Changement de tête à la communication du Saint-Siège
Le porte-parole de longue date du Vatican, Joaquin Navarro-Valls, a quitté son poste le 11 juillet et est remplacé par l'actuel directeur de Radio Vatican, a annoncé mardi le Vatican.
Remue-ménage dans le petit monde du Vatican
Après 22 ans à la tête de la communication papale, Joachin Navarro-Valls s’en va. Ce membre laïc de l'Opus Dei, avait été nommé en 1984 par le pape Jean Paul II pour moderniser le service de presse du Vatican. Il était à l'époque correspondant à Rome de la chaîne espagnole ABC. Un poste-clé, au service d’un Pape qui deviendra le plus médiatisé de l’histoire de l’Eglise. Ce qui a d’autant plus surpris les esprits les plus traditionalistes du Vatican, qui ne comprenaient pas qu’on confie cette tâche à un laïc. Navarro-Valls n’a en effet jamais embrassé de carrière religieuse, pas plus d’ailleurs que ce médecin-psychiatre de formation n’avait jamais exercé. L’Opus Dei avait surnommé Navarro-Valls « le grand enchanteur » . Et nombreux parmi les responsables de l’Eglise se sont interrogé sur l’influence dont cette organisation très conservatrice d’origine espagnole, au travers de Navarro-Valls, disposait sur le Souverain Pontife. Elégant, raffiné, le porte-parole du Vatican menait la salle de presse d’une main de fer, n’hésitant pas à sanctionner, voire à exclure, les journalistes qui lui déplaisaient. Au point qu’on a pu parfois l’accuser de déformer les messages pontificaux suivant ses vues conservatrices. Considéré comme très proche de Jean Paul II, il avait provoqué la colère de certaines proches du souverain pontife en sous-entendant il y a dix ans que le pape avait des symptômes de la maladie de Parkinson. Le prédécesseur de Benoît XVI avait pourtant insisté pour qu'il soit maintenu à son poste. Le Saint-Siège a confirmé qu'il était atteint de cette affection uniquement après son décès en avril dernier.
Si Benoît XVI avait souhaité le maintenir à son poste après la disparition de son prédécesseur, le remplacement de Joaquin Navarro-Valls, qui aura 70 ans en novembre, était attendu. Les deux hommes n’avaient aucune affinité. Benoît XVI avait cependant tenu à le maintenir dans ses fonctions, du moins au début d’un mandat qu’il souhaitait placer dans la continuité de celui de son prédécesseur. Joachin Navarro-Valls a remercié le pape dans un communiqué transmis par le Saint-Siège pour avoir respecté son souhait de partir après tant d'années :
« Sono molto grato al Santo Padre che ha voluto accogliere la mia disponibilità, più volte manifestata, a lasciare l'incarico di Direttore della Sala Stampa della Santa Sede, dopo un così lungo numero di anni. Sono consapevole di aver ricevuto in questi anni molto di più di quanto abbia potuto dare e perfino di quanto sia adesso capace di comprendere pienamente. »
A 69 ans, Navarro-Valls reste évasif sur ses projets d’avenir. Peut-être des mémoires… Dans sa lettre, le cardinal Angelo Sodano, encore secrétaire d’État pour quelques semaines, a remercié, pour « sa compétence et son dévouement généreux », celui qui avait souvent souhaité retrouver du temps pour l’étude ou une activité médicale. En attendant, Benoît XVI est parti hier en vacances au Val d’Aoste. Joaquin Navarro-Valls a fait savoir qu’il irait quelques jours là-bas, comme d’habitude. Pour la dernière année. Son départ à la retraite est le signe d’un changement.
