4.28.2005

Notre agent au Vatican…

Il est de notoriété internationale que le Vatican est un nid d’espions. Tous les Etats ont cherché à savoir ce qu’il se passait dans les Loggias de Raphaël, au point de se faire parfois avoir comme des amateurs par des affabulateurs. Après la libération de Rome, le 6 juin 1944, les services américains se firent ainsi escroquer par Virgilio Scattolini qui, profitant des faibles connaissances dont disposait l’Office of Strategic Services (OSS) sur le Vatican, fabriquait allègrement toute sorte d’information. Un peu comme dans « Le tailleur de Panama », de John Le Carré, pour l’après-guerre froide, la situation à Rome après l’écroulement du fascisme laissait penser que tout était possible. Le seul pouvoir qui restait un tant soit peu debout était le Saint-Siège et la fascination pour ce monde secret restait intacte. Les analystes de l’OSS n’étaient nourri d’aucune expérience ; ils manquaient tout simplement des bases nécessaires pour en évaluer l’intérêt ou l’authenticité. Aussi se montraient-il crédules, au point de croire jusqu’à la prochaine construction d’un… terrain d'aviation dans les jardins du Vatican ! Cela dit, l’imaginatif escroc était un artiste que les Américains s’empressèrent de retourner une fois démasqué : désormais, il vendrait ses rapports fantaisistes sur le Vatican au… Parti communiste italien.
Dans le climat de Guerre froide qui s’établissait, les Soviétiques manquaient cruellement d’informations. La question de Staline : « Le Vatican, combien de divisions ? » ne se voulait pas seulement une affirmation, mais elle contenait surtout une grande part d’incertitude sur la puissance pontificale. Depuis l’établissement à Rome du Russicum en 1929, chargé de préparer des prêtres à un futur travail missionnaire en Union soviétique, les services soviétiques cherchaient à percer les mystères du Saint-Siège. Dans les années 1930, ils avaient tenté de recruter des agents autour de la Place Saint-Pierre, rencontrant bien des difficultés tant les sympathisants potentiels du communisme étaient peu nombreux dans les sphères ecclésiastiques. Ils parvinrent cependant à convaincre de rares personnes de leur livrer des documents.
Le pontificat de Pie XII étant résolument déclaré contre toutes les formes d’athéisme, le communisme inclus, Moscou se livra aussi bien au recrutement d’agents, facilités par la conquête de nations catholiques, comme la Pologne et l’Allemagne — même si les parties les plus catholiques ne se situaient évidemment pas à l’Est —, qu’à des opérations d’information et homo. Les archives n’ont encore pas livré leurs secrets, mais la polémique sur les silences de Pie XII et l’implication des Bulgares dans la tentative d’assassinat de Jean-Paul II trouvent bien leurs origines dans les bureaux de la place Djerzinski.
Le 23 octobre 1998, Markus Wolf, le dernier chef historique de la police secrète est-allemande, la Stasi, qui vivait en liberté des droits d’auteur que lui rapportaient ses livres, de souvenirs et de cuisine, déclarait qu’il entretenait depuis des années un agent dans l’entourage du Cardinal secrétaire d’Etat de Jean-Paul II, Agostino Casaroli, qui venait de mourir quatre mois plus tôt. Il travaillait comme « scientifique » au Vatican. Ces propos télévisés à l’occasion du vingtième anniversaire du pontificat de Jean-Paul II furent bien entendu commenté dans la communauté allemande de Rome. Il lui avait facile de reconnaître derrière les propos du maître espion le bénédictin Eugen Brammertz, employé à l’édition allemande de « l’Osservatore Romano » de 1981 à son décès six ans plus tard, à l’âge de soixante et onze ans. L’information avait percé après la réunification allemande, le 4 novembre 1989.
En mars 2000, l’historien Bernd Schäfer, qui avait fait sa thèse sur « Staat und katholische Kirche in der DDR » (Böhlau: 2. Auflage Köln/Weimar, 1999), publiait un article sur la question. Dans « Pater “Lichtblick” OSB und “Antonius” Waschbüsch : Endgültig enttarnt — Spione im Katholischen Kirchendienst », il rendait public les pièces relatives au recrutement du frère Brammertz dès 1960 et à sa carrière romaine dès 1975. Il aurait été en contact avec un certain “Antonius”, que l’historien identifie comme étant un journaliste de la Katholische Nachrichten-Agentur, à Rome avant de rejoindre Wiesbaden et de devenir une personnalité de la CDU, Alfons Waschbüsch. Le recrutement de ce dernier à lieu en 1968, mais il n’est activé qu’en mai 1976. Les dernières fiches du Ministeriums für Staatssicherheit interviennent en 1987, avec la mort de “Lichtblick”. Un site italien, qui fait ses affaires avec la crédulité de chacun dans un « almanacco dei misteri d’Italia », inclut le frère Brammertz dans l’enlèvement de la jeune Emanuela Orlandi, le 22 juin 1983 vers dix-neuf heures. Le bénédictin et le correspondant de la chaîne ARD, Hans Jakob Stehle, se rencontraient à la rédaction étrangère de « l’Osservatore Romano », qui faisait face à la petite cour qu’empruntait la jeune fille. Le site précise que, dans leurs contacts téléphoniques avec la secrétairerie d’Etat, les ravisseurs étaient au fait de qui entrait et sortait de la cité du Vatican. Alois Estermann, entré à la Garde suisse en 1981, avant d’en devenir son chef dix-sept ans plus tard, aurait disposé d’un dossier à ce sujet. Bien sûr, il aurait été dérobé après son assassinat, le 4 mai 1998.
Peu après sa mort tragique, Aloïs Estermann fut l’objet de révélations dans la presse, notamment le très sérieux journal allemand Berliner Kurier du 8 mai 1998. Lui aussi aurait été recruté par la Stasi en 1979, à l'initiative de son chef, sous le pseudonyme de “Werder”. Bien que cette allégation ait été démentie par Markus Wolf lui-même, l’amiral Fulvio Martini, responsable du contre-espionnage italien de 1984 à 1990, confirme cette information, laissant entendre qu’Estermann était bien un agent de l’étranger, sans doute des ex-services est-allemands (L'Express du 27 juin 2002). Le rideau de fumée laisse apparaître que le garde du corps du Saint-Père le 13 mai 1981 ne faisait pas l'unanimité. Soupçonné d'avoir trempé dans des affaires peu claires, la Conférence des évêques suisses, dont l'avis est nécessaire pour la nomination du chef de la garde suisse, s’était montrée rétive lors de la promotion d’Estermann.
Apparaît aujourd’hui de l’Institut polonais de la mémoire nationale, trois semaines après le décès de Jean-Paul II et l’apaisement de la ferveur populaire suite à l’élection de Benoît XVI, un nouvel agent communiste au Vatican en la personne d’un dominicain de soixante-neuf ans, le père Konrad Stanislaw Hejmo, directeur de la Maison du pèlerin polonais à Rome, Corda Cordi. Ce familier du cardinal Karol Wojtyla avait été envoyé dans la Cité éternelle en 1979 par le primat de Pologne, Mgr Stefan Wyszynski, afin d’organiser l’aide aux immigrés polonais. Selon Leon Kieres, président de l’Institut de la mémoire nationale, les dossiers du père Hejmo comprennent sept cents pages de transcriptions d’enregistrements audio et portent sur sa collaboration avec la Sluzba Bezpieczenstwa dans les années 1980 « et avant ». Il utilisait les pseudonymes “Hejnal” et “Dominik”, Cette annonce fait suite à celle de la semaine dernière selon laquelle l’Institut de la mémoire nationale disposait de nouvelles traces de mouchards des services de sécurité communistes dans le proche entourage ecclésiastique de Karol Wojtyla. Contacté hier au téléphone par la télévision publique polonaise TVP, le père Hejmo a rejeté ces accusations. « C'est complètement absurde », a-t-il déclaré. Il a confirmé avoir été « sollicité » par la Sluzba Bezpieczenstwa à l'époque communiste, comme « tous les prêtres » en Pologne. « Tout prêtre avait forcément son tuteur », a-t-il ajouté. Il a indiqué qu’il transmettait bien des informations de Rome, mais « pour le primat de Pologne ». Il n’exclut pas qu’elles aient pu être enregistrées à son insu. Il aurait pris l’avion de Varsovie.
L’accusation touche une nouvelle fois un personnage connu des journalistes au Vatican. Avec sa haute silhouette et son habit blanc de dominicain, ce responsable de la Maison du pèlerin polonais de la via Pfeiffer traversait la toute proche place Saint-Pierre avec des groupes de pèlerins plusieurs fois par jour. S'il lui arrivait souvent d’être vu près du pape, au point d’avoir démenti le 1er avril dernier sa mort et déclaré qu’il se préparait en paix, il n’était pas employé du Vatican et n’avait pas accès à des dossiers secrets. Néanmoins, « il avait accès aux plus proches collaborateurs de Jean Paul II », a déclaré sur TV24 Jacek Palasinski, correspondant de cette chaîne de télévision polonaise à Rome. Interrogé par l'AFP, Mgr Tadeusz Pieronek, membre de l'épiscopat polonais, a qualifié l'information donnée par M. Kieres de « grande surprise ». « Il ne faut pas oublier que ce système (communiste) était sans pitié. Il est facile de condamner, mais ce système avait tout le monde dans ses tenailles », a souligné Mgr Pieronek. Selon lui, ce n'est toutefois « pas le moment pour ce genre d'informations, après tout ce que nous avons vécu avec la mort du pape ».
Qu’il ne s’agisse que d’un rideau de fumée ou d’une réalité, ces accusations distillées par la presse pose un problème. L’ouverture totale des archives des polices politiques des anciens pays du Bloc soviétique forme un serpent de mer de la vie politique de ces pays depuis l’effondrement des régimes soviétiques. Le débat fait périodiquement rage, à la veille d’échéances électorales le plus souvent. Il s’agit à chaque fois de vérifier le passé de quelques-uns, responsables politiques ou figures médiatiques. C’est particulièrement vrai pour Estermann et Hejmo. En Pologne, la polémique touche tout le monde depuis la parution, début février sur Internet, d’une liste de 162 000 noms de personnes liées à l’ancienne police politique. Le problème est que cette liste mélange dans le même opprobre les collaborateurs et leurs victimes sans pouvoir les discerner. Et derrière les questions historiques légitimes se cachent des arrière-pensées politiques moins reluisantes.

