou non dimanche.
  Selon le Corriere della Sera, plus gros tirage de la presse italienne, qui cite les milieux hospitaliers, "il n'est pas exclu" que Jean Paul II puisse sortir dès aujourd'hui de l'hôpital Gemelli. Les visiteurs qui l'ont rencontré mercredi jugent d'ailleurs tous que le pape est en train de se rétablir des problèmes qui ont entraîné son hospitalisation. J'ai vu le pape il y a quelques instants. J'ai eu une bonne impression, a annoncé hier soir un de ses visiteurs de la journée, le cardinal Giovanni Battista Re, préfet de la congrégation des évêques. Je l'ai trouvé vraiment bien, avait pour sa part déclaré en fin de matinée le cardinal Camillo Ruini, président de la Conférence épiscopale italienne.
  La sortie du souverain pontife, qui semble imminente, ne lèvera cependant que partiellement les inquiétudes sur son état de santé réel. A partir de dimanche et pendant une semaine, Jean Paul II a prévu d'effectuer les exercices spirituels, comme il le fait toujours pendant la période de Carême, et aucune audience ou rencontre ne sont prévues pendant ce laps de temps.
  Mais une semaine d'absence du pape, après son hospitalisation, risque d'alimenter le débat sur la possibilité d'une démission pour raisons de santé, même si de nombreux cardinaux s'en défendent. Le Corriere résume la situation en assurant que le pape, 84 ans, va bien, autant que le lui permettent les problèmes causés par le Parkinson, les infirmités et l'âge.

VATICAN - Hystérie médiatique autour de la santé du pape

Courrier international - n° 745 - 10 févr. 2005
Europe

Lorsque les camions équipés d’antennes paraboliques ont commencé à assiéger l’hôpital Gemelli de Rome, tout le monde a compris ce qui se passait. Le pape était de nouveau là, et ce n’était pas une bonne nouvelle. Pendant des nuits entières, la polyclinique, éclairée comme en plein jour, a été le plateau involontaire du neuvième tournage de la même séquence, celle des hospitalisations de Jean-Paul II. Caméras montées sur perches, téléobjectifs pointés sur le dixième étage, chroniqueurs battant la semelle pour combattre le froid et râlant contre le service d’ordre mis en place par la police : le “cirque médiatique” était à pied d’œuvre.
Le correspondant de CNN, plus stressé que jamais, explique au téléphone dans deux directs : “Vingt personnes sont arrivées en renfort de Londres. Les deux premières liaisons, nous les avons faites par téléphone, les suivantes depuis notre bureau qui a vue sur le Vatican, et maintenant nous les faisons depuis les installations en position devant l’hôpital.” D’autres, comme la BBC, ont mobilisé d’encore plus gros contingents. “Trente-cinq personnes viennent d’arriver, et nous sommes prêts à renforcer encore nos effectifs en fonction des événements”, dit le correspondant. C’est la course à qui sera le plus rapide et le plus proche. Chacun revendique un record personnel. “Nos partenaires d’AP.com, affirme le directeur d’Associated Press, ont été les premiers à donner l’alerte. Nous avons engagé douze personnes supplémentaires et nous sommes fin prêts : depuis des années, les télévisions, à commencer par la RAI, ont loué les terrasses et les toits qui donnent sur le Vatican pour les prises de vues.” Et on dit que les principales chaînes de télévision américaines auraient loué, depuis des temps immémoriaux, l’accès au satellite pour les dix premières minutes de chaque heure, afin d’être sûres de pouvoir transmettre immédiatement.
Du point de vue journalistique, Karol Wojtyla est “le” personnage total. “Il a un poids énorme en Amérique, confirme Mario Biasetti, producteur à Fox News. Où qu’il aille, il remplit toujours les stades.” Une performance inattendue, de la part du successeur de saint Pierre. Au Vatican, la salle de presse est prête pour le grand ouragan médiatique. En cas d’événements extraordinaires, plus de 200 envoyés spéciaux peuvent s’ajouter aux 462 journalistes de 33 pays munis d’accréditations permanentes. Des Japonais, des Australiens, et surtout des Polonais, les plus inquiets, s’agitent nerveusement autour de la clinique. Les malades hospitalisés, en robe de chambre et pantoufles, regardaient, depuis l’intérieur, le spectacle de la rue. Dehors, les reporters, indifférents à cette pyjama-party improvisée, n’avaient d’yeux que pour le dixième étage.
Paolo G. Brera et Riccardo Staglianò
La Repubblica
"Un nouveau bulletin de santé sera fourni jeudi et j'espère que ce sera le dernier", a déclaré mercredi soir le porte-parole du pape, Joaquin Navarro-Valls. Soigné depuis le 1er février pour de sérieux problèmes respiratoires, le pape pourrait quitter l'hôpital Gemelli dans les prochains jours, peut-être jeudi soir ou vendredi en fin de matinée, selon le Vatican où on laisse entendre que Jean-Paul II pourrait même se montrer dimanche à la fenêtre de ses appartements place Saint Pierre pour la prière de l'Angelus.
Mais tout cela est encore une "hypothèse de travail", a précisé l'agence italienne ANSA. La décision sera prise après consultation des médecins jeudi sur la base des résultats des derniers examens. "J'ai vu le pape il y a quelques instants. J'ai eu une bonne impression", a annoncé mercredi soir le cardinal Giovanni Battista Re. "Je l'ai trouvé vraiment bien", avait pour sa part déclaré en fin de matinée le cardinal Camillo Ruini.

