5.22.2007

Un documentaire sur le Vatican déchire la classe politique italienne

Le film aborde l’un des tabous les plus importants de l’Eglise : les prêtres pédophiles.

Il avait été diffusé sans encombre en octobre dernier sur la BBC en Grande-Bretagne. Mais en Italie, le documentaire «Sex crimes and the Vatican» est en train de provoquer une véritable scission au sein de la classe politique. Il faut dire que ce film aborde un des tabous les plus importants de l’Eglise : celui des prêtres pédophiles.

Interviews d’hommes d’église à l’appui, cette enquête de la BBC insiste sur un document secret émanant du Vatican, qui selon la chaîne britannique, viserait notamment à étouffer les cas d’abus sexuels sur les mineurs. Ce texte intitulé «Crimen sollicitationis» et rédigé en 1962 a été republié par le cardinal Joseph Ratzinger, en 2001, avant qu’il ne devienne Benoît XVI.

Des révélations jugées indiffusables par le conservateur Mario Landolfi, président de la commission parlementaire de surveillance de la RAI. Cet ancien journaliste, ex-ministre de la Communication de Silvio Berlusconi, a demandé au directeur général de la télévision publique, Claudio Cappon, de refuser de programmer ce film.

Succès sur Internet

C’était sans compter sur la motivation d’un journaliste de la RAI, Michele Santoro, classé à gauche, qui a demandé à acquérir les droits de «Sex crimes and the Vatican» pour pouvoir le diffuser dans son talk-show «Year Zero».

La «croisade» de Mario Landolfi contre ce documentaire a d’ores et déjà provoqué un véritable tollé à gauche et les dénonciations de censure se multiplient. Selon deux parlementaires de gauche, Giovanni Russo Spena et Gennaro Migliore, ce travail de la BBC doit être diffusé car les affaires de pédophilie au sein de l'Eglise catholique ne sont plus un mystère pour personne. Les partisans de cette diffusion ont même trouvé une «alliée» à l’extrême-droite : Alessandra Mussolini, petite-fille du Duce et député de droite, estime qu’il devrait être diffusé car il n'est pas utilisé pour attaquer l'Eglise en tant que telle.

Dans tous les cas, cette polémique risque de desservir la cause de Mario Landolfi : sur Internet, ce documentaire est déjà un succès. Des bloggeurs ont en effet sous-titré en italien le documentaire initial britannique. C’est désormais la vidéo la plus consultée sur Google Video Italia.
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