DELLA SANTA SEDE ALL’ASSEMBLEA PLENARIA DEL CONSIGLIO ESECUTIVO DELL’UNESCO (PARIGI, 27 APRILE 2005)

Ieri, 27 aprile, durante l’Assemblea plenaria del Consiglio Esecutivo dell’UNESCO, il
Rev.do Mons. Francesco Follo, Osservatore Permanente della Santa Sede presso l’UNESCO a
Parigi, ha pronunciato l’intervento che pubblichiamo di seguito:

! INTERVENTO DI MONS. FRANCESCO FOLLO

Monsieur le Président du Conseil exécutif,
Monsieur le Directeur général,
Excellences,
Mesdames,
Messieurs,
Je vous remercie de m'avoir donné la parole et surtout je tiens à remercier, en mon nom
personnel et au nom du Saint Siège, pour les condoléances que l'UNESCO m'a adressées à
l'occasion du décès de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul Il. En effet, son décès a suscité un profond
émoi, non seulement parmi les fidèles de l'Église catholique, mais aussi parmi les hommes des
toutes les religions et de toutes les cultures, qui ont reconnu en lui un vrai témoin de paix et un
vaillant défenseur du dialogue et des droits de l'homme. Je tiens aussi à vous adresser mes vifs
remerciements pour les félicitations que j'ai reçues de vous tous à l'occasion de l'élection du
nouveau Pape, Sa Sainteté Benoît XVI, et tout particulièrement de l'hommage vibrant qui lui a
été rendu par le Président du Conseil exécutif, Son Excellence Monsieur Hans-Heinrich Wrede.
Le magistère du Pape Jean-Paul Il demeure comme une stèle dans la vie de l’Église comme
dans la vie internationale, et, dans cet perspective, permettez-moi de vous proposer quelques
réflexions sur ses interventions: en juin 1980, lors de son premier voyage en France le Pape Jean-
Paul Il avait tenu à rendre visite à l'UNESCO. Il y avait prononcé un discours historique,
déclarant notamment: « «Veillez, par tous les moyens à votre disposition, sur cette souveraineté
fondamentale que possède chaque Nation en vertu de sa propre culture. Protégez-la comme la
prunelle de vos yeux pour l'avenir de la grande famille humaine».
Pour cette raison, ma délégation renouvelle son soutien total à l'heureuse initiative d'un
projet de Convention à la protection des contenus culturels et des expressions artistiques. Après
la Déclaration sur la diversité culturelle, il est aujourd'hui nécessaire de disposer d'un instrument
juridique plus spécifique et contraignant, comme une convention, pour permettre aux différents
contenus culturels et expressions artistiques de devenir des facteurs de développement, même
sur le plan économique, pour tous les peuples, surtout pour les plus défavorisés d’entre eux, mais
aussi dans le but d’éviter que la gestion de ces biens tout à fait particuliers que sont les biens
culturels soit traitée comme des entités seulement économiques. Pour reconnaître, protéger et
promouvoir la spécificité des contenus culturels dans leur pluralisme non réductible, il faut une
institution dont le rôle central est de protéger et promouvoir la culture: c'est précisément le rôle
de l'UNESCO.
La question très débattue de la double nature, économique et culturelle, des biens et des
services culturels a le mérite de mettre en évidence que ce qui circule et se reproduit dans le
domaine économique n'est pas seulement l'argent, mais aussi et surtout, un sens, des valeurs, une
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identité. Les principes de respect des biens culturels et de soutien réciproque, de solidarité et de
coopération, sont les piliers fondamentaux de cette Convention, qui vise, d'un point de vue
humain, à l'enrichissement de toutes les cultures.
Dans le célèbre discours que je viens d’évoquer, Jean-Paul Il affirmait que «les problèmes
de la culture, de la science et de l'éducation ne se présentent pas, dans la vie des nations et dans
les relations internationales, de manière indépendante des autres problèmes de l'existence
humaine, comme ceux de la paix ou de la faim. Les problèmes de la culture sont conditionnés
par les autres dimensions de l'existence humaine, tout comme, à leur tour, ceux-ci les
conditionnent». De ce fait, «aucun homme, aucun pays ni aucun système du monde ne peut rester
indifférent devant la "géographie de la faim" et les menaces gigantesques qui en suivront si
l'orientation entière de la politique économique, et en particulier la hiérarchie des investissements,
ne changent pas de manière essentielle et radicale».
Mais le Pape Jean-Paul Il nous rappelait aussi qu'on ne peut pas réduire la question du
pluralisme des contenus et des expressions culturelles à un problème de gestion de biens et de
services, à savoir de réglementation des flux de marchés: «Tout l’"avoir" de l'homme n'est
important pour la culture, n'est un facteur créateur de la culture, que dans la mesure où l'homme,
par l'intermédiaire de son "avoir", peut en même temps "être" plus pleinement comme homme,
devenir plus pleinement homme dans toutes les dimensions de son existence, dans tout ce qui
caractérise son humanité»
Si «l'homme est le fait primordial et fondamental de la culture», il conviendrait, dans la
Convention, d’insister avec plus de force et d'efficacité sur le lien positif entre les contenus
culturels et les identités culturelles. Toutes les discussions qui ont eu lieu à propos des
définitions qui sont à la base de cette Convention pourraient trouver un point de convergence
dans la reconnaissance du fait que la question de la diversité des expressions culturelles est
foncièrement une question d'identité des sujets, non d'objets à cerner et énumérer: la créativité
humaine multiforme se concrétise en œuvres et en productions, mais en même temps, elle les
transcende. Si l'enjeu fondamental est l'identité culturelle, il est alors légitime de parler de
protection, parce qu'il ne s'agit pas seulement de gérer ou de favoriser certaines productions au
détriment d'autres, mais de permettre aux hommes de grandir en tant qu'être doués de liberté; de
même, nous parviendrons à nous sentir citoyens du monde dans la mesure où nous sommes
membres de communautés ouvertes qui nous ont accueillis et qui nous ont fourni une trame pour
relations et un canevas de "sens", un style et des valeurs concrètes. Quand l'Église affirme et
soutient les droits fondamentaux de la personne et des communautés de personnes, elle affirme
et soutient à la fois le droit pour chaque communauté de conserver et de développer sa propre
culture, et de la défendre contre des homologations forcées.
Si d'ailleurs la question de la liberté des personnes est la question fondamentale, il
conviendrait de donner, dans la Convention, plus de poids au rôle irremplaçable de la société
civile dans la gestion de la protection et de la promotion de la diversité culturelle, surtout si on
considère que ce ne sont pas les États qui créent la culture, mais les forces vivantes des libres
associations entre les citoyens.
En reconnaissant le dernier mot à l'État en matière de garantie, d'application de la loi et
d'arbitrage, le rôle des institutions éducatives comme les universités doit devenir un rôle de
premier plan pour la promotion de la diversité culturelle. Leurs initiatives pourraient profiter des
ressources d'intelligence, de temps et de créativité qui sont souvent mises à disposition avec
générosité mais dont on tire rarement le maximum dans des projets de longues haleine.
BOLLETTINO N. 0246 - 28.04.2005 4
Dans le processus de rédaction de la Convention, il serait important de prendre aussi en
compte les propositions de la société civile et des ONG.
Excellences, Mesdames, Messieurs,
Avant de conclure, je voudrais attirer votre attention sur un dernier aspect.
Une réflexion plus poussée sur la question de l'identité culturelle permettrait de s'apercevoir
qu'on ne peut pas ne pas prendre en considération la question du religieux parmi les aspects de
la différence culturelle. Nous avons déjà souligné à maintes reprises cet aspect: évidemment on
ne peut pas réduire la religion à un phénomène culturel, mais il est aussi évident que le rapport
vital entre culture et religion ne peut être nié, que ce soit d'un point de vue que l’on pourrait
qualifier de génétique (toutes les cultures ont, d’une manière ou d’une autre, à leur base une
recherche en vue d’appréhender le transcendant), ou d'un point de vue structurel et anthropologique
(le rapport au sacré et/ou à la transcendance, même à travers une négation de cette dernière,
est un élément fondamental de la culture en .tant que représentation du monde). Il faudrait
mentionner l'importance de la religion, comme d'autres États l'ont suggéré, au moins dans le
Préambule de la Convention, sans oublier, en tout état de cause, que cette question concerne
aussi les aspects 'objectifs' de la diversité culturelle. Dans les normes de certains États, il existe
une reconnaissance spécifique des "biens culturels à intérêt religieux", biens que l'Église
catholique, mais aussi d'autres religions, considèrent comme des témoignages de foi, des
véhicules d'un patrimoine de valeurs et de sensibilités que ne peuvent pas se réduire à la seule
culture et qui sont utilisés pour des finalités cultuelles et rituelles. Il faut noter que la Convention
ne tient pas compte de ce type des biens et de leur caractère particulier. Si, d'un côté, nous
reconnaissons aisément que ce document n'est pas le document le plus approprié pour cerner ces
questions complexes, de l'autre côté, nous y reconnaissons une tendance à entériner une
conception de la religion comme ne concernant que la dimension privée de l'existence, sans
incidence dans le domaine publique. À l’avenir, nous appelons donc de nos vœux, Excellences,
Mesdames, Messieurs, une considération plus attentive de la place de l’aspect religieux, qui n'est
pas un simple appendice dans la vie des personnes, mais qui fait partie de leurs aspirations
légitimes et du devoir de reconnaissance, de justice et de dignité de toute personne et de toute
communauté humaine.
Je vous remercie de votre attention.
[00501-03.02] [Texte original: Français]

Les armoiries très bavaroises de Benoît XVI

Hervé Yannou (Le Vatican).
[LE FIGARO, 28 avril 2005]

Benoît XVI a choisi ses armoiries. Un emblème – une tête de Maure –, un attribut – l'ours de saint Corbinien – et un symbole – celui de la coquille Saint-Jacques. Des figures très bavaroises déjà présentes dans son blason de cardinal. Mais, petite révolution dans ce «logo» pontifical, l'écu chapé-ployé n'est plus couronné d'une tiare, mais d'une mitre d'évêque, et porte en sautoir le pallium en plus des clefs de Saint-Pierre. «C'est une mise en image de ses premiers discours sur la collégialité épiscopale», estime Edouard Bouyé, spécialiste d'héraldique. Depuis quarante ans, les papes n'utilisent plus la tiare, mais elle était restée dans leurs armoiries. «Avant d'être un souverain, Benoît XVI veut être l'évêque de Rome.» Le Pape exploite les symboles pour faire passer son message. Le plus caractéristique est l'ours de saint Corbinien. Une légende prémonitoire. Cet évêque du VIIIe siècle a évangélisé la Bavière. Au cours d'un voyage vers Rome, un ours dévora sa monture. Corbinien lui demanda alors de porter ses bagages. Arrivé dans la Cité éternelle, il libéra l'ours qui retourna dans sa forêt. C'est l'allégorie du christianisme domptant le paganisme. Quant au coquillage, il rappelle le pèlerinage, l'immensité du mystère de Dieu et le séminaire de Ratisbonne où Benoît XVI a été professeur. La tête d'Ethiopien est aussi un clin d'oeil au passé du Pape qui dirigea le diocèse de Munich. Elle appartient au blason des archevêques de la capitale bavaroise depuis le XIVe siècle.

Change of Course?