"Faites-moi guérir"

Jean Paul II a célébré la messe du mercredi des cendres dans son appartement de l'hôpital, ratant pour la première fois de son pontificat la cérémonie du début du carême au Vatican. Son secrétaire personnel Mgr Stanislaw Dziwisz lui a signé le front avec une pincée de cendres en lui rappelant, selon la formule rituelle, qu'il est poussière et redeviendra poussière.
Un enfant malade hospitalisé dans le département d'oncologie pédiatrique situé au même étage lui a ensuite été amené. Il a demandé à Jean Paul II de le "faire guérir". Le pape lui a souri et lui a donné la bénédiction, "lui confiant la mission de la partager avec tous les autres enfants soignés".

"A lui d'en juger"

Les cardinaux ont d'autre part continué à s'affronter dans le débat lancé par le numéro deux du Vatican, le cardinal Angelo Sodano, sur une éventuelle démission du pape. Membre influent de la curie romaine, le cardinal italien Giovanni Battista Re, considéré comme "papabile", a vivement réagi, estimant que parler de démission était "de mauvais goût". "Il est inutile de parler de cela, car le Saint Père tient le timon de l'Eglise dans ses mains expérimentées et fermes", a estimé cardinal colombien Dario Castrillon Hoyos, responsable des quelque 270 000 prêtres dans le monde.
Plus pragmatique, figure le cardinal argentin Jorge Mejia, ex-compagnon d'études du pape, pour qui une démission est "une chose possible", prévue dans le code canon. "Il faut voir si nous n'avons pas déjà atteint la limite. C'est à lui d'en juger devant Dieu", a-t-il ajouté. Le cardinal français Jean-Marie Lustiger a également estimé que le renoncement "relève de sa conscience". L'archevêque de Paris a néanmoins assuré que la maladie du pape "n'entame pas ses fonctions cognitives".

AFP

Le Vatican pourrait annoncer la prochain sortie de l'hôpital du pape


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Jeudi 10 février 2005

LEXPRESS.fr avec AFP
09:33 - Le Vatican pourrait annoncer jeudi une sortie rapide de l'hôpital du pape Jean Paul II, hospitalisé depuis mardi dernier en raison de graves problèmes respiratoires et dont l'état de santé s'améliore.

