1.14.2006

Mondialisation, les chrétiens ont la parole

La Croix 13-01-2006

Les Assises chrétiennes de la mondialisation tiennent leur deuxième assemblée, ce week-end, à Lille. Près de 80 mouvements catholiques et protestants ont confronté pendant cinq ans leurs visions contrastées
Pour Jérôme Vignon, haut fonctionnaire à la Commission européenne, il se trouve chaque année autant de chrétiens au Forum social de Porto Alegre qu’à Davos. «Mais, à Davos comme à Porto Alegre, s’ils s’y étaient exprimés en tant que tels, les chrétiens n’auraient sans doute pas brillé par des analyses plus percutantes ni par des propositions plus audacieuses que les nôtres…», reconnaît cet ancien proche collaborateur de Jacques Delors, qui s’est engagé avec passion dans les Assises chrétiennes de la mondialisation (ACM), qu’il préside aujourd’hui.
Une démarche originale, qui voit des patrons et des syndicalistes, des agriculteurs et des cadres, des gens de l’humanitaire et des retraités se pencher ensemble pour que les chrétiens puissent émettre une parole commune sur la mondialisation .
C’est en 2000, après leurs Assises nationales sur la mondialisation , que les Entrepreneurs et dirigeants chrétiens (EDC) avaient eu l’intuition qu’ils devaient mener leur réflexion avec d’autres mouvements d’Église. Une dizaine se joignirent à cette entreprise qui, bien qu’encouragée alors par le cardinal Billé, demeurait un mouvement spontané de laïcs chrétiens, protestants compris (lire ci-dessous). «Un œcuménisme à la fois chrétien et sociologique», résume Jérôme Vignon, président des ACM. «À l’origine, nous pensions à un grand congrès rassemblant tous les mouvements, raconte Pierre Lecoq, président des EDC.
Cinq ans plus tard, nous en sommes toujours à cheminer.» Tout au long de l’année 2003, des assises territoriales de la mondialisation avaient permis aux différents mouvements de confronter leurs opinions, parfois très différentes, avant qu’un livre vert soit présenté à leurs délégués lors d’une première «assemblée synodale», en janvier 2004, à Lyon. «Une grande partie des participants revenait du Forum social de Bombay, se souvient Pierre Lecoq. Alors, quand ils ont vu en face d’eux des banquiers et des patrons, ils ont sorti leur bazooka !»

Le "patron des patrons chrétiens"

Échec ? Les participants des ACM, qui ont souhaité pour la plupart continuer à travailler ensemble, se refusent à employer ce mot. «Une démarche de la tension», préfère dire Béatrice Finck, porte-parole des ACM, venue de Chrétiens en monde rural (CMR). «Même si discuter ensemble entre chrétiens n’était pas une évidence, la confrontation des idées a permis à chacun de faire évoluer son regard, explique-t-elle. Sur un sujet où chacun a ses préjugés et ses idées bien arrêtées, tous les mouvements ont appris à dialoguer et se connaître», poursuit Pierre Lecoq.
Pour le «patron des patrons chrétiens», les entrepreneurs ont ainsi appris à mieux prendre en considération les conséquences de la mondialisation , notamment dans leur aspect symbolique. Ainsi sur le délicat sujet des délocalisations : «En toute objectivité, la plupart des gens licenciés le sont dans de bonnes conditions et retrouvent un emploi, explique-t-il. Mais nous, entrepreneurs, nous oublions un peu vite le choc que peut représenter un licenciement. Se sentir abandonné, c’est quelque chose que rien ne peut compenser. C’est subjectif, mais c’est très important.»
Pendant deux ans, dans toutes les régions, les Ateliers régionaux de la mondialisation (ARM) ont ainsi permis à des chrétiens de tous les horizons d’échanger sur le sujet et de confronter leurs idées. «Cette démarche interactive entre différents types de sensibilités a abouti à la production d’un livre blanc», explique Christian Sauret, président du Mouvement des cadres chrétiens (MCC) dont une centaine de membres se sont engagés dans les ARM.
Organisé sur quatre axes de réflexion (développement durable, migrations, marché et gouvernance mondiale), ce document d’une soixantaine de pages résume tout le foisonnement de ces ARM. «Franchement, je n’aurais jamais imaginé que tous les mouvements acceptent de laisser sortir un texte comme celui-là», se réjouit Pierre Lecoq.