- by Dr. Robert Moynihan, Inside the Vatican

VATICAN CITY, Wednesday, April 27, 2005 -- Will the "miracle" actually occur? Will the long-postponed dream of the late Pope John Paul II to improve relations with the Orthodox in order to allow Europe to "breathe with two lungs" (the Latin West and the Greek East) now become a reality after his death?

Vatican watchers are seriously pondering these questions following a series of dramatic statements from Russia, and from the Orthodox world in general, suggesting that the arrival on the scene of Pope Benedict XVI may be a catalyst for quick and real progress in the relations between the Orthodox and Catholic Churches.

The latest statements came from Russian Orthodox Patriarch Alexi, who expressed willingness to meet with Benedict XVI.
Here are news reports from Russia on the latest developments.

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Article #1

Russian patriarch wants improved relations with Vatican.
27 April 2005; 06:20 am
(c) 2005 Interfax Information Services, B.V.

MOSCOW. April 27 (Interfax) - Patriarch Alexy II of Moscow and All Russia has praised the new pope's personal qualities and said he hopes that the pope will make a maximum effort to improve relations with the Russian Orthodox Church.

"Pope Benedict XVI enjoys great authority, has a broad outlook and a powerful intellect, and is fearlessly defending traditional Christian values from the people who are trying to depart from them, trample them underfoot or disparage them. This has won the new pope respect in the Christian world, including in the Orthodox Church," Alexy II said in an interview published by Kommersant on Wednesday.

Alexy II acknowledged that Orthodox believers and Catholics have theological disagreements, however, he also pointed out that their positions are similar on many of the key present-day problems.

"I sincerely hope that Pope Benedict XVI will do everything possible to improve relations with the Russian Orthodox Church," he said, adding that the new pope is definitely well informed about the problems complicating relations between the two churches.

The Russian patriarch said that the new pope's desire to improve relations with all Christian confessions "inspires the hope that an Orthodox-Catholic dialogue will be developed."

Asked whether a meeting with the new pope is possible, the Russian patriarch said that it would depend on whether the Vatican will adjust its policy regarding the Russian Orthodox Church.

Article #2

RUSSIAN PATRIARCH WILL MEET POPE IF HE SHOWS 'TACT'.
27 April 2005; 03:05 pm
(c) 2005 ANSA.

(ANSA) - Moscow, April 27 - The leader of the Russian Orthodox Church, Patriarch Alexei II, has said he will meet Benedict XVI if the new pope shows enough determination and tact in seeking better relations.

In an interview published on Wednesday, the Moscow patriarch expressed a basically positive attitude to the new leader of the Catholic Church, again hinting there was hope of a thaw in relations between the two churches.

Alexei told Moscow daily Kommersant that Benedict had a "powerful intellect" and he praised the pontiff's record for strenuously defending traditional Christian values.

"The entire Christian world, including the Orthodox one, respects him. Without doubt theological differences exist," he said. "But as far as his views on modern society, secularisation and religious relativism are concerned, our
points of view are very similar."

The Catholic Church and the Orthodox Church have been divided since the Great Schism of 1054. Benedict's predecessor sought to bring the two halves of Christianity closer together and, with visits to Orthodox Romania and Greece, made some progress.

But his longed for visit to Russia never happened. Despite his best efforts, John Paul never managed to obtain an invitation to visit Moscow, the centre of the Russian Orthodox Church.

Alexei II resolutely resisted the Vatican's overtures and continued to accuse the Catholic Church of proselytising, or trying to poach believers in Russia and the former Soviet Union.

"My meeting with the new representative of the Roman Catholic Church will depend on his approach to the Russian Orthodox Church, on how much willingness, wisdom and tact he shows in attempting to resolve the existing problems," he told Kommersant.

"If it happens, our meeting must demonstrate to Christians and to the whole world that our relations have changed for the better, that the difficulties of recent years have been overcome."

The patriarch again drew attention to "proselytism" in Russia and Ukraine and called on Benedict to do "everything in his power to improve relations with the Russian Orthodox Church."

Article #3

Russian Catholics to perform pilgrimage to John Paul II's grave.
27 April 2005; 04:16 am
(c) 2005 Interfax Information Services, B.V.

MOSCOW. April 27 (Interfax) - A small group of Russian Catholics will go to Rome in mid-May to visit the St. Peter Basilica and the grave of the late Pope John Paul II in the Vatican.

"Unfortunately, for quite understandable reasons, only a few people from Russia managed to bid farewell to our dear pope during his funeral on April 8," head of Russian Catholics Archbishop Tadeusz Kondrusiewicz told Interfax on Tuesday.

People are so eager to pay tribute to the late pope that they themselves have asked the Catholic Church's office in Russia to organize this pilgrimage, Kondrusiewicz said.

The archbishop said he hopes that the first group will be followed by other pilgrims.

Article #4

Rssn Metropolitan sees some prospects for relations with Vatican, by Olga Levitskaya, Oleg Osipov.
6 April 2005
(c) 2005 ITAR-TASS

ROME, April 26 (Itar-Tass) - Chairman of Moscow Patriarchate's department for external relations, Metropolitan Cyril of Smolensk and Kaliningrad, said in an exclusive interview with Itar-Tass Tuesday he could see some prospects for relationship between the Russian Church and the Vatican.

He said it in the aftermath of Monday's meeting with Pope Benedict XVI. "Both sides have shown readiness to develop relations," Metropolitan Cyril said shortly before departure from Rome.

"We recalled such readiness had been displayed during the previous pontificate as well," he said.

"The most important thing is we managed to get an improvement in their [Vatican's] stance on the situation in Russia and Ukraine," Metropolitan Cyril said.

Benedict XVI and His Beatitude Cyril know each other fairly well since the mid-1970's.

"The first time I met Joseph Ratzinger [the Pope's name before pontificate] was in 1974, and he impressed me then as a profound person, expansively knowledgeable in theology and simple in communications at the same time," Metropolitan Cyril said.

"You can discuss any problems with him, and I had a chance to see yesterday he hasn't changed a bit during the past thirty years," he said.

"Benedict XVI remains open for a dialogue," Metropolitan Cyril said. In the meantime, Patriarch of Moscow and all Russia Alexy II said Monday a papal visit to Russia was hardly on the cards in the near future.

As he addressed a news conference in Moscow, he also said he could not project future relationship with the Vatican clearly.

Alexy II indicated the Russian Orthodox Church expects the Holy See to take steps towards eliminating the factors that Moscow Patriarchate finds troublesome.

These include Catholic proselytism inside Russia and on the territories where the population has traditionally espoused Eastern Orthodoxy, the attempts to establish four dioceses on Russia's territory, the eastwards expansionism of Greek Catholics [also known as Catholics of the Eastern rite] in Ukraine, and huge imbalances of rights that the latter faction of the Latin Church and Russian Orthodox communities have in western Ukraine.

Article #5

Roman Catholic, Russia Orthodox Churches should cooperate -- Pope, by Olga Kostromina
26 April 2005
(c) 2005 ITAR-TASS

MOSCOW, April 26 (Itar-Tass) - The Roman Catholic and Russian Orthodox Churches must develop cooperation, Pope Benedict XVI said on Monday during the talks with Metropolitan Kirill of Smolensk and Kaliningrad, who headed the Moscow Patriarchate delegation for the pope enthroning ceremony.

The pope expressed confidence the two Churches should together defend common Christian values in Europe's life at present.

The importance to settle the problems in relations between the Vatican and the Russian Orthodox Church was emphasised during the meeting.

The pope also noted the importance of the theological and liturgical tradition of the Orthodox East and expressed his respect for the mission and pastor service of the Russian Orthodox Church.

In the Apostolic Palace, Benedict XVI received delegations of Christian Churches and other denominations.

Metropolitan Kirill conveyed to the pope congratulations and greetings from Patriarch Alexy of Moscow and All Russia.

Archbishop Mitrofan of Pereyaslavl-Khmelnitsky greeted Benedict XVI on behalf of Metropolitan Vladimir of Kiev and All Ukraine.

Delegations of Christian denominations that participated in the enthroning ceremony also attended the evening service led by the pope.

Article #6

Orthodox, Catholic churches approaching new relations - Russian church figure
26 April 2005; 05:13 pm
(c) 2005 Interfax Information Services, B.V.

MOSCOW. April 26 (Interfax) - The Russian Orthodox and Roman Catholic churches have possibly reached the threshold of a new stage in their relations.

"All the prerequisites are available to overcome problems that have cropped up between our churches in recent years," Metropolitan Kirill of Smolensk and Kaliningrad, who heads the Moscow Patriarchate's foreign relations department, told Interfax after a visit to the Vatican and talks with the new pope.

He said Pope Benedict XVI had made a good impression on him. "The tonality of our talks suggested that the pope's attitude to further relations with the Russian Orthodox Church is positive, and that he is prepared to put forth maximum efforts to ensure the earliest possible positive
settlement of our problems and prevent new ones from arising," said Metropolitan Kirill.

Article #7

Pope Benedict XVI sends brotherly greetings to Alexy II
26 April 2005; 01:25 pm
(c) 2005 Interfax Information Services, B.V.

VATICAN/MOSCOW. April 26 (Interfax) - Pope Benedict XVI sent brotherly greetings to Patriarch Alexy II of Moscow and All Russia at a meeting with Metropolitan Kirill of Smolensk and Kaliningrad in the Vatican on Monday evening.

Metropolitan Kirill headed a Russian Orthodox Church delegation at the pontiff's enthronement ceremony, the Moscow Patriarchate's external relations department said in a statement on Tuesday.

The pope "expressed his agreement that there is the need for the two Churches to develop cooperation in defending common Christian values in the affairs of contemporary Europe," it said.

Benedict XVI especially emphasized the importance of the Orthodox East's theological and liturgical tradition and expressed his respect for the Russian Orthodox Church's mission and pastoral service, it says.

Article #8

Russian top clergyman says ready to improve relations with Vatican
26 April 2005; 09:21 am
(c) 2005 The British Broadcasting Corporation. All Rights Reserved. No material may be reproduced except with the express permission of The British Broadcasting Corporation.

The following is the text of a report by Russian TV on April 26/05

[Presenter] The first meeting between a representative of the Russian Orthodox Church with the new pontiff has taken place in the Vatican. Kirill, metropolitan of Smolensk and Kaliningrad, head of the foreign relations department of the Russian Orthodox Church, congratulated Benedict XVI on his election and conveyed good wishes from Aleksiy II, patriarch of Moscow and All Russia. Interviewed before leaving for Moscow, Metropolitan Kirill said that both the Russian Orthodox Church and the
Vatican are now ready for dialogue.

[Kirill] I believe that a very good foundation has been laid down now. Both sides are ready to develop relations. We have stressed more than once that we were ready for this at the time of the previous pontiff too. The main thing is
to ensure that we attain real changes for the better in Russia and Ukraine.