Un nouveau bulletin de santé sera fourni demain (jeudi) et j'espère que ce ce sera le dernier", a déclaré mercredi soir son porte-parole Joaquin Navarro-Valls. Le Vatican envisage que Jean Paul II, 84 ans, puisse quitter l'hôpital vendredi en fin de matinée et pense qu'il pourrait même se montrer dimanche à la fenêtre de ses appartements place Saint Pierre pour la prière de l'Angelus, a annoncé mercredi l'agence Ansa, présentant cela comme une "hypothèse de travail".
La presse italienne de jeudi considère cependant comme acquis que le pape sortira au plus tard vendredi ou samedi et donnera dimanche sa bénédiction pour la prière de l'Angélus. La seule question que se pose Il Messaggero est de savoir si la fenêtre du pape sera ouverte ou non dimanche. Selon le Corriere della Sera, plus gros tirage de la presse italienne, qui cite les milieux hospitaliers, "il n'est pas exclu" que Jean Paul II puisse sortir dès jeudi de l'hôpital Gemelli.
Jean Paul II a célébré la messe du mercredi des cendres dans son appartement de l'hôpital, ratant pour la première fois de son pontificat la cérémonie du début du carême au Vatican. Son secrétaire personnel Mgr Stanislaw Dziwisz lui a signé le front avec une pincée de cendres en lui rappelant, selon la formule rituelle, qu'il est poussière et redeviendra poussière. Un enfant malade hospitalisé dans le département d'oncologie pédiatrique situé au même étage lui a ensuite été amené. Il a demandé à Jean Paul II de le "faire guérir". Le pape lui a souri et lui a donné une bénédiction spéciale, "lui confiant la mission de la partager avec tous les autres enfants soignés".
Les visiteurs qui l'ont rencontré mercredi jugent d'ailleurs tous que le pape est en train de se rétablir des problèmes qui ont entraîné son hospitalisation. "J'ai vu le pape il y a quelques instants. J'ai eu une bonne impression", a annoncé mercredi soir un de ses visiteurs de la journée, le cardinal Giovanni Battista Re, préfet de la congrégation des évêques. "Je l'ai trouvé vraiment bien", avait pour sa part déclaré en fin de matinée le cardinal Camillo Ruini, président de la Conférence épiscopale italienne.
La sortie du souverain pontife, qui semble imminente, ne lèvera cependant que partiellement les inquiétudes sur son état de santé réel. A partir de dimanche et pendant une semaine, Jean Paul II a prévu d'effectuer les exercices spirituels, comme il le fait toujours pendant la période de Carême, et aucune audience ou rencontre ne sont prévues pendant ce laps de temps. Mais une semaine d'absence du pape, après son hospitalisation, risque d'alimenter le débat sur la possibilité d'une démission pour raisons de santé, même si de nombreux cardinaux s'en défendent.
Le Corriere résume la situation en assurant que le pape, 84 ans, "va bien", autant que le lui permettent "les problèmes causés par le Parkinson, les infirmités et l'âge".
Les cardinaux ont d'autre part continué à s'affronter dans le débat relancé par le numéro deux du Vatican, le cardinal Angelo Sodano, sur une éventuelle démission du pape. Membre influent de la curie romaine, le cardinal italien Giovanni Battista Re, considéré comme "papabile", a vivement réagi, estimant que parler de démission du pape était "de mauvais goût". Le cardinal colombien Dario Castrillon Hoyos, responsable de la congrégation du clergé et donc des quelque 270.000 prêtres dans le monde, partage cet avis. "Il est inutile de parler de cela, car le Saint Père tient le timon de l'Eglise dans ses mains expérimentées et fermes", a-t-il dit.
Le cardinal français Jean-Marie Lustiger a également estimé que le renoncement "relève de sa conscience". L'archevêque de Paris a néanmoins assuré que la maladie du pape "n'entame pas ses fonctions cognitives". Le cardinal secrétaire d'Etat Angelo Sodano s'était pourtant montré fort prudent, déclarant en réponse à la question d'un journaliste, qu'il fallait laisser la question d'une éventuelle démission "à la conscience du pape", tout en souhaitant qu'il continue à diriger l'Eglise.
"Certains pensent que le cardinal Sodano a laissé échapper un mot de trop. Mais c'est difficile à croire de la part d'un diplomate aussi consommé", estime Marco Politi. Le débat est entré dans le domaine public un peu partout dans le monde avec des prises de position parfois polémiques.
"Et si la démission du pape était une bénédiction ?", a ainsi demandé mercredi le quotidien suisse Le Temps, en affirmant que "le pape n'est plus en mesure de gouverner l'Eglise".

DICHIARAZIONE DEL DIRETTORE DELLA SALA STAMPA DELLA SANTA SEDE, DR. JOAQUÍN NAVARRO-VALLS

In mattinata, il Direttore della Sala Stampa della Santa Sede, Dr. Joaquín Navarro-Valls, ha rilasciato ai giornalisti questa dichiarazione, in merito alle condizioni di salute del Santo Padre Giovanni Paolo II:
La laringo-tracheite acuta, che aveva motivato il ricovero urgente del Santo Padre, è guarita.
Prosegue favorevolmente il miglioramento delle condizioni generali.
Negli ultimi due giorni, tutti gli accertamenti diagnostici, inclusa la TAC, hanno consentito di escludere altre patologie.
È da ritenersi che il rientro del Santo Padre in Vaticano avvenga entro oggi.