Une nouvelle « voix » pour Benoît XVI
Si Navarro-Valls était un « profil atypique », son successeur, lui, appartient au sérail de l’Eglise. Agé de 63 ans, le père Lombardi est entré dans les ordres en Italie, avant d’étudier la théologie en Allemagne. Mathématicien de formation, il fut Provincial des jésuites italiens de 1984 à 1990, après avoir été rédacteur, puis directeur adjoint an 1977, de la prestigieuse Civiltà cattolica, revue jésuite dont les épreuves sont relues à la Secrétairerie d’État, et avant de prendre la direction des programmes de Radio-Vatican en 1991, puis, dix ans plus tard, la direction générale du Centre de télévision du Vatican. En novembre 2005, Benoît XVI l’avait nommé directeur de Radio-Vatican. Dans son premier communiqué, le nouveau porte-parole du Pape a déclaré qu’il n’avait « aucune prétention à pouvoir imiter » son prédécesseur. Il promet de « mettre toutes ses forces » au service du Pape et des journalistes :
« Carissima, carissimo,
mentre mi preparo ad assumere questo nuovo compito presso la Sala Stampa della Santa Sede, sono naturalmente grato al Santo Padre e ai Superiori per la fiducia che ripongono in me, ma penso anche in particolare – con simpatia – a te e a tutti i colleghi dell’informazione che sono chiamato a servire.
Da tempo lavoro, come voi, perché l’attività del Santo Padre e la realtà della Chiesa possano essere conosciute e capite in modo obiettivo e adeguato.
Il Dott. Navarro-Valls ha svolto il suo lungo servizio in questo campo con capacità, intelligenza e dedizione eccezionali. Tutti gliene siamo profondamente grati, e continuiamo a contare sulla sua amicizia.
Non posso pretendere di imitarlo, ma potete contare sull’impegno che dedicherò, con i miei limiti ma con tutte le forze disponibili, a servire il Santo Padre e il vostro buon lavoro. So di poter contare sulla collaborazione che certamente sarà offerta generosamente – a me come a voi - da tutto il personale della Sala Stampa, a cominciare dal Vice Direttore, l’amico P. Ciro Benedettini.
Chiedo anche a te la tua benevolenza, così questo tratto comune del nostro cammino sarà più fruttuoso.
Affido al Signore questi sentimenti nella ricorrenza liturgica di San Benedetto, in cui forse non per caso ricevo l’incarico di questo nuovo servizio.
Cordialmente tuo,
Federico Lombardi, S.I. »
Intervenant presque au même moment que le changement de Secrétaire d’Etat, le cardinal Tarcisio Bertone ayant été nommé le 22 juin 2006, et de sous-secrétaire aux Rapports avec les Etats, le remplacement du directeur de la Salle de presse marque clairement la fin d’une époque. Il pourrait même préfigurer un regroupement des moyens de communication du Saint-Siège. Ce profil classique, sobre, moins flamboyant que celui de l’Espagnol opusien, tout au service de la communication de l’Église, correspond bien à la personnalité du nouveau pape. Tout comme lui, il est moins à l’aise avec les médias que son prédécesseur. Joaquin Navarro-Valls avait en effet innové, transformant la Salle de presse en une machine médiatique au service de l’image publique de Jean-Paul II, communication à laquelle il prenait lui-même une part non négligeable. Ses petites phrases, lancées au cours d’un voyage du pape, ou dans un coin de la Salle de presse, faisaient immédiatement le tour du petit monde médiatique… Au point que les journalistes du Vatican avaient pris l’habitude de le qualifier de « porte-parole » du pape, titre qui n’existe pas en réalité.
Cette nomination pourrait aussi annoncer une refonte de la communication du Saint-Siège, éparpillée entre divers services, ce qui est source d’incohérence : la Salle de presse d’un côté, Radio-Vatican et L’Osservatore romano de l’autre, et enfin le Conseil pontifical pour les communications sociales. Dans ce dispositif, la Salle de presse, placée sous l’autorité de la Secrétairerie d’État, avait fini par acquérir une grande autonomie. Or, le P. Lombardi conserve, a-t-il été précisé le 10 juillet, ses postes de direction audiovisuelle, ce qui pourrait préfigurer à terme un regroupement de l’ensemble. Pourquoi pas sous la responsabilité d’un Conseil pontifical aux compétences renouvelées ?