Source: RTR Russia TV, Moscow, in Russian 1300 gmt 26 Apr 05

4.27.2005

Un proche de Jean Paul II collaborateur des services communistes polonais

LEMONDE.FR | 27.04.05 | 17h39  •  Mis à jour le 27.04.05 | 19h27

Le père Konrad Hejmo, chargé des pèlerins polonais au Vatican et proche du pape défunt Jean Paul II, a été accusé, mercredi 27 avril, d'avoir collaboré avec les services de sécurité communistes polonais (SB). Il a qualifié ces accusations d'"absurdes". "C'est complètement absurde. Il y a eu des gens qui venaient nous voir comme soi-disant de grands amis, et qui s'intéressaient à tout, au pape", a-t-il dit au téléphone à la télévision publique polonaise TVP.
Le père Hejmo a confirmé avoir été "sollicité" par la SB à l'époque communiste, comme "tous les prêtres" en Pologne. "Tout prêtre avait forcément son tuteur" de la SB, a-t-il dit.
L'Institut de la mémoire nationale (IPN) qui instruit les crimes nazis et communistes, a annoncé mercredi que le père Konrad Hejmo aurait collaboré avec les services de sécurité communistes polonais (SB). "L'IPN dispose des dossiers attestant que le père Konrad Stanislaw Hejmo collaborait secrètement dans les années 1980 avec les services de sécurité de la Pologne communiste", a déclaré devant la presse le président de l'IPN, Leon Kieres.
Interrogé sur ces documents, le père Hejmo a affirmé qu'il pouvait s'agir de nombreux "articles" qu'il avait écrits, notamment en tant que directeur adjoint du bureau de presse de l'épiscopat polonais à Rome après 1979. "Quand j'écrivais un article, je le signais forcément. Ils étaient envoyés au primat de Pologne, avec une revue de la presse italienne sur le pape", a-t-il dit. Il n'a pas exclu que ses conversations aient pu être enregistrées à son insu et aient "fait l'objet de montages" par les services spéciaux.
Le père Hejmo, un moine dominicain âgé de 69 ans, utilisait dans ses rapports avec SB les pseudonymes "Hejnal" et "Dominik", a ajouté M. Kieres. Envoyé à Rome en 1979 par le primat de Pologne de l'époque, Mgr Stefan Wyszynski, le père Hejmo y est devenu directeur d'un centre pour pèlerins polonais Corda Cordi. Dans les années 1980, il organisait l'aide aux immigrés polonais à Rome.
Les dossiers du père Hejmo comprennent 700 pages de documents et portent sur sa collaboration avec la SB dans les années 1980 "et avant", selon les responsables de l'IPN. Il connaissait le cardinal Karol Wojtyla avant son élection à Rome. "Il avait accès aux plus proches collaborateurs de Jean Paul II", a affirmé à la TV 24 Jacek Palasinski, correspondant de cette chaîne de télévision polonaise à Rome.


"GRANDE SURPRISE"

Interrogé par l'AFP, Mgr Tadeusz Pieronek, membre de l'épiscopat polonais, a qualifié l'information donnée par M. Kieres de "grande surprise". "Il ne faut pas oublier que ce système  - communiste - était sans pitié. Il est facile de condamner, mais ce système avait tout le monde dans ses tenailles", a souligné Mgr Pieronek. Selon lui, ce n'est toutefois "pas le moment pour ce genre d'informations, après tout ce que nous avons vécu avec la mort du pape".
Le président de l'IPN avait annoncé la semaine dernière que son institut disposait de nouvelles traces de mouchards des services de sécurité communistes dans le proche entourage ecclésiastique de Karol Wojtyla. Il a précisé qu'il s'agissait notamment d'enregistrements audio de dépositions de l'un d'eux, "un ecclésiastique", dont la voix était "reconnaissable".
Ce moine dominicain est responsable des pèlerins polonais au Vatican depuis vingt et un ans, et à ce titre, avait ses entrées auprès du proche entourage de Jean Paul II. Pendant les dernières semaines de vie de Jean Paul II, il informait régulièrement les médias sur la santé du souverain pontife, mort le 2 avril à l'âge de 84 ans.
Grand, mince, aisément reconnaissable avec son épaisse chevelure blanche, le moine polonais était sur la place Saint-Pierre au milieu des pèlerins polonais à chaque apparition du pape pour les audiences générales ou pour l'angélus du dimanche. Lors des deux dernières hospitalisation de Jean Paul II en février et mars, le père Hejmo avait emmené avec lui des groupes de Polonais devant l'hôpital Gemelli pour prier et chanter sous les fenêtres de sa chambre.
Le 16 mars, le pape, qui avait regagné ses appartements du Vatican, avait fait une apparition surprise à la fenêtre de son bureau pour bénir les pèlerins polonais quelque minutes après un échange téléphonique entre le père Hejmo et Mgr Stanislaw Dziwisz, le secrétaire particulier de Jean Paul II.

Avec AFP

Benoît XVI évoque les "racines chrétiennes" de l'Europe

LEMONDE.FR | 27.04.05 | 12h08  •  Mis à jour le 27.04.05 | 12h41

Lors de sa première audience générale place Saint-Pierre devant plus de 15 000 personnes, Benoît XVI a évoqué saint Benoît, le saint patron de l'Europe, dont il a pris le nom, "très vénéré en Allemagne et en particulier en Bavière, ma terre d'origine", qui "représente un point de repère fondamental pour l'unité de l'Europe et un rappel fort aux racines chrétiennes de sa culture et de sa civilisation, auxquelles on ne saurait renoncer".
Sous le pontificat de son prédécesseur, Jean Paul II, le Vatican avait officiellement "regretté" l'absence de mention des "racines chrétiennes" de l'UE dans la nouvelle Constitution européenne, en raison de "l'opposition de certains gouvernements". Dans un communiqué publié après l'adoption à Bruxelles par un sommet européen du texte de la Constitution, le Saint-Siège avait "exprimé sa satisfaction pour cette nouvelle et importante étape dans le processus d'intégration européenne". Mais, ajoutait le communiqué, "le Saint-Siège ne peut pas cependant ne pas exprimer son regret pour l'opposition de certains gouvernements à reconnaître explicitement les racines chrétiennes de l'Europe".
Le lendemain, Jean Paul II lui-même avait de nouveau critiqué lors de l'Angelus la nouvelle Constitution européenne pour l'absence explicite de référence à ses racines chrétiennes, affirmant que l'"on ne coupe pas les racines" qui sont à nos origines.


"PROPHÈTE DE PAIX"


Benoît XVI a souligné le rôle du pape Benoît XV en faveur de la paix. "Il a été un prophète de paix courageux et authentique, et il s'est engagé avec un courage acharné, d'abord pour éviter le drame de la guerre et ensuite pour en limiter les conséquences néfastes", a-t-il souligné. "Je désire placer mon ministère sur ses pas au service de la réconciliation et de l'harmonie entre les hommes et les peuples, profondément convaincu que le grand bien de la paix est d'abord un don de Dieu, un don frêle et précieux à invoquer, défendre et bâtir jour après jour avec la contribution de tous", a-t-il souligné.
Le successeur de Jean Paul II est arrivé en papamobile découverte sur la place Saint-Pierre, debout et bénissant les fidèles. Son secrétaire particulier, Georg Gaenswein, était assis derrière lui et une dizaine de gardes escortaient le véhicule. La papamobile a circulé pendant une dizaine de minutes entre les travées séparant la foule sur la place avant de rejoindre le parvis de la basilique où était installé son fauteuil.


Avec AFP

4.26.2005

Benoît XVI, la foi, la raison et la modernité

LE MONDE | 26.04.05 | 13h50  •  Mis à jour le 26.04.05 | 13h51

Les catholiques allemands ont accueilli avec une satisfaction mitigée l'élection du cardinal Josef Ratzinger comme successeur de Jean Paul II. Mais un Allemand qui ne se réclame pas du catholicisme, qui passe au contraire outre-Rhin pour être le meilleur représentant de la philosophie des Lumières, a dû recevoir le choix du conclave comme la consécration d'un défi intellectuel qu'il avait accepté quelques mois auparavant.
Jürgen Habermas, le philosophe de la communication et du "patriotisme de la Constitution" , le continuateur de l'école de Francfort, qui apporta un renouveau sociologique au marxisme avant et après la seconde guerre mondiale, a en effet dialogué en janvier 2004 avec son compatriote qui n'était encore que le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. L'Académie catholique de Munich, où Josef Ratzinger a été brièvement archevêque, avait organisé cette rencontre insolite entre les deux intellectuels devant un public trié sur le volet. Le thème : "Les fondements moraux prépolitiques de l'Etat libéral" (le texte des interventions a été publié dans le numéro de juillet 2004 de la revue Esprit).
C'était poser la question de la légitimité, et des sources de cette légitimité, de l'Etat libéral, autrement dit de l'Etat démocratique et constitutionnel, conçu comme la forme la plus avancée de la vie en société. C'était aussi reposer d'une autre manière l'opposition entre la révélation et la raison, entre Jérusalem et Athènes, pour citer le philosophe allemand émigré à Chicago Leo Strauss, auquel se référait volontiers le cardinal et que critique Habermas.
La réponse apportée à cette question par les deux protagonistes du débat de Munich en dit long à la fois sur la manière dont le futur Benoît XVI envisageait le rôle de la religion dans la société moderne et sur la quête de sens et de légitimité taraudant un philosophe rationaliste athée. L'issue de la discussion a montré, à défaut d'une impossible harmonie, un étonnant rapprochement des points de vue. Josef Ratzinger n'a pas de doutes. Il l'a répété pendant la messe qui a immédiatement précédé le conclave : l'aune à laquelle toute chose doit être mesurée est la foi en Jésus-Christ. Il existe une vérité "prépolitique" qui est la vérité de la religion chrétienne, alors que les Lumières ont détruit le lien divin entre la foi et le savoir. Les philosophes des Lumières ne tolèrent aucune vérité supérieure à elle-même, aucune vérité préexistant à leur propre raison. Sans doute, ajoutait le cardinal, la raison doit être appelée à contrôler la religion, mais, dans le monde contemporain, c'est souvent la raison, privée du contrôle de la religion, qui a déraillé.
Habermas n'est pas insensible à ce dernier argument. Déjà en 2001, en recevant le Prix de la paix des libraires allemands décerné à l'occasion de la Foire du livre de Francfort, il avait étonné son auditoire en s'interrogeant sur l'importance des croyances dans les questions morales des sociétés sécularisées.
Pour lui, cependant, l'Etat libéral n'a pas besoin de justification supérieure. Il trouve sa légitimation dans le processus démocratique lui-même, qui est "une méthode de production de la légitimité par la légalité" . Le droit est un produit des institutions auxquelles participent des citoyens libres dans un débat tirant ses sources des valeurs constitutionnelles (universelles), sans intervention d'un droit moral métaphysique, religieux ou classique.
Pour celui qui deviendra Benoît XVI, le "lien unificateur" des sociétés, y compris des sociétés libérales, c'est Dieu. Pour Habermas, ce "lien unificateur" , nécessaire à la cohésion et à la solidarité sociales, ne préexiste pas à la liberté. Il est la pratique démocratique elle-même.
Arrivé à ce point, le dialogue serait bloqué si des doutes ne s'insinuaient pas dans l'esprit du philosophe des Lumières. Ces doutes ont deux origines. La première est la mondialisation non maîtrisée de l'économie et de la société, qui prive le processus de formation de la raison démocratique de sa base institutionnelle nationale, et donc de sa pertinence. La seconde est alimentée par les débordements de la raison, la prolifération des armes de destruction massive par exemple, comme les manipulations génétiques. Face à ce qu'il appelle "la modernisation dévoyée" , Habermas se demande si la raison ne doit pas être placée sous le contrôle du "prépolitique" . Il admet que la démocratie repose sur des motivations et des vertus ayant leur source en amont du politique, dans la sphère religieuse ou métaphysique. Il est donc nécessaire, selon lui, que la conscience laïque, sécularisée, ne dénie pas à la religion son rapport à la vérité.
Le débat de Munich s'est terminé par une reconnaissance réciproque : la nécessité admise par Jürgen Habermas comme par Josef Ratzinger d'un "double processus d'apprentissage" , dans lequel la raison et la religion seraient dépendantes l'une de l'autre.
Le processus démocratique et la loi de la majorité sont des réponses insuffisantes à la recherche de la légitimité car il existe des principes "prépolitiques" qui ne sont pas à la disposition des majorités et des minorités. Sauf à tomber dans l'historicisme que récuse Habermas ou à se soumettre au "despotisme du relativisme" dénoncé par le nouveau pape. Pour terminer par une boutade, citons encore Leo Strauss, qui ridiculisait le relativisme des valeurs en disant : "Si tout se vaut, alors le cannibalisme est une affaire de goût."