Il Dr. Navarro-Valls ha poi proseguito:

Il Papa ha deciso di inviare una lettera di ringraziamento a tutte le persone che lo hanno avuto in cura in questi giorni: medici, suore, infermieri, tecnici e ausiliari.
In particolare vorrei menzionare il Prof. Rodolfo Proietti, Ordinario di Anestesiologia e Rianimazione e Direttore del Dipartimento Emergenza e Accettazione (DEA), che ha coordinato l’équipe medica, coadiuvato dal Prof. Massimo Antonelli; il Prof. Gaetano Paludetti, Ordinario di Otorinolaringoiatria e il Prof. Filippo Crea, Ordinario di Cardiologia.

[00200-01.01] [Testo originale: Italiano]

[B0083-XX.01]

2.09.2005

Le pape Jean-Paul II célèbre la messe des cendres à l’hôpital

2005-02-09

CITE DU VATICAN, Mardi 9 février 2005 (ZENIT.org) – Le pape Jean-Paul II a célébré, mercredi matin, la messe des cendres à l’hôpital Gemelli, dans sa chambre d’hôpital.
C’est ce qu’a indiqué en fin de matinée le porte-parole du Saint-Siège, M. Joaquin Navarro Valls.
« Le Saint-Père, a-t-il dit, a présidé ce matin, dans sa chambre à la Polyclinique Gemelli, la concélébration de la sainte messe du mercredi des Cendres. Les cendres bénies par le Saint-Père lui ont été imposées par le premier des concélébrants. Jean-Paul II a invité à ce rite sacré son médecin personnel, le Dr Renato Buzzonetti, et les autres médecins qui le soignent ».
Le cardinal vicaire du pape pour Rome, et président de la conférence des évêques italiens, Camillo Ruini, a rendu visite au pape au Gemelli ce matin, indique par ailleurs Radio Vatican.
Il a confié aux journalistes de l’avoir trouvé « vraiment bien », et il a ajouté : « Je voudrais dire à tous une parole tranquillisante et pleine de confiance ».
Le prochain bulletin médical concernant l’état de santé du pape est prévu pour demain, jeudi, vers midi.
C’est la première fois depuis le début du pontificat que le pape Jean-Paul II ne participe pas à al première « station » de carême qui se tient traditionnellement à Rome en la basilique Sainte-Sabine, précédée de la traditionnelle procession pénitentielle depuis le monastère bénédictin de Saint-Anselme, également sur l’Aventin.
Cet après-midi, à 17h, c’est le cardinal Jozef Tomko, préfet émérite de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, et président du comité pontifical pour les Congrès eucharistiques internationaux, qui a présidé la célébration à Sainte-Sabine.

Le Pape a célébré les Cendres en privé

article publié le 09-02-2005 sur le site www.la-croix.com
      
Le Pape, que le cardinal Ruini a trouvé «vraiment bien», a reçu les cendres des mains de son secrétaire, dans sa chambre d’hôpital
«Je viens de voir le Pape et je l’ai trouvé vraiment bien.» Le cardinal Camillo Ruini, vicaire du Pape pour le diocèse de Rome, a manifestement voulu rassurer alors qu’il sortait mercredi 9 février à midi de la chambre de Jean-Paul II à la polyclinique Gemelli. «Je souhaite délivrer à tous un message de tranquillité et de pleine confiance, ajoutait-il. Nous avons parlé du diocèse de Rome. J’ai été surpris par le fait que, même aujourd’hui, il a voulu parler du diocèse et du début du Carême.»
En effet, c’est la première fois, depuis vingt-sept ans, que le Pape n’a pu présider lui-même la liturgie de l’entrée en Carême. Mercredi matin, dans la basilique Saint-Pierre, un groupe de pèlerins français évoquait justement ce souvenir : avec leur paroisse de Picardie verte, entre Amiens et Beauvais, ils étaient venus assister à la cérémonie des Cendres du jubilé de l’an 2000 à Rome. Mais à l’époque «il» était là, note l’un des pèlerins. «Il», le Pape. Cette année c’est dans sa chambre d’hôpital, en privé, qu’il a reçu les cendres des mains de son secrétaire particulier.
La célébration à Saint-Pierre était présidée au nom du Pape par le cardinal américain James Stafford. Il a brièvement évoqué Jean-Paul II. «Nous ressentons sa présence spirituelle parmi nous» et a surtout invité les fidèles à demander «au Seigneur de concéder les grâces nécessaires» à sa fonction de successeur de Pierre, pour «affirmer ses frères dans l’unité de la foi». Une intention de prière a été ajoutée à la prière universelle qui ne figurait pas dans le texte initial pour demander «la guérison rapide» du Pape. Sobriété donc. Ce cardinal a préféré insister dans son homélie sur l’urgence de la conversion : citant Jean-Paul II sur l’année de l’Eucharistie, il a invité les fidèles à remettre en évidence le «rapport essentiel à l’Eucharistie».