"L’aboutissement de tout le travail mené depuis deux ans"

C’est ce texte qui doit être discuté ce week-end à Lille, et qui devrait être ratifié. «Nous nous y retrouvons globalement, même si certainspoints nous hérissent, mais il s’agit surtout de questions de forme, reconnaît le président des EDC. Si nous ne voyons pas les choses de la même façon, nous les ressentons de manière très semblable», continue Christian Sauret – selon qui toute la démarche a suscité une prise de conscience sur les enjeux de la mondialisation . «Chacun avec sa sensibilité, explique-t-il. Il est certain que la Cimade voit la question des migrations différemment. Et que nous, au MCC, nous avons un point de vue différent sur le libéralisme.»
«Ce rassemblement de Lille est l’aboutissement de tout le travail mené depuis deux ans, résume Jérôme Vignon. Nous espérons bien qu’il pourra être ratifié et proclamé, afin que nous puissions le publier rapidement.» Surtout, les responsables des ACM espèrent que chaque mouvement participant pourra ensuite s’emparer du texte.
Ainsi, au CMR, le livre blanc sera-t-il envoyé à toutes les fédérations et pourra servir d’outil de travail pour les groupes locaux. «Nous espérons aussi pouvoir le diffuser auprès de nos partenaires européens », explique Béatrice Finck. «Il y a un énorme travail pour que les idées de ce livre soient connues et comprises», ajoute Christian Sauret, qui compte bien que le MCC s’en serve, lui aussi, dans les années à venir.
Pour Jérôme Vignon, le but est également que les chrétiens, une fois approprié ce livre blanc, puissent «sortir de leur pré carré». «Ce texte sera un outil formidable de dialogue avec la société civile et les pouvoirs publics», se réjouit-il. C’est ce qu’ont déjà fait des chrétiens du Calvados qui ont choisi de présenter à leurs élus leur propre livre blanc, fruit de leurs débats spécifiques. «Tous nous ont dit la qualité du travail réalisé, rapporte Jean Piel, président départemental du CMR et responsable des ACM dans le Calvados. “Nous n’avons pas l’habitude de travailler avec des dossiers si fournis et motivants”, nous a même dit une vice-présidente du conseil régional…»
D’autres rencontres sont d’ailleurs prévues avec des parlementaires. «Je pense qu’ils sont preneurs de telles initiatives citoyennes, se réjouit Jean Piel à Caen. Aujourd’hui, certains nous rappellent pour nous rencontrer : c’est bien qu’ils nous prennent pour des gens sérieux.»

Nicolas SENÈZE

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Neuf mouvements fondateurs des Assises
Le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD).

La Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC).

Chrétiens dans le monde rural (CMR).

Les Entrepreneurs et dirigeants chrétiens (EDC).

La Fédération protestante de France (FPF).

Fondacio

Mouvement chrétien des cadres et dirigeants (MCC).

Les Œuvres pontificales missionnaires coopération missionnaire (OPM).

Le Secours catholique


Près de 70 mouvements ou services se sont joints à la démarche des ACM. Parmi eux, on trouve autant des mouvements d’action catholique (ACI, JOC…) que des communautés nouvelles, des groupements de spiritualité (CVX, GVE, Fraternité Charles de-Foucauld…), des mouvements de jeunes (Scouts et Guides de France, MEJ…), des services diocésains de solidarité. Plusieurs Églises et services membres de la Fédération protestante de France se sont également joints aux ACM (Église réformée de France, Fédération des Églises évangéliques baptistes, Cimade, Entraide protestante, Défap…).


