12.26.2005

La radio des évêques espagnols qui fâche jusqu'en Bolivie

AFP
[vendredi 23 décembre 2005 - 15h44]

MADRID (AFP) - En croisade contre le gouvernement Zapatero, la Cope, radio des évêques espagnols, déchaîne les passions en Espagne, jusqu'à avoir provoqué cette semaine un incident diplomatique en piégeant le nouveau président bolivien avec un canular grinçant.
Un imitateur de la radio se faisant passer pour José Luis Rodriguez Zapatero a appelé le leader socialiste bolivien Evo Morales pour le féliciter, après sa victoire dimanche à l'élection présidentielle, d'avoir "rejoint l'axe qui passe par les frères cubains et le frère (Hugo) Chavez", le président vénézuélien.
Une "blague" bien dans le ton, plus templier que jésuite, de la station. Celle-ci attaquait récemment le gouvernement socialiste espagnol comme "le plus radical depuis les années 30 (...), qui s'est allié avec toute la poubelle totalitaire du monde, Chavez, Castro et les Mohamed"...
Le président indien bolivien a mordu à l'hameçon. Il a évoqué mardi devant des journalistes l'appel de M. Zapatero, dont les services ont dû démentir, avant que la Cope ne revendique la supercherie.
"Inacceptable": le gag de la radio des évêques a provoqué la colère de Madrid et de La Paz, qui a exigé des excuses.
Le ministre espagnol des Affaires étrangères a parallèlement convoqué le Nonce du Pape pour lui demander que "des faits déplorables de cette nature ne se reproduisent plus, en raison du tort qu'ils portent aux intérêts politiques et économiques de l'Espagne et à son image à l'extérieur".
La Conférence épiscopale avait promis jeudi un Mea Culpa de ses bergers médiatiques. Dont acte. Vendredi, dans un communiqué lu à l'antenne, la radio catholique a présenté publiquement ses "excuses aux personnes et institutions affectées", assurant avoir seulement voulu "amuser sur l'actualité".
La hiérachie catholique avait jusqu'à présent observé un silence bienveillant face aux critiques que suscite la Cope, accusée par ses détracteurs de raviver le spectre des "deux Espagnes".
Légalisation du mariage homosexuel, loi rendant facultatif l'enseignement de la religion, débat houleux sur d'élargissement du statut d'autonomie de la Catalogne: la Cope féraille sur tous les fronts contre un gouvernement qu'elle taxe d'intégrisme laïcard.
Son journaliste vedette, Federico Jimenez Losantos, a appelé au boycottage des produits catalans. Et cultive la formule qui fâche: L'Espagne deviendra une colonie des nationalistes catalans" ou "Valence (est) et l'archipel des Baléares seraient, pour les nationalistes catalans, la même chose que l'Autriche et la Tchécoslovaquie pour le nationaliste Adolf Hitler".
Les réactions fusent. Jusqu'aux évêques catalans qui ont réclamé que la radio "corrige ses excès". "La Cope, cette Inquisition", contre-attaquait récemment le quotidien de Barcelone El Periodico.
Le ministre de l'Industrie, José Montilla, cible de la Cope, a dénoncé un média lançant des "messages qui incitent à la haine, à la division et à la confrontation".
Le gouvernement régional catalan menace depuis des années de supprimer les autorisations d'émettre de la station. Il a reçu mercredi un rapport du Conseil de l'audiovisuel catalan accusant la radio de dépasser "les limites constitutionnelles de la liberté d'expression et d'information".
La radio de l'Eglise défend en retour bec et ongle son droit à la liberté d'expression, crie à la "persécution politique".
Elle jouit du ferme soutien des secteurs les plus conservateurs du Parti populaire (droite) et de la presse d'opposition. Le journal libéral El Mundo dénonçait jeudi le rapport de l'audiovisuel catalan contre la COPE: "un texte qui nous ramène inévitablement à l'époque de la censure franquiste".
La deuxième radio généraliste du pays se porte à merveille. Elle fédère 2,2 millions d'auditeurs, loin toutefois derrière la Ser, proche des socialistes (4,8 millions d'auditeurs). Depuis 2004, la Cope a gagné 300.000 adeptes.