Elle ne «le» verra pas…

Les pèlerins paraissent d’ailleurs à l’unisson de la sérénité ambiante : l’absence du Pape ne leur «pèse pas», confessent-ils. «Comme chrétiens, et même si on est attaché à sa personne, la mort fait partie de la vie, et il doit maintenant faire son chemin à lui», témoigne Françoise.
Autant dire que ce groupe de Français, à Rome depuis dimanche, est bien loin de l’agitation médiatique qui s’est emparée du Vatican ces derniers jours. Certes, Virginie, 13 ans, dont c’est le premier pèlerinage romain, laisse échapper un soupir de déception : elle ne «le» verra pas… Et, tous, jeunes et moins jeunes iront prier devant la polyclinique Gemelli. Mais Chantal décrit le sentiment commun : «Ici, à Rome, sa présence est implicite, tous les lieux nous le rappellent mais ce pèlerinage est aussi une manière de nous préparer à ce qui va arriver : commence désormais à germer dans nos esprits cette idée qu’il va y avoir un changement. Sans doute un tournant pour l’Église universelle.»
Au même moment pourtant, bien que sur un mode mineur, la polémique se poursuit. Deux sujets à l’ordre du jour, la capacité de Jean-Paul II à gouverner l’Église et son éventuelle renonciation. Le quotidien La Repubblica, qui s’appuie notamment sur la prise de position d’un «organe catholique prestigieux comme La Croix» contre les «demi-vérités» (l’éditorial de Bruno Frappat du 8 février), affirme que «la maladie de Wojtyla, que cela plaise ou non, est devenue une énigme universelle».

«Parler de démission à propos d’une grippe est de mauvais goût»

Il parle aussi d’«accrochages au sommet de l’Église» en opposant les déclarations du cardinal Angelo Sodano mardi soir – «Laissons cela à la conscience du Pape […] Il sait ce qu’il doit faire» (en fait une réponse à une question posée sur l’éventualité d’une renonciation), à une déclaration ultérieure du cardinal Giovanni Battista Re, préfet de la Congrégation pour les évêques. Interrogé lui aussi par une agence de presse, il avait rétorqué : «Je ne réponds pas» à ce genre de querelle médiatique, «parler de démission à propos d’une grippe est de mauvais goût». Des petites phrases qui ne permettent toutefois pas de parler de conflit ouvert !
Bien sûr, les responsables romains se posent des questions. Mais s’abstiennent le plus souvent de publier leurs réflexions sur un sujet – le grand âge et la maladie d’un pape — qui se trouve aujourd’hui posé pour les prochains pontificats. Certains – que La Repubblica qualifie de «hérauts d’un pontificat intouchable et stagnant» – affirment, tel le cardinal Dario Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation pour le clergé, que «le Saint-Père a solidement en main la barre de l’Église». D’autres, dont le cardinal Mario Francesco Pompedda, juriste et ancien préfet du Tribunal de la Signature apostolique, ou le cardinal Jorge Mejia, ancien condisciple du Pape et ancien bibliothécaire de l’Église, dissèquent le droit canon ou supputent sur une éventuelle lettre de renonciation prédisposée.
Le prochain bulletin de santé de Jean-Paul II est attendu pour jeudi 10 février à midi. On saura peut-être alors quand le Pape rejoindra le Vatican. Il sera en tout cas absent vendredi après-midi pour la messe de la Journée mondiale des malades, fête de Notre-Dame de Lourdes, dans la basilique vaticane, à l’issue de laquelle il bénissait toujours les malades. Il pourrait, dit-on, le faire de sa chambre de Gemelli.