Les Assises chrétiennes de la mondialisation sont accompagnées par le Conseil épiscopal pour la famille et les questions de société, présidé par Mgr Jean-Charles Descubes, archevêque de Rouen (lire l’entretien p. 5) et par Justice et Paix.


Cinq étapes d’élaboration :

Septembre 2002-septembre 2003 : Assises territoriales de la mondialisation (ATM).

Janvier 2004 : première assemblée synodale des ACM à Lyon et publication du livre vert.

2004-2005 : Ateliers régionaux de la mondialisation (ARM).

Novembre 2005 : parution du livre blanc.

14-15 janvier 2006: deuxième assemblée synodale aux facultés catholiques, boulevard Vauban, à Lille.


Contact :

Assises chrétiennes de la mondialisation , 24, rue Hamelin, 75116 Paris.

Site Web : www.chretiens-mondialisation.org

1.08.2006

Des contacts ont lieu avec la guérilla, selon le New York Times

Des responsables américains sont en pourparlers avec certains chefs locaux de l'insurrection irakienne, avec pour objectif d'exploiter les dissensions actuelles entre certains insurgés irakiens et les groupes radicaux comme Al Qada, écrit samedi le New York Times. Les premiers échos de cette modification d'appréhension de l'espace irakien étaient parvenus avant Noël.
Citant un diplomate occidental, un dirigeant politique irakien et un chef d'insurgés irakiens, le journal américain ajoute que ces contacts visent également à inciter les chefs de rebelles à s'intégrer dans le jeu politique national. Selon des contacts avec des insurgés et des responsables américains et irakiens, des heurts entre groupes irakiens et des combattants d'Al Qada se sont produits dans plusieurs villes du "triangle sunnite" et il semble qu'ils se soient intensifiés ces derniers mois, rapporte le New York Times.
L'objectif est alors d'obtenir, par le lancement d'une opération d'information, qui vient en supplément de la manoeuvre en cours, qu'une nouvelle alternative s'impose : détacher la résistance sunnite des menées de Zarkawi en leur offrant le pardon. En peu comme les Australiens avaient fait au Timor... En gros, les Américains ont compris qu'ils ne pouvaient ni gagner, ni se retirer, sans que l'Irak explose et devienne un nouvel Afghanistan...

Une journaliste américaine a été enlevée à Bagdad

LEMONDE.FR | 07.01.06 | 15h55 • Mis à jour le 07.01.06 | 15h55

Une journaliste américaine a été enlevée, samedi 7 janvier, à Bagdad et son interprète abattu. L'ambassade américaine a confirmé la disparition d'un représentant de la presse américaine, sans pour l'instant en préciser l'identité :"Un journaliste américain est porté disparu et cela fait l'objet d'une enquête".
Mais des sources de sécurité irakiennes ont affirmé que la personne enlevée était une journaliste et que son interprète avait été abattu par les hommes armés qui l'ont enlevée, dans le quartier Adl, dans l'ouest de la capitale.
Selon cette source, avant de succomber, cet interprète, un Irakien de confession chrétienne, a indiqué aux premiers soldats irakiens arrivés sur place que la journaliste enlevée était une Américaine.
Une autre source a indiqué que la journaliste avait été enlevée en se rendant chez l'homme politique sunnite Adnane al-Doulaïmi, pour une interview. Celui-ci a toutefois assuré n'avoir aucun rendez-vous avec des journalistes occidentaux au siège de son mouvement, le Congrès national du peuple d'Irak.
Des soldats américains sont arrivés sur les lieux et ont établi un cordon de sécurité autour du lieu de l'enlèvement, distant de quelques dizaines de mètres du siège du mouvement de M. Doulaïmi.