Benoît XVI : premier Noël sous le signe de la paix

RELIGION «Eveille-toi, homme du troisième millénaire !» a lancé hier le Pape lors de sa bénédiction urbi et orbi.

Hervé Yannou
[Le Figaro, 26 décembre 2005]

SON PREMIER NOËL, Benoît XVI l'a placé sous le signe de la paix et du «réveil spirituel» de l'homme du troisième millénaire. Huit mois après son élection, Joseph Ratzinger est apparu hier au balcon central de la basilique Saint-Pierre pour la traditionnelle bénédiction urbi et orbi (à la ville, Rome, et au monde), le jour où l'Eglise catholique fête la naissance du Christ. C'est aussi le 25 décembre qu'il aurait décidé de signer sa première encyclique, Deus est caritas (Dieu est amour). Elle devrait être rendue publique après le 6 janvier, fête de l'Epiphanie, a indiqué vendredi soir le porte-parole du Saint-Siège, Joaquin Navarro-Valls.
Devant une place Saint-Pierre noire de monde malgré la pluie, le Pape a mis en garde «l'homme de l'ère technologique» du risque «d'être victime des succès mêmes de son intelligence et des résultats de ses capacités d'action» s'il se laisse prendre «par une atrophie spirituelle». «Eveille-toi, homme du troisième millénaire !» a lancé le Saint-Père. Coiffé d'une mitre de drap d'or et d'une chape resplendissante, le Pape théologien est revenu sur un thème qu'il a mis au coeur de son action : la lutte contre le relativisme et le lien entre foi et raison. «L'époque moderne», a-t-il expliqué, est souvent présentée comme «une période du réveil du sommeil de la raison, comme la venue de l'humanité à la lumière». Mais «sans le Christ», elle n'est rien. «La lumière de la raison ne suffit pas à éclairer l'homme et le monde.»
Ainsi, contre ce modernisme, c'est en suivant le Christ que «l'humanité unie» pourra affronter «la menace terroriste», les «conditions d'humiliante pauvreté», la «prolifération des armes», les «pandémies» et «la dégradation de l'environnement qui menace l'avenir de la planète». L'Afrique – en particulier le Darfour et les régions d'Afrique centrale – l'Asie, la péninsule coréenne, le Liban, l'Irak et enfin la Terre Sainte, sont les régions où les «hommes de bonne volonté» doivent agir «en faveur de la paix et du développement intégral».
Déjà, au cours de la messe de minuit dans la basilique vaticane, Benoît XVI avait prié pour la paix en Terre Sainte, pour «les hommes qui y vivent et qui y souffrent». Un thème redondant dans les homélies pontificales de Noël, quand les chrétiens regardent vers la Palestine et Bethléem, où le Christ est né.
Alors que le Gloria retentissait et que les cloches de Saint-Pierre sonnaient à toute volée, douze enfants de tous les continents, en costumes traditionnels, ont déposé des fleurs au pied d'une statue de l'enfant Jésus. «Dieu est si grand qu'il peut se faire petit» et venir «à notre rencontre comme un enfant sans défense», a déclaré le Pape, qui a réaffirmé les positions de l'Eglise en faveur de la «défense de la vie». Sur chaque enfant, «même sur celui qui n'est pas encore né», resplendit «la lumière de Dieu».

Une cérémonie retransmise en direct dans 47 pays

Alors que tous les fidèles n'avaient pas pu prendre place dans la basilique, beaucoup ont bravé le froid pour suivre la célébration sur les écrans géants de la place. La cérémonie était retransmise en direct par 71 télévisions dans 47 pays, dont l'Indonésie, le plus grand pays musulman du monde.
En début de soirée, Benoît XVI était apparu à la fenêtre de son bureau au troisième étage du palais du Vatican pour allumer un «cierge de Noël», symbolisant la paix apportée au monde par la naissance du Christ.
C'est ainsi que s'achève une année intense pour l'Eglise catholique. «L'année des deux papes», dont Benoît XVI a fait une rétrospective la semaine dernière en recevant les voeux de la curie romaine. Evoquant la mort de Jean-Paul II en avril, le Pape allemand a rappelé l'ordre de marche qu'il assigne à l'Eglise du XXIe siècle : la défense de l'identité chrétienne, en passant par une juste interprétation du Concile Vatican II, sans rupture avec le passé.