Yves PITETTE et Isabelle de GAULMYN, à Rome

***

«Un grand exemple», selon le cardinal Lustiger

Interrogé hier sur RTL, le cardinal Lustiger, archevêque de Paris, a estimé que «le Pape n’a pas besoin d’être comme Schwarzenegger pour donner l’exemple du superman qui gouverne l’Église. […] Si c’était comme cela pendant trente ans, ce serait peut-être une période un peu excessive, mais quand le gouvernement de l’Église a à sa tête un homme qui porte sa souffrance comme nous devons la porter et avec courage pour le bien de l’humanité, c’est un grand exemple». Il a ajouté : «Nous avons maintenant un handicapé à la tête de l’Église, qui porte son handicap et montre que cette faiblesse peut être aussi le signe d’une force. Cela fait partie du message chrétien.»

Les capacités du pape à gouverner de plus en plus mises en cause

LEMONDE.FR | 09.02.05

Mardi, "L'Osservatore Romano", le journal du Vatican, rappelait la "claire affirmation" exprimée lors du message de l'angélus, selon laquelle le pape continuait à gouverner l'Eglise depuis son lit d'hôpital.
Une semaine après l'hospitalisation de Jean Paul II, et en dépit de l'optimisme de rigueur au Vatican, les interrogations sur la capacité du pape à gouverner l'Eglise se font plus pressantes, et la question d'une démission est désormais ouvertement abordée par certains prélats.
Jean Paul II, âgé de 84 ans, souffre depuis des années de la maladie de Parkinson et a été hospitalisé pour de graves troubles respiratoires. Sa diminution physique, en particulier ses difficultés à parler, évidentes lors de son apparition publique dimanche, ont fait resurgir le sujet tabou d'une éventuelle démission.
Pressé par les journalistes, le numéro deux du Vatican, le cardinal Angelo Sodano, a pour la première fois, lundi 7 février, abordé ce sujet en public, déclarant avec prudence qu'il fallait laisser une éventuelle décision sur une démission "à la conscience du pape".
Beaucoup plus direct, le cardinal argentin Jorge Mejia, ancien directeur de la bibliothèque du Vatican et ex-compagnon d'études du pape, a affirmé mardi qu'une démission du souverain pontife était "une chose possible". "Nous l'admettons déjà tous", a-t-il reconnu.
"Nous autres, nous espérons que le pape continuera à aller de l'avant aussi longtemps qu'il le pourra. Mais quand il ne pourra plus, il devra en décider en fonction de sa conscience", a-t-il dit, avant d'ajouter : "Il faut voir si nous n'avons pas déjà atteint la limite. C'est à lui d'en juger, devant Dieu." Le droit canon autorise le souverain pontife à "renoncer à son mandat". Mais Jean Paul II a toujours écarté cette idée.

JEAN PAUL II CONTINUE DE GOUVERNER

Mardi, L'Osservatore Romano, le journal du Vatican, rappelait la "claire affirmation" exprimée lors du message de l'angélus, selon laquelle le pape continuait à gouverner l'Eglise depuis son lit d'hôpital.
Jean Paul II "tient le gouvernail dans ses mains expérimentées", a renchéri le cardinal colombien Dario Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation pour le clergé, tandis que Giovanni Battista Ré, préfet de la Congrégation des évêques, estimait que parler de démission était "de mauvais goût".
Le code de droit canon prévoit également que le siège pontifical peut être vacant ou que l'exercice des fonctions peut être "totalement empêché", ce qui est une forme de déposition du pape.
Mgr Mejia a ainsi estimé que le pape devait avoir signé une lettre de démission en cas d'"invalidité totale". "Ce ne serait pas le premier cas. On dit que Pie XII avait signé une telle lettre. Paul VI aussi. Ce serait une possible tradition des papes devant la possibilité d'une invalidité, comme lors d'une hémorragie cérébrale, une paralysie totale ou une tumeur cérébrale, maladies terribles mais qui arrivent", a-t-il ajouté.