Daniel Vernet

Article paru dans l'édition du 27.04.05

Pope Benedict Reaches Out to Muslims

April 26, 2005
By ELISABETH ROSENTHAL

New York Times/International Herald Tribune

ROME, April 25 - On his first official full day as pope, Benedict XVI on Monday reached out for the first time to Muslims, saying he was "grateful" for their presence at his investiture ceremony and hoped for a "growth of dialogue between Muslims and Christians" at local and international levels.
There were many such surprises during Benedict's public appearances on Monday, giving the world its first glimpse perhaps of the priorities and style that will define his papacy.
A man who had been widely criticized as a narrow-minded theologian reached out to other religions. A man who previously talked about creating a purer, smaller Roman Catholic Church was talking about offering Catholicism to the world. A man whose previous public face was stern and remote turned funny, personal - physical even.
Comparing being elected pope to being beheaded by a guillotine, he said he had prayed during last week's conclave of cardinals that he would not win the job.
"As slowly the balloting showed me that, so to speak, the guillotine would fall on me, I got quite dizzy," he told an audience of 5,000 German pilgrims Monday morning. "I had thought I had done my life's work and could now hope for a peaceful end of my days.
"So with deep conviction, I told the Lord: 'Don't do this to me! You have younger and better men, who can do this work with different verve and strength.' "
Then he said, with a sigh, "This time he didn't listen to me."
Benedict, formerly Cardinal Joseph Ratzinger, has been a conservative fixture of Vatican life for more than two decades as chief of the church's office for doctrine, the Congregation for the Doctrine of the Faith. Many liberal-leaning Catholics have worried about what his reign would be like. But as has become increasingly clear in the days since his election last Tuesday, his priorities as pope are likely to be broader and more outward looking than those of the cardinal he was.
"The first stage of his life, in Germany, he was an immensely gifted theologian, and then he got a job at the Vatican, which was to clarify expressions of Catholic faith," said the Rev. Roderick Strange, rector of Beda College in Rome. "Now it's Chapter 3 of his life, and in this new atmosphere, we see a new man emerging."
In the morning, Benedict had a formal closed-door meeting with leaders of other religions who had traveled to Italy for his investiture ceremony on Sunday. At this meeting, according to a Vatican transcript, he offered generous praise for leaders of other religions, including - for the first time - a specific nod to Islam, a faith about which he had expressed reservations when he was a cardinal.
Even on Sunday, in his first official homily as pope, Benedict mentioned the need to build bridges with other Christians and with Jews, but did not mention Muslims. On Monday, he seemed purposefully to be correcting that omission.
"I am particularly grateful for the presence in our midst of members of the Muslim community," he said. "I assure you that the church wants to continue building bridges of friendship with the followers of all religions."
On Monday evening, he made his first official trip out of the Vatican, to St. Paul's Outside the Walls, where he visited the tomb of St. Paul, one of the church's great evangelizers.
"The church is by nature missionary, and its primary task is evangelization," he said, praising the "inimitable" missionary spirit of his predecessor, Pope John Paul II.
Many experts had predicted that if Cardinal Ratzinger was elected pope, his would be an inward-looking papacy in which he would return the church to its theological roots, accepting a smaller church if it was more ideologically pure.
On Monday, he indicated that the new job description required a shift in tone and policy.
In many ways the most remarkable sight of the day was that of the former Cardinal Ratzinger playing skillfully, if sheepishly, to crowds.
Faced with 6,000 screaming worshipers at St. Paul's, he beamed and waved as he walked slowly down the aisle surrounded by black-suited security guards, shaking hands, caressing babies and bending down to touch the heads of little children.
In the morning, speaking at the Vatican in his native German to the crowd of German pilgrims, he apologized with self-deprecating humor that the meeting with religious leaders had run late. "Germans are used to punctuality," he joked. "I'm already very Italian."
"He was beaming with joy," said the Rev. Rudolph Kutschera, from Emsdetten, Germany. "It was a wonderful speech, very open-minded. He asked us to trust him, and we will."

L'intelligence et la «vieille Europe»

RELIGION Après l'élection du cardinal Joseph Ratzinger à la tête de l'Eglise catholique

PAR ROLAND HUREAUX *
[26 avril 2005]

L'élection du cardinal Ratzinger à la tête de l'Eglise catholique, sous le nom de Benoît XVI, a une première signification : le conclave a fait le choix de l'intelligence. Dans le jeu infini des pronostics qui a précédé le vote, toutes sortes de considérations furent avancées par les commentateurs : l'opposition, vulgaire à force d'être entendue, entre conservateurs et prétendus progressistes (comme si le successeur de Pierre n'avait pas d'abord, d'une manière ou d'une autre, le rôle de conserver l'héritage d'une institution fondée sur la tradition), l'intérêt qu'il y aurait à élire un pape blanc, noir, jaune, d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique latine, ce qui est en effet, pour le coup, un vrai problème.
Mais personne parmi les initiés ne contestait que le cardinal Joseph Ratzinger dominait intellectuellement de très loin le Sacré Collège. Ceux qui pensent que l'Eglise catholique véhicule des superstitions dépassées n'attacheront pas d'importance à un tel critère. Ceux qui se souviennent que pendant dix ou quinze siècles elle a réuni dans ses rangs la fine fleur de l'intelligence et de la culture occidentale y verront au contraire le signe de la continuité, la vraie, pas celle qui se cramponne seulement à des dogmes desséchés. A une époque où la crédibilité du message chrétien se trouve contestée au nom de la science, il n'est pas inutile que le pape soit un des plus grands intellectuels de notre temps, comme l'étaient d'ailleurs la plupart de ses prédécesseurs à commencer par Pie XII, si décrié.
Qui plus que Joseph Ratzinger domine d'aussi haut non seulement les mille et une subtilités d'une théologie catholique à la fois très simple et très complexe, gymnastique intellectuelle fondatrice de toute haute civilisation, mais encore l'essentiel de la culture littéraire, philosophique et scientifique de notre époque ? Cela ne suffit sans doute pas à faire un chef (c'est le vrai sens du mot «pasteur»), comme le fut si admirablement son prédécesseur Jean-Paul II, mais qu'une Eglise en pleine crise privilégie d'abord le critère intellectuel est un signe de continuité et marque une forte différence avec l'univers séculier où les chefs d'Etat qui, sur ce plan-là, arrivent à la cheville du nouveau pape, ne sont pas légion.
Ce décalage croissant entre la culture de certains chefs religieux et l'inculture de la plupart des chefs politiques n'est-elle pas la raison pour laquelle les premiers conservent une si grande autorité dans un univers de plus en plus séculier ?
Ratzinger est le dernier survivant de la grande école de théologie qui au XXe siècle, dans un effort d'approfondissement sans précédent, rénova magistralement le dogme chrétien : la génération de Balthasar, Bouyer, Le Guillou, Daniélou, de Lubac, Congar, on en oublie, école qui se retrouva un temps autour de la revue Communio. Ses foyers principaux furent la France et l'Allemagne mais elle aussi rayonna à leur périphérie, notamment dans la Pologne de Wojtyla. Elle n'a de comparable dans la période récente que l'école russe du début du XXe siècle (Lossky, Soloviev, etc.)
L'autre grande signification de cette élection est que Ratzinger est un pur produit de ce que les Américains appellent la «vieille Europe». On comprend certes la déception de ceux qui espéraient, après l'élection d'un pape non italien, un nouveau signe d'imagination créatrice de la part de l'Eglise, au travers de l'élection d'un pape argentin, hondurien ou indien.
D'autant que beaucoup pouvaient penser que ni l'Eglise ni la civilisation n'avaient plus rien à attendre d'un continent en voie de déchristianisation rapide et frappé d'une perte de sens dont l'indice le plus significatif est sans doute la dénatalité : un déficit d'un tiers de naissances à chaque génération, une extinction programmée des peuples de souche européenne à terme. Beaucoup pronostiquent que le destin qui attend notre continent est celui qui frappa l'Asie mineure, foyer principal du christianisme durant les cinq premiers siècles de notre ère et où il a aujourd'hui pratiquement disparu. D'autant que l'Europe est plus que jamais rongée par une culpabilité liée aux guerres fratricides du XXe siècle et à la Shoah, une culpabilité qui fut longtemps l'apanage de l'Allemagne mais qui tend à devenir européenne. La construction européenne serait moins, dans une telle optique, le signal du renouveau que la conduite de fuite qui évite à notre continent de regarder en face ses vrais problèmes.
Joseph Ratzinger est plus que quiconque un enfant de cette «vieille Europe», non seulement parce que son terroir d'origine se trouve au centre du continent, à un vieux carrefour de civilisation riche d'histoire et de culture, mais aussi parce que presque tous les maux dont souffre l'Europe, notamment la déchristianisation et la dénatalité, touchent plus particulièrement l'Allemagne. En portant son choix sur un tel homme, le conclave a envoyé un signal fort à cette «vieille Europe» : elle ne doit pas se résigner à son déclin, elle a encore quelque chose d'essentiel à apporter à la civilisation. Et par rapport au critère évoqué un peu plus haut, celui de la transmission d'un immense patrimoine culturel et intellectuel, bien commun de l'humanité dont l'Eglise catholique a en partie la charge, elle garde une responsabilité irremplaçable.
Il resterait à dire ce que signifie cette élection pour l'Allemagne. En d'autres temps, nous Français l'aurions plutôt mal prise. Qu'elle ait été aujourd'hui envisageable témoigne du progrès, non seulement de l'Europe institutionnelle, mais surtout de la réconciliation en profondeur des peuples, particulièrement de la France et de l'Allemagne, sous l'égide de ces grands chrétiens que furent Charles de Gaulle et Konrad Adenauer. Que Benoît XVI vienne d'un pays qui porte les lourdes responsabilités que l'on sait est-il une expiation, comme l'a suggéré un rabbin, ou une réhabilitation ? Voilà une question trop grave pour la trancher sommairement. Les milieux juifs informés savent que le cardinal Ratzinger fut particulièrement en pointe dans le rapprochement judéo-chrétien et, par un paradoxe qui n'est qu'apparent, se réjouissent davantage de son élection que bien des chrétiens. Mais il est trop tôt pour juger de la portée pour l'Allemagne – et donc pour l'Europe – d'un aussi immense événement moral.
Il est bien assez de constater que la logique de l'intelligence et plus largement de la civilisation a prévalu et que, sans mépriser l'apport croissant d'autres continents, elle soit venue rappeler à la «vielle Europe» qu'elle conserve en la matière une responsabilité qu'elle ne saurait déléguer.