12.25.2005

Benoît XVI appelle l'humanité à un réveil spirituel

«Eveille toi, homme du 3ème millénaire !», s'est-il exclamé.

(Avec AFP.)
[25 décembre 2005]

Lors de son message de Noël, le pape a souligné dimanche que «l'homme de l'ère technologique risque d'être victime des succès mêmes de son intelligence et des résultats de ses capacités d'action s'il se laisse prendre par une atrophie spirituelle, par un vide du coeur».
Le pape Benoît XVI a appelé l'humanité du 3e millénaire à un réveil spirituel sans lequel, a-t-il dit, l'homme «risque d'être victime des succès mêmes de son intelligence», dans son message de Noël adressé au monde du balcon de la basilique Saint-Pierre.
Dans son premier message de Noël avant la bénédiction urbi et orbi, retransmis par une centaine de télévisions du monde entier, devant la place Saint-Pierre noire de monde, le pape a souligné que «l'homme de l'ère technologique risque d'être victime des succès mêmes de son intelligence et des résultats de ses capacités d'action s'il se laisse prendre par une atrophie spirituelle, par un vide du coeur», a-t-il averti.
«Eveille toi, homme du 3ème millénaire!», s'est-il exclamé. «L'époque moderne est souvent présentée comme une période du réveil du sommeil de la raison, comme la venue de l'humanité à la lumière», mais «sans le Christ», a-t-il ajouté, «la lumière de la raison ne suffit pas à éclairer l'homme et le monde».
En se laissant guider par l'amour du Christ, a affirmé Benoît XVI, «l'humanité unie pourra affronter les problèmes nombreux et préoccupants du moment présent: de la menace terroriste aux conditions d'humiliante pauvreté dans laquelle vivent des millions d'êtres humains, de la prolifération des armes aux pandémies et à la dégradation de l'environnement qui menace l'avenir de la planète».
Le pape a également affirmé que «le Dieu qui s'est fait homme par amour de l'homme soutient ceux qui, en Afrique, agissent en faveur de la paix et du développement intégral», en citant notamment «le Darfour et d'autres régions de l'afrique centrale».
Il a aussi évoqué «les hommes de bonne volonté» qui agissent en Terre Sainte, en Irak ou au Liban, ceux engagés dans le processus de dialogue dans la péninsule coréenne et dans d'autres pays d'Asie.
Après son message, Benoît XVI a adressé ses voeux de bon Noël dans 32 langues : outre les habituels italien, français, anglais, allemand, espagnol, polonais et portugais, et a prononcé quelques mots en arabe, swahili, chinois, hébreu, suédois, géorgien, japonais, etc. en finissant par le latin.
Jean Paul II, décédé le 2 avril, qui a célébré 27 Noël, était allé jusqu'à une soixantaine de langues.
Benoît XVI a ensuite prononcé sa bénédiction Urbi et Orbi (à la ville et au monde) en latin.