Avec AFP

selon le cardinal argentin Mejia, Une démission du pape, «chose possible»

Le mardi 08 février 2005

Agence France-Presse
Buenos Aires
Le cardinal argentin Jorge Mejia, ancien directeur de la bibliothèque du Vatican et ex-compagnon d'études du pape Jean-Paul II a affirmé mardi qu'une démission du souverain pontife était «une chose possible».
«La démission du pape est une chose possible, qui est prévue dans notre Code, et tout dépend s'il considère que sa situation personnelle et que la situation de l'Église et du monde justifient sa démission», a indiqué le diginitaire religieux, interrogé depuis le Vatican par une radio de Buenos Aires.
«Nous autres, nous espérons que le pape continuera à aller de l'avant aussi longtemps qu'il le pourra. Mais quand il ne pourra plus, il devra en décider en fonction de sa conscience», a ajouté Mgr Mejia, en référence aux graves problèmes de santé recontrés par Jean-Paul II, aujourd'hui âgé de 84 ans.
«Il faut voir si nous n'avons pas déjà atteint la limite. C'est à lui d'en juger, devant Dieu», a ajouté Mgr Mejia. «S'il sent que ses forces ne lui suffisent plus pour remplir complètement sa fonction, qui est extrêmement compliquée et pleine de toutes sortes de problèmes, il présentera sa démission devant Dieu».
«S'il le fait ou non, et quand il le fera, personne ne le sait. Tout dépend de lui jusqu'au jour où c'est dit», a relevé l'ecclésiastique.
Le thème d'une éventuelle démission du pape avait pris corps la veille lorsque le numéro deux du Vatican, le cardinal Angelo Sodano, avait souligné qu'il fallait laisser une éventuelle décision sur une démission «à la conscience du pape».
Mgr Sodano a jugé que cette déclaration revenait à «admettre l'hypothèse» d'une démission du Pape. Mais il a ajouté: «nous l'admettons déjà tous».
«Nous sommes désolés parce que nous l'aimons et que nous espérons qu'il aille bien et que son état s'améliore, mais si ce n'est pas possible, ce n'est pas possible», a ajouté le prélat.
Mgr Mejia a également estimé que le Pape devait avoir signé une lettre de démission en cas d'«invalidité totale». «Ce ne serait pas le premier cas. On dit que Pie XII avait signé une telle lettre. Paul VI aussi. Ce serait une possible tradition des Papes devant la possibilité d'une invalidité, comme lors d'une hémorragie cérébrale, une paralysie totale ou une tumeur cérébrale, maladies terribles mais qui arrivent», a-t-il ajouté.

La maladie de Jean Paul II fait craindre un risque de paralysie institutionnelle au Vatican

LE MONDE | 08.02.05 | 14h54

Qui commande ? Un pape aphasique peut-il gouverner ? Peut-il encore démissionner  ? Ces questions, autrefois taboues, font désormais débat à Rome.