31 ENLÈVEMENTS DE JOURNALISTES

Il s'agit du 31e professionel de la presse à faire l'objet d'un enlèvement depuis 2003, selon les statistiques de l'ONG Reporters sans frontières basée à Paris.Cinq d'entre eux ont été tués par leurs ravisseurs (quatre Irakiens et l'Italien Enzo Baldoni). Les autres ont été relâchés sains et saufs. 23 enlèvements ont eu lieu à Bagdad ou dans les environs.
Cet enlèvement survient alors que le ministre des affaires étrangères britanniques, Jack Straw est en visite dans le pays. Arrivé vendredi 6 janvier à Bassorah, dans le sud de l'Irak où son pays a déployé quelque 8 000 hommes, il a notamment rencontré le premier ministre Ibrahim Jaafari et le président Jalal Talabani.
M. Straw a annoncé, au cours d'une conférence de presse avec M. Jaafari, son intention de rencontrer également des représentants des partis politiques qui contestent les résultats des législatives, donnant les chiites conservateurs en tête. Ces contestataires, réunis au sein d'un groupe appelé Maram, initiales arabes pour Congrès du refus des résultats des élections falsifiées, ont espéré la réussite de la mission d'observateurs internationaux venus à Bagdad pour évaluer les résultats du scrutin.

Avec AFP et AP

"Le Jour du Seigneur" appelé à la rescousse de la chaîne catholique KTO, en difficulté

LE MONDE | 06.01.06 | 13h48 • Mis à jour le 06.01.06 | 13h48

La chaîne catholique KTO, lancée en décembre 1999, est en train de jouer sa survie. Selon nos informations, un conseil d'administration, convoqué pour le mercredi 11 janvier, devrait se prononcer sur une augmentation de capital, à laquelle les actionnaires actuels n'ont, semble-t-il, pas l'intention de souscrire.
Le groupe Axa, Lagardère, Média Participations, actionnaires à hauteur de 18 % chacun, Vivendi (12 %), le Diocèse de Paris (12 %), Bayard Presse (8 %), Lafarge (6 %) et l'association des évêques de France (5 %), ne veulent plus financer à fonds perdus KTO, qui accuse un déficit de 3 millions d'euros en 2005. La chaîne table certes sur un retour à l'équilibre en 2007, mais elle aura alors accumulé 25 millions de pertes, indique une source proche du dossier.
Si ses actionnaires ne souscrivent pas à la prochaine augmentation de capital, la chaîne catholique pourrait déposer son bilan. Pour éviter cette issue, les évêques ont décidé de solliciter l'aide des producteurs du "Jour du Seigneur". Cette émission dominicale, diffusée sur France 2, est produite par le Comité français de radio-télévision (CFRT), société financée par la chaîne publique et des donateurs.

DISCUSSIONS AVEC L'EGLISE

Contrairement à KTO, le CFRT, association créée en 1950 et confiée à la congrégation des dominicains, est rentable. Doté d'un budget de 10 millions d'euros, le CFRT affiche un bénéfice de 500 000 euros. "Mais le bénéfice d'une association ne peut être utilisé de la même façon que pour une société commerciale, prévient Arnaud de Coral, directeur du CFRT et producteur du "Jour du Seigneur". Des discussions sont en cours avec l'Eglise pour voir si on peut faire quelque chose pour KTO, en accord avec nos statuts."
Une polémique était née avant le lancement de KTO, en 1999. Le CFRT considérait que l'existence même de la chaîne catholique n'était pas opportune, et avait lancé une pétition pour défendre l'émission religieuse du dimanche matin. La question, pour l'Eglise de France, est de savoir comment elle organise l'information catholique à la télévision.
KTO, dotée d'une équipe de 28 personnes, dispose d'un budget modeste. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a décidé en mai 2005 de ne pas lui attribuer de licence TNT, estimant que l'un des critères de choix était de choisir parmi les chaînes susceptibles de réunir un vaste public, ce qui n'est pas le cas de KTO, selon le CSA. La part d'audience de la chaîne se situait à 0,1 % en juin 2005, selon Médiamétrie MediaCabSat. Cette décision avait suscité des réactions, notamment une pétition "nous voulons KTO", qui a recueilli 50 000 signatures.

Pascale Santi
Article paru dans l'édition du 07.01.06
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