Remue-ménage dans le petit monde du Vatican
Après 22 ans à la tête de la communication papale, Joachin Navarro-Valls s’en va. Ce membre laïc de l'Opus Dei, avait été nommé en 1984 par le pape Jean Paul II pour moderniser le service de presse du Vatican. Il était à l'époque correspondant à Rome de la chaîne espagnole ABC. Un poste-clé, au service d’un Pape qui deviendra le plus médiatisé de l’histoire de l’Eglise. Ce qui a d’autant plus surpris les esprits les plus traditionalistes du Vatican, qui ne comprenaient pas qu’on confie cette tâche à un laïc. Navarro-Valls n’a en effet jamais embrassé de carrière religieuse, pas plus d’ailleurs que ce médecin-psychiatre de formation n’avait jamais exercé. L’Opus Dei avait surnommé Navarro-Valls « le grand enchanteur » . Et nombreux parmi les responsables de l’Eglise se sont interrogé sur l’influence dont cette organisation très conservatrice d’origine espagnole, au travers de Navarro-Valls, disposait sur le Souverain Pontife. Elégant, raffiné, le porte-parole du Vatican menait la salle de presse d’une main de fer, n’hésitant pas à sanctionner, voire à exclure, les journalistes qui lui déplaisaient. Au point qu’on a pu parfois l’accuser de déformer les messages pontificaux suivant ses vues conservatrices. Considéré comme très proche de Jean Paul II, il avait provoqué la colère de certaines proches du souverain pontife en sous-entendant il y a dix ans que le pape avait des symptômes de la maladie de Parkinson. Le prédécesseur de Benoît XVI avait pourtant insisté pour qu'il soit maintenu à son poste. Le Saint-Siège a confirmé qu'il était atteint de cette affection uniquement après son décès en avril dernier.
Si Benoît XVI avait souhaité le maintenir à son poste après la disparition de son prédécesseur, le remplacement de Joaquin Navarro-Valls, qui aura 70 ans en novembre, était attendu. Les deux hommes n’avaient aucune affinité. Benoît XVI avait cependant tenu à le maintenir dans ses fonctions, du moins au début d’un mandat qu’il souhaitait placer dans la continuité de celui de son prédécesseur. Joachin Navarro-Valls a remercié le pape dans un communiqué transmis par le Saint-Siège pour avoir respecté son souhait de partir après tant d'années :
« Sono molto grato al Santo Padre che ha voluto accogliere la mia disponibilità, più volte manifestata, a lasciare l'incarico di Direttore della Sala Stampa della Santa Sede, dopo un così lungo numero di anni. Sono consapevole di aver ricevuto in questi anni molto di più di quanto abbia potuto dare e perfino di quanto sia adesso capace di comprendere pienamente. »
A 69 ans, Navarro-Valls reste évasif sur ses projets d’avenir. Peut-être des mémoires… Dans sa lettre, le cardinal Angelo Sodano, encore secrétaire d’État pour quelques semaines, a remercié, pour « sa compétence et son dévouement généreux », celui qui avait souvent souhaité retrouver du temps pour l’étude ou une activité médicale. En attendant, Benoît XVI est parti hier en vacances au Val d’Aoste. Joaquin Navarro-Valls a fait savoir qu’il irait quelques jours là-bas, comme d’habitude. Pour la dernière année. Son départ à la retraite est le signe d’un changement.