* Essayiste.

4.25.2005

CONFERMA DEI MEMBRI DEI DICASTERI DELLA CURIA ROMANA

Il Santo Padre ha confermato i Membri dei Dicasteri della Curia Romana, fino al termine del quinquennio per il quale sono stati nominati dal compianto Sommo Pontefice Giovanni Paolo II.
[00482-01.01]
[B0240-XX.01]

UDIENZA AI RAPPRESENTANTI DELLE CHIESE E COMUNITÀ

Alle 11 di questa mattina, nella Sala Clementina del Palazzo Apostolico Vaticano, il Santo
Padre Benedetto XVI riceve in Udienza i Rappresentanti delle Chiese e Comunità Cristiane e di
altre Religioni non Cristiane, convenuti a Roma per l’elezione del Sommo Pontefice.
Pubblichiamo di seguito il discorso che il Papa rivolge loro:

! DISCORSO DEL SANTO PADRE

Con gioia accolgo voi, cari Delegati delle Chiese ortodosse, delle Chiese ortodosse orientali e delle Comunità ecclesiali d'Occidente, a pochi giorni dalla mia elezione. Particolarmente gradita è stata la vostra presenza ieri in Piazza San Pietro, dopo aver vissuto insieme i mesti momenti del congedo dal compianto Papa Giovanni Paolo II. Il tributo di simpatia e di affetto che avete espresso all'indimenticabile mio Predecessore è andato ben al di là di un semplice atto di cortesia ecclesiale. Molto cammino è stato fatto durante gli anni del suo Pontificato e la vostra partecipazione al lutto della Chiesa cattolica per la sua scomparsa ha mostrato quanto vera e grande sia la comune passione per l’unità.
Nel salutarvi vorrei rendere grazie al Signore che ci ha benedetto con la sua misericordia ed ha infuso in noi una sincera disposizione a fare nostra la sua preghiera: ut unum sint. Egli ci ha reso così sempre più consapevoli dell'importanza di camminare verso la piena comunione. Con fraterna amicizia possiamo scambiarci i doni ricevuti dallo Spirito e si sentiamo spinti a incoraggiarci a vicenda perché annunciamo Cristo ed il suo messaggio al mondo, che oggi appare spesso turbato e inquieto, inconsapevole e indifferente.
Notre rencontre de ce jour est particulièrement significative. Elle permet avant tout au nouvel Évêque de Rome, Pasteur de l’Église catholique, de répéter à tous, avec simplicité: Duc in altum! Allons de l’avant dans l’espérance. Sur les traces de mes Prédécesseurs, en particulier Paul VI et Jean-Paul II, je ressens fortement le besoin d’affirmer de nouveau l’engagement irréversible, pris par le Concile Vatican II et poursuivi au cours des dernières années grâce aussi à l’action du Conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens. Le chemin vers la pleine communion voulue par Jésus pour ses disciples comporte dans une docilité concrète à ce que l’Esprit dit aux Églises, courage, douceur, fermeté et espérance de parvenir au but. Il comporte par-dessus tout la prière insistante et d’un même cœur, pour obtenir du Bon Pasteur le don de l’unité pour son troupeau.
Comment ne pas reconnaître avec un esprit de gratitude envers Dieu que notre rencontre a aussi la signification d’un don déjà accordé ? En effet, le Christ, le Prince de la Paix, a agi au milieu de nous, il a répandu à pleines mains des sentiments d’amitié, il a atténué les discordes, il nous a enseigné à vivre avec une plus grande attitude de dialogue, en harmonie avec les engagements propres à ceux qui portent son nom. Votre présence, chers Frères dans le Christ, au-delà de ce qui nous divise et qui jette des ombres sur notre communion pleine et visible, est un signe de partage et de soutien pour l’Évêque de Rome, qui peut compter sur vous pour poursuivre le chemin dans l’espérance et pour croître vers Lui, qui est la Tête, le Christ.
In così singolare occasione, che ci vede riuniti insieme proprio all’inizio del mio servizio ecclesiale accolto con timore e fiduciosa obbedienza al Signore, chiedo a voi tutti di dare insieme con me un esempio di quell’ecumenismo spirituale, che nella preghiera realizza senza ostacoli la nostra comunione.
Affido a tutti voi questi intenti e queste riflessioni con i miei più cordiali saluti affinché, attraverso le vostre persone, possano essere trasmessi alle vostre Chiese e Comunità ecclesiali.
* * *
I turn now to you, dear friends from different religious traditions, and I thank you sincerely for your presence at the solemn inauguration of my Pontificate. I offer warm and affectionate greetings to you and to all those who belong to the religions that you represent. I am particularly grateful for the presence in our midst of members of the Muslim community, and I express my appreciation for the growth of dialogue between Muslims and Christians, both at the local and international level. I assure you that the Church wants to continue building bridges of friendship with the followers of all religions, in order to seek the true good of every person and of society as a whole.
The world in which we live is often marked by conflicts, violence and war, but it earnestly longs for peace, peace which is above all a gift from God, peace for which we must pray without ceasing. Yet peace is also a duty to which all peoples must be committed, especially those who profess to belong to religious traditions. Our efforts to come together and foster dialogue are a valuable contribution to building peace on solid foundations. Pope John Paul II, my venerable predecessor, wrote at the start of the new Millennium that “the name of the one God must become increasingly what it is: a name of peace and a summons to peace” (Novo Millennio Ineunte, 55). It is therefore imperative to engage in authentic and sincere dialogue, built on respect for the dignity of every human person, created, as we Christians firmly believe, in the image and likeness of God (cf. Gen 1:26-27).
All’inizio del mio Pontificato rivolgo a voi e a tutti i credenti delle tradizioni religiose che rappresentate, come pure a quanti ricercano con cuore sincero la Verità, un forte invito a diventare assieme artefici di pace, in un reciproco impegno di comprensione, di rispetto e di amore. A tutti il mio cordiale saluto.

[00481-XX.02] [Testo originale: Plurilingue]
[B0239-XX.01]

4.24.2005

Benoît XVI appelle à l'unité des chrétiens et à la mobilisation de l'Eglise

LEMONDE.FR | 24.04.05 | 11h08  •  Mis à jour le 24.04.05 | 14h05

Benoît XVI a inauguré dimanche 24 avril son pontificat avec une messe solennelle de près de trois heures célébrée place Saint Pierre devant 350 000 fidèles. S'il n'a pas livré de "programme", le pape s'est montré habité par le souvenir de son prédécesseur Jean Paul II, et par la volonté d'agir pour l'unité de tous les chrétiens.
S'exprimant en italien durant l'office en plein air célébré sur une place Saint-Pierre inondée de soleil, le nouveau souverain pontife s'est présenté comme un "fragile serviteur de Dieu" et a demandé que l'on prie pour l'aider à assumer "cette charge inoue qui dépasse réellement toute capacité humaine". "Mon véritable programme de gouvernement est de ne pas faire ma volonté, de ne pas poursuivre mes idées, mais, avec toute l'Eglise, de me mettre à l'écoute de la parole et de la volonté du seigneur, et de me laisser guider par lui", a dit le pape allemand sous les acclamations d'une foule estimée à un demi-million de personnes.
Benoît XVI a ouvert son homélie par une évocation de son prédécesseur Jean Paul II "accompagné dans l'au-delà" par le cortège "des saints de tous les siècles", en soulignant que les jours entourant sa mort ont donné la "merveilleuse expérience" que "l'Eglise est vivante". Il a également repris le célèbre message de son prédecesseur :  "N'ayez pas peur du Christ! Il n'enlève rien et donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit au centuple", a-t-il lancé Benoît XVI.
Le pape a renouvelé l'engagement à agir pour l'unité de tous les chrétiens qu'il avait fait mercredi au lendemain de son élection. "Fais que nous ne soyons qu'un seul pasteur et qu'un seul troupeau. Ne permets pas que ton filet se déchire et aide nous à être des serviteurs de l'unité", a-t-il demandé à Dieu. Il a déclaré qu'il ne voulait pas prononcer un "programme de gouvernement", et a expliqué sa mission comme celle d'un "pasteur" et d'un "pêcheur", symbolisée par le pallium (longue écharpe de laine) et "l'anneau du pêcheur" qui lui ont été remis pendant la messe.

LES "DÉSERTS"

L'objet central de son propos concernait un monde d'aliénation, de souffrance et de mort qu'il juge menacé de vide spirituel, et une Eglise à ses yeux toujours vivante et en capable de grandir. "Il y a de nombreuses formes de désert. Il y a le désert de la pauvreté, le désert de la faim et de la soif; il y a le désert de l'abandon, de la solitude, de l'amour détruit", a-t-il dit. "Il y a le désert de l'obscurité de Dieu, du vide des âmes sans aucune conscience de leur dignité ni du chemin de l'homme. Les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands." Ce n'est qu'en se tournant vers Dieu que l'homme moderne pourra s'extirper des "eaux salées de la souffrance et de la mort" et d'un "océan d'obscurité, sans lumière", a-t-il ajouté.
Avant le célébration sur le parvis de la basilique, il était allé se recueillir dans la crypte sur le tombeau de l'apôtre Pierre, le premier des papes. Alors que les précédents papes recevaient l'allégeance des cardinaux, Benoît XVI l'a reçue de douze personnes, en mémoire des douze apôtres, représentant l'Eglise toute entière : trois cardinaux, un évêque, un prêtre, un diacre, un religieux, une religieuse, un couple marié et deux enfants.
Malgré sa réserve naturelle, le pape, âgé de 78 ans, s'est ensuite offert un bref tour en papamobile dans les allées ouvertes au milieu de la foule, contenue derrière des barrières, saluant et bénissant en souriant, tandis que les cloches de la basilique Saint-Pierre sonnaient à la volée.
Après la messe, le pape a reçu dans la basilique l'hommage des autorités civiles italiennes et les délégations étrangères, parmi lesquelles le chancelier allemand Gerhard Schröder et le roi d'Espagne Juan Carlos accompagné de son épouse la reine Sofia.