Rome de notre envoyé spécial

L'hospitalisation de Jean Paul II se poursuivra au moins jusqu'au jeudi 10 février. Joaquin Navarro-Valls, son porte-parole, a déclaré à la presse, lundi, que "la santé du pape continue de s'améliorer ; il n'a plus de fièvre, s'alimente régulièrement, mais, par précaution, les médecins lui ont conseillé de rester encore quelques jours à l'hôpital". Le pape lui aurait dit qu'il se tient informé de l'évolution de sa maladie... grâce aux journaux !
Le cœur n'est pourtant pas à rire à la Curie, rattrapée par des questions maintes fois posées lors des précédentes hospitalisations de Jean Paul II, mais jamais élucidées. Qui commande si le pape est inapte à gouverner ? Quelle est la validité de ses actes s'il ne peut plus parler ? Peut-il encore démissionner, de plein gré ou forcé par son entourage ? Face à ces trois questions resurgit la crainte d'une sorte de paralysie institutionnelle. "Face à un nouveau schisme intégriste, le Vatican n'aurait presque plus de moyen de réagir", souligne un bon connaisseur de la Curie.
Toute la tradition, depuis le premier concile du Vatican (1870) - qui a instauré la "primauté" pontificale - est formelle. Le pape a un pouvoir suprême et exclusif. Toute décision en matière de discipline et de doctrine, toute nomination d'évêque est suspendue s'il est inapte à gouverner. Il peut déléguer, mais pour les seules matières ordinaires. Encore doit-il être capable de "communiquer" avec son entourage. Tout le monde a noté la phrase du cardinal Mario Pompedda, le juriste de la Curie, disant que rien ne s'oppose à ce que "le pape prenne, de son lit d'hôpital, des décisions par gestes ou par paroles". En omettant la fin : "s'il est capable d'entendre"...
En pratique, le pape peut compter sur trois cardinaux, hommes de confiance et d'expérience : l'Italien Angelo Sodano, 77 ans, secrétaire d'Etat ("premier ministre") depuis quinze ans ; l'Allemand Josef Ratzinger, 77 ans, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi depuis un quart de siècle ; l'Italien Giovanni-Baptista Ré, 71 ans, ancien substitut ("ministre de l'intérieur"), préfet de la Congrégation des évêques. Mais ces hommes n'ont pas de pouvoir propre. Ils n'ont de comptes à rendre qu'au pape et leur fonction cesse à la minute même de sa mort. Or, quand un cardinal américain de la Curie, Francis Stafford, dit à la presse que, si le pape était en incapacité de gouverner, il traiterait avec son secrétaire d'Etat, "c'est une bombe contre toute la tradition de l'Eglise de Vatican I et l'omnipotence du pape", commente un observateur.
Tous les regards convergent donc aujourd'hui sur ce petit nombre de cardinaux qui auraient, en cas d'incapacité, l'immense pouvoir d'"interpréter" les gestes et les paroles du pape, alors qu'ils n'ont pas de réelle légitimité. "Le conclave de 1978 a élu - Karol - Wojtyla, dit un officiel, mais pas le cardinal Sodano, pas Mgr Sandri - l'actuel substitut - ! Encore moins Stanislaw Dzsiwiszc - secrétaire particulier du pape -."

DÉCLARATIONS AMBIVALENTES

La nouveauté est que ces questions, hier taboues, sont aujourd'hui débattues à Rome. Y compris celles qui touchent aux risques d'aphasie de Jean Paul II, plus grands encore que lors du 25e anniversaire du pontificat, en octobre 2003, quand on s'interrogeait déjà sur la validité des actes sacramentels d'un pape incapable de parler. "- Karol - Wojtyla cède du terrain à la maladie, commente Orazio Petrosillo, dans Il Messaggero. Il en a été ainsi pour la faculté de marcher. Et c'est ce qui est en train de se produire pour l'articulation des mots." La réponse sur la validité divise les juristes. "Un muet ne peut célébrer la messe. Cela pose le problème de la renonciation", avait affirmé, en 2003, le cardinal argentin Jorge Mejia. Mario Pompedda avait répliqué qu'il n'était pas nécessaire, pour l'exercice de sa charge, que "le pape officie". La presse ressort aujourd'hui ces déclarations ambivalentes.
D'où la relance du débat sur la démission de Jean Paul II, de plein gré ou sollicitée par son entourage. On en connaît les termes. La "renonciation" est prévue dans l'article 332 du droit canon, mais le dernier cas de démission d'un pape, resté célèbre grâce à Dante, remonte à... Célestin V, en 1294 ! A maintes reprises, Karol Wojtyla a fait savoir qu'il irait jusqu'au terme de sa mission, démentant à nouveau, dimanche, le "parti de la démission", selon l'expression de la presse italienne en référence à des déclarations anciennes de cardinaux (Danneels, Rodriguez, Ratzinger, etc.) pour qui le pape serait homme à se retirer, s'il ne se sentait plus en état de diriger.
Pour la première fois, le numéro deux de la Curie, Angelo Sodano, s'est exprimé, lundi, sur ce sujet : "Laissons cela à la conscience du pape. Il sait ce qu'il doit faire", a-t-il déclaré. Ajoutant que "le pape peut s'exprimer sans parler" et qu'on peut "gouverner la vie de l'Eglise de différentes manières". Et le cardinal italien de rappeler que Pie IX est mort, en 1878, après trente-deux ans de pontificat, et Léon XIII à 92 ans, en 1903 ! "On a voulu imposer la notion d'un pape au-dessus de son Eglise, conclut l'écrivain Giancarlo Zizola, interrogé par Le Monde. Le voici plus solitaire que jamais, malade, le sachant, et incapable de la moindre initiative, dans une situation d'impasse institutionnelle."

Henri Tincq
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 09.02.05
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