Une nouvelle « voix » pour Benoît XVI
Si Navarro-Valls était un « profil atypique », son successeur, lui, appartient au sérail de l’Eglise. Agé de 63 ans, le père Lombardi est entré dans les ordres en Italie, avant d’étudier la théologie en Allemagne. Mathématicien de formation, il fut Provincial des jésuites italiens de 1984 à 1990, après avoir été rédacteur, puis directeur adjoint an 1977, de la prestigieuse Civiltà cattolica, revue jésuite dont les épreuves sont relues à la Secrétairerie d’État, et avant de prendre la direction des programmes de Radio-Vatican en 1991, puis, dix ans plus tard, la direction générale du Centre de télévision du Vatican. En novembre 2005, Benoît XVI l’avait nommé directeur de Radio-Vatican. Dans son premier communiqué, le nouveau porte-parole du Pape a déclaré qu’il n’avait « aucune prétention à pouvoir imiter » son prédécesseur. Il promet de « mettre toutes ses forces » au service du Pape et des journalistes :
« Carissima, carissimo,
mentre mi preparo ad assumere questo nuovo compito presso la Sala Stampa della Santa Sede, sono naturalmente grato al Santo Padre e ai Superiori per la fiducia che ripongono in me, ma penso anche in particolare – con simpatia – a te e a tutti i colleghi dell’informazione che sono chiamato a servire.
Da tempo lavoro, come voi, perché l’attività del Santo Padre e la realtà della Chiesa possano essere conosciute e capite in modo obiettivo e adeguato.
Il Dott. Navarro-Valls ha svolto il suo lungo servizio in questo campo con capacità, intelligenza e dedizione eccezionali. Tutti gliene siamo profondamente grati, e continuiamo a contare sulla sua amicizia.
Non posso pretendere di imitarlo, ma potete contare sull’impegno che dedicherò, con i miei limiti ma con tutte le forze disponibili, a servire il Santo Padre e il vostro buon lavoro. So di poter contare sulla collaborazione che certamente sarà offerta generosamente – a me come a voi - da tutto il personale della Sala Stampa, a cominciare dal Vice Direttore, l’amico P. Ciro Benedettini.
Chiedo anche a te la tua benevolenza, così questo tratto comune del nostro cammino sarà più fruttuoso.
Affido al Signore questi sentimenti nella ricorrenza liturgica di San Benedetto, in cui forse non per caso ricevo l’incarico di questo nuovo servizio.
Cordialmente tuo,
Federico Lombardi, S.I. »
Intervenant presque au même moment que le changement de Secrétaire d’Etat, le cardinal Tarcisio Bertone ayant été nommé le 22 juin 2006, et de sous-secrétaire aux Rapports avec les Etats, le remplacement du directeur de la Salle de presse marque clairement la fin d’une époque. Il pourrait même préfigurer un regroupement des moyens de communication du Saint-Siège. Ce profil classique, sobre, moins flamboyant que celui de l’Espagnol opusien, tout au service de la communication de l’Église, correspond bien à la personnalité du nouveau pape. Tout comme lui, il est moins à l’aise avec les médias que son prédécesseur. Joaquin Navarro-Valls avait en effet innové, transformant la Salle de presse en une machine médiatique au service de l’image publique de Jean-Paul II, communication à laquelle il prenait lui-même une part non négligeable. Ses petites phrases, lancées au cours d’un voyage du pape, ou dans un coin de la Salle de presse, faisaient immédiatement le tour du petit monde médiatique… Au point que les journalistes du Vatican avaient pris l’habitude de le qualifier de « porte-parole » du pape, titre qui n’existe pas en réalité.
Cette nomination pourrait aussi annoncer une refonte de la communication du Saint-Siège, éparpillée entre divers services, ce qui est source d’incohérence : la Salle de presse d’un côté, Radio-Vatican et L’Osservatore romano de l’autre, et enfin le Conseil pontifical pour les communications sociales. Dans ce dispositif, la Salle de presse, placée sous l’autorité de la Secrétairerie d’État, avait fini par acquérir une grande autonomie. Or, le P. Lombardi conserve, a-t-il été précisé le 10 juillet, ses postes de direction audiovisuelle, ce qui pourrait préfigurer à terme un regroupement de l’ensemble. Pourquoi pas sous la responsabilité d’un Conseil pontifical aux compétences renouvelées ?