Avec AFP et Reuters

Homélie de Benoît XVI

Alle ore 10 di oggi, V Domenica di Pasqua, sul sagrato della Basilica Vaticana, il Santo Padre Benedetto XVI presiede la Santa Messa per l’inizio ufficiale del Suo ministero petrino. Prima della Celebrazione Eucaristica, il Santo Padre e i Cardinali concelebranti sostano nella Basilica di san Pietro intorno alla Confessione dell’Apostolo. Quindi il Papa scende, con i Patriarchi delle Chiese Orientali, al Sepolcro di San Pietro e vi sosta in preghiera, incessant poi il Trophæum Apostolico.
Nel corso della Santa Messa sul sagrato della Basilica, dopo la proclamazione del Vangelo, il nuovo Romano Pontefice viene insignito del Pallio petrino e dell’Anello del Pescatore, e riceve poi l’obbedienza di 12 persone: tre Cardinali, un Vescovo, un Presbitero, un Diacono, un Religioso, una Religiosa, una coppia di sposi, due ragazzi cresimati, in rappresentanza di tutta la Chiesa.
Quindi il Santo Padre Benedetto XVI tiene la seguente omelia:

Messieurs les Cardinaux,
Chers Frères dans l’Épiscopat et dans le Sacerdoce,
Mesdames et Messieurs les Membres des Autorités et du Corps diplomatique, Chers Frères et Sœurs,

Par trois fois, au cours de ces jours si intenses, le chant des litanies des saints nous a accompagné: durant les funérailles de notre Saint-Père Jean-Paul II; à l’occasion de l’entrée des Cardinaux en Conclave, et aujourd’hui encore, nous les avons chantées à nouveau, accompagnées de l’invocation: Tu illum adiuva – soutiens le nouveau Successeur de saint Pierre. Chaque fois, de manière toute particulière, j’ai ressenti, pendant cette prière chantée, une grande consolation. Combien nous nous sommes-nous sentis abandonnés après le départ de Jean-Paul II !
Pendant plus de 26 ans, ce Pape a été notre pasteur et notre guide sur le chemin à travers ce temps. Il a franchi le seuil vers l’autre vie – entrant dans le mystère de Dieu. Mais il n’accomplissait pas ce passage tout seul. Celui qui croit n’est jamais seul – il ne l’est pas dans la vie, et pas même dans la mort. À ce moment-là, nous avons pu invoquer les saints de tous les siècles – ses amis, ses frères dans la foi, sachant qu’ils ont été le cortège vivant qui l’a accompagné dans l’au-delà, jusqu’à la gloire de Dieu. Nous savons que son arrivée était attendue. Nous savons désormais qu’il est parmi les siens et qu’il est vraiment chez lui. De nouveau, nous avons été consolés alors que nous accomplissions l’entrée solennelle en conclave pour élire celui que le Seigneur avait choisi. Comment pouvions-nous reconnaître son nom ?
Comment 115 Évêques, provenant de toutes les cultures et de nombreux pays, pouvaient-ils trouver celui auquel le Seigneur désirait conférer la mission de lier et de délier ? Encore une fois, nous le savions: nous savions que nous n’étions pas seuls, nous nous savions entourés, conduits et guidés par les amis de Dieu. Et maintenant, en ce moment, moi-même, fragile serviteur de Dieu, je dois assumer cette charge inouïe, qui dépasse réellement toute capacité humaine. Comment puis-je faire cela ? Comment serai-je en mesure de le faire ? Vous tous, chers amis, vous venez d’invoquer la troupe innombrable des saints, représentés par certains des grands noms de l’histoire de Dieu avec les hommes. De cette manière, se ravive aussi en moi cette conscience: je ne suis pas seul. Je ne dois pas porter seul ce que, en réalité, je ne pourrais jamais porter seul. La troupe des saints de Dieu me protège, me soutient et me porte. Et votre prière, chers amis, votre indulgence, votre amour, votre foi et votre espérance m’accompagnent. En effet, à la communauté des saints n’appartiennent pas seulement les grandes figures qui nous ont précédés et dont nous connaissons les noms. Nous sommes tous la communauté des saints, nous, les baptisés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, nous qui vivons du don de la chair et du sang du Christ, par lesquels il a voulu nous transformer et nous rendre semblables à lui. Oui, l’Église est vivante – telle est la merveilleuse expérience de ces jours-ci. Au cours des journées tristes de la maladie et de la mort du Pape, précisément, s’est manifesté de manière merveilleuse à nos yeux le fait que l’Église est vivante. Et l’Église est jeune. Elle porte en elle l’avenir du monde et c’est pourquoi elle montre aussi à chacun de nous le chemin vers l’avenir. L’Église est vivante et nous le voyons: nous faisons l’expérience de la joie que le Ressuscité a promise aux siens. L’Église est vivante – elle est vivante parce que le Christ est vivant, parce qu’il est vraiment ressuscité. Dans la souffrance, présente sur le visage du Saint-Père, au cours des jours de Pâques, nous avons contemplé le mystère de la passion du Christ et nous avons en même temps touché ses plaies. Mais en ces jours, nous avons aussi pu, de manière profonde, toucher le Ressuscité. Il nous a été donné de faire l’expérience de la joie qu’il a promise, après un court temps de ténèbres, comme un fruit de sa résurrection.
L’Église est vivante – ainsi, je vous salue avec une grande joie et une profonde gratitude, vous tous qui êtes ici rassemblés, chers Frères Cardinaux et Évêques, chers Frères prêtres, chers diacres, chers agents pastoraux et catéchistes. Je vous salue, vous les religieux et les religieuses, témoins de la présence transfigurante de Dieu. Je vous salue, vous, les fidèles laïcs, engagés dans le vaste espace de la construction du Règne de Dieu qui se répand dans le monde, dans tous les lieux de vie. Mes paroles se font aussi affectueuses dans le salut que j’adresse à tous ceux qu, renés par le sacrement du Baptême, ne sont pas encore dans la pleine communion avec nous; et à vous, chers Frères du peuple juif, auxquels nous sommes liés par un grand patrimoine spirituel commun qui plonge ses racines dans les promesses irrévocables de Dieu. Enfin, ma pensée – presque comme une onde qui se répand – va à tous les hommes de notre temps, croyants et non croyants.
Chers amis ! En ce moment, je n’ai pas besoin de présenter un programme de gouvernement. J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer, dans mon message du mercredi 20 avril, certains aspects de ce que je considère comme de ma charge; je ne manquerai pas de le faire en d’autres circonstances. Mon véritable programme de gouvernement est de ne pas faire ma volonté, de ne pas poursuivre mes idées, mais, avec toute l’Église, de me mettre à l’écoute de la parole et de la volonté du Seigneur, et de me laisser guider par lui, de manière que ce soit lui-même qui guide l’Église en cette heure de notre histoire. Au lieu d’exposer un programme, je voudrais simplement commenter les deux signes qui, sur le plan liturgique, représentent le début du ministère pétrinien. En fait, tous les deux sont le reflet exact de ce qui a été proclamé dans les lectures de ce jour.
Le premier signe est le pallium, tissu en pure laine, qui est placé sur mes épaules. Ce signe très ancien, que les Évêques de Rome portent depuis la fin du IVe siècle, peut être considéré comme une image du joug du Christ, que l’Évêque de cette ville, le Serviteur des Serviteurs de Dieu, prend sur ses épaules. Le joug de Dieu est la volonté de Dieu, que nous accueillons. Et cette volonté n’est pas pour moi un poids extérieur, qui nous opprime et qui nous enlève notre liberté. Connaître ce que Dieu veut, connaître quel est le chemin de la vie – telle était la joie d’Israël, tel était son grand privilège. Telle est aussi notre joie: la volonté de Dieu ne nous aliène pas, elle nous purifie – parfois même de manière douloureuse – et nous conduit ainsi à nousmêmes. De cette manière, nous ne le servons pas seulement lui-même, mais nous servons aussi le salut de tout le monde, de toute l’histoire. En réalité, le symbolisme du pallium est encore plus concret : la laine d’agneau entend représenter la brebis perdue ou celle qui est malade et celle qui est faible, que le pasteur met sur ses épaules et qu’il conduit aux sources de la vie. La parabole de la brebis perdue que le berger cherche dans le désert était pour les Pères de l’Église une image du mystère du Christ et de l’Église. L’humanité – nous tous – est la brebis perdue qui, dans le désert, ne trouve plus son chemin. Le Fils de Dieu ne peut pas admettre cela; il ne peut pas abandonner l’humanité à une telle condition misérable. Il se met debout, il abandonne la gloire du ciel, pour retrouver la brebis et pour la suivre, jusque sur la croix. Il la charge sur ses épaules, il porte notre humanité, il nous porte nous-mêmes. Il est le bon pasteur, qui donne sa vie pour ses brebis. Le Pallium exprime avant tout que nous sommes portés par le Christ. Mais, en même temps, le Christ nous invite à nous porter les uns les autres. Ainsi, le Pallium devient le symbole de la mission du pasteur, dont parle la deuxième lecture et l’Évangile. La sainte inquiétude du Christ doit animer tout pasteur: il n’est pas indifférent pour lui que tant de personnes vivent dans le désert. Et il y a de nombreuses formes de désert. Il y a le désert de la pauvreté, le désert de la faim et de la soif; il y a le désert de l’abandon, de la solitude, de l’amour détruit. Il y a le désert de l’obscurité de Dieu, du vide des âmes sans aucune conscience de leur dignité ni du chemin de l’homme. Les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands. C’est pourquoi, les trésors de la terre ne sont plus au service de l’édification du jardin de Dieu, dans lequel tous peuvent vivre, mais sont asservis par les puissances de l’exploitation et de la destruction. L’Église dans son ensemble, et les Pasteurs en son sein, doivent, comme le Christ, se mettre en route, pour conduire les hommes hors du désert, vers le lieu de la vie, vers l’amitié avec le Fils de Dieu, vers Celui qui nous donne la vie, la vie en plénitude. Le symbole de l’agneau a encore un autre aspect. Dans l’Orient ancien, il était d’usage que les rois se désignent eux-mêmes comme les pasteurs de leur peuple. C’était une image de leur pouvoir, une image cynique: les peuples étaient pour eux comme des brebis, dont le pasteur pouvait disposer selon son bon vouloir. Tandis que le pasteur de tous les hommes, le Dieu vivant, est devenu lui-même un agneau, il s’est mis du côté des agneaux, de ceux qui sont méprisés et tués. C’est précisément ainsi qu’il se révèle comme le vrai pasteur : « Je suis le bon pasteur... et je donne ma vie pour mes brebis » (Jn 10, 14 ss.). Ce n’est pas le pouvoir qui rachète, mais l’amour ! C’est là le signe de Dieu: Il est lui-même amour. Combien de fois désirerions-nous que Dieu se montre plus fort ! Qu’il frappe durement, qu’il terrasse le mal et qu’il crée un monde meilleur! Toutes les idéologies du pouvoir se justifient ainsi, justifient la destruction de ce qui s’oppose au progrès et à la libération de l’humanité. Nous souffrons pour la patience de Dieu. Et nous avons néanmoins tous besoin de sa patience. Le Dieu qui est devenu agneau nous dit que le monde est sauvé par le Crucifié et non par ceux qui ont crucifié. Le monde est racheté par la patience de Dieu et détruit par l’impatience des hommes.
Une des caractéristiques fondamentales du pasteur doit être d’aimer les hommes qui lui ont été confiés, comme les aime le Christ, au service duquel il se trouve. «Sois le pasteur de mes brebis», dit le Christ à Pierre, et à moi, en ce moment. Être le pasteur veut dire aimer, et aimer veut dire aussi être prêt à souffrir. Aimer signifie: donner aux brebis le vrai bien, la nourriture de la vérité de Dieu, de la parole de Dieu, la nourriture de sa présence, qu’il nous donne dans le Saint-Sacrement. Chers amis – en ce moment je peux seulement dire: priez pour moi, pour que j’apprenne toujours plus à aimer le Seigneur. Priez pour moi, pour que j’apprenne à aimer toujours plus son troupeau – vous tous, la Sainte Église, chacun de vous personnellement et vous tous ensemble. Priez pour moi, afin que je ne me dérobe pas, par peur, devant les loups. Priez les uns pour les autres, pour que le Seigneur nous porte et que nous apprenions à nous porter les uns les autres.
Le deuxième signe par lequel la liturgie d’aujourd’hui nous présente le commencement du ministère pétrinien est la remise de l’anneau du pêcheur. L’appel de Pierre à devenir pasteur, que nous avons entendu dans l’Évangile, fait suite au récit d’une pêche abondante: après une nuit au cours de laquelle ils avaient jeté les filets sans succès, les disciples voient sur le rivage le Seigneur ressuscité. Il leur enjoint de retourner pêcher une nouvelle fois et voici que le filet devient si plein qu’ils ne réussirent plus à le ramener. 153 gros poissons: «Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré» (Jn 21,11). Cet événement, qui a lieu au terme du parcours terrestre de Jésus avec ses disciples, correspond à un récit des commencements: les disciples n’avaient alors rien pêché durant toute la nuit; Jésus avait alors invité Simon à avancer une nouvelle fois au large. Et Simon, qui ne s’appelait pas encore Pierre, donna cette réponse admirable: Maître, sur ton ordre, je vais jeter les filets ! Et voici la confirmation de la mission :
«Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras» (Lc 5,1-11). Aujourd’hui encore, l’Église et les successeurs des Apôtres sont invités à prendre le large sur l’océan de l’histoire et à jeter les filets, pour conquérir les hommes au Christ – à Dieu, au Christ, à la vraie vie. Les Pères ont aussi dédié un commentaire très particulier à cette tâche singulière. Ils disent ceci: pour le poisson, créé pour l’eau, être sorti de l’eau entraîne la mort. Il est soustrait à son élément vital pour servir de nourriture à l’homme. Mais dans la mission du pêcheur d’hommes, c’est le contraire qui survient. Nous, les hommes, nous vivons aliénés, dans les eaux salées de la souffrance et de la mort; dans un océan d’obscurité, sans lumière. Le filet de l’Évangile nous tire hors des eaux de la mort et nous introduit dans la splendeur de la lumière de Dieu, dans la vraie vie. Il en va ainsi – dans la mission de pêcheur d’hommes, à la suite du Christ, il faut tirer les hommes hors de l’océan salé de toutes les aliénations vers la terre de la vie, vers la lumière de Dieu. Il en va ainsi : nous existons pour montrer Dieu aux hommes. Seulement là où on voit Dieu commence véritablement la vie. Seulement lorsque nous rencontrons dans le Christ le Dieu vivant, nous connaissons ce qu’est la vie. Nous ne sommes pas le produit accidentel et dépourvu de sens de l’évolution. Chacun de nous est le fruit d’une pensée de Dieu. Chacun de nous est voulu, chacun est aimé, chacun est nécessaire. Il n’y a rien de plus beau que d’être rejoints, surpris par l’Évangile, par le Christ. Il n’y a rien de plus beau que de le connaître et de communiquer aux autres l’amitié avec lui. La tâche du pasteur, du pêcheur d’hommes, peut souvent apparaître pénible. Mais elle est belle et grande, parce qu’en définitive elle est un service rendu à la joie, à la joie de Dieu qui veut faire son entrée dans le monde.
Je voudrais encore souligner une chose: de l’image du pasteur et de celle du pêcheur émerge de manière très explicite l’appel à l’unité.«J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur » (Jn 10,16), dit Jésus à la fin du discours du bon pasteur. Le récit des 153 gros poissons se conclut avec la constatation joyeuse: «Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré» (Jn 21,11). Hélas, Seigneur bien-aimé, aujourd’hui le filet s’est déchiré, aurions-nous envie de dire avec tristesse! Mais non – nous ne devons pas être tristes !
Réjouissons-nous de ta promesse, qui ne déçoit pas, et faisons tout ce qui est possible pour parcourir la route vers l’unité que tu as promise. Faisons mémoire d’elle comme des mendiants dans notre prière au Seigneur: oui Seigneur, souviens-toi de ce que tu as promis. Fais que nous ne soyons qu’un seul Pasteur et qu’un seul troupeau! Ne permets pas que ton filet se déchire et aide-nous à être des serviteurs de l’unité!
En ce moment, je me souviens du 22 octobre 1978, quand le Pape Jean-Paul II commença son ministère ici, sur la Place Saint-Pierre. Les paroles qu’il prononça alors résonnent encore et continuellement à mes oreilles: «N’ayez pas peur, au contraire, ouvrez tout grand les portes au Christ». Le Pape parlait aux forts, aux puissants du monde, qui avaient peur que le Christ les dépossède d’une part de leur pouvoir, s’ils l’avaient laissé entrer et s’ils avaient concédé la liberté à la foi. Oui, il les aurait certainement dépossédés de quelque chose: de la domination de la corruption, du détournement du droit, de l’arbitraire. Mais il ne les aurait nullement dépossédés de ce qui appartient à la liberté de l’homme, à sa dignité, à l’édification d’une société juste.
Le Pape parlait en outre à tous les hommes, surtout aux jeunes. En quelque sorte, n’avons-nous pas tous peur – si nous laissons entrer le Christ totalement en nous, si nous nous ouvrons totalement à lui – peur qu’il puisse nous déposséder d’une part de notre vie? N’avons-nous pas peur de renoncer à quelque chose de grand, d’unique, qui rend la vie si belle? Ne risquons-nous pas de nous trouver ensuite dans l’angoisse et privés de liberté? Et encore une fois le Pape voulait dire: Non! Celui qui fait entrer le Christ ne perd rien, rien – absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non! Dans cette amitié seulement s’ouvrent tout grand les portes de la vie. Dans cette amitié seulement se dévoilent réellement les grandes potentialités de la condition humaine. Dans cette amitié seulement nous faisons l’expérience de ce qui est beau et de ce qui libère. Ainsi, aujourd’hui, je voudrais, avec une grande force et une grande conviction, à partir d’une longue expérience de vie personnelle, vous dire, à vous les jeunes : n’ayez pas peur du Christ! Il n’enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ – et vous trouverez la vraie vie.
Amen.
[00480-03.02] [Texte original: Français]