Vibrante prière de Benoît XVI «pour la paix en Terre Sainte»

La messe de minuit célébrée par le pape a été retransmise en direct par 71 télévisions de 47 pays, en différé dans trois autres pays, tandis que 36 pays dont Israël et la Jordanie ont acheté des droits pour en diffuser des extraits.
(Photo AFP)

(Avec AFP.)
[25 décembre 2005]

Le pape allemand a célébré la messe de minuit avec une trentaine de cardinaux, devant un parterre de diplomates accrédités au Vatican, de personnalités de la vie politique italienne et de privilégiés ayant pu obtenir une place à l'intérieur de l'immense basilique pouvant contenir 9.000 personnes.
Le pape Benoît XVI a élevé une vibrante prière "pour la paix en Terre Sainte" pendant la messe de minuit célébrant Noël, la première de son pontificat, suivie par des milliers de catholiques massés dans la basilique Saint-Pierre et des milliers d'autres à l'extérieur.
"En cette nuit dans laquelle nous regardons vers Bethléem, nous voulons prier de façon spéciale pour le lieu de la naissance de notre Rédempteur et pour les hommes qui y vivent et qui y souffrent", a dit le pape durant son homélie. "Nous voulons prier pour la paix en Terre Sainte", a-t-il précisé.
Pour les chrétiens de toutes confessions, Noël commémore la naissance du Christ, Dieu fait homme, dans une crèche à Bethléem, ville palestinienne proche de Jérusalem.
"Regarde, Seigneur, cette région de la terre qui, étant ta patrie, t'es si chère!", a prié la pape. "Fais que ta paix y brille! fais que ta paix y advienne!".
Quand Benoît XVI a prononcé son homélie dans la basilique vaticane, à Bethléem la messe de minuit célébrée dans la cathédrale de la Nativité par le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Michel Sabbah, en présence de Mahmoud Abbas, le président de l'autorité palestinienne, n'était pas encore achevée.
Mgr Sabbah avait lancé dans sa propre homélie un pressant appel aux chefs politiques palestiniens et israéliens à être "des constructeurs de la vie, non de la mort".
La messe de minuit célébrée par le pape a été retransmise en direct par 71 télévisions de 47 pays, en différé dans trois autres pays, tandis que 36 pays dont Israël et la Jordanie ont acheté des droits pour en diffuser des extraits.
Le pape allemand a célébré la messe avec une trentaine de cardinaux, devant un parterre de diplomates accrédités au Vatican, de personnalités de la vie politique italienne et de privilégiés ayant pu obtenir une place à l'intérieur de l'immense basilique pouvant contenir 9.000 personnes.
Plus un seul carton d'invitation n'était disponible plusieurs jours avant l'évênement, mais des écrans géants installés à l'extérieur ont retransmis la célébration pour ceux qui ont eu le courage de braver le froid.
Benoît XVI, âgé de 78 ans, qui semblait fatigué et dont les traits se sont creusés depuis son élection, a appelé les fidèles à ne pas permettre que la "flamme de lumière" de Noël "soit éteinte par les courants froids de notre temps".
Il a également déclaré que la lumière de Dieu resplendit "sur chaque enfant, même sur celui qui n'est pas encore né"..
"Sur chaque enfant resplendit quelque chose (...) de la proximité de Dieu que nous devons aimer et à laquelle nous devons nous soumettre - sur chaque enfant, même sur celui qui n'est pas encore né", a déclaré Benoît XVI.
Ce pape, comme son prédécesseur Jean Paul II, met régulièrement au centre de son message "la défense de la vie de la conception à la mort naturelle", sur laquelle l'Eglise catholique fonde sa condamnation de l'avortement.
Durant la messe, douze enfants originaires de tous les continents, en costumes traditionnels, ont déposé des fleurs au pied d'une figure de l'enfant Jésus, pendant que sonnaient les cloches de Saint-Pierre.
En début de soirée, Benoît XVI était apparu à la fenêtre de son bureau du Vatican pour allumer un "cierge de Noël" symbolisant la paix apportée au monde par la naissance du Christ, conclusion d'une veillée de "prière pour la paix" organisée sur la place Saint-Pierre autour d'une crèche géante.
Durant cette veillée, le public a pu découvrir en direct sur écrans géants les préparatifs de la fête de la Nativité à Bethléem.
Le pape devait délivrer dimanche à midi (11H00 GMT) la traditionnelle bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) du balcon de la basilique, mais on ignorait samedi s'il suivra l'exemple de Jean Paul II, qui prononçait cette bénédiction en près de 60 langues.
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