La foule à Rome pour l'inauguration du pontificat

LE MONDE | 23.04.05 | 14h14  •  Mis à jour le 24.04.05 | 10h36
Rome de notre envoyé spécial

Benoît XVI a commencé à célébrer, dimanche 24 avril à 10 heures, la messe d'inauguration du pontificat. Il y prononcera une homélie considérée comme le "discours-programme" du nouveau pape. Le 22 octobre 1978, c'est au cours de cette célébration d'inauguration que Jean Paul II avait lancé son célèbre : "N'ayez pas peur !".
Des centaines de milliers de personnes sont attendues. Les Etats-Unis seront représentés par le vice-président Dick Cheney, l'Allemagne par le président Horst Köhler et le chancelier Gerhard Schröder, ainsi que par une importante délégation de Bavière, dont le pape est originaire. Son frère aîné, Georg Ratzinger, 81 ans, sera là. La France sera représentée par Jean-Pierre Raffarin et Michel Barnier. Le métropolite Kyrill, du patriarcat orthodoxe de Moscou, sera présent et devrait même rencontrer Benoît XVI.
Conformément à la tradition, le nouveau pape a reçu plusieurs milliers de journalistes, samedi matin 23 avril, dans la salle d'audience Paul-VI. La veille, devant les cardinaux réunis salle Clémentine, il a redit son émotion : "Un intime besoin de silence s'élève en moi, ainsi qu'un vif désir du coeur de remercier et le sens d'une impuissance humaine face au haut devoir qui m'attend." Les cardinaux se sont tous levés, venant un à un s'agenouiller aux pieds du pape. A plusieurs reprises, celui-ci s'est levé pour saluer des cardinaux malades ou âgés.
Le calendrier se met en place. Benoît XVI devrait se rendre à Bari, dans les Pouilles, pour un congrès eucharistique du 21 au 29 mai. A l'occasion du voyage à Cologne, à partir du 16 août, pour les Journées mondiales de la jeunesse, il pourrait ajouter une étape à Cracovie, la ville de Jean Paul II.


COMMUNION POUR LES DIVORCÉS REMARIÉS ?


La première initiative du pape en direction des juifs de Rome a été remarquée. Dans un télégramme adressé le 21 avril au grand rabbin Riccardo De Segni, il écrit : "Je me confie à l'aide du Très-Haut pour continuer le dialogue et renforcer la collaboration avec les fils et les filles du peuple juif."
La Repubblica a enfin écrit, le 22 avril, que l'ex-préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi aurait été sur le point de publier un document représentant une mini-révolution dans l'Eglise : le déblocage du droit à la communion pour les personnes divorcées remariées, sujet très sensible chez les catholiques. "C'est un document auquel de nombreux évêques et cardinaux de Rome se sont opposés, mais qui a été soutenu fortement par le préfet Ratzinger", assure La Repubblica. Le cardinal Ratzinger admettrait la "non-culpabilité" de l'époux abandonné. Cette surprenante information, reprise par Radio-Vatican, a besoin d'être confirmée.
Henri Tincq
Article paru dans l'édition du 24.